jeudi 27 avril 2023

WILLY ( ), CURNONSKY ( ), MIRANDE (Maurice Sailland), illustrateur Chaussettes pour Dames. Par Willy et Curnonsky. Défense et illustration du mollet féminin. Cinquante dessins de Mirande. Garnier éditeur, s. d. (1905), Paris [imprimerie de P. Mouillot, Paris, 13 Quai Voltaire]. Edition originale. Tirage de luxe à 15 exemplaires sur Japon. Bel exemplaire broché.


WILLY ( ), CURNONSKY ( ), MIRANDE (Maurice Sailland), illustrateur

Chaussettes pour Dames. Par Willy et Curnonsky. Défense et illustration du mollet féminin. Cinquante dessins de Mirande.

Garnier éditeur, s. d. (1905), Paris [imprimerie de P. Mouillot, Paris, 13 Quai Voltaire]

1 volume in-18 (19 x 13 cm) broché de (8)-194 pages. 50 dessins au trait par Mirande dont 12 à pleine page (au début de chaque chapitre), les autres dans le texte. Couverture illustrée en couleurs par Mirande (premier plat). Très bon état. A noter un début de fente au dos et en pied de couverture, sans manque. Intérieur parfait. Couverture très fraîche.

Edition originale.

Tirage de luxe à 15 exemplaires sur Japon, seul grand papier annoncé. Ces exemplaires de luxe ont tous été souscrits par la librairie Melet, Galerie Vivienne, à Paris. Notre exemplaire porte le numéro 3 au composteur.



Savoureux ouvrage comme savait les "pondre" Willy, ici acoquiné à son ami Curnonsky, le "Prince des gastronomes", mais pas seulement ... Ce volume est dédié "à Willette, peintre, dessinateur et poète du mollet féminin" (dédicace imprimée).

"Les ... esprits superficiels (en trois lettres) ... qui, depuis Adam sont en majorité, ne manqueront point - nous l'espérons bien - de reprocher à ce petit Traité son caractère "pornographique". Peu nous chaut, surtout par cette température ! ; le thermomètre est moins élevé que notre indifférence. Mais il faudrait tout de même s'entendre ! La Pornographie consiste essentiellement à mal écrire, et contre son tempérament, des saletés propres (nous nous entendons) propres à exciter au vice. Nous n'avons point la prétention que ce petit livre (qui en est absolument dépourvu) soit un modèle de style ... et dur reste, c'est ce dont peuvent décider une demi-douzaine d'écrivains de qui nous respectons l'autorité ; mais nous croyons qu'il peut amuser ceux qui savent lire. [...] Notre collaboration, aussi peu assidue que possible, et née d'une affection à quoi nous tenons d'autant plus qu'elle gêne quelques personnes, - et d'un culte commun, et doublement enthousiaste pour les Mollets de nos contemporaines : sur ce point, tout notre passé répond de notre sincérité. Nous ne pensons pas non plus que ce Traité puisse faire fleurir dans les âmes déjà, sans doute, assez ... averties de nos lecteurs bénévoles, l'impudique Orchidée du Vice. Nous n'avons ressenti nul remords à célébrer la Jambe ! Sans doute les remords vont vite, mais si c'est un vice que de se plaire à l'une des beautés de la Femme, à quelle heure part le train pour l'autre monde ? Et qui donc oserait prétendre qu'il fut un vicieux, ce polytechnicien gaillard d'Armand Silvestre qui consacra son lyrisme parnassien à l'exaltation des Derrières ? Or, nous visons moins haut. [...] Un grand vice est aussi rare d'une vertu ; il y faut autre chose q'une agréable polissonnerie. [...]" (extrait de l'Avertissement).









Ce texte haut en couleurs entièrement consacré aux chaussettes pour dames et autres bas courts couvrants les mollets de la femme, de toutes les sortes de femmes, de toutes les sortes de forme, etc. Une sorte de bréviaire fétichiste de la chaussette de la femme au tournant du siècle ! De la rue au Music Hall, etc. Bibliographie et iconographie, etc. Le tout avec l'humour de Willy et Curnonsky ici réunis pour l'occasion.










Bel exemplaire du rarissime tirage de luxe sur Japon à 15 exemplaires seulement. La couverture illustrée est superbe.

Prix : 950 euros

mardi 25 avril 2023

JO MERRY (alias ) [Gus Bofa]. Fuites localisées. Par Jo Merry (texte et dessins). Alger, Editions du Cachet Chinois, MCMXXXVIII (1938). Tirage unique à 300 exemplaires. Un des 282 exemplaires sur pur fil. Frontispice à l'eau-forte en couleurs et 40 planches en couleurs. Bon exemplaire.


JO MERRY (alias ) [Gus Bofa].

Fuites localisées. Par Jo Merry (texte et dessins).

Alger, Editions du Cachet Chinois, MCMXXXVIII (1938)

1 volume grand in-4 (28,3 x 22,3 cm) de 5 feuillets non chiffrés comprenant le faux-titre avec justification du tirage au verso, frontispice en couleurs à l'eau-forte (avec cuvette et superbe coloris à l'aquatinte), la page de titre ornée du cachet chinois imprimé en rouge, 3 feuillets d'explications en manière de préface. Suivent 40 planches hors-texte en couleurs (presque toutes imprimées en deux tons), chaque planche étant précédée de son numéro imprimé avec le titre de la planche. 1 feuillet de table à la fin. Collationné complet. Couverture à rabats illustrée d'une vignette. Bon état. Petite tache claire en haut de la couverture, sans gravité. Intérieur très frais.

Tirage unique à 300 exemplaires.

Celui-ci, un des 282 exemplaires sur pur fil (le texte est imprimé sur vergé). Les exemplaires sont numérotés au composteur. Notre exemplaire porte le numéro 200.

Il a été tiré en outre 6 exemplaires de tête sur Madagascar et 12 exemplaires sur Angkor spécial, avec eaux-fortes et suites.


En voyant pour la première fois "Fuites localisées" et ses nombreuses compositions humoristiques (41 en tous plus celle de couverture), on pense immédiatement à un autre illustrateur de renom : Gus Bofa. Et pour cause ! Le style de Jo Merry, alias René Mérigeault est très proche de celui de Gus Bofa. Les deux hommes se sont très bien connus et fréquentés étroitement. De Jo Merry, Gus Bofa dit : "Il tient toutes ses promesses et même celles des autres. Il imite mes dessins de quand-j'avais-vingt-ans. Un homme se penche sur mon passé." Mais, loin d'en être fâché, Bofa s'amuse plutôt de ce personnage curieux, qu'il décrit comme un séducteur et un aventurier. Aventurier, cet ingénieur des mines l'est puisqu'on le voit sauter d'un continent à l'autre, de l'Indochine au Maroc, du Mexique à la Californie, où il se fait cow-boy et se casse une jambe. Les deux hommes ont en commun l'amour de la mer et des romans de Mac Orlan (Jo Merry a emprunté son pseudonyme à un des pirates de A Bord de l'Etoile Matutine).​ En 1938, Jo Merry publie à Alger un premier album, dans la lignée de Malaises : Fuites localisées. Mais son humeur, indulgente et souriante, est à cent lieues de l'ironie amère de Bofa. Et jamais, contrairement à Jean Bruller, Merry ne se livre à un plagiat. Loin de se formaliser, Gus Bofa le guide et le conseille tout au long de la réalisation de son second livre, La fin sans les moyens, le recommandant auprès de La Tradition. En échange, Merry approvisionne Bofa en charbon, denrée rare durant la guerre. Pour dissiper toute équivoque, Merry écrit à la sortie du livre, en février 1944 : "[...] je vous prie de noter que mon ami Gus Bofa n'a pas collaboré à cet ouvrage [...]." La signature de Jo Merry apparait ensuite sur Les Bovidés de Jean Fougère (Editions du Pavois, 1943), L'Honorable partie de campagne de Thomas Raucat (Editions P.E.G., 1944), Histoires sous le vent de Jacques Perret (Editions de la Nouvelle France, 1944), Les corsaires du Roi de T'Serstevens (Editions du Pavois, 1945), Éloge de l'ivresse de Sallengres (Editions de la Couronne, 1945). Bofa s'était pris d'une amitié paternelle pour ce cadet, voyageur au long cours. Jo Merry a mené une vie pleine et libre. (Cf. en ligne, les héritiers de Gus Bofa, site internet Gus Bofa).


L'auteur présente ainsi cranement son livre à "Christiane" (dédicataire - imprimé) : "Ces lignes sont écrites à l'ombre d'un palmier, d'un vieux palmier échevelé. Les pieds nus, à l'aise dans des gagas de cuir ajouré, le casque colonial protégeant mon front glabre et ridé, je soulève par instants le voile noir du Targui qui filtre contre ma bouche l'air brûlant ensablé par le simoun, et bois une gorgée d'anisette tiède. Le frigidaire est en panne. Ici, en plein Sahara, réfugié dans cette petite pension de famille, je finirai ma vie. Le courage ni la vertu ne me furent nécessaires pour abandonner les joies brutales des capitales et la douceur des verdures tempérées. Et cependant ... [...]J'ai adoré tout cela. Puis, mes yeux usés par tant de lumières et on goût repu de nourritures sans fin, allant chercher jusque dans le désert aride et plat le calme, seul ingrédient que l'âge déguste, de tout cela je me suis évadé. Mes frères du monde entière, sédentaires convaincus, votre fuite à vous est peut-être déjà commencée. Tournez la page."















On donnera le titre de quelques "fuites localisées" : Fuite bouchée - Dans l'intimité - Whisky and Solo - Vol plané - Le Faune - Narcisse - L'éternel féminin - Balistique - Communion - Sa jeunesse - Abondance de biens - etc.

Bon exemplaire de ce très joli livre d'images plein d'humour et très spirituel.

VENDU

vendredi 21 avril 2023

[PROSTITUTION AU XVIIIe S. | MAISONS CLOSES] Histoire de Mademoiselle Brion dite Comtesse de Launay. Imprimée aux dépens de la Société des Filles du bon ton. M. DCC. LIV [1754]. Une des premières éditions sinon la première. Bel exemplaire.


[Anonyme]. [Le Boucher ?]

[PROSTITUTION AU XVIIIe S. | MAISONS CLOSES] Histoire de Mademoiselle Brion dite Comtesse de Launay.

Imprimée aux dépens de la Société des Filles du bon ton. M. DCC. LIV [1754].

1 volume petit in-8 (16,5 x 10,2 cm) de 137 pages y compris la page de titre imprimée en rouge et noir. Le verso du dernier feuillet est blanc.

Cartonnage bradel pleine percaline cerise, pièce de titre en cuir noir dorée en long au dos, gardes et doublures de papier vergé crème (reliure non signée mais datant de la fin du XIXe siècle et tout à fait dans le goût des productions de PIERSON). Excellent état. Reliure très fraîche. Pâles rousseurs au titre. Intérieur frais. Marge de tête un peu courte. Collationné complet.

Une des premières éditions sinon la première.

Fuyant les perversités paternelles, Mlle Brion se réfugie dans le bordel de la Verne. Cette maquerelle bienveillante se chargera de vendre son pucelage et de l’initier au mythe de l’amour. Selon Guillaume Apollinaire, dans sa préface pour la « Bibliothèque des curieux » de 1913 : « Le bon ton qui règne dans cet ouvrage lui donne encore une place à part dans la littérature de mœurs au XVIIIe siècle, littérature si riche qu’elle nous servirait facilement à reconstituer l’histoire du temps, si même les documents originaux et les archives venaient à disparaître. »

C'est Octave Uzanne, qui le premier, donna écho à ce texte, doit être porté au titre des bibliographes de "Mademoiselle Brion". Il publie le texte de ce roman vécu dans sa Gazette de Cythère publiée en 1881. 







"L'auteur de cet ouvrage galant est entièrement inconnu, écrit Octave Uzanne ; la bibliographie reste muette à cet égard ; un des plus lettrés bibliophiles de ce temps inclinait à penser que Gaillard de la Bataille, le pamphlétaire de Mlle Cronel, dite Frétillon, pourrait avoir écrit cette manière d'autobiographie de la Launay ; mais il n'y a pas concordance de dates. Sans vouloir nous lancer dans les hypothèses romantiques, nous croyons que Mlle Brion, dite comtesse de Launay est cette même fille assez célèbre dans les Cythères de la seconde moitié du XVIIIe siècle, qui devint plus tard proxénète connue et dont enfin Bachaumont parle à différentes reprises en 1779 et 1787, alors qu'elle tenait officine de plaisir à Paris. Nous trouvons, en effet, dans des petites affiches narquoises de maisons ou d'appartements à louer, cet entrefilet où il est question de cette mère abbesse, qui supplanta Mme Gourdan : Petit appartement au cinquième en siamoise, à troquer contre un appartement au premier en damas de trois couleurs. S'adresser à Madame Sainte-Marie, ouvrière en tours de lit, ou chez Madame de Launay, rue des Petits-Champs, ou elle travaille à la journée. [...]"

Octave Uzanne qualifie le texte de l'Histoire de Mademoiselle Brion de : "fameuse confession, où la vérité perce sous la crudité des détails." Il poursuit : "Ne cherchons donc pas à démontrer autrement la paternité littéraire d'un opuscule très osé, qui ne mérite notre intérêt et n'a attiré notre attention que par la crânerie et à la fois la naïveté des vices qui s'y produisent. [...] L'histoire des mœurs ne saurait certes afficher le moindre bégueulisme, et nous croyons qu'après l'exquise idéalisation pseudo-réaliste de Manon Lescaut il était bon de montrer encore la créature de fange dans l'absolue réalité de son croupissement bestial, c'est-à-dire la fille du XVIIIe siècle, issue de la misère, placée, par sa faiblesse organique et ses désirs de lucre, sur le même degré d'abjection que la "ribaude folieuse" du moyen-âge, ou la misérable "Nana", une Brion de ce temps."








Cette édition est mentionnée dans une lettre d'Héméry à Berryer datée du 30 novembre 1753 (archives de la Bastille). Selon cette source 600 exemplaires furent saisis "en feuilles" et sans estampes. L'ouvrage aurait été imprimé pour un certain Dumarchais. "L'édition  du livre intitulé : Histoire de mademoiselle Brion, dite comtesse de Launay, était chez M. de Laumur, lequel lui en donnait de temps en temps à vendre pour M. Le Boucher, gendarme de la garde, qui en était l'auteur [...]" (cependant il est question ici d'un livre entièrement gravé ?? ce qui n'est pas le cas de notre exemplaire). Il semblerait qu'Octave Uzanne n'ait pas eu accès à ces archives de la Bastille.

Guillaume Apollinaire contredit Octave Uzanne en écrivant : L’histoire de Mlle Brion, dite comtesse de Launay, a été fort mal à propos confondue par homonymie (Catalogue remanié du comte d’I***) avec l’ouvrage de Gaillard de la Bataille sur Mlle Clairon : Histoire de Mlle Cronel, dite Frétillon, etc. On ne voit pas bien ce qui a pu donner lieu à une aussi singulière confusion. Ce petit roman, dont l’édition originale a paru en 1774 sous le titre de Nouvelle Académie des dames, et sans nom d’auteur, est resté anonyme. Il contient d’intéressants détails sur des mœurs que nous connaissons bien ; aussi ne faut-il point le lire au point de vue documentaire, mais plutôt comme une œuvre littéraire, témoignage un peu timide des grands efforts que l’on faisait à cette époque pour amener de la liberté, de l’air, de la vérité, c’est-à-dire de la lumière dans les lettres. À ce titre, l’Histoire de Mlle Brion mérite notre attention. Le bon ton qui règne dans cet ouvrage lui donne encore une place à part dans la littérature de mœurs au XVIIIe siècle, littérature si riche qu’elle nous servirait facilement à reconstituer l’histoire du temps, si même les documents originaux et les archives venaient à disparaître. (Guillaume Apollinaire, Bibliothèque des Curieux, Histoire de Mademoiselle Brion, 1913). NDLR : le moins qu'on puisse dire c'est que Guillaume Apollinaire ne se foulait pas la rate lorsqu'il donnait une (courte) notice pour la Bibliothèque des Curieux ...

Comme on voit l'histoire de ce texte est plus qu'embrouillée et mériterait un article de synthèse complet que nous essaierons de donner prochainement.

"Je fus bientôt au fait de tous les secrets de la maison. Je connus les noms et surnoms de tous les pages et mousquetaires qui y venaient. Je vis qu’il était du bon ton de jouer la fille entretenue. Toutes mes compagnes s’étaient choisi ce que nous appelons entre nous autres femmes du monde un greluchon, qui est auprès d’un entreteneur ce qu’est un amant auprès du mari d’une honnête femme ; tout n’est que préjugés dans le monde. [...]  Vous serez, sans doute, étonnée, madame, de m’entendre parler de dettes contractées chez la Verne, après y avoir demeuré deux mois, fait nombre de partis dont elle avait touché l’argent et en sortir plus nue que je n’y étais entrée : c’est le grand art de ces sortes de courtières de la vertu féminine, vraies sangsues du peuple libertin, d’endetter les créatures qui leur servent à ruiner la jeunesse ; bien plus, en jouissant du revenu de leurs charmes, elles acquièrent un droit sur leur liberté : c’est ce qui s’appelle le secret du métier et qui sera toujours une énigme pour les filles qui en sont la victime." (extrait)

Ce texte fameux connut plusieurs éditions dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, certaines comportant quelques gravures. Toutes les éditions anciennes de ce texte sont rares.

Bel exemplaire de ce texte rare traitant de la prostitution et des moeurs dans les Maisons parisiennes au milieu du XVIIIe siècle.

VENDU