vendredi 2 juin 2023

EVENTAIL, dix gravures de Marie Laurencin accompagnées de poésies nouvelles de Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON. Paris, 1922. Editions de la Nouvelle Revue Française. Un des 27 exemplaires hors-commerce tirés sur Hollande vergé Van Gelder Zonen. Exemplaire avec la suite complète des dix pointes sèches tirées à part et un tirage à part de la couverture avec décomposition. Exemplaire de choix très bien conservé de ce petit livre emblématique de son époque.


Marie LAURENCIN (illustratrice). Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON.

EVENTAIL, dix gravures de Marie Laurencin accompagnées de poésies nouvelles de Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON.

Paris, 1922. Editions de la Nouvelle Revue Française.

1 volume petit in-8 (19,5 x 12 cm) broché de 61-(5) pages, avec 10 pointes sèches originales de Marie Laurencin tirées dans le texte au format carré 8,5 x 7,5 cm environ. Couverture rempliée imprimée en couleurs (bleu et rose) formant un éventail. Excellent état. Quelques décharges et ombres à la couverture sinon parfait exemplaire.

Tirage unique à 335 exemplaires.

Celui-ci, un des 27 exemplaires hors-commerce tirés sur Hollande vergé Van Gelder Zonen.

Il a été tiré 300 exemplaires sur ce même papier et 8 exemplaires sur vergé bleuté du dix-huitième siècle avec une double suite des gravures, sur Japon impérial et sur vergé du dix-huitième siècle.


Notre exemplaire contient en plus :

- 1 état supplémentaire tiré à part de la couverture en couleurs avec l'éventail (sur vergé).

- 1 état de l'éventail en couleurs tiré seul avant la lettre (sur vergé).

- 1 suite complète des 10 pointes sèches tirées à part sur papier vergé Ingres. Le chiffre du tirage à part de cette suite n'est pas connu mais elle était sans aucun doute réservée aux exemplaires de tête et aux exemplaires de collaborateurs (soit une trentaine d'exemplaires en tout).


Ce délicieux volume s'ouvre sur un "Petit concert sur l'absence de Marie Laurencin" par Maurice Chevrier (daté de septembre 1920). Viennent ensuite les poèmes de Roger Allard (L'Abbesse d'Aléa), d'André Breton (L'An suave, daté d'avril 1914), de Francis Carco (Le Miroir), de Louis Codet (La Nymphe d'Auteuil), de Fernand Fleuret (Prose pour Pallas Ambigüe, daté de 1911), de Georges Gabory (Qui n'entend qu'une cloche...), de Max Jacob (Olga, petit roman, daté de 1921), de Valery Larbaud (La Rue Soufflot), de Jean Pellerin (Fil de Rêve), enfin d'André Salmon (Elégie Fraternelle, daté de juillet 1921).

La page de titre a été composée en calligramme par les élèves de l'Ecole Estienne. Le volume a été achevé d'imprimer le seize janvier 1922, le texte par Coulouma à Argenteuil, les gravures par Vernant et Dollé imprimeurs en taille-douce à Paris.







Au début de l'année 1922, Marie Laurencin a 39 ans. Compagne pendant six années du poète Guillaume Apollinaire, Flap, comme la surnomme son premier amant Henri-Pierre Roché, épouse finalement, en 1914, le peintre allemand Otto de Waetjen, un pacifiste qui refuse de prendre les armes contre la France, ce qui lui vaut au déclenchement de la Première Guerre mondiale d'être déchue de sa nationalité, spoliée de tous ses biens et contrainte à l'exil, en Espagne. Divorcée, elle retrouve durant l'Entre-deux-guerres sa position tout en continuant ses amours avec Nicole Groult, relation discrète mais non cachée qui aura duré une quarantaine d'années. Figure internationale, elle portraiture alors les personnages du Tout-Paris. Sous l'Occupation, elle continue cette vie mondaine et renoue avec ses amis allemands tout en aidant Max Jacob, son complice en ésotérisme, sans réussir toutefois à le faire libérer à temps du camp de Drancy. Elle y est internée à son tour à la Libération dans le cadre d'une procédure d'épuration, échappant de peu au sort des tondues​. Dès 1907 elle devenait l'amie du Paris-Artiste. Elle se lie avec Pablo Picasso, André Salmon, Kees Van Dongen, André Derain, Max Jacob, Robert Delaunay, et bien d'autres. "Coco" comme on l'appelle, fréquente tous les artistes du Bateau-Lavoir. Vraie fausse-compagne-muse un moment de Guillaume Apollinaire, elle fait montre d'une grande liberté dans ses moeurs et ses relations homosexuelles sont connues. Marie Laurencin épouse le 21 juin 1914 le baron Otto von Wätjen, dont elle a fait connaissance un an plus tôt dans le milieu artistique de Montparnasse, entre Le Dôme et La Rotonde. Par son mariage, elle devient allemande et baronne, bénéficiaire d'une rente annuelle de 40 000 marks. Le couple est surpris par la déclaration de guerre durant son voyage de noces à Hossegor. Poursuivant en Espagne leur lune de miel contrariée, les époux ne peuvent rentrer à Paris, à cause de leur nationalité. Otto, qui ne veut pas avoir à prendre les armes contre la France, refuse de retourner en Allemagne. Marie Laurencin, comme tout citoyen franco-allemand, est déchue de sa nationalité française.​ Au printemps 1915, le couple s'installe à Malaga dans la villa Carmen, avenue de la Rosaleda, puis à la villa Bella Vista, avenue Jorge de Silvela. Marie Laurencin y trouve consolation dans les bras de son amant des vacances 1911, Hanns Heinz Ewers. Au début de mars 1918, le couple répond à l'invitation d'être logé à Madrid en face du Prado dans une maison de Cécile de Madrazo. Marie Laurencin se partage entre cette figure à la fois mondaine et discrète de la haute bourgeoisie anoblie. Fin novembre 1919, au terme d'un mois de voyage de Gènes à Bâle, via Milan et Zurich, au cours duquel elle aura fait la connaissance d'Alexandre Archipenko et Rainer Maria Rilke, Marie Laurencin séjourne à Düsseldorf chez la mère de son mari. Afin de faire avancer le règlement de sa propre situation, elle passe le mois d'avril 1920 à Paris, où elle est hébergée par les Groult. Le 15, Georges Auric l'introduit auprès du jeune diplomate Paul Morand, qui était son voisin à Madrid en 1918, pour entreprendre les démarches qui lui redonneront la nationalité française. Elle peut faire prononcer son divorce le 25 juillet 1921 en renonçant à toute pension. À trente huit ans, financièrement autonome, « Mademoiselle Marie Laurencin » retrouve le 15 avril 1921 définitivement Paris, où en huit ans elle changera trois fois d'adresse. C'est à la fin de l'année 1921 que se prépare l'ouvrage Eventail qui lui rend hommage par la poésie et qu'elle illustre de 10 pointes sèches auto-portraits. Au printemps 1922, Marie Laurencin est hospitalisée pour un cancer de l'estomac. Lors de la chirurgie, elle subit également une hystérectomie. En 1923, convalescente, Marie Laurencin crée des papiers peints pour André Groult, qui vit à l'ombre du succès de la maison de couture de son épouse. À la mi-décembre, accompagnée de Jean Giraudoux et de Gaston Gallimard, elle retrouve Pablo Picasso à l'enterrement de Raymond Radiguet. Portraitiste mondaine du Tout-Paris des Années folles dont elle peint les portraits, Marie Laurencin mène une vie de luxe et de mondanités. Si le portrait est pour elle un expédient lucratif et pour ses modèles un article de mode, elle ne fait pas de cet exercice imposé l'éloge d'une position sociale, masculine ou féminine, qu'il était à l'époque classique. Pendant la deuxième guerre mondiale elle affiche des positions ambigues. Faisant montre en public d'antisémitisme elle aide pourtant son ami Max Jacob. A partir de 1945 et jusqu'à sa mort en 1956 elle mènera une vie retirée et pieuse. Elle aura connu les périodes Dada, cubistes, fauves et tous les autres mouvements modernistes de l'Ecole de Paris qu'elle contribua à façonner par son propre art. Elle laisse une oeuvre immense composée de milliers de peintures, gravures et dessins.

« Elle a fait de la peinture au féminin un art majeur. On ne trouve pas de mots pour bien définir la grâce toute française de Mademoiselle Marie Laurencin, sa personnalité vibre d’allégresse. » (Apollinaire)

Eventail regroupe, sous ses quelques feuillets et ses jolies estampes, autour de Marie Laurencin, en guise d'hommage à son talent et à sa personne, les noms d'André Breton, Max Jacob, André Salmon, Fernand Fleuret, Valery Larbaud, Francis Carco et quelques autres.


La suite des dix pointes sèhes tirées à part sur papier vergé Ingres gris est très rare car tiré à très petit nombre. L'état supplémentaire de la couverture avec la décomposition du motif en couleurs (bleu et rose) ne se rencontre jamais et n'est pas annoncé.

Exemplaire de choix très bien conservé de ce petit livre emblématique de son époque.

Prix : 5.500 euros

jeudi 1 juin 2023

Le chef-d'oeuvre illustré de Blanche Odin (1865-1957) dite "la dame à l'aquarelle", Les Contes Blancs de Jules Lemaitre (1900). Edition de luxe donnée par Octave Uzanne pour les Bibliophiles indépendants. Splendide ouvrage de bibliophilie Art Nouveau entièrement décoré de compositions florales. Exemplaire imprimé pour l'auteur à son nom, bien complet de la suite monochrome. On joint les deux plats de la reliure originelle en maroquin doublé de maroquin mosaïqué signés Charles Meunier et datée de 1901.



Jules LEMAITRE - Blanche ODIN, illustratrice - Octave Uzanne, éditeur/directeur artistique

CONTES BLANCS - La Cloche - La Chapelle Blanche - Mariage Blanc. Illustrations à l'aquarelle de Mlle Blanche Odin.

Paris, A. Durel, Libraire, 1900 [imprimé à Paris sur les presses de Chamerot et Renouard le 10 avril 1900]

1 volume in-8 carré (23 x 16,5 cm) de 3 feuillets non chiffrés (faux-titre, titre et frontispice aquarellé), 69 pages chiffrées entièrement mises en couleurs à l'aquarelle, 1 page imprimée non chiffrée entièrement aquarellée, 1 page de justificatif du tirage (composition aquarellée), à la suite (3)-69-(2) pages, imprimées au trait dans différents tons (épreuves imprimées des pages avant la mise en couleurs par Blanche Odin).

Exemplaire en feuilles, dérelié (anciennement relié pour l'auteur Jules Lemaitre), à relier de nouveau.








IMPORTANT : Nous avons préféré laisser à l'amateur le soin de faire relier à nouveau cet exemplaire de choix initialement relié pour l'auteur Jules Lemaitre et selon son goût par Charles Meunier. Malheureusement la reliure était endommagée au niveau de mors et charnières et le maroquin de couvrure était défraîchi (malheureusement sans possibilités de restauration légitime). Cependant nous avons choisi de conserver les plats de la reliure qui contiennent un travail de doublure mosaïquée d'une qualité exceptionnelle, propre aux meilleures productions de Charles Meunier (voir photos ci-dessous). Ces deux plats pourront, grâce au travail d'un habile relieur de notre époque, être aisément incrustés dans une nouvelle reliure. Les feuillets pourront être montés sur onglet. Nous pourrons indiquer à l'acquéreur un ou plusieurs professionnels capables d'exécuter un tel travail de reliure (ou diriger les travaux de restauration selon ses souhaits). Aucune rousseurs ni salissures. Le prix demandé tient compte du fait qu'il est vendu en feuilles, avec les deux plats mosaïqués signés Charles Meunier. Les trois tranches des feuillets sont dorées. La suite avant coloris est légèrement plus large de quelques millimètres.

Édition originale rare de cet ouvrage méconnu des bibliophiles.

Tirage unique à 210 exemplaires seulement pour les Bibliophiles Indépendants.

Celui-ci, un des 10 exemplaires réservés, non numéroté mais imprimé au nom de l'auteur Jules Lemaitre.

74 Compositions dessinées au trait et aquarellées à la main au pinceau (69 encadrements de pages - 2 pleines pages - 5 vignettes).





ON JOINT : Plats de reliure signés Charles Meunier, 1901, avec grand décor floral entièrement mosaïqué en divers tons coordonnées assymétriques (une merveille). Les plats de reliure sont fournis sous cadre tel que ci-dessous.



Décors entièrement réalisé à la main au pinceau sous la direction de Blanche Odin pour le coloris (pinceau à main levée parfois et pochoirs multiples), avec effets dégradés et lavis à main levée du plus bel effet et faisant tout le charme des aquarelles originales de Blanche Odin. Ce coloris varie sensiblement d'un exemplaire à l'autre comme nous avons pu le constater de visu.

Cette édition des Contes Blancs a été spécialement publiée par Octave Uzanne pour les Bibliophiles indépendants, elle n'a jamais été réimprimée. Elle a été tirée pour les souscripteurs à 200 exemplaires, tous sur vélin de cuve filigrané, plus 10 exemplaires réservés à l'auteur, à l'éditeur, à l'illustrateur et aux collaborateurs.











Blanche Odin, la grande dame à l'aquarelle, était née à Troyes en 1865. Nous savons peu de choses sur son enfance, mais sa correspondance nous apprend qu’en 1876, elle s’installe à Maubourguet avec sa mère et son père, petit rentier. Dès 1882, elle va étudier chaque année, quelques mois à Paris. Non à l’Ecole des Beaux-arts, puisque celle-ci est encore fermée aux femmes mais dans des ateliers ou des académies. Blanche Odin réside à Paris, rue Sainte Beuve, Notre Dame des Champs et à partir de 1906, rue du Vieux Colombier où elle ouvre son atelier. Dès 1888, elle accompagne régulièrement sa mère en cure à Bagnères-de-Bigorre. En 1889, Blanche vit en famille à Maubourguet où elle travaille et donne des leçons d’aquarelle à des élèves des environs. Elle envoie ses œuvres aux salons et c’est au cours de cette période qu’elle rencontre à Paris ses premiers succès. Pendant ses séjours parisiens, elle travaille dans l’atelier de Mme De Cool, puis dans une Académie où elle étudie le dessin tous les après-midi. En 1896, Blanche Odin rencontre Madeleine Lemaire, aquarelliste célèbre. Elle sera présentée à des écrivains, en quête d'illustrateur. En 1900, année de l’exposition universelle, Blanche a 35 ans. En ce début d’année, ses succès sont nombreux, elle est connue, reconnue dans les milieux artistiques et littéraires. Ses œuvres sont reçues à l’Exposition Universelle et elle est admise au salon en mars, elle expose au salon des Femmes peintres. Elle y vend 6 aquarelles. Elle meurt en 1957 âgée de 92 ans. Il semble qu'elle ait peint jusqu'à la fin de sa vie. Pour plus de détails sur sa vie et son oeuvre, voyez la belle page que lui consacre la ville de Bagnères-de-Bigorre où elle s'était installée définitivement en 1934. 

Blanche Odin est une artiste aujourd'hui reconnue. Ses aquarelles de bouquets de fleurs, ses roses notamment, déclenchent désormais la convoitise des amateurs dans les salles des ventes. Plusieurs résultats importants ont été constatés.

C'est apparemment chez Madeleine Lemaire que Blanche Odin rencontra Jules Lemaitre et sans doute Octave Uzanne qui lui commandèrent cette jolie édition entièrement illustrée de fleurs de toutes sortes et de tous coloris. Ce livre est une merveille à découvrir ou à redécouvrir. Le tirage restreint (210 ex.) fait qu'aujourd'hui ce livre se trouve difficilement.

Provenance : de la bibliothèque de l'auteur, Jules Lemaitre. Exemplaire initialement relié pour lui par Charles Meunier à l'époque de la sortie du volume en 1901. Reliure malheureusement détruite dont seuls les deux plats de maroquin doublés de maroquin mosaïqué ont pu être conservés (voir ci-dessus).

Très bon exemplaire, en feuilles, à relier, proposé avec les plats de la reliure d'origine en maroquin doublé mosaïqué signés de l'éminent relieur Art Nouveau Charles Meunier.

Prix : 2.800 euros

mardi 30 mai 2023

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. La Malédiction Paternelle (1780). Edition originale rare. Très bon exemplaire en condition d'époque.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

La Malédiction Paternelle : Lettres sincères et véritables de N. ******, à ses parents, ses amis, et ses maîtresses, avec les réponses : Recueillies et publiées par Thimothée Joly, son exécuteur testamentaire.

Imprimé à Leipsick, Par Buschel, marchand-libraire et se trouve à Paris chés la Dame Veuve Duchesne, 1780

3 parties reliées en 3 volumes in-12 (16,7 x 9,8 cm) de 830 pages (pagination continue) et 5 feuillets non chiffrés (catalogue et présentation d'ouvrages de Rétif).

Reliure strictement de l'époque demi-veau brun, plats de papier à la colle. Dos légèrement frottés, dorures un peu effacées par endroit, coins émoussés/usés. Rousseurs non obsédantes. Un petit trou dans un feuillet du premier volume (rouille). Papier de diverses qualités selon les cahiers. Collationné complet. Bien complet des 3 frontispices et des 5 feuillets non chiffrés à la fin du troisième volume.




Edition originale et unique édition ancienne.

"Lorsque paraît La Malédiction paternelle, en août 1779, sous le millésime de 1780, Rétif est déjà un auteur confirmé. Il publie régulièrement depuis 1767 (La Famille vertueuse est sa première œuvre) et en une douzaine d’années il a produit 44 volumes in-12 sous 19 titres. Beaucoup ne se distinguent guère des ouvrages du temps, ni par leur facture (recours à la forme épistolaire), ni par leur idéologie morale. Ce conformisme littéraire n’a valu à l’écrivain qu’un accueil médiocre, mais trois œuvres lui ont tout de même permis d’acquérir quelque notoriété, parce qu’elles sortent, chacune à leur manière, des sentiers battus de la littérature. Il y eut d’abord Le Pornographe (1769), « Projet de règlement pour les prostituées », traité inséré dans le cadre d’un roman épistolaire, puis, sous le même millésime, Le Pied de Fanchette, roman enjoué et parodique, au titre discrètement érotique, objet de plusieurs éditions et contrefaçons jusqu’à la fin du XVIII e siècle. Mais le succès le plus décisif est venu en 1775 avec Le Paysan perverti : « Cet ouvrage, qui m’a donné une existence dans le monde, fut la source de ma réputation et me procura une considération dont tous les bons esprits me donnent encore des marques », écrit Rétif dans Mes Ouvrages ; de fait, il restera durablement, en dépit d’autres succès (notamment avec les volumes de nouvelles des Contemporaines), « l’auteur du Paysan perverti ». [...] Rétif va alors prendre conscience qu’il doit exploiter résolument la veine autobiographique, et plus précisément son parcours singulier de paysan bourguignon devenu ouvrier parisien dans l’imprimerie. Ce n’est pas qu’il n’ait précédemment nourri ses histoires de souvenirs personnels, mais il convient désormais de mettre mieux en valeur ses origines, son enfance, son adolescence. Il s’y essaye avec L’École des pères (1776), mais l’ambition didactique de l’ouvrage dilue quelque peu les traits du tableau rural. Il s’éloigne ensuite de cette inspiration avec Le Quadragénaire (1777) et Le Nouvel Abeilard (1778), deux romans qui ne se font guère remarquer. Or s’affirme de plus en plus le succès du Paysan perverti. Rétif est alors convaincu que la reconnaissance de son génie littéraire passe par la mise en œuvre du thème campagnard, domaine où il a, sur tous les autres littérateurs, l’avantage d’une expérience authentique. De là, en 1779, la publication de La Vie de mon père, avec en page de titre cette indication significative : « par l’auteur du Paysan perverti ». À La Vie de mon père succède immédiatement La Malédiction paternelle. [...] La Malédiction paternelle inaugure incontestablement une nouvelle époque dans la carrière littéraire de Rétif, celle où il s’engage dans l’autobiographie proprement dite. [...] Dans La Malédiction paternelle, la figure du père reproduit les traits de Pierre et non ceux d’Edme : cette autorité impérieuse, cette volonté de choisir l’épouse de son fils. [...] Le manuscrit de La Malédiction paternelle n’existe plus, sans doute depuis l’impression de l’ouvrage, selon les habitudes du temps. Il n’y a pas eu, du vivant de l’auteur, d’autres éditions que celle de 1779. [...] La seule façon d’échapper à la conscience coupable, de surmonter le sentiment de subir une malédiction, est d’écrire, de publier, d’accomplir pleinement cette vocation intellectuelle qui l’a détourné de sa destinée de paysan. À cet égard, La Malédiction paternelle est une œuvre cruciale : elle ressaisit une matière romanesque déjà mise en œuvre dans des ouvrages précédents (Le Quadragénaire, Les Nouveaux Mémoires d’un homme de qualité) et féconde les livres à venir. Rétif a souligné lui-même cette fonction matricielle : la Malédiction « est la préface naturelle des Contemporaines ». [...]" (extraits de l'Introduction à l'édition critique donnée par Pierre Testud, La Malédiction Paternelle, Ed. Champion, 2006).




Provenance : Sébastien Mioche (exlibris).

Références : P. Lacroix, pp. 159-162 "Les plus jolis dessins que Binet ait jamais faits se trouvent dans ce roman ; ils égalent ceux de Marillier et peut-être ceux de Moreau." ; Rives-Childs pp. 253-256 "La Malédiction paternelle, qui fut singulièrement négligée par les biographes de Restif, est un des plus importants de ses ouvrages, à part Monsieur Nicolas et les Nuits de Paris, pour l'histoire de sa vie."













Très bon exemplaire, conservé dans sa reliure de l'époque, de cet ouvrage rare de Rétif de la Bretonne.

Prix : 3.000 euros

jeudi 25 mai 2023

Images secrètes de Paris. Le Paris-Canaille de Mac-Orlan illustré par Gustave Assire (1928). Exemplaire sur Japon (un des 50 exemplaires) avec triple-suite des 20 eaux-fortes (60 eaux-fortes) enrichi d'une grande aquarelle originale de l"artiste (les filles de petite vertu au zinc). Exemplaire auquel on joint la très rare suite de 50 dessins originaux reproduits en photogravure d'après les aquarelles originales inédites de l'artiste (dont l'une d'entre elles est l'aquarelle originale). Avec un exemplaire broché du tirage courant à 450 exemplaires sur vélin teinté (avec un seul état des 20 gravures). Ensemble exceptionnel.



Pierre MAC-ORLAN (auteur). Gustave ASSIRE, illustrateur. René Kieffer (éditeur).

IMAGES SECRÈTES DE PARIS. Vingt eaux-fortes par Assire.

René Kieffer, Paris, s.d. (1928) [imprimé par Duclos et Colas, à Paris]

1 volume in-4 à l'italienne (27,5 x 22,5 cm), broché de 84 pages de texte, 20 eaux-fortes tirées en bistre avec remarques (ou en bleu-vert). Très bel état de conservation, légère trace en pied du dos sans gravité, intérieur comme neuf, sans rousseurs. L'aquarelle originale (18 x 13 cm) est montée sur un feuillet de papier Japon au format du volume.

Édition originale.

Tirage unique à 550 exemplaires.

Celui-ci, un des 50 exemplaires sur Japon avec un triple-état des eaux-fortes avec remarques (eau-forte définitive, eau-forte non terminée, eau-forte pure).

Il a été tiré en outre 50 exemplaires sur vélin teinté avec deux états des eaux-fortes et 450 exemplaires sur vélin teinté avec un état des eaux-fortes.

Bien complet de l'aquarelle originale signée par l'artiste et montée en tête du volume broché.

Bien complet de la suite monochrome des 50 aquarelles inédites d'Assire tirée à cinquante exemplaires seulement (tirage en sanguine) reproduites en photogravure (l'une d'elle est la reproduction de l'aquarelle originale montée dans le volume.

On joint un exemplaire broché (état neuf) du tirage à 450 exemplaires sur vélin teinté avec un état des eaux-fortes.

Soit au total un ensemble de 80 estampes et 1 aquarelle originale.





Voici le détails des chapitres illustrés : Bar de La Villette - Grenelle - Ecole Militaire - Les Buttes Chaumont - Ménilmontant - Saint-Georges-Notre-Dame-de-Lorette - Le Moulin Rouge - Un défilé - Les fortifs - Le bois de Boulogne - Le lapin agile - Bal de l'Olympia - Bal-Musette rue des Anglais - Bal-Musette rue de Lappe - Jazz-Band - Rue de Hanovre ou ... - Le Choix - La java - La belotte.









Exemplaire du très rare tirage de tête enrichi d'une grande aquarelle de ce superbe ouvrage magistralement illustré par Assire et qui dévoile le Paris-Canaille de Mac-Orlan : bals, bistrots, prostituées, cabarets, prostituées, le Moulin Rouge, Moulin de la Galette, les Fortifs, etc. Gustave Assire (1870-1941) donne ici un tableau complet du Paris des prostituées, des virées nocturnes dans les maisons closes et autres coquineries parisiennes des années 1920. Gustave Assire était né à Angers, élève de J.-P. Laurens, Cormon et Gustave Moreau. Il exposa aux artistes français dès 1900 et au salon des Indépendants de 1927 à 1931.





L'un des plus beaux livres de cette époque publié par René Kieffer et sans conteste l'un des plus audacieux.

Bel ensemble comprenant un exemplaire du rare tirage sur Japon, un exemplaire du tirage sur vélin teinté, un triple état des 20 gravures, une aquarelle originale et la rare suite des 50 aquarelles inédites reproduites en sanguines.

VENDU