MAUPASSANT (Guy de).
La Vie errante, par Guy de Maupassant.
Paris, Paul Ollendorff, 1890 [imprimé par la Maison Quantin].
1 volume grand in-18 (19 x 14 cm) de (4)-233-(1) pages. Broché. Très léger empoussiérage de la couverture. Le dos est intact (non fendu). Ce volume n'a été que très peu manipulé depuis son impression en 1890.
Édition originale.
Un des 5 exemplaires sur Japon (notre exemplaire n'a pas été numéroté au composteur - la couverture porte bien la mention JAPON au dos).
Exemplaire entièrement non coupé, jamais lu, exceptionnel et émouvant.
Le tirage de luxe est le suivant : 5 exemplaires sur Japon vendus 20 francs et 100 exemplaires sur Hollande vendus 8 francs.
Son aversion naturelle pour la société a porté Maupassant vers la retraite, la solitude et la méditation. Il voyagea longuement en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en Sicile, en Auvergne et chaque voyage était pour lui synonyme de volume nouveau. La vie errante raconte ces voyages. Ce livre est aussi connu sous le nom de Récits d’Afrique.
"J’ai quitté Paris et même la France, parce que la tour Eiffel finissait par m’ennuyer trop. Non seulement on la voyait de partout, mais on la trouvait partout, faite de toutes les matières connues, exposée à toutes les vitres, cauchemar inévitable et torturant. Ce n’est pas elle uniquement d’ailleurs qui m’a donné une irrésistible envie de vivre seul pendant quelque temps, mais tout ce qu’on a fait autour d’elle, dedans, dessus, aux environs. Comment tous les journaux vraiment ont-ils osé nous parler d’architecture nouvelle à propos de cette carcasse métallique, car l’architecture, le plus incompris et le plus oublié des arts aujourd’hui, en est peut-être aussi le plus esthétique, le plus mystérieux et le plus nourri d’idées ?" (extrait de Lassitude, premier chapitre de La vie errante).
"En Algérie et dans le Sahara algérien, toutes les femmes, celles des villes comme celles des tribus, sont vêtues de blanc. En Tunisie, au contraire, celles des cités sont enveloppées de la tête aux pieds en des voiles de mousseline noire qui en font d’étranges apparitions dans les rues si claires des petites villes du sud, et celles des campagnes sont habillées avec des robes gros bleu d’un gracieux et grand effet, qui leur donne une allure encore plus biblique. (...) Sur cette terre amollissante et tiède, si captivante que la légende des Lotophages y est née dans l'île de Djerba, l'air est plus savoureux que partout, le soleil plus chaud, le jour plus clair, mais le cœur ne sait pas aimer. Les femmes belles et ardentes, sont ignorantes de nos tendresses. Leur âme simple reste étrangère aux émotions sentimentales, et leurs baisers, dit-on, n'enfantent point le rêve." (vers Kairouan, septième chapitre de La vie errante).
"Les femmes musulmanes peuvent entrer comme les hommes, mais elles ne viennent presque jamais. Dieu est trop loin, trop haut, trop imposant pour elles. On n’oserait pas lui raconter tous les soucis, lui confier toutes les peines, lui demander tous les menus services, les menues consolations, les menus secours contre la famille, contre le mari, contre les enfants, dont ont besoin les coeurs de femme. Il faut un intermédiaire plus humble entre lui si grand et elles si petites." (d'Alger à Tunis, cinquième chapitre de La vie errante).
Référence : Vicaire, Manuel de l'amateur de livres du XIXe siècle, V-622
Bel exemplaire resté broché de ce tirage de grand luxe devenu chimérique.
Exceptionnel et désirable en tous points.
Prix : 19.000 euros