vendredi 30 décembre 2022

Bagatelles morales, suivies de La Suite des Bagatelles morales (1769), par l'abbé Coyer. 2 volumes in-12. Bel exemplaire relié pleine basane de l'époque. Le second volume est en première édition. Peu commun en belle condition.


COYER, Gabriel François, abbé.

Bagatelles morales, par l'Abbé Coyer. Nouvelle édition, considérablement augmentée. SUIVI DE : Suite des Bagatelles morales, par l'Abbé Coyer. Nouvelle édition, considérablement augmentée.

A Londres, et se trouve à Paris, chez la Veuve Duchesne, 1769

2 volumes in-12 (15,7 x 9,5 m) de (8)-360 et (4)-300 pages.

Reliure strictement de l'époque pleine basane marbrée caramel, dos lisse orné aux petits fers dorés, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré. Très bon état. Exemplaire d'une belle fraîcheur tant en ce qui concerne les reliures que l'intérieur des volumes.

Nouvelle édition pour le premier volume. 

Edition originale pour le second volume.







Ce recueil a paru pour la première fois en 1754 (une partie des pièces seulement); La Suite des Bagatelles morales que nous avons en second volume, est en première édition.

Issu d’une famille pauvre, l’abbé Gabriel François Coyer (1707-1782), qui avait fait ses études chez les Jésuites, entra dans cette compagnie en 1728 et en fut quelque temps membre, avant de la quitter, après y avoir passé huit ans, en 1736. Monté à Paris en 1738, il fut chargé de l’éducation du prince de Turenne. Il s’exerça sur divers sujets, et débuta par des feuilles volantes, dont quelques-unes, telles que La Découverte de la pierre philosophale, imitée de Swift, et L’Année merveilleuse, eurent le plus grand succès. Ces petites brochures furent réunies sous le titre de Bagatelles morales.

Le petit roman de Chinki, histoire cochinchinoise, qui peut servir à d’autres pays, Londres, 1768, in-8°, fut d’abord attribué à Voltaire. On le retrouve dans cette édition des Bagatelles morales au deuxième volume où il occupe les pages 211 à 300. On trouve encore dans ces deux petits volumes les titres suivants : La Prédication (où il veut prouver qu’il est inutile de prêcher​), Lettre au Docteur Mary sur les Géants Patagons, Découverte de la Pierre Philosophale, L'Année Merveilleuse, La Magie démontrée (Pamphlet utilisant l’orientalisme en vogue à l’époque pour dénoncer la « magie » utilisée pour faire prendre aux Français les mensonges et l’illusion pour la vérité), Plaisir pour le peuple, Dissertation sur la nature du Peuple, etc. 

Nous lisons à son propos : "L’abbé Coyer, dont la conversation fut toujours pesante et pénible, malgré un effort continuel pour être agréable, ce qui était le plus sur moyen de ne pas l’être ou de ne l’être pas longtemps, et dont les derniers ouvrages ressemblent beaucoup trop à sa conversation, avait adopté beaucoup de sentiments de la philosophie moderne, et les faisait valoir à sa manière, en disant à Voltaire qu’il voulait, chaque année, s’établir pendant trois mois chez lui. Effrayé de ce projet du candidat pique-assiette, le patriarche de Ferney lui fit cette réponse demeuré célèbre : « M. l’abbé, savez-vous la différence que je trouve entre don Quichotte et vous ? c’est qu’il prenait les auberges pour des châteaux, au lieu que vous prenez les châteaux pour des auberges. »




"Gabriel-François Coyer (1707-1782) est un de ces écrivains mineurs du XVIIIe siècle de qui l'on ne se souvient que rarement. On ne trouve pas son nom dans les cours d'histoire littéraire de la France ; le Manuel bibliographique de G. Lanson ne l'oublie pas, mais n'indique aucun ouvrage qui lui soit consacré. Il a été classé récemment parmi les humoristes ; l'auteur de la notice le concernant dans le Dictionnaire des lettres françaises, tout en parlant de lui d'une manière flatteuse (« il mérite mieux que sa réputation ») ne cite à son sujet qu'un bon mot de Voltaire, mais ne sait pas apprécier son œuvre. Cependant, lorsqu'on veut bien le lire, on trouve chez cet écrivain une pensée indépendante : il traite les problèmes de son temps avec audace, et sa façon de s'exprimer nous prouve qu'il est loin d'être un épigone de qui que ce soit. C'est pourquoi il a eu des admirateurs et des ennemis, témoignant les uns et les autres que ses livres ont eu du succès : on les a réimprimés et traduits, et son nom et son œuvre ont été connus en France et à l'étranger. [...] Les encyclopédistes appréciaient ses écrits ; Voltaire s'est moqué de l'auteur, et c'est pour cela qu'on l'a cru digne d'oubli." (Gabriel-François Coyer et son oeuvre en Russie, par L. S. Gordon)

Provenance : ex libris manuscrit sur une étiquette avec les initiales F et R non identifiées (époque). Voir photo ci-dessus.

Bel exemplaire en condition d'époque, bien complet des deux volumes.

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