samedi 18 mai 2024

Rétif de la Bretonne (Nicolas-Edme) [Restif de la Bretone] La Dernière Avanture [Aventure] d'un Homme de Quarantecinq-ans ; Nouvelle utile à plus d'un Lecteur. Première et Seconde Partie. A Genève, et se trouve à Paris, chés Regnault, 1783. 2 parties en 2 volumes in-12 brochés. Edition originale. Avec 4 très jolies estampes d'après Louis Binet. Bel exemplaire très désirable tel que paru, broché non rogné et d'une fraîcheur remarquable.


Rétif de la Bretonne (Nicolas-Edme) [Restif de la Bretone]

La Dernière Avanture [Aventure] d'un Homme de Quarantecinq-ans ; Nouvelle utile à plus d'un Lecteur. Première et Seconde Partie.

A Genève, et se trouve à Paris, chés Regnault, 1783

2 parties en 2 volumes in-12 brochés (18 x 11 cm) de 264 et paginé de (265) à 528. Avec in fine les 8 pages du catalogue du libraire Regnault (le verso du dernier feuillet contient la liste des ouvrages de Rétif de la Bretonne). Couvertures anciennes de papier gris, étiquettes de titre à l'encre aux dos. Exemplaire non rogné, d'une parfaite fraîcheur. 1 gravure en frontispice pour chaque volume et une gravure dans chaque volume soit 4 gravures au total. Belle impression sur beau papier assez fort. Les estampes sont d'un excellent tirage.


Edition originale.

Avec 4 très jolies estampes d'après Louis Binet.








En tête du catalogue du libraire Regnault qui se trouve à la fin du deuxième volume on trouve cette édition de La Dernière Avanture d'un Homme de quarante-cinq ans. Rétif de la Bretonne donne lui-même cette description de son ouvrage : "II parties de près de 300 pages, chacune avec Figures. Ce petit ouvrage, étonnant par sa vérité, encore-plus-que par sa singularité, paraîtra non-seulement amusant, mais très-utile dans son genre. L'épigraphe de la Première Partie, tirée de Properce, en-exprime parfaitement le Sujet : Venit magno foenore tardus amor. On y voit combien l'Amour est dangereus lorsqu'on a-passé l'âge de plaire. Les exemples pareils à celui qu'il renferme, ne sauraient être trop-multipliés, les deux Part. broc. 3 l. 12 s." Il est d'ailleurs amusant de constater que seul cet ouvrage est décrit avec commentaire dans ce petit catalogue du libraire Regnault.

Les 4 estampes sont très jolies. La première est signée par E. Giraud l'aîné (graveur), 1782 d'après le dessin de L. Binet. Idem pour la deuxième figure qui se trouve à la page 50 de la première partie. Le frontispice du second volume est dessinée par Binet et gravée par Pauquet. La quatrième et dernière figure est dessinée par Binet et gravée par Pauquet et se trouve à la page 509.







La première partie renferme une pièce de théâtre intitulée : l'Amour et la Folie, commençant à la page 138 et finissant à la page 172, qui est de Sara Debee, le sujet du roman. "Cette pièce n'est qu'une vraie misère", dit Restif dans la note qui la précède.

Rives-Childs écrit : "Nous savons, par Mes Inscripcions (p. 55, 66 et 81), que Restif commençait la Dernière Aventure au 22 janvier 1782 et qu'il la reprit le 9 février 1782, "résolu de terminer cet ouvrage et de l'imprimer le plus tôt possible, pour être utile à mes semblables." L'impression fut terminée le 21 novembre 1782, et l'ouvrage mis en vente le 27 janvier 1783. A la fin de la Vie de mon père, troisième édition, 1788, nous lisons que la Dernière Aventure fut "composée en 1782, d'après l'histoire de Sara D*** [Debee]. Ce petit ouvrage a eu quelques succès, à cause de sa vérité, et de la chaleur de certaines situations. A paru en janvier 1783."

Rives-Childs poursuit : "Restif composait l'histoire "à mesure que les faits arrivaient. C'est ce qui lui donne l'air d'un Journal. J'étais profondément affecté, en l'écrivant et je regardais son impression comme le complément de mon existence : c'est ainsi que je considère aujourd'hui, celle de Monsieur Nicolas dévoilé." (Mes Ouvrages, p. 152-153). Restif était-il si pénétré des souvenirs de cet épisode de sa vie que, quinze ans plus tard, il replaçait, dans la douzième partie de Monsieur Nicolas, un abrégé de la Dernière Aventure, en substituant aux noms déguisés du roman les noms véritables des personnages. Au reste, l'aventure occupe une grande place dans Mes Inscripcions et Restif y retourne encore dans plusieurs nouvelles (la Fille de mon hôtesse, les Deux Cinquantenaires) qu'on trouve dans le Drame de la Vie. Lacroix considère le livre comme un chef d'oeuvre et le place au-dessus de Manon Lescaut.

"Ce roman est un chef-d'oeuvre ; ce n'est pas un roman, c'est une histoire vraie, racontée naïvement, sincèrement, par celui qui en est le héros. [...] Ce roman, moins soigné de style que Manon Lescaut, me semble bien supérieur, sous le rapport de l'intérêt, du pathétique et de la vérité, au chef-d'oeuvre de l'abbé Prévost." (Lacroix)

Cet ouvrage de Rétif de la Bretonne n'a jamais été réimprimé ni jamais été contrefait.

Références : Rives-Childs n°XXV (pp. 282-283) ; Lacroix n°XXVI (pp. 212-215)

Provenance : étiquette manuscrite contrecollée au verso des premiers plats de couverture "Charriere" (sans plus de précisions). Etiquette imprimée qui indique que ces volumes ont figurés à l'exposition "Dix siècles de livres français" (Lucerne, 9 juillet-2 octobre 1949) sous le n°186 du catalogue.

Bel exemplaire très désirable tel que paru, broché non rogné et d'une fraîcheur remarquable.

Prix : 3.000 euros

jeudi 16 mai 2024

Thomas d'Aquin (Thome de Aquino) Tommaso : d'Aquino santo (santo). [La Chaîne d'Or de saint Thomas d'Aquin] Opus aureum sancti Thome de Aquino super quatuor euangelia nuperrime reuisum multis mendis purgatum et emendatum studiosissime: ac omnium textuum concordantijs et auctoritatum per doctores inductarum: verissimis quottationibus: necnon marginalibus summarijs decoratum cum singulari tabula totius operis: quae omnia de nouo addita sunt: et numquam al's impressa fuere. (Venetijs : mandato & expensis heredum nobili viri quondam domini Octauiani Scoti Modoetiensis sociorumque, 1521 die 13 Nouembris diligentissime impressa) [Venise, par les héritiers d'Ottavio Scotto ou Scoto]. 1 fort volume in-folio (31 x 22 cm). Reliure ancienne plein vélin. Bel exemplaire de cette édition vénitienne rare.


Thomas d'Aquin (Thome de Aquino) Tommaso : d'Aquino santo (santo)

[La Chaîne d'Or de saint Thomas d'Aquin] Opus aureum sancti Thome de Aquino super quatuor euangelia nuperrime reuisum multis mendis purgatum et emendatum studiosissime: ac omnium textuum concordantijs et auctoritatum per doctores inductarum: verissimis quottationibus: necnon marginalibus summarijs decoratum cum singulari tabula totius operis: quae omnia de nouo addita sunt: et numquam al's impressa fuere.

(Venetijs : mandato & expensis heredum nobili viri quondam domini Octauiani Scoti Modoetiensis sociorumque, 1521 die 13 Nouembris diligentissime impressa) [Venise, par les héritiers d'Ottavio Scotto ou Scoto]

1 fort volume in-folio (31 x 22 cm) de 14 feuillets non chiffrés comprenant le titre illustré d'un bois gravé et la Table alphabétique, suivis de 317 feuillets chiffrés (bien complet du feuillet blanc à la fin). A la fin se trouve imprimée la marque d'Ottaviano Scotto (mort en 1498 ou 1499). Signatures: aa⁸, bb⁶, a-y⁸, ç⁸, [et]⁸, [con]⁸, [rum]⁸, A-N⁸, O⁶

Reliure ancienne plein vélin, dos à gros nerfs saillants, titre à l'encre au dos (reliure exécutée probablement à la fin du XVIe ou au début du XVIIe siècle). Reliure très bien conservée. Minimes marques du temps. Intérieur frais imprimé sur beau papier fort. Nombreuses lettrines ornées. Texte imprimé sur deux colonnes en caractères gothiques de différents corps. Collationné complet.


Beau bois gravé 150 x 85 mm en haut du titre montrant Thomas d'Aquin en chaire en train d'exposer au roi Louis, roi de France (Louis IX, Saint-Louis) et à sa cour, avec AVEROIS marqué sur le pupitre (et à ses pieds) et à droite les doctes de l'église attentifs aux enseignements du maître.







Nouvelle édition de la Chaîne d'Or de Saint Thomas d'Aquin, c'est à dire le commentaire théologique des quatre évangiles : Mathieu, Marc, Luc et Jean. La Catena Aurea (« Chaîne d'or » ou « Chaîne dorée ») est une compilation de commentaires patristiques sur les Évangiles, chapitre après chapitre, verset après verset. Cet écrit est le fruit d'un travail dirigé par Thomas d'Aquin, réalisé entre Paris, Rome et Orvieto, entre 1262 et 1272. On compte environ 150 manuscrits et une centaine d'éditions imprimées de ce livre. Le titre de l'ouvrage est initialement Expositio continua in quatuor evangelia, c'est-à-dire l'enseignement continu concernant les quatre Évangiles, mais le nom de Catena Aurea, quelquefois appliqué à d'autres textes, s'est imposé vers le XIVe siècle. L'ouvrage recense approximativement 12 837 citations, qui peuvent être elles-mêmes issues de compilations et d'anthologies pré-existantes. Il est notable que cet ouvrage contient des sources non seulement latines, bien en usage à l'époque dans l'Europe occidentale, mais également des sources grecques, dont certains n'avaient jamais été traduites en latin avant cela. Cela peut être mis en lien avec les tentatives de rapprochement entre le patriarcat orthodoxe de Constantinople et le Saint-Siège en 1261. Le commentaire sur le premier des quatre Évangiles, l'Évangile selon Matthieu, réalisé entre 1262 et 1264, est précédé d'une préface dédicaçant l'ouvrage au pape Urbain IV, qui a commandité ce travail. Le reste, réalisé par la suite, est dédié à Annibale d'Annibaldi. Le genre de cet ouvrage n'est pas novateur pour l'époque : il existait déjà la Glose ordinaire et d'autres catenae, ainsi que des commentaires sur d'autres livres de la Bible, comme les Psaumes. Martin Morard analyse cependant que la Catena aurea, commandée par le Saint-Siège, montre la volonté du pape de recentrer l'enseignement sur les livres des Évangiles et leur contenu (Martin Morard, « La « Catena aurea » de Thomas d'Aquin sur les Evangiles).

Notre édition de 1521 donnée à Venise par les héritiers de Scotto est une reprise de l'édition incunable de 1493 avec seulement quelques différences de pagination. La première édition imprimée date de 1470. Il y eut ensuite de nombreuses rééditions. Une édition intégrale en français a été donnée en 1868 par l'abbé Péronne (Paris, Librairie Louis Vivès). Une première traduction en français était due au Père Nicolaï.

Thomas d'Aquin compile les commentaires sur les évangiles d'Origène, Théophile, Bède, S. Jérôme, S. Augustin, S. Chrys., Raban Maur, S. Léon pape, etc.








"À travers les quatre chaînes d’or, saint Thomas d’Aquin est aussi le plus grand compilateur de son temps. Non seulement il ajoute de son propre génie, mais il utilise et synthétise tout ce que la sainteté et la théologie ont produit depuis le commencement de l’Église. Il en ressort un formidable commentaire, moderne." (Présentation de la traduction française pour la Congrégation pour le Clergé). La traduction complète en français de ces commentaires est désormais disponible en ligne.

Thomas d'Aquin est né en 1225 ou 1226 au château de Roccasecca près d'Aquino, dans la partie péninsulaire du royaume de Sicile (Latium), et il est mort le 7 mars 1274 à l'abbaye de Fossanova près de Priverno dans les États pontificaux (dans le Latium également) Religieux italien de l'ordre dominicain, célèbre pour son œuvre théologique et philosophique il est onsidéré comme l'un des principaux maîtres de la philosophie scolastique et de la théologie catholique, il est canonisé le 18 juillet 1323 par Jean XXII1, puis proclamé docteur de l'Église par Pie V, en 1567 et patron des universités, écoles et académies catholiques, par Léon XIII en 1880. Il est également l'un des patrons des libraires. Il est aussi qualifié du titre de « Docteur angélique » (Doctor angelicus) ou encore de « prince des scolastiques ». Son corps est conservé sous le maître-autel de l'église de l'ancien couvent des dominicains de Toulouse. En 1879, le pape Léon XIII, dans l'encyclique Æterni Patris, a déclaré que les écrits de Thomas d'Aquin exprimaient adéquatement la doctrine de l'Église. Le concile Vatican II (décret Optatam Totius sur la formation des prêtres, no 16) propose l'interprétation authentique de l'enseignement des papes sur le thomisme en demandant que la formation théologique des prêtres se fasse « avec Thomas d'Aquin pour maître ».​ Thomas d'Aquin a proposé, au XIIIe siècle, une œuvre théologique qui repose, par certains aspects, sur un essai de synthèse de la raison et de la foi, notamment lorsqu'il tente de concilier la pensée chrétienne et la philosophie d'Aristote, redécouverte par les scolastiques à la suite des traductions latines du xiie siècle. Il distingue les vérités accessibles à la seule raison, de celles de la foi, définies comme une adhésion inconditionnelle à la Parole de Dieu. Il qualifie la philosophie de servante de la théologie (philosophia ancilla theologiæ) afin d'exprimer comment les deux disciplines collaborent de manière « subalternée » à la recherche de la connaissance de la vérité, chemin vers la béatitude. Il n'en reste pas moins qu'à l'époque plusieurs condamnations ont été prononcées à propos de plusieurs de ses propositions. Dans les 219 propositions condamnées par Étienne Tempier, évêque de Paris, le 7 mars 1277, une quinzaine de propositions concernaient l’aristotélisme de Thomas d'Aquin amalgamé à l’averroïsme ; la condamnation portait donc sur le sens averroïste, et la formulation n'était pas toujours celle de saint Thomas qui se démarquait de l'averroïsme ; elles portaient sur l’éternité du monde, l’individuation et la localisation des substances séparées, la nature des opérations volontaires. Parallèlement, l'œuvre de Thomas d'Aquin fut condamnée le 18 mars 1277 par l'archevêque anglais Robert Kilwardby. Guillaume de La Mare, franciscain, publia vers 1279 un correctorium de frère Thomas, recensant 117 propositions trop audacieuses. Réhabilité par la suite, notamment sous l'influence grandissante de l'ordre dominicain, il est canonisé en 1323 par le pape Jean XXII.



Provenance : signature ex libris du XVIIe sur le feuilletd de garde (non identifiée) et au bas du titre (anciennement biffée non identifiée).

Référence : Les éditions imprimées de la Catena Aurea (n°17), par Martin Morard, 2019.

Localisation des exemplaires : Edition très rare si l'on considère les divers recensements institutionnels. Aucun exemplaire de cette édition de Venise, 1521 à la Bnf ou au CCfr (Catalogue Collectif des bibliothèques de France) ; Ex. présent à la National Central Library of Rome (Italie) ; 35 exemplaires sont répertoriés en Italie ; le WorldCat recense un exemplaire à l'Edinburgh University Library (UK), un autre à la Folger Shakespeare Library (Washington, USA), les quelques autres exemplaires répertoriés au WordCat sont dans des bibliothèques italiennes.

Bel exemplaire en reliure ancienne.

Prix : 4.800 euros


Colophon

mercredi 15 mai 2024

BOCCACCIO (Giovanni) BOCCACE (en français) IL DECAMERONE DI M. GIOVANNI BOCCACCIO NUOVAMENTE CORRETO ET CON DILIGENTIA STAMPATO. M. D. XXVII. [1527] [Florence, heredi di Philippo Giunta] [i.e. Venise, 1729, imprimé chez Pasinello par les soins d'Etienne Orlandini]. Célèbre imitation de l'édition de Florence de 1527 par les Giunta, imprimée à Venise en 1729. Cette imitation aurait été imprimée à 300 exemplaires seulement. Très bel exemplaire de cette célèbre supercherie éditoriale du XVIIIe siècle.


BOCCACCIO (Giovanni) BOCCACE (en français)

IL DECAMERONE DI M. GIOVANNI BOCCACCIO NUOVAMENTE CORRETO ET CON DILIGENTIA STAMPATO.

M. D. XXVII. [1527] [Florence, heredi di Philippo Giunta] [i.e. Venise, 1729, imprimé chez Pasinello par les soins d'Etienne Orlandini]

1 volume in-4 (231 x 170 mm | Hauteur des marges : 224 mm) de 7 feuillets non chiffrés y compris le titre suivis de 284 feuillets paginés. Complet.

Reliure plein maroquin rouge de la fin du XIX siècle signée Visinand, dos à nerfs orné d'un fleuron dans chaque caisson encadrés d'un double-filet doré, millésimé doré en queue, encadrement doré sur les plats avec fleuron azuré dans les angles, jeu de roulettes dorées en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne marbré, tranches dorées. Mors supérieur craquelé/fendu nécissitant une restauration (le plat reste solidement attaché mais fragile à la manipulation), sinon excellent état de la reliure restée très fraîche. Intérieur parfait, lavé et encollé au moment de la reliure. Superbe impression en caractères italiques sur papier vergé fin.

Célèbre imitation de l'édition de Florence de 1527 par les Giunta, imprimée à Venise en 1729.

Cette imitation aurait été imprimée à 300 exemplaires seulement.






Le Décaméron a été rédigé en italien de Florence entre 1349 et 1353 (Il Decameron ou Decameron). Il circula en manuscrit pendant plus d'un siècle. La première édition italienne imprimée du Décaméron, connue sous le nom d'édition Deo Gratias, a paru aux environs de Naples vers 1470 (elle n'est pas datée). Le Décaméron a été très tôt adapté en français. Une première fois dans les années 1415 (depuis une version latine et non italienne) par Laurent de Premierfait. D'abord sous forme de manuscrits puis imprimé (avec de nombreuses modifications) dès 1485 sous différents titres : Livre de cent nouvelles ; Bocace des cent nouvelles ou Le Livre Cameron autrement surnommé le prince Galliot. Il a ensuite été retraduit par Antoine Le Maçon, secrétaire de Marguerite de Navarre en 1545. Les éditions italiennes du Décaméron sont très nombreuses. Si les Alde de Venise en ont donné une très belle édition en 1522 qui passe pour très correcte et très recherchée, c'est l'édition de Florence par Giunta en 1527 qui passe pour être la plus belle de toutes les éditions anciennes.












L'édition de 1527 a tant attiré la convoitise des plus grands bibliophiles qu'on a méchamment pensé à les tromper. En 1729, une contrefaçon de cette édition de 1527 a été faite, à Venise, chez Pasinello, par les soins d'Etienne Orlandini, et aux frais de Salvatore Ferrari. Cette édition, dont les caractères neufs ont été fait spécialement pour imiter l'italique des héritiers de Philippe Giunta, a, selon la tradition et les divers écrits des bibliographes, été imprimée à 300 exemplaires seulement. Cette contrefaçon a été imprimée sur un très beau papier vergé fin fabriqué également pour l'occasion. L'imitation a été si bien faite, tant dans la justification des lignes, les caractères, etc. que les premiers bibliophiles à avoir découvert cette contrefaçon se seraient laissés trompés. Cependant des différences existent bien entre l'édition de Forence de 1527 et son imitation de 1729 sortie des presses vénitiennes. Même si le bibliographe Brunet dans son Manuel insiste sur le fait qu'on peut aisément faire la différence entre les deux impressions "au premier coup d'oeil", il liste les détails typographiques qui permettent de faire la différence. Les a qui ont la tête en pointe dans la première édition de 1527 ont la tête ronde dans l'impression de 1729. C'est sans doute l'argument principal qui permet en effet de faire de suite la différence. Nous avons pu comparé les deux impressions et d'autres lettres sont légèrement différentes également bien que très proches les unes des autres. Brunet précise également que dans l'impression de 1729 le caractère est neuf tandis que l'impression de 1527 a été faite avec des caractères usés. Brunet indique ensuite des différences dans la numérotation des feuillets et signale que les erreurs de foliotation de l'édition de 1527 ont été corrigées dans l'impression de 1729. Pour être encore plus précis une page pleine mesure 153 millimètres de hauteur (justification) et seulement 149 millimètres dans l'imitation (ce point n'est pas totalement vérifié sur l'exemplaire que nous avons de l'imitation puisque dans notre exemplaire une page pleine mesure 158 mm avec le titre courant et les signatures de bas de page ou bien 149 mm sans). D'autres petites différences sont notées par Brunet. Néanmoins la mise en forme générale, la marque du libraire parfaitement imitée, le colophon avec le registre et la date d'impression, tout est imité sur l'originale avec une certaine perfection et volonté de tromper l'amateur non éclairé par un bibliographe averti (remettons-nous dans le contexte du XVIIIe siècle au moment de la mise en circulation de cette imitation dans les premières semaines après l'impression de 1729). Cette imitation ne tromperait plus personne aujourd'hui. Déjà dans les catalogues de vente de livres rares de la fin du XVIIIe siècle et tout au long du XIXe siècle cette imitation est parfaitement décrite.



Très bel exemplaire de cette célèbre supercherie éditoriale du XVIIIe siècle.

Prix : 3.800 euros