samedi 30 décembre 2023

Conjectures sur l'époque de la fin du monde et sur les circonsctances qui l'accompagneront. Par un Solitaire [Abbé Gouazé]. 1812. Manuscrit autographe mis au propre, en partie inédit. Un important manuscrit pour l'histoire de l'eschatologie au début du XIXe siècle.



GOUAZÉ
, Jean-Auguste ou Augustin

[MANUSCRIT AUTOGRAPHE EN PARTIE INÉDIT]

Conjectures sur l'époque de la fin du monde et sur les circonsctances qui l'accompagneront. Par un Solitaire [Gouazé].

1812 [Sans lieu, i.e. Seysses, Toulouse]

1 volume in-4 (24,5 x 20,5 cm) de 348 pages chiffrées et 6 pages de table non chiffrées.

Reliure pleine basane fauve de l'époque (première reliure). Usures et manques. Important manque de cuir dans la moitié supérieure du dos. Un coin sommairement anciennement réparé, roulette dorée en encadrement des plats, gardes et doublures de papier marbré. Intérieur parfait. Ecriture très lisible.

Manuscrit autographe mis au propre contenant le texte définitif qui sera imprimé en 1814 sous le titre : Traité sur l'époque de la fin du monde, et sur les circonstances qui l'accompagneront, par un Solitaire (à Versailles, de l'imprimerie de J. A. Lebel) avec en plus et inédits, de la page 306 à 311, une importante Note de l'auteur, et de la page 313 à la page 348, des Observations sur le manuscrit d'un solitaire, Lettre de Mr B*** à Mr P***

Notre manuscrit se divise en 48 chapitres (non compris la Note de l'auteur et la Lettre de Mr. B*** à Mr. P*** contenant quelques observations sur le manuscrit d'un solitaire.







L'abbé Auguste Gouazé ( ) est né à Toulouse en 1758. "Ses premières années, dès sa plus tendre enfance, furent données à la religion et à l'étude. Il chercha dans le ministère sacré du sacerdoce, un asile contre les tempêtes du monde ; mais il ne l'y trouva pas longtemps. Lui aussi eut à lutter, durant notre révolution, contre les violences que l'ennemi des hommes exerça envers les ministres de nos autels. [...] Il fut rééllement un solitaire ; car il ne se montra nulle part là où l'ambition ou le plaisir rassemblent tous les hommes. Les pauvres, les affligés parvinrent seuls jusqu'à lui ; il ne les renvoya jamais sans avoir donné des secours ou des consolations. [...] Il termina ses jours le 30 novembre 1812 à l'âge de 54 ans. [...] On dit que le principal motif des chagrins qui lui donnèrent la mort, provenait des persécutions injustes dont l'aveuglement de l'empereur Napoléon accablait le souverain pontife. Gouazé est l'auteur d'un ouvrage très curieux, intitulé : Traité sur la fin du monde et sur les circonstances qui l'accompagneront, par un solitaire, un volume in-8, imprimé à Versailles, chez Le Bel en 1814. L'éditeur de ce volume, qui ne parut qu'après la mort de l'auteur, annonça qu'il cédait, en le publiant, à la volonté de Gouazé. Celui-ci sans avoir voulu commenter l'Apocalypse, a cherché, en s'appuyant sur ce livre mystérieux, à deviner l'époque à laquelle doit arriver ce dernier jour de l'univers annoncé dans les saintes Ecritures. [...] Il y a dans ce traité je ne sais quoi de sombre, de mélancolique, et en même temps de religieux, qui jette l'âme dans un salutaire effroi [...] Selon Gouazé, le monde à peine doit avoir deux cents ans d'existence [...] (in Biographie Toulousaine, 1823)

Dans la préface pour la Consommation des Siècles publiée en 1823 on lit : "Son travail manuscrit fut connu avant sa mort de quelques personnes de confiance, sous le titre de Conjectures sur la fin du monde" (notre manuscrit).



Notre manuscrit est une copie autographe mise au propre additionnée d'une note que l'auteur avait cru bon d'ajouter ainsi que d'observations de quelques prélats de sa connaissance qu'il a également cru bon d'ajouter in fine, même si ses obervations, bien que n'accusant par Gouazé d'hérésie, font montre d'une certaine réticence quant à l'analyse qu'il fait de certains passages du livre de l'Apocalypse. La Note de l'Auteur ainsi que ses Observations n'ont pas été imprimées en 1814. La Note de l'Auteur est une violente critique de la révolution française et de ses suites mais surtout une attaque ciblée contre l'Empereur Napoléon Premier et le rôle infâme (selon Gouazé) que celui-ci a joué dans l'affaire de la détention du pape.

La publication en 1814 (à 250 exemplaires seulement lit-on dans une notice) donna lieu à la publication de deux articles dans le Journal Ecclésiastique, se prononçant contre ce traité. Pourtant, ces deux premiers articles ayant été jugés très sévères, un troisième article fut publié qui lui rendait justice dans ses analyses eschatologiques.








Gouazé dénonce un monde dépravé et impie, des chrétiens lâches et paresseux que la seule idée de la fin du monde révolte. Il détaille les signes annonciateurs du jour dernier. Il a suivi les traces d'autres annonciateurs de la fin du monde tels que Lachetardie, Pastorini, Rondet, etc. L'arrivée de l'Antéchrist était alors une préocuppation importante au sein de divers groupes de penseurs et religieux exaltés par une révolution qui les avaient laissés ahuris par tant de violence et de pertes.

Selon Gouazé la fin du monde était pour l'année 1940. Il marque le début de l'apocalypse en l'année 1790. "Les jours malheureux que nous voyons s'écouler depuis vingt-deux ans (il écrit en 1812), nous avertissent que le temps de la consommation de toutes choses s'approche ... et nous savons que, d'ici à cette époque, nos maux iront toujours croissant ; s'il y a quelques intervalles, quelques moments de paix et de tranquillité, ils ne seront pas toujours de longue durée." (extrait).

L'histoire de l'abbé Gouazé serait trop longue à détailler ici mais elle montre un prêtre fils de professeur de la faculté de droit de Toulouse qui fut placé à la tête du conseil de paroisse qui appartenait à Seysses. Gouazé fut arrêté pour avoir refusé de prêter serment à la nouvelle constitution française. Condamné à la déportation dans les premiers mois de 1794 il fit partie d'un convoi de 56 prêtres qui partit pour la maison d'arrêt de Bordeaux (22 nivôse an II) et devait attendre leur embarquement pour la Guyane. Mais il fut finalement libéré en juillet 1795 pour revenir exercer son ministère à Seysses le 21 septembre de l'an III. Il vécut sa captivité dans des conditions déplorables comme l'indique l'abbé Contrasty dans son ouvrage intitulé : Un Conseil de Paroisse sous le régime de la séparation de l'église et de l'état (Toulouse, imprimerie Saint-Cyprien, 1906, pp. 81 et suiv.).













Voici la liste de quelques chapitres du manuscrit : le monde doit périr par le feu - le monde doit durer environ 6000 ans - les hommes seront surpris par l'arrivée du dernier jour, comme ils le furent autrefois par les eaux du déluge - quatrièmre signe : une guerre universelle - la venue de l'Antéchrist - quel sera le nom de l'Antéchrist - de l'approche du jugement dernier - etc.

Malgré nos recherches nous n'avons pu trouver de modèle de l'écriture de l'abbé Gouazé (La bibliothèque municipale de Toulouse n'en possède pas), mais il ne fait aucun doute pour nous, d'après le titre de ce manuscrit et les inédits importants qu'il contient, qu'il s'agit assurément d'une copie autographe mise au propre, paginée, annotée, ne contenant que très peu de corrections ou variantes avec le texte publié en 1814. Gouazé aura copié de sa main les observations et sa note de l'auteur qui n'auront finalement pas été imprimée car alors le temps de l'Empereur n'était pas encore révolu et cela aurait été trop dangereux pour l'ami publicateur.

Références : Brunet, Fous littéraires, p. 91 ; Tcherpakoff, p. 42 (pour l'édition de 1814)



Provenance : de la bibliothèque de Xavier Hermé avec son ex libris (XXe s.)

NDLR : Nous sommes le 31 décembre 2023 ... demain nous serons en 2024 et la fin du monde n'est pas encore advenue ... mais elle vient c'est certain ! La question étant de savoir quand ...

Superbe manuscrit entre mystique et eschatologique, en partie inédit.

Prix : 9.500 euros

vendredi 29 décembre 2023

La Vie de César Borgia, appellé du depuis le Duc de Valentinois, décrite par Thomas Thomasi. Traduit de l'italien, imprimée à Monte Chiaro, chez Jean Baptiste Vero, 1671 [Amsterdam, Daniel Elzévier ? Jean Blaeu ?]. Très bon exemplaire de ce joli volume provenant de la bibliothèque Yves Refoulé.



THOMASI, Thomas

La Vie de César Borgia, appellé du depuis le Duc de Valentinois, décrite par Thomas Thomasi

Traduit de l'italien, imprimée à Monte Chiaro, chez Jean Baptiste Vero, 1671 [Amsterdam, Daniel Elzévier ? Jean Blaeu ?]

2 parties reliées en un volume in-12 (136 x 80 mm | hauteur des marges : 132 mm) de 495 pages y compris le titre et l'avis au lecteur.

Reliure plein maroquin janséniste vert sombre, titre doré au dos, millésime doré en queue du dos, filet doré sur les coupes, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées (reliure signée THOUVENIN, tampon au verso du feuillet de garde). Quelques légers frottements et marques à la reliure qui reste en excellent état et décorative. Intérieur frais avec de bonnes marges.



Petit volume peu commun que les bibliographes ont donné à l'officine d'Amsterdam de Daniel Ezévier. Eugène Paillet, célèbre bibliophile de la fin du XIXe siècle en possédait un exemplaire relié par Capé (cat Morgand, 1878, ex. adjugé 120 francs à la vente du Baron de Villestreux).








"MM. Brunet et Bérard disent ces deux éditions des elzévirs véritables; nous disons que ce sont des Blaeu de la plus grande certitude." (Gustave Brunet, Recherches sur diverses éditions elzéviriennes, etc. 1866, pp. 81-82)

"L'homme machiavélique, l'uomo politicante, l'homme du règne, l'homme de la force, ou, pour tout dire, l'homme de la force et de la ruse, l'homme de la ruse pour la force, le voici : c'est César Borgia. En lui, Machiavel trouve le Prince. L'honnête Tommaso Tommasi n'y trouvera qu'un « monstre. [...] Au moment de commencer sa Vie du duc de Valentinois, gêné par plusieurs traits de son sujet, il éprouve en quelque sorte le besoin de s'excuser auprès du lecteur ; mais, gêné aussi par la révérence due aux saintes clefs, il le fait d'abord dans des termes dont la solennité précieuse ne laisse pas que d'être assez comique : La nature, écrit-il, a accoustumé de diviser, dans la production des monstres qui naissent dans l'Afrique, la difformité qu'entraisnent après eux les illicites accouplemens des animaux, pour rendre détestables à jamais au monde les excès d'une sensualité déreiglée, que la prudence humaine a tâché de pallier sous le nom d'enfantement d'amour, en ce que, faisant voir dans les effets qui proviennent de ces estranges accouplemens une ressemblance de deux causes dissemblables, qui ont concouru à leur donner le jour, elle des couvre deux bestes sauvages en une, et fait voir sous cette forme difforme la brutalité de cette sensuelle fureur, qui renverse les loix de la génération. Celuy de qui j'entreprends de descrire la vie fut (selon qu'on le pourra voir dans la suite de cette histoire) une beste cruelle, qu'on peut appeller, sans craindre de se tromper beaucoup, africaine, qui n'a pas esté engendrée d'un pur sang humain, mais qui est sortie, ainsi que le remarque très bien un historien, d'une semence exécrable et pleine de venin: ainsi ce n'est pas une merveille s'il paroist comme un monstre de cruauté, et s'il vient par des voyes injustes dans le monde, puisqu'il est la production d'une illégitime conjonction; de sorte que, s'il représente en luy la véritable image de ses parens, il ne sçauroit estre qu'un monstre incomparablement plus difforme que tous ceux qu'on sçauroit s'imaginer. [...] » (Charles Benoist, in Revue des Deux Mondes, pp. 56-86, année 1906).








César Borgia (en valencien et en Catalan, César de Borja), dit « le Valentinois » (Il Valentino), est un prince italien de la Renaissance, né le 13 septembre 1475 à Rome et mort le 12 mars 1507 à Viana, en Navarre. Il succède à son frère Giovanni Borgia (Juan Borgia) en tant que duc de Gandie. Il est pair de France, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, prince de Romagne, d'Andria et de Venafro, duc de Gandie et de Valentinois, comte de Diois, seigneur d'Issoudun, de Piombino, Camerino et Urbino, gonfalonier et capitaine général de l'Église, condottière et cardinal. Il doit sa notoriété en grande partie à Machiavel qui le cite fréquemment dans le Prince. Cependant, seul l'appui de la papauté et de la royauté lui permit d'avoir une carrière aussi fulgurante.

Cette traduction française est due à Casimir Freschot publiée initialement en italien sous le titre "La vita del duca Valentino". Cette impression en français est parfois aussi donnée à Jean Blaeu qui publie également la version italienne. L'imprimerie de Jean Blaeu fut ravagée par un incendie le 22 février 1672, seulement quelques mois après l'impression de ce volume. L'imprimeur ne survécut que quelques mois à cette tragédie.



"la première [partie] prend depuis la naissance du Duc de Valentinois, & poursuit le cours de ses aventures jusques à sa promotion à la pourpre, & finit enfin par les nopces quil célébra dans la cour de France. La seconde parle de son retour en Italie avec le Roy Louys XII traite en suite de ses Grandeurs séculières, & discours, après avoir parcouru tous les merveilleux succez de ses propres malheurs & de sa fin" (extrait de l'Avis au lecteur).

Cette biographie de César Borgia est considérée comme une bonne source historique. Victor Hugo s'en est largement inspiré pour construire son Lucrèce Borgia (1833). Elle est parfois aussi attribuée au polygraphe et historien protestant Gregorio Leti.

La reliure signée Thouvenin date des années 1860-1880. Il s'agit d'une production de Félix-Paul Thouvenin (1821-1899), fils de Thouvenin Jeune, établi en 1858, 35 rue Godot-de-Mauroy où il exerça jusqu'en 1883.



Provenance : de la biblothèque Yves Refoulé avec son ex libris gravé. Yves Refoulé était militaire, notamment au 18ème régiment de Dragons. Il épouse Marguerite Frachon en 1903. Sa vie n'est connue qu'au travers des exemplaires de sa bibliothèque et son goût pour les ouvrages précieux dont le militaria et la bibliophilie classique de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.

Très bon exemplaire de ce joli volume.

Prix : 950 euros

jeudi 28 décembre 2023

Génie du Christianisme, ou Beautés de la Religion Chrétienne ; par F. A. de Chateaubriand. Sixième édition. Paris, Le Normant, imprimeur-libraire, 1816. 5 volumes in-8. Exemplaire provenant de la bibliothèque du château de La Fortelle. Bel exemplaire de ce texte majeur de provenance intéressante.


CHATEAUBRIAND, François René de

Génie du Christianisme, ou Beautés de la Religion Chrétienne ; par F. A. de Chateaubriand. Sixième édition.

Paris, Le Normant, imprimeur-libraire, 1816

5 volumes in-8 (20,5 x 13 cm) de (6)-395, (4)-384, (4)-400, (4)-520 et XXIX-(2)-339-(4) pages. 9 figures hors-texte.

Reliure strictement de l'époque pleine basane fauve racinée, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison dorés sur papier beige, tranches marbrées, doublures et gardes de papier marbré coordonné à la marbrure des tranches. Reliure très fraîche. Pièces de titre et de tomaison mitées (la dorure est bien présente, seul le fond en papier des pièces de titre et tomaison a en partie été attaqué). Petit travail de vers sur un plat (tome 4), légères épidermures et marques sans conséquence. Intérieur frais. Quelques rousseurs à quelques feuillets seulement.


Nouvelle édition.

Le Génie du Christianisme paraît à Paris pour la première fois chez le même libraire en 1802. Cet ouvrage fondamental a été en partie rédigé entre 1795 et 1799 lors de son émigration en Angleterre. Le cinquième tome contient un extrait des différents écrits sur cet ouvrage, des imitations en vers, etc, et la Défense du Génie du Christianisme par l'auteur. Dans cet ouvrage Chateaubriand se propose de montrer que le Christianisme est bien supérieur au paganisme par la pureté morale et qu'il n'est pas moins favorable à l'art et à la poésie que les « fictions » de l'Antiquité. Il y célèbre la liberté, selon lui fille du christianisme, et non de la Révolution. Ce livre fait événement et donne le signal d'un retour du religieux après la Révolution.













La première édition de 1802 sort des presses de Le Normant le 14 avril 1802, c'est à dire six jours après la ratification du Concordat par le corps législatif. Chateaubriand, conscient de l'enjeu, avait fait retardé la sortie de son ouvrage en librairie. Rome et Bonaparte avaient réussi à trouver un accord qui permettait alors de célébrer les beautés du christianisme.

Avec cet ouvrage Chateaubriand s'impose comme le père du romantisme et le porte étendard d'une liberté de penser en dehors des canons édités jusque là par les actes révolutionnaires. La personnalité de Chateaubriand se révélera pourtant plus complexe et les écrits qui suivront donnent une idée plus précise de la dualité de pensée politique et religieuse qui l'habitait. « Quant à moi, qui suis républicain par nature, monarchiste par raison, et bourbonniste par honneur, je me serais beaucoup mieux arrangé d'une démocratie, si je n'avais pu conserver la monarchie légitime, que de la monarchie bâtarde octroyée de je ne sais qui. »

"[...] Le propos apologétique du Génie du christianisme se justifie en effet par la conviction que la Révolution et ses séquelles n'ont pu effacer dans les mentalités collectives les souvenirs séculaires qu'y a déposés le christianisme : il suffit d'en réveiller les images et les émotions pour rendre à celui-ci sa vitalité. Ainsi le Génie, présenté comme le fruit d'un conversion personnelle, répond-il dans l'espérance à l'Essai sur les révolutions de 1797 qui s'était achevé sur l'angoisse de voir la tradition chrétienne dénaturée et épuisée. C'est une religion sensible au cœur et à l'imagination que le Génie veut promouvoir : non pas une sentimentalité religieuse mais un élan d'adhésion aux formes du sublime chrétien que recèlent aussi bien la doctrine, le culte, la sensibilité nouvelle à la nature et aux arts que développe le christianisme. C'est donc la " beauté de Dieu ", selon le mot de Joubert, qui inspire une telle apologie : sublime, grâce et mystère d'un Dieu qui appelle une heureuse contemplation de ses merveilles dans la nature mais aussi sublime terrible du désert de la mort et de l'abîme, sublime christique et fénelonien qui joint douceur et douleur. [...]" (Arlette Michel professeur émérite à l'université de Paris IV-Sorbonne in Commemorations Collection 2002).

Provenance : de la bibliothèque du château de La Fortelle (Seine-et-Marne) avec étiquette et référence de classement manuscrite dans chaque volume. Le châteaud de La Fortelle était situé sur la commune de Nesles la Gilberde (aujourd'hui commune de Lumigny). Sur une base médiévale, reconstruit au XVIIe siècle, en grande partie démoli pendant la révolution (alors la propriété de la famille De Vassal (Jean-André de Vassal mort en 1795, père d'Albine de Vassal devenue Albine de Montholon compagne d'exil de l'empereur Napoléon à Sainte-Hélène). Madame de Vassal meurt en 1812 et le château (en partie démoli) sera rebâti et modifié. Il passera ensuite à diversses familles dont celle des de Sancy de Rolland dans la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu'au début du XXe siècle. Le château de la Fortelle a été totalement démoli au milieu des années 1950. La bibliothèque du château a été dispersée sans qu'on en trouve la trace formelle. L'étiquette présente dans notre exemplaire date des années 1820-1830. Albine de Montholon est morte en 1848. Elle suit son mari qui accompagne Napoléon lors de son exil à Sainte-Hélène, où naît son quatrième enfant, Napoléone Marie Hélène Charlotte, le 18 juin 1816. Elle est réputée pour avoir été la maîtresse de Napoléon, fait toutefois discuté par certains historiens, jusqu'à ce que l'Empereur apprenne sa liaison avec le lieutenant-colonel Basil Jackson et la fasse renvoyer en France en juillet 1819. Nous ne savons pas si cet exemplaire est passé ou non par les mains d'Albine de Montholon.


Bel exemplaire de ce texte majeur de provenance intéressante.

Prix : 650 euros