mercredi 24 juillet 2024

Les Provinciales ou Lettres de Louis de Montalte. Par Blaise Pascal. Un des exemplaires imprimés sur beau papier vélin (250 ex.). Exemplaire relié par Joseph Thouvenin au chiffre couronné de Louis-Philippe, roi des français de 1830 à 1848. Très bel exemplaire.


Blaise PASCAL | [LOUIS-PHILIPPE d'Orléans, Roi des français, reliure au chiffre couronné] | Joseph THOUVENIN, relieur

Les Provinciales ou Lettres de Louis de Montalte. Par Blaise Pascal.

A Paris, de l'imprimerie de P. Didot l'Aîné, imprimeur du Roi et de la Chambre des Pairs, 1816

2 volumes in-8 (21,7 x 13,5 cm) de (4)-CXXXVI-284 et (4)-320 pages.

Reliure plein maroquin bleu nuit à grain long, dos à faux-nerfs ornés aux petits fers dorés, filets et palettes dorés, plaques dorées et à froid en encadrement extérieur des plats, chiffre couronné doré au centre des plats supérieurs, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées (reliures signées en queue du dos du premier volume R. P. THOUVENIN (relié par Joseph Thouvenin).



Ouvrage de la Collection des meilleurs ouvrages de la la langue française dédiée aux amateurs de l'art typographique (feuillet imprimé placé en tête de chaque volume).

Notre exemplaire est un des exemplaires imprimés sur beau papier vélin (250 exemplaires d'après les bibliographies).

Exemplaire relié au chiffre couronné de Louis-Philippe, roi des français de 1830 à 1848 (OHR, pl. 2499, variante du fer n°2)

Cette collection comprend 75 volumes in-8. On y trouve les plus grands auteurs classiques de la littérature française (Molière, Voltaire, Racine, Pascal, Fénelon, Montesquieu, Corneille, La Bruyère, La Rochefoucault, Bossuet, Boileau, etc.).









Ces deux volumes sont précédés d'un Essai sur les meilleurs ouvrages écrits en prose dans la langue française, et particulièrement sur les Provinciales de Pascal. L'éditeur Didot y explique ce qui a motivé cette édition de luxe réalisée avec le plus grand soin quand à l'impression et à la correction du texte. Cet Essai débute par une histoire des origines de la langue française, sur les premiers livres imprimés dans cette langue au XVe siècle (avec une liste détaillée de quelques éditions incunables parmi les plus notables), sur les meilleurs écrivains du XVIe siècle (avec une liste détaillées des auteurs les plus importants (Rabelais, Calvin, Bodin, Montaigne, etc.), des meilleurs auteurs d'ouvrages en prose depuis Guez de Balzac jusqu'à Pasval (Descartes, Cyrano de Bergerac, Scarron, etc.), vient ensuite la notice sur les Provinciales de Pascal. Cette notice est signée François de Neufchateau (Paris, le 20 novembre 1816).

Les Provinciales (titre complet : Lettres écrites par Louis de Montalte à un provincial de ses amis et aux RR. PP. Jésuites sur le sujet de la morale et de la politique de ces Pères) est un ensemble de dix-huit lettres, en partie fictives, écrites par Blaise Pascal. Publiées entre janvier 1656 et mars 1657, elles ont d’abord eu pour but de défendre le théologien janséniste Antoine Arnauld, menacé d’être condamné par la Sorbonne, avant de s’orienter vers une critique de la Compagnie de Jésus et, en particulier, de la casuistique laxiste défendue par certains de ses membres​. Les Provinciales paraissent dans le cadre d’un débat de longue haleine entre jansénistes et jésuites au sein de l’Église catholique, portant principalement sur la grâce et les pratiques sacramentelles. Ces derniers semblent triompher quand le Saint-Siège condamne en 1653 un ensemble de propositions attribuées à Jansénius. Antoine Arnauld, plus importante figure du parti janséniste depuis plusieurs années, réagit en publiant plusieurs libelles apologétiques ; l’un d’entre eux est mis en cause devant la Sorbonne en novembre 1655, et la condamnation du théologien semble très rapidement certaine. Pour faire face à une procédure perdue d’avance, les jansénistes prennent alors le parti de s’adresser à l’opinion publique. Ils font pour cela appel à Blaise Pascal : celui-ci, qui a récemment décidé de se consacrer à la religion, ne s’est jusqu’alors jamais essayé à ce genre d’ouvrages, bâtissant sa réputation sur ses travaux de mathématiques et de physique. Les Provinciales sont néanmoins un grand succès, immédiat et croissant, qui se justifie tant par la qualité d’écriture de l’auteur (emploi d’un style agréable, usage efficace du comique, « vulgarisation » réussie de la théologie), que par la solidité de son argumentation. Ce dernier choisit d’employer la fiction : un Parisien de la bonne société informerait par lettres un ami vivant en province du déroulement du procès d’Arnauld à la Sorbonne. La première lettre parait en janvier 1656, anonymement et clandestinement. Après la troisième, le théologien ayant été condamné, Pascal change de cible : il s’attaque désormais exclusivement à la Compagnie de Jésus. Celle-ci est dès lors incarnée par un Père naïf et pédant, qui durant plusieurs entretiens expose au narrateur les plus coupables maximes morales défendues par les jésuites, sans en percevoir la gravité, ni l’indignation de son interlocuteur. Avec la onzième lettre, se produit un second tournant : l’auteur abandonne cette fois la fiction pour répliquer directement aux jésuites, qui ont entre-temps produit plusieurs réponses. Les Provinciales cessent de paraître en mars 1657, pour des raisons mal connues. Malgré une forte répression des autorités politiques, l’œuvre a fait évoluer l’élite sociale qui constitue à l’époque l’opinion publique en faveur du jansénisme, tout en donnant une image négative de la Compagnie de Jésus en France. Les maximes morales laxistes dénoncées par Pascal font rapidement l’objet de la réprobation générale, et sont condamnées à plusieurs reprises par Rome. Néanmoins, les Provinciales n’ont pas eu le même succès quant à la défense du courant janséniste et de Port-Royal, l'abbaye qui l’incarne : dans les années qui suivent, les mesures de persécution provenant du roi de France et du Saint-Siège redoublent à leur égard. D’un point de vue littéraire, la réputation de l’œuvre n'a malgré tout jamais été remise en cause : celle-ci est aujourd’hui considérée comme un classique de la littérature française.

Les Provinciales sont imprimées aux frais des gens de Port-Royal, à moins de cinquante écus par tirages. Les imprimeurs, tous parisiens, sont habitués à travailler à leur service, souvent clandestinementb. Ceux-ci sont très exposés aux descentes de la police, qui cherche à arrêter l’impressionb. De ce fait, les éditeurs varient d’une lettre et d’une édition à l’autre. Pour égarer les autorités, ils restent anonymes, les indications placées dans certaines lettres étant fictives ; ils exercent généralement en parallèle l’activité de libraire. L’impression, qui implique plusieurs typographes différents, se fait le plus souvent en une seule fois, de nuit, et dans un lieu retiré, afin d’éviter les mouchards. Les exemplaires se présentent sous forme de brochures in quarto comptant huit pages, à l’exception des trois dernières lettres, qui sont plus longues. Le tirage croît avec le succès : on estime ainsi que la dix-septième lettre est imprimée à plus de dix-mille exemplaires, contre environ deux mille pour la première. Les Provinciales sont sans doute distribuées par l’intermédiaire de réseaux de distributions, ou directement à leurs amis par les gens de Port-Royal. Elles sont dans un premier temps offertes gratuitementb avant d’être, probablement à partir de la publication de la cinquième Lettre, vendue de façon confidentielle dans des librairies liées à Port-Royal au prix de 2 sols 6 deniers. Cela permet aux bailleurs de fonds de rembourser leurs frais et de faire des bénéfices, d’autant plus que les Provinciales sont rapidement et à plusieurs reprises rééditées. Le premier recueil rassemblant l’ensemble des lettres est imprimée au printemps 1657 ; précédé d’une préface de Nicole, il est produit à Amsterdam par Daniel Elzevier et importé illégalement en France grâce notamment à la complicité du syndic des libraires. Une deuxième édition en français émanant de Port-Royal suit quelques mois plus tard : contrairement à la précédente, elle contient quelques légères corrections de fond. Les modifications sont beaucoup plus importantes dans la suivante, datée de 1659, la dernière avant la mort de Pascal : on compte en tout trois cent vingt variantes. Celles-ci ont plutôt tendances à affaiblir le style, en particulier dans les premières lettres, effaçant les marques de polémiques telles que l’emploi de l’ironie. Elles sont probablement principalement effectuées par Louis Gorin de Saint-Amour ; on ignore si elles ont été approuvées par Pascal. Les éditions actuelles reprennent l’une de ces trois versions.


Provenance : exemplaire au chiffre couronné de Loui-Philippe d'Orléans, roi des français. Louis-Philippe 1er fut est couronné le 9 août 1830 et régna jusqu'au 24 février 1848. Le relieur Joseph Thouvenin, créateur de ces reliures, mourut en 1834. Le style de ces reliures correspond sans conteste à la période 1820-1834. D'après une note il semblerait que Thouvenin ait signé ses reliures "R.P. THOUVENIN" jusqu'en 1820 puis de 1820 à 1834 il aurait signé tout simplement "THOUVENIN". Nous ne savons pas si l'ensemble des 75 volumes tirés sur papier vélin a été relié à l'identique de nos deux volumes par Joseph Thouvenin (nous n'en n'avons trouvé aucune trace dans les archives).


Très bel exemplaire au chiffre de Louis-Philippe d'Orléans (1773-1850) agréablement établi par Joseph Thouvenin.

Prix : 2.300 euros

mardi 23 juillet 2024

Histoire de Napoléon Buonaparte, depuis sa naissance, en 1769, jusqu'à sa translation à l'île Sainte-Hélène, en 1815. Par une société de gens de lettres. [Jean-Pierre GALLAIS]. A Paris, chez L. G. Michaud, imprimeur-libraire, 1817-1818 [i.e. 1814-1815-1818]. 4 volumes in-8. Reliure strictement de l'époque plein veau. Edition originale remise en vente avec de nouveaux titres et quelques additions et changements. Très bel exemplaire parfaitement conservé dans sa jolie reliure d'époque aux attributs de la révolution et de l'Empire. Ouvrage très peu commun complet de tous les volumes et en belle reliure de l'époque.


[Jean-Pierre GALLAIS]

Histoire de Napoléon Buonaparte, depuis sa naissance, en 1769, jusqu'à sa translation à l'île Sainte-Hélène, en 1815. Par une société de gens de lettres. [Histoire du 18 brumaire]. Bonaparte | Napoléon | Révolution | Empire.]

A Paris, chez L. G. Michaud, imprimeur-libraire, 1817-1818 [i.e. 1814-1815-1818]

4 volumes in-8 (21 x 13 cm) de CXX-106, 160 ; 176-[5 à 166] ; 610 et (4)-379-(1) pages. 4 portraits gravés au trait placés en frontispice de chaque volume (Bonaparte, Cambacérès, Fouché et Davoust). Collationné complet pour cette édition malgré la pagination anarchique (voir ci-dessous).

Reliure strictement de l'époque plein veau glacé granité caramel beurre salé, dos lisses ornés aux petits fers dorés spéciaux (attributs de la Révolution et de l'Empire), roulette dorée en encadrement des plats, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré coordonné à la marbrure des tranches. Très belle reliure restée fraîche malgré quelques légères éraflures sur les plats (peu visibles) et quelques coins frottés ou légèrement émoussés. Intérieur très frais.


Edition originale remise en vente avec de nouveaux titres et quelques additions et changements.

On lit dans une notice (Quérard) qu'il s'agit de la réunion, sans qu'il y ait eu réimpression, des cinq parties de l'Histoire du 18 brumaire" (parue entre 1814 et 1815 avec des volumes parus en 1817) de Jean-Pierre Gallais (et un anonyme pour la quatrième partie). Ce n'est cependant pas tout à fait exact. Nous avons pris le temps de bien comparer les deux ouvrages et si le texte est effectivement en grande partie celui de l'Histoire du 18 brumaire par Gallais, certaines parties ont été refaites comme l'introduction qui est de 120 pages. Les tables et les titres de certains chapitres ont également été changés. L'ouvrage s'achève avec la seconde abdication de Napoléon et son exil sur l'île de Sainte-Hélène. On trouve à la fin du dernier volume une série de pièces justificatives qui touchent aux années 1815 à 1817.







Ce livre doit être considéré comme un pamphlet, une histoire à charge de Napoléon Bonaparte depuis son accession au pouvoir jusqu'à sa chute. Jean-Pierre Gallais était né à Doué près de Saumur en 1756. D'abord religieux bénédictin, il professa la philosophie puis jeta son froc aux orties et devint un des soldats de la phalange de publicistes soudoyés par la cour pour la défense du trône et de l’autel. Il prit part à la rédaction du Journal général et publia plusieurs pamphlets, dont l’un, intitulé : Appel à la postérité sur le jugement du roi (1793), coûta la vie au libraire Weber et valut à Gallais quelques mois d’incarcération. Rendu à la liberté après le 9 thermidor, il fut l’un des rédacteurs de La Quotidienne et du Censeur des journaux, n’échappa que par la fuite à la proscription du 18 fructidor, recommença bientôt à écrire dans les feuilles royalistes, et eut, après le 18 brumaire, la direction du Journal de Paris, qu’il conserva jusqu’en 1811. Rallié à Bonaparte, il avait obtenu, en 1800, la chaire d’éloquence à l’Académie de législation. En 1809, il sollicitait, mais en vain, la place de censeur de la librairie. Après la deuxième Restauration, il devint le correspondant littéraire des empereurs d’Autriche et de Russie. Gallais fit partie de ses nombreuses girouettes qui tournèrent avec le vent. Si l'on se fie à la critique et aux bibliographes, les ouvrages historiques de Gallais, médiocres sous tous les rapports, pleins de passion et d’inexactitudes, n’ont eu qu’une vogue de parti. Néamoins pour avoir parcouru ces volumes il faut reconnaître à Gallais le mérite d'avoir réuni de nombreuses pièces intéressantes servant à l'histoire "partisane" de Napoléon Bonaparte et de l'Empire. Gallais meurt en octobre 1820 à l'âge de 64 ans. La biographie universelle de Michaud consacre un long article à ce publiciste laborieux.









Provenance : avec la signature de M. Coulon sur le premier volume et un numéro d'ordre (époque).

Ouvrage très peu commun complet de tous les volumes et en belle reliure de l'époque. Nous n'avons pas réussi à en localiser un seul exemplaire complet dans les bases de données en ligne (librairies).

Très bel exemplaire parfaitement conservé dans sa jolie reliure d'époque aux attributs de la révolution et de l'Empire.

Prix : 1.250 euros

lundi 22 juillet 2024

Casanova | Une Aventure d'Amour à Venise. Edition illustrée d'aquarelles originales de Gerda Wegener gravées sur bois par G. Aubert et à l'eau-forte en couleurs par André Lambert. Le Livre du Bibliophile, Georges Briffaut éditeur, Paris, s.d. (1925-1927). Exemplaire de la biliothèque de l'auteure romancière sulfureuse Renée Dunan (1892-1936), avec son ex libris saphique gravé. Rare et recherché.



CASANOVA DE SEINGALT | GERDA WEGENER, illustratrice | André LAMBERT, graveur

Une Aventure d'Amour à Venise. Edition illustrée d'aquarelles originales de Gerda Wegener gravées sur bois par G. Aubert et à l'eau-forte en couleurs par André Lambert.

Le Livre du Bibliophile, Georges Briffaut éditeur, Paris, s.d. (1925-1927)

1 volume grand in-4 (28 x 21,7 cm), broché de XIV-164-(3) pages. Avec 8 eaux-fortes en couleurs hors-texte gravées par André Lambert d'après les aquarelles originales de Gerda Wegener. Avec 27 bandeaux, lettrines et culs-de-lampe d'après les aquarelles de Gerda Wegener et gravées sur bois par G. Aubert. Couverture rempliée imprimée en noir, rouge et bistre avec une vignette gravée sur bois tirée en bistre (identique à la page de titre). Dos cassé, papier fort. Exemplaire qui mérite une reliure de qualité.

Premier tirage.

Tirage à 500 exemplaires dont 22 exemplaires sur Japon ancien, 25 exemplaires sur Japon impérial et 454 exemplaires sur vélin d'Arches.

Celui-ci, un des exemplaires hors-commerce marqué H.C. à la plume (réservés à l'artiste, à l'éditeur, et à leurs amis), tiré sur vélin d'Arches.

Exemplaire de la biliothèque de l'auteure romancière sulfureuse Renée Dunan (1892-1936), avec son ex libris gravé (voir photo ci-dessous).



Cet ouvrage est le dixième de la collection "Le Livre du Bibliophile" et a été achevé d'imprimer pour le texte et les bois par Coulouma, maître imprimeur à Argenteuil, H. Barthélémy étant directeur, le 11 janvier 1927. Maurice Alaterre, taille-doucier a tiré les eaux-fortes de février 1925 à janvier 1927. La préface est signée R. V.

Les exemplaires de tête possèdent en plus deux eaux-fortes dites découvertes (plus libres), qui ne se trouvent pas ici.

Certains exemplaires ont été brochés en deux volumes, sans doute pour palier à l'épaisseur du papier vélin d'Arches qui rend le brochage en un seul volume très fragile.








"The prolific Paris-based publisher Georges Briffaut knew a good and marketable illustrator when he met one, and following the success of Les délassements de l’Éros he commissioned Gerda Wegener to produce illustrations for a luxury edition of the selected memoirs of one of the most infamous lovers of all time, Giacomo Casanova, Chevalier de Seingalt (pronounced Saint-Galle in the French fashion) – after his exile from Venice to France in 1757 he often signed his works Jacques Casanova de Seingalt. Gerda produced ten finely-detailed paintings which were beautifully rendered and embellished by master engraver André Lambert. All but the most costly 25 copies included just eight of the ten illustrations." (HonestErotica)

Le prolifique éditeur parisien Georges Briffaut, après le succès des délassements de l'Éros, chargea Gerda Wegener de réaliser des illustrations pour une édition de luxe des mémoires de l'un des amants les plus célèbres de tous les temps, Giacomo Casanova, chevalier de Seingalt, après lors de son exil de Venise en France en 1757, il signa souvent ses œuvres Jacques Casanova de Seingalt. Gerda Wegerner a réalisé dix peintures finement détaillées qui ont été magnifiquement rendues et embellies par le maître graveur André Lambert. Tous les exemplaires, sauf les plus chers, ne comprenaient que huit des dix illustrations. Une aventure d'amour à Venise a été publiée dans un tirage limité et numéroté à 500 exemplaires, dont 25 comprenaient une série distincte d'illustrations en état préparatoire et les dix premiers tableaux originaux.

Le texte est extrait des mémoires de Casanova décrivant sa relation avec « MM », une religieuse du couvent de Murano.










Cette édition est magnifiquement illustrée par Gerda Wegener, utilisant probablement sa femme, Lili Elbe comme modèle. Gerda Wegener (1886-1940) était une artiste danoise travaillant dans les styles Art déco et Art nouveau, connue pour ses représentations érotisées de femmes, sa reconsidération pionnière du regard féminin dans le portrait et ses arrière-plans étonnamment décadents qui sont bien illustrés ici. En 1925, Wegener a représenté la France à l'exposition universelle de Paris où elle a reçu deux médailles d'or et une de bronze. Gerda Wegener était marié à sa collègue artiste Lili Elbe (ils s'étaient rencontrés à l'Académie royale des beaux-arts du Danemark à Copenhague). Les deux ont vécu à Paris à partir de 1912, où Elbe était l'un des modèles les plus fréquents de Wegener. Elbe est également connue pour avoir été l'une des premières personnes "transgenre" à avoir subi une chirurgie de réassignation sexuelle et comme le sujet du roman The Danish Girl de David Ebershoff et du film de 2015 du même nom.

Provenance : exemplaire provenant de la bibliothèque de l'auteure Renée Dunan (1892-1936) avec son très bel et grand ex libris érotique saphique gravé (un des deux modèles connus de ce type) réalisé à la gravure au sucre (voir photo). Cette provenance est d'autant plus intéressante dans ce volume illustrée par Gerda Wegener, femme libre s'il en était. Renée Dunan a écrit : « Il faut oser dire n'importe quoi ! La morale est ailleurs que là où on l'imagine. » et aussi : « Qu'est-ce qu'un homme ? une virilité.. Mais combien faut-il de temps pour qu'une femme habile fasse de la plus fière des verges mâles... un chiffon ? ». Certaines sources indiquent que Renée Dunan aurait pu être un homme ... un certain Georges Dunan ou plutôt Georges Dunan aurait été son mari et aurait usurpé son identité pour publier des ouvrages sous son som après sa mort. En résumé René/Georges Dunan reste un mystère ! Etait-il un homme ? Etait-il une femme ? ... ce qui changerait bien des choses ! quant à l'interprétation de son œuvre littéraire. Tout semble encore à ce jour très flou dans sa biographie, même si depuis quelques années les choses avancent bien sur son histoire littéraire tant que personnelle. Cet ex libris saphique à son nom ajoute au mystère et sa rareté fait qu'on ne l'a pas encore rencontré ailleurs que sur ce volume ... qui trouvait parfaitement et logiquement sa place dans sa bibliothèque dont on ne sait rien. On connait un autre ex libris saphique de taille similaire et réalisé également grâce à la technique dite de "gravure au sucre" (il était apposé sur un volume du Dialogues des Courtisanes de Lucien illustré par Emile Berchmans (Edition Boudet, Librairie Lahure, Paris, s.d. (vers 1900), volume que nous avons eu également dans notre librairie). 

Un des ouvrages parmi les plus recherchés de cette illustratrice emblématique de la période Art Déco.

Provenance (Renée Dunan) des plus intéressantes qui soit pour ce titre très recherché des bibliophiles.

VENDU

samedi 20 juillet 2024

Les Dames Galantes de Brantôme, illustrées de 44 par Raoul Serres (1940-1945) dont 4 planches refusées réservées aux exemplaires de tête. Exemplaire enrichi des 4 aquarelles originales pour les 4 planches refusées et une aquarelle originale pour un frontispice. Avec suite en noir. Bel exemplaire.


Aquarelle originale signée


BRANTÔME, (Pierre de Bourdeilles, dit) | Raoul SERRES, illustrateur

Les Dames Galantes de Pierre de Bourdeille, Seigneur de Brantôme. Aquarelles de Raoul Serres.

La Belle Edition, Paris, s.d. (vers 1940)

2 volumes in-4 (24,7 x 19,2 cm) brochés de 271-(2) et 258-(3) pages. Avec 40 aquarelles de Raoul Serres dont 2 frontispices et 38 compositions dans le texte, le tout colorié au pochoir par les ateliers Beaufumé. Etuis et emboîtages cartonnés de l'éditeur (légères usures). Volumes parfaitement conservés. Le brochage du deuxième tome est distendu. Ensemble frais.

Nouvelle édition illustrée.

Tirage à 1200 exemplaires tous sur vélin de Lana.

Celui-ci, un des exemplaires de tête accompagnés d'une suite en noir de toutes les illustrations de Raoul Serres y compris les 4 planches refusées réservées aux 150 premiers exemplaires en deux états (en noir et en couleurs).

Exemplaire unique auquel on a ajouté les 4 aquarelles originales définitives pour les 4 planches refusées (planches plus libres).

Avec l'aquarelle originale définitive pour le frontispice du premier volume. Soit un ensemble de 5 aquarelles originales signées.


Aquarelle originale signée

Cette "Belle édition" a été publiée sous la direction de Robert Meiffredy et a été tirée sur les presses de l'imprimerie Durand, à Chartres (Blin, Directeur), pour la typographie, et les aquarelles ont été reproduites par Duval et coloriées à la main (pochoir) dans les ateliers de Maurice Beaufumé.

On ne présente plus ce texte classique divisé en sept discours comme suit : Discours premier : Sur les dames qui font l'amour, et leurs maris cocus. Discours deuxième : Sur le sujet qui contente plus en amours ou le toucher, ou la vue, ou la parole. Discours troisième : Sur la beauté de la belle jambe et la vertu qu'elle a. Discours quatrième : Sur l'amour des dames vieilles et comme aucunes l'aiment autant que les jeunes. Discours cinquième : Sur ce que les belles et honnêtes dames aiment les vaillants hommes, et les braves hommes aiment les dames courageuses. Discours sixième : Sur ce qu'il ne faut jamais parler mal aux dames et la conséquence qui en vient. Discours septième : Sur les femmes mariées, les veuves et les filles, à savoir desquelles les unes sont plus chaudes à l'amour que les autres. La langue de Brantôme avait le sel d'une langue propre à décrire les jeux de l'amour. « Toute belle femme s'estant une fois essayée au jeu d'amour ne le désapprend jamais ». (« Les vies des dames galantes »). « Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu'il s'en pust faire un cerne, je croy qu'il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre ». (« Les vies des dames galantes »). En 1584, à l'âge de 44 ans environ, Brantôme perdit son maître François d'Alençon, duc d'Anjou, héritier éventuel de la couronne de France. Il allait trahir son roi, quoi qu'il en eût dit, et passer au service de l'Espagne quand une vilaine chute de cheval le contraignit à l'immobilité deux années dans sa propriété. Ainsi il se retira « perclus et estropié » de la cour et « songea à ses amours et aventures de guerre, pour autant se contenter ». Il dicta ses mémoires aux frères Matheaud et rassembla des poèmes pétrarquisants. Ainsi pendant les trente dernières années de sa vie, Bourdeille se retira dans ses terres, partagea son temps entre sa maison de Bourdeilles, l'abbaye de Brantôme, le château de la Tour-Blanche et sa dernière demeure de Richemont. Il se consacra alors à l'écriture et expia ainsi une vie passablement agitée, vagabonde et amoureuse. Il écrivit, comme en se jouant, les Mémoires qui l'ont immortalisé. Ses mémoires souvent légers, plaisent surtout par leur style sans artifices. La Vie des Dames Galantes est la partie la plus légère de son oeuvre. Ses écrits ne furent publiés, de manière posthume, qu'en 1655 pour la première fois, dans une édition imparfaite et incorrecte. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que sa réputation ne s'étende (Edition de Leyde, chez Jean Sambix, 1665-1666, en 9 volumes, réédités en 1722 chez Jean Sambix le jeune. Il y a eu des éditions en 1740, puis encore en 1779. La première édition scientifique sera donnée en 1822 par Monmerqué puis en 1858 (terminée en 1895 en 13 volumes dans la Bibliothèque Elzévirienne) par Louis Lacour.


Aquarelle originale signée



Aquarelle originale signée



Aquarelle originale signée





"Peu d’écrivains, sans doute, ont aimé les femmes autant que notre abbé commendataire, leur chair blanche, leur bouche, leurs jambes. Aucune limite n’est pour lui concevable au déduit. Il semble qu’il ne peu pas s’arrêter de parler de l’amour, de l’amour physique ; il en fait d’ailleurs la démonstration à la fin de maints paragraphes en s’exclamant qu’il en a assez dit, qu’il lui faut s’arrêter, que trop, c’est trop ; mais il ne le peut et il en rajoute : encore une histoire de lit, encore une anecdote grivoise ! Pour lui, l’amour et le désir commandent tout : « Il n’y a de loi qu’un beau cul ne renverse ! » " (Madeleine Lazard)








Belle édition dont les exemplaires de tête avec suite, planches refusées et aquarelles originales doivent être recherchés par les bibliophiles avisés.

Prix : 1.800 euros