vendredi 29 juin 2018

Guy de Maupassant. Imprudence, nouvelle illustrée d'aquarelles d'après les croquis d'Henriot (1899). Tirage unique à 100 exemplaires. Exemplaire unique avec explication autographe de l'artiste et dessins originaux. Rare. "Parce que, une femme, c'est une liaison, c'est un amour qui vous attache à elle, tandis que cent femmes c'est de la saleté [...]" (G. de Maupassant)



Guy de MAUPASSANT / HENRIOT (illustrateur)

IMPRUDENCE. Aquarelles originales d'après Henriot.

1899, Aux dépens d'un Ami des Livres, Paris, Imprimeries Lemercier.

1 volume in-8 (25 x 17 cm), en feuilles, sous chemise cartonnée de l'éditeur. Couverture imprimée. XXXI pages. Chaque page étant illustrée d'un ou plusieurs dessins d'après les croquis d'Henriot, aquarellés à la main (environ 75 dessins reproduits et aquarellés). Papier Japon. La couverture est datée 1899 tandis que la chemise cartonnée est datée 1900. Lacets de soie vertes absents. Quelques petites déchirures à la couverture. Bien complet de la suite sur Chine (en noir). Quelques rousseurs aux feuillets de papier de Chine. Complet.


TIRAGE A 100 EXEMPLAIRES SUR JAPON.

Celui-ci numéroté à la plume et paraphé par l'éditeur (A. Conquet).

EXEMPLAIRE UNIQUE COMPORTANT UN AVIS AU LECTEUR AUTOGRAPHE PAR L'ARTISTE AVEC DESSINS ORIGINAUX.


Cet avis au lecteur est orné d'un titre "IMPUDENCE !" accompagné de trois petits dessins originaux mis en couleurs par l'artistes, avec le texte suivant :

"En l'an 1899, j'avais dessiné en hâte la charmante nouvelle de Guy de Maupassant. Ces illustrations ne devaient pas être reproduites, surtout mal. Le Bibliophile qui avait acheté chez Conquet ce manuscrit enluminé eut le toupet de le faire reproduire, sans même consulter l'auteur, qui s'y serait opposé absolument. Le titre vrai de ce plagiat en librairie ne devrait donc pas être "Imprudence" mais "Impudence !" Nesles-la-Vallée, Juillet 1926. [signé Henriot]."

Nous avons bien du mal à être du même avis que l'illustrateur Henriot. L'impression et le coloris à la main de cette suite de petits dessins est du plus bel effet et rend tout à fait parfaitement les dessins originaux de l'artiste. Sans doute y-a-t-il sous cette colère d'autres raisons (financières ?) que nous ignorons et qui expliqueraient plus justement cet avis au lecteur.


Cette nouvelle de Maupassant, qui décrit de façon satirique l'usure d'un couple qui pour retrouver le feu des débuts se retrouvent dans un cabaret galant anciennement fréquenté par le mari, homme couvert de maîtresses et qui en fait finalement la confidence à sa femme largement avinée. Si le texte de Maupassant ne manque pas de piquant, l'illustration humoristique donnée ici par Henriot constitue la première illustrée de ce texte méconnu du célèbre auteur de Boule de suif et de la Maison Tellier. Ce texte avait paru initialement en 1885 dans la presse (Gil Blas, sous le pseudonyme de Maufrigneuse) puis dans le recueil intitulé Monsieur Parent (1886).

" [...] je voudrais... je voudrais être prise pour ta maîtresse... na... et que les garçons, qui ne savent pas que tu es marié, me regardent comme ta maîtresse, et toi aussi... que tu me croies ta maîtresse, une heure, dans cet endroit-là, où tu dois avoir des souvenirs... Voilà !... Et je croirai moi-même que je suis ta maîtresse... Je commettrai une grosse faute... Je te tromperai... avec toi... Voilà !... C'est très vilain... Mais je voudrais... ne me fais pas rougir... Je sens que je rougis... Tu ne te figures pas comme ça me... me... troublerait de dîner comme ça avec toi, dans un endroit pas comme il faut... dans un cabinet particulier où on s'aime tous les soirs... tous les soirs... C'est très vilain... Je suis rouge comme une pivoine. Ne me regarde pas... [...] Vers le milieu du dîner, Henriette était grise, tout à fait grise, et Paul, en gaieté, lui pressait le genou de toute sa force. Elle bavardait maintenant, hardie, les joues rouges, le regard vif et noyé. - Oh ! voyons, Paul, confesse-toi, tu sais je voudrais tout savoir ? - Quoi donc, ma chérie ? - Je n'ose pas te le dire. - Dis toujours... - As-tu eu des maîtresses... beaucoup... avant moi ? Il hésitait, un peu perplexe, ne sachant s'il devait cacher ses bonnes fortunes ou s'en vanter. Elle reprit : - Oh ! je t'en prie, dis-moi, en as-tu eu beaucoup ? - Mais quelques-unes. - Combien ? - Je ne sais pas, moi... Est-ce qu'on sait ces choses-là ? - Tu ne les as pas comptées ?... - Mais non. - Oh ! alors, tu en as eu beaucoup ? - Mais oui. - Combien à peu près... seulement à peu près. - Mais je ne sais pas du tout, ma chérie. Il y a des années où j'en ai eu beaucoup, et des années où j'en ai eu bien moins. - Combien par an, dis ? - Tantôt vingt ou trente, tantôt quatre ou cinq seulement. - Oh ! ça fait plus de cent femmes en tout. - Mais oui, à peu près. - Oh ! que c'est dégoûtant ! - Pourquoi ça, dégoûtant ? - Mais parce que c'est dégoûtant, quand on y pense... toutes ces femmes... nues... et toujours... toujours la même chose... Oh ! que c'est dégoûtant tout de même, plus de cent femmes ! Il fut choqué qu'elle jugeât cela dégoûtant, et répondit de cet air supérieur que prennent les hommes pour faire comprendre aux femmes qu'elles disent une sottise : - Voilà qui est drôle, par exemple ! s'il est dégoûtant d'avoir cent femmes, il est dégoûtant également d'en avoir une. - Oh non, pas du tout ! - Pourquoi non ? - Parce que, une femme, c'est une liaison, c'est un amour qui vous attache à elle, tandis que cent femmes c'est de la saleté, de l'inconduite. Je ne comprends pas comment un homme peut se frotter à toutes ces filles qui sont sales... - Mais non, elles sont très propres. [...] (extrait)


L'impudent bibliophile dont il est ici question est M. Albert Bélinac, célèbre pour avoir réuni une bibliothèque d'éditions modernes habillées de somptueuses reliures décorées. On retrouve d'ailleurs l'exemplaire unique constitué des dessins originaux de Henriot au catalogue de sa bibliothèque vendue par A. Durel en 1909 ainsi qu'un des 100 ex. sur Japon (n°290 et n°291).

EXEMPLAIRE UNIQUE. 
BEL EXEMPLAIRE FINEMENT MIS EN COULEURS DE CETTE ÉDITION RARE.

Prix : 2.850 euros


Félicien Rops et son oeuvre (1897). Bruxelles, Edmond Deman. 1 des 50 exemplaires sur Chine. Etat comme neuf. Très rare dans cette condition.



Arsène ALEXANDRE - E. BAILLY - F. CHAMPSAUR - Edmond HARAUCOURT - J.-M. HEREDIA - J.-K. HUYSMANS - Camille LEMONNIER - Léon MAILLARD - Octave MIRBEAU - J. PELADAN - Vittorio PICA - E. RODRIGUES - Octave UZANNE - Emile VERHAEREN, etc.

FÉLICIEN ROPS ET SON ŒUVRE.

A Bruxelles, chez Edmond Deman, libraire, 1897

1 volume in-4 (25,5 x 18,5 cm), broché, 185-(3) pages. Illustrations dans le texte (reproductions, portrait).

ÉDITION ORIGINALE EN VOLUME.

TIRAGE A 366 EXEMPLAIRES SEULEMENT.

CELUI-CI, UN DES 50 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DE CHINE.

Deuxième papier, avec 6 simili Japon et 310 papier vélin fort.

Ce recueil a été publié au moyen des éléments qu'ont fournis les neuf fascicules consacrés à Félicien Rops par la revue La Plume. Ceux-ci ont été remaniés et augmentés de diverses pièces que seule cette édition renferme, comme seule aussi, elle constitue, en raison de sa pagination et de ses titres, couvertures et tables, un livre qui puisse trouver place sur les rayons du bibliophile. (avertissement)

EXEMPLAIRE PARFAIT, TEL QUE PARU.

Exemplaire bien complet du feuillet d'errata volant et du prospectus de l'édition qui en donne le détail. Les exemplaires vélin (300 ex.) étaient vendus 15 francs tandis que les exemplaires sur Chine (50 ex.) étaient vendus 35 francs.

DE LA PLUS GRANDE RARETÉ SUR CE PAPIER.

Prix : 1.200 euros


jeudi 28 juin 2018

Colette. Jean Berque. Le Blé en Herbe (1946). Superbe livre illustré moderne. 1 des 10 exemplaires d'artiste avec suite monochrome et monotype signé par l'artiste. Bel exemplaire.


Colette. Jean Berque, illustrateur.

Le blé en herbe. Cuivres originaux de Jean Berque.

Paris, 1946 [chez l'artiste]

1 volume in-folio (32,5 x 25,5 cm), en feuilles, sous étui et emboîtage cartonné de l'éditeur. 186-(1) pages. 23 cuivres hors-texte en couleurs, 1 cuivre en couverture (9,5 x 9,5 cm). Couverture en papier fort d'Auvergne vert d'eau. Emboîtage partiellement insolé et quelques plis d'origine sur un plat (d'origine). Intérieur à l'état proche du neuf. Quelques légers plis en marge de quelques feuillets, sans conséquence.

Cette édition du Blé en Herbe de Colette a été réalisée aux dépens de l'artiste (Jean Berque), et a été tirée à 200 exemplaires sur Vélin de Rives (BFK) : 25 ex. avec suite monochrome et aquarelle. 25 ex. avec suite monochrome. 150 ex. sans suite. 10 ex. hors commerce nominatifs (exemplaires d'artiste). Volume achevé d'imprimer à Paris le 20 octobre 1946 par G. Girard, maître-imprimeur et par P. Durupt, taille-doucier.


1 des 10 exemplaires d'artiste hors-commerce et nominatif.

Le présent exemplaire est signé "bien amicalement" par l'artiste et imprimé au nom de MM. Edouard Leven (industriel, notamment Vice-Président administrateur des sources Perrier).


Exemplaire enrichi de la suite des 23 cuivres en monochrome (sépia) + 1 cuivre de couverture (sépia), sous chemise de papier paraphée par l'artiste "Suite d'états spéciaux". (on note différents type d'états dans l'avancement des planches).


Exemplaire enrichi également d'une épreuve unique monotype, essai de couleurs pour l'un des hors-texte. Épreuve légendée et signée par l'artiste.

"Toute leur enfance les a unis, l'adolescence les sépare". Phil, 16 ans, et Vinca, 15 ans, amis de toujours, passent tous leurs étés en Bretagne. Tout naturellement, l'amour s'installe entre ces deux complices inséparables, un amour qui grandit plus vite qu'eux. Et cet été-là, Vinca et Phil découvrent leurs différences et leurs incompréhensions. L'insouciance et la confiance font alors place à la souffrance et à la trahison. Ces amours adolescentes révèlent à Vinca et à Phil ce qu'ils sont désormais et ne seront jamais plus. Et ces vacances s'achèvent sur un adieu à l'enfance, amer et nostalgique. Avec délicatesse, Colette excelle à évoquer l'éveil de la sensualité, la douloureuse initiation à l'amour et à la vie." (Présentation éd. J'ai Lu, 2000).


Le Blé en Herbe a paru pour la première fois en 1923. Raconter les amours d'adolescents, la découverte des corps et la sensualité, relevait à cette époque de l'interdit ou pour le moins du sulfureux. Certains y trouveront pourtant encore trop de pudeur, trop de champêtre, les amoureux de Colette seront ravis. L'interprétation due au talent de l'illustrateur Jean Berque (1896-1954) est à la hauteur de cette très belle édition de bibliophiles. Le tirage des cuivres en couleurs est d'un superbe rendu, sur beau papier épais, très blanc. La sensualité ainsi que le champêtre des paysages sont tous deux parfaitement représentés ici.


Jean Berque né à Reims en 1896 et est mort à Paris en 1954. Peintre et illustrateur, on lui doit de très belles illustrations libres ou moins libres. Il a illustré plusieurs ouvrages de Pierre Louÿs (Aphrodite, Les Chansons de Bilitis, Trois filles de leur mère). Il était élève des Nabis, Félix Vallotton, Maurice Denis et Paul Sérusier. Il fut un des premiers membres de l’Union rémoise des Arts décoratifs. Il réalisé le chemin de croix de l'église Saint-Nicaise de Reims. Réputé pour ses nus, il exposa au Salon d'automne de 1924 à 1928 et au Salon des Tuileries entre 1927 et 1934. Il est surtout connu comme illustrateur de livres et collabora avec François-Louis Schmied, Philippe Gonin et les frères Gonin, de Lausanne. Il illustra notamment des ouvrages d’André Gide, Pierre Louÿs, Colette, Montherlant, André Maurois, Paul Claudel, Anna de Noailles et Paul-Jean Toulet.

Bel exemplaire du tirage d'artiste à 10 exemplaires.

VENDU



mercredi 27 juin 2018

Ernest Renan. La vie de Jésus (1864). Douzième et dernière édition non expurgée en pleine reliure de l'époque. Bel exemplaire.


Ernest RENAN

VIE DE JÉSUS par Ernest Renan, membre de l'Institut.

Paris, Michel Lévy frères, 1864. Imprimerie de L. Toinon et Cie à Saint-Germain

1 volume in-8 (21,5 x 14 cm) de LIX-462 page.

Reliure plein maroquin bleu nuit à gros grain, dos à nerfs avec auteur, titre doré et millésime, filet à froid en encadrement des plats, tranches dorées sur marbrure, doublure de papier peigne dans un encadrement de maroquin orné d'un jeu de filets et roulettes dorés, la couverture imprimée n'a pas été conservée. Reliure de l'époque non signée mais d'une belle finesse d'exécution. Reliure et intérieur très frais. A noter une infime cicatrice de mouillure à peine visible au bas de quelques feuillets seulement, infimes frottements à la reliure. Très bel exemplaire.


DOUZIÈME ÉDITION ET DERNIÈRE ÉDITION COMPLÈTE IDENTIQUE A l'ÉDITION ORIGINALE ET NON EXPURGÉE DE PLUSIEURS PASSAGES.

La première édition a été mise en vente le 22 mai 1863. La 12e édition (celle-ci) est de 1864. Elle a été mise à l'Index aussitôt cette douzième édition parue. Le tirage total est estimé à plus de 168.000 exemplaires dès fin 1864, ce qui en fait un véritable best-seller de son temps ! Les éditions qui suivront (1867, 1870 et suivantes) seront amputées de passages litigieux.


Ernest Renan aborde la vie du Christ en historien. Il le dépouille de toute son aura mystique et divine pour en faire un personnage de chair et de sang.

"Cette conception d'un Christ romantique, philosophe incomparable, avait été renforcée par le séjour au Liban et en Galilée où il avait trouvé dans la nature et les gens "un cinquième évangile" comblant les insuffisances de la documentation historique de Jésus. L'imagination du poète-écrivain a fait de son livre une œuvre d'art qui survit aux critiques des historiens plus radicaux qui l'ont suivi." (Roger Pierrot, En français dans le texte, 285).

Ce livre fit immédiatement scandale. Le pape Pie IX, très affecté, traita Renan de « blasphémateur européen », et en 1864, le ministre de l'Instruction publique Victor Duruy supprima son cours.


"Même ceux qui ne croyaient pas en lui étaient frappés de ces actes et cherchaient à en être témoins. Les païens et les gens peu initiés éprouvaient un sentiment de crainte, et cherchaient à l'éconduire de leur canton. Plusieurs songeaient peut-être à abuser de son nom pour des mouvements séditieux. Mais la direction toute morale et nullement politique du caractère de Jésus le sauvait de ces entraînements. Son royaume à lui était dans le cercle d'enfants qu'une pareille jeunesse d'imagination et un même avant-goût du ciel avaient groupés et retenaient autour de lui." in Vie de Jésus, Miracles, Chap. XVI.

On comprendra mieux la mise à l'Index par Rome dont cet ouvrage fit l'objet en citant cet extrait significatif de l'ensemble : "La vie de Jésus, pour l’historien, finit avec son dernier soupir. Mais telle était la trace qu’il avait laissée dans le cœur de ses disciples et de quelques amies dévouées que, durant des semaines encore, il fut pour eux vivant et consolateur. Son corps avait-il été enlevé, ou bien l’enthousiasme, toujours crédule, fit-il éclore après coup l’ensemble de récits par lesquels on chercha à établir la foi à la résurrection ? C’est ce que, faute de documents contradictoires, nous ignorerons à jamais. Disons cependant que la forte imagination de Marie de Magdala joua dans cette circonstance un rôle capital. Pouvoir divin de l’amour ! moments sacrés où la passion d’une hallucinée donne au monde un Dieu ressuscité !" (Extrait du chapitre XXVI, Jésus au Tombeau).

Références : Clouzot, 231 ; En français dans le texte, n°285 ; Vicaire VI, 1016.

Provenance : aucune marque d'appartenance

BEL EXEMPLAIRE FINEMENT RELIÉ A L'ÉPOQUE EN MAROQUIN PLEIN. 

RARE DANS CETTE CONDITION.

VENDU

vendredi 22 juin 2018

Pierre-Joseph Proudhon. Système des contradictions économiques, ou Philosophie de la Misère, par P. J. Proudhon. Deuxième édition (1850).


Pierre-Joseph Proudhon.

Système des contradictions économiques, ou Philosophie de la Misère, par P. J. Proudhon. Deuxième édition.

Paris, Garnier Frères, 1850

2 volumes in-18 (18,2 x 11,8 cm) de (2)-399-(1) et (2)-399-(1) pages.


Reliure strictement de l'époque demi-chagrin vert sombre, plats de papier chagriné vert, filets dorés sur les plats, dos à faux-nerfs ornés de roulettes dorées, filets à froid. Reliure en très bon état malgré une légère recoloration des plats, coins légèrement usés, quelques traces de vert sur les tranches. Intérieur avec des rousseurs claires, bon papier.


La première édition de cet ouvrage capital de Proudhon a paru chez Guillaumin en 1846 (2 vol. in-8). Il fut le sujet d'affrontements idéologiques avec Karl Marx qui publie dès 1847 sa "Misère de la Philosophie". Dans sa Philosophie de la misère, Proudhon donne une explication de la société fondée sur l’existence de réalités contradictoires. Ainsi la propriété manifeste l’inégalité mais est l'objet même de la liberté, le machinisme accroît la productivité mais détruit l’artisanat et soumet le salarié. La liberté elle-même est à la fois indispensable mais cause de l'inégalité. Proudhon sera pour beaucoup le Père de l'anarchie. Trop bourgeois pour les uns, trop socialiste pour les autres. Proudhon meurt épuisé à 56 ans en janvier 1865.


"Une révolte des travailleurs arrache aux impitoyables maîtres une concession. Jour heureux, vive allégresse ! le travail est libre. Mais quelle liberté, juste ciel ! La liberté pour le prolétaire, c'est la faculté de travailler, c'est-à-dire de se faire spolier encore ; ou de ne travailler pas, c'est-à-dire de mourir de faim ! La liberté ne profite qu'à la force : par la concurrence, le capital écrase partout le travail, et convertit l'industrie en une vaste coalition de monopoles. Pour la seconde fois la plèbe travailleuse est aux genoux de l'aristocratie ; elle n'a ni la possibilité, ni même le droit de discuter son salaire." (Système des contradictions économiques, ou Philosophie de la Misère, Résumé et Conclusion, p. 391, t. 2, op. cit.).


Très bon exemplaire en jolie reliure de l'époque.

Prix : 280 euros


mercredi 20 juin 2018

Willy et Andhrée Cocotte. Dans le Noir ! 1901. 1 des 15 exemplaires sur Japon. Couverture illustrée en couleurs par Lami. Très bon exemplaire.


Willy et Andhrée Cocotte.

Dans le noir ! Illustrations de M.-G. Lami.

Paris, Librairie Molière, 1901

1 volume in-18 (20 x 13 cm), broché de (3)-123 pages. Couverture illustrée en couleurs par Lami. Quelques gravures en noir hors-texte et dans le texte. Exemplaire en grande partie non coupé, jamais lu. Couverture fraîche. Quelques petits défauts en bordure de couverture. Intérieur très frais, sans rousseurs.

Édition originale.

1 des 15 exemplaires sur Japon.


Andhrée Cocotte est le pseudonyme d'André Trémisot qui signe avec Willy plusieurs ouvrages. Dans le noir est un roman drolatique. Les aventures familiales de Vaneau-Desclôtures, Chef du Bureau des Mutations Contentieuses ... au Ministère ... "Vaneau n'avait jamais possédé à un degré très éminent le goût de l'amour et le sentiment de la femme. Le calme plat de son imagination et le bourgeoisisme administratif de ses sens exagérément rassis lui avaient toujours permis, au fond, de mépriser "cet être inférieur et futile, indigne d'occuper sérieusement l'homme sérieux.". Tous ces poncifs de clichés anti-féministes s'acclimataient en son cerveau comme des vers dans la vase et l'aidaient à garder une fidélité sans mérite. Cependant, depuis peu, il s'inquiétait de sentir s'éveiller, parmi les nénuphars de son âme, une mystérieuse appétence vers les fortes créatures, une dérivation de désirs tout neufs vers les architectures redondantes et les orbiculaires pétards, vers ce qu'un géomètre-poète-esthéticien a si heureusement appelé : les trois dimensions de la Beauté puissante ! et quelques vers plus loin, si joliment défini : la solide grosseur de l'épaisseur du large. [...]" Pour ce qui est du "noir" il faudra lire ligne à ligne pour y voir clair ! (enfin presque).

Un très bon Willy and Co.

La couverture illustrée est très jolie.

Très rare en tirage de tête sur Japon.

Prix : 570 euros

mardi 19 juin 2018

Pierre-Joseph Proudhon photographié sur son lit de mort par Etienne Carjat (19 janvier 1865). Rare cliché du plus célèbre des théoriciens anarchistes révolutionnaires.

Etienne CARJAT. [Pierre-Joseph PROUDHON].


Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), photographié par Etienne Carjat sur son lit de mort
le 19 janvier 1865, à Paris, dans la maison du 12 Rue de Passy (Paris, XVIe).


Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865), les yeux clos, la sueur au front et les cheveux mouillés encore perceptibles à plus de 150 années de distance, sur son lit de mort au n°12 de la rue de Passy à Paris (XVIe arr.), photographié le 19 janvier 1865 par Etienne Carjat. Tirage albuminé contrecollé sur carton 106 x 62 mm. Gustave Courbet, ami de Proudhon et de Carjat, rate cet instant où la vie s'éteint sous nos yeux. Courbet fera peu de temps après une estampe à partir de cette photographie. Quelques heures avant son décès, ses amis libertaires réunis autour de lui se voyaient confier ses précieux manuscrits. Ses obsèques eurent lieu le lendemain 20 janvier. Deux jours après, le 22 janvier 1865, Émile de Girardin (directeur du journal La Presse) fait remarquer que Proudhon était mort de l’incapacité où il avait été mis d’exercer son robuste talent de polémiste. Son influence fut considérable sur les ouvriers qui fondèrent l’Internationale en France. Elle s’exerce encore, directement ou indirectement, sur le mouvement ouvrier français.

« Être gouverné, c'est être gardé à vue, inspecté, espionné, dirigé, légiféré, réglementé, parqué, endoctriné, prêché, contrôlé, estimé, apprécié, censuré, commandé, par des êtres qui n'ont ni le titre, ni la science, ni la vertu... Être gouverné, c'est être, à chaque opération, à chaque transaction, à chaque mouvement, noté, enregistré, recensé, tarifé, timbré, toisé, coté, cotisé, patenté, licencié, autorisé, apostillé, admonesté, empêché, réformé, redressé, corrigé. C'est, sous prétexte d'utilité publique, et au nom de l'intérêt général, être mis à contribution, exercé, rançonné, exploité, monopolisé, concussionné, pressuré, mystifié, volé ; puis, à la moindre résistance, au premier mot de plainte, réprimé, amendé, vilipendé, vexé, traqué, houspillé, assommé, désarmé, garrotté, emprisonné, fusillé, mitraillé, jugé, condamné, déporté, sacrifié, vendu, trahi, et pour comble, joué, berné, outragé, déshonoré. Voilà le gouvernement, voilà sa justice, voilà sa morale ! Et dire qu'il y a parmi nous des démocrates qui prétendent que le gouvernement a du bon ; des socialistes qui soutiennent, au nom de la Liberté, de l’Égalité et de la Fraternité, cette ignominie ; des prolétaires, qui posent leur candidature à la présidence de la république ! Hypocrisie ! »

Pierre-Joseph Proudhon (extrait de l'Idée générale de la Révolution au dix-neuvième siècle, Garnier frères, 1851).

TRÈS RARE TIRAGE ALBUMINE ORIGINAL.

Prix : 2.500 euros

lundi 18 juin 2018

Crafty. Sur le Turf (1899). Cartonnage illustré à plat historié. Très bel exemplaire, très frais. Cheval et hippisme (trot attelé, steeple-chases, etc).


CRAFTY.

Sur le Turf. Texte et dessins par Crafty. Courses plates et steeple-chases.

Paris, E. Plon, Nourrit et Cie, 1899

1 volume in-4 (28,5 x 21 cm) de (7)-404 pages. Très nombreuses illustrations en noir dans le texte et hors-texte. Cartonnage pleine toile vert olive à plat historié, tranches dorées. Très bel exemplaire avec quelques infimes points de frottements, dorures au dos légèrement ternies (reliure signée Engel). Intérieur en parfait état, sans rousseurs. Impression sur vélin teinté.

Édition originale.



Victor Eugène Géruzez (Paris, 1840 - Saint-Martin-de-Nigelles, 1906) dit Crafty, a consacré son talent d'écrivain et de dessinateur au milieu des chevaux et de la chasse.

Le présent volume contient les chapitres suivants : les courses - le chapitre des paris - Chantilly - la Croix de Berny - Marly-le-Roi - Auteuil - Colombes - Fontainebleau - Saint-Ouen - Enghien - Maisons-Lafitte - La Marche - Rambouillet - Lonchamps - Caen - Deauville - Dieppe - Pau - Vincennes. Tout sur le monde des courses hippiques en France à la fin du XIXe siècle.



Référence : Mennessier de La Lance, Essai de bibliographie hippique, I,326.



Exemplaire de choix de cet ouvrage toujours recherché.

VENDU


vendredi 15 juin 2018

Contes et Nouvelles de Jean de La Fontaine, réimpression (1930) de luxe de l'édition dite des Fermiers Généraux (1762). Tirage à 500 exemplaires sur les cuivres originaux. Reliure plein maroquin à dentelle pastiche parfait XVIIIe s. Superbe exemplaire comme neuf.


Jean de LA FONTAINE

Contes et Nouvelles en vers, par M. de La Fontaine.

A Amsterdam, 1762 [Paris, Francis Guillot, 1930]

2 volumes in-8 (19 x 12,5 cm), XIV-268-(2) et VIII-306-(3)-16 pages. 80 figures hors-texte d'après les dessins de Charles Eisen, imprimées ici sur les cuivres originaux.

Reliure plein maroquin chocolat, richement orné aux petits fers dorés à l'imitation des reliures à dentelles du XVIIIe siècle. Petit fer à l'oiseau dans les angles des plats et au dos. Roulettes dorées formant encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré façon XVIIIe siècle. Tranches dorées. Reliure de l'époque (1930), imitation fine et parfaite des reliures du temps. Bien que non signées, ces reliures sortent probablement d'un atelier de reliure renommé de la première moitié du XXe siècle. Parfait état.


PREMIÈRE RÉIMPRESSION EXACTE DE LA CÉLÈBRE ÉDITION DES CONTES DE LA FONTAINE, DITE DES FERMIERS GÉNÉRAUX.


TIRAGE UNIQUE A 500 EXEMPLAIRES.

Celui-ci porte le numéro 155 et a été imprimé au nom de Me Elie-Jean Tournoud, notaire à Aix-les-Bains. Impression sur beau papier vergé fin teinté.


L'éditeur Francis Guillot affirme dans l'avertissement posséder les cuivres originaux de Charles Eisen. Ce sont ces cuivres originaux qui ont servi à cette impression. Le texte est en fac similé parfait. Les figures présentées ici sont dans leur état "découvert" (le diable de Papefiguière, le cas de conscience).


SPLENDIDE EXEMPLAIRE A L'ÉTAT DE NEUF.


Prix : 950 euros


mercredi 13 juin 2018

Louis Bonaparte. Documents historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande. Par Louis Bonaparte, ex-roi de Hollande. (1820). Edition originale. Bel exemplaire.


Louis Bonaparte.

Documents historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande. Par Louis Bonaparte, ex-roi de Hollande.

A Paris, chez Aillaud, Fantin et Delachaux (Amsterdam). Imprimerie de Fain (Paris), 1820

3 volumes in-8 (21 x 13,5 cm) de (3)-333, (3)-432 et (3)-388 pages.

Reliure de l'époque demi-basane marron, dos lisses ornés. Dos uniformément éclaircis (basane blonde). Très bon état des reliures par ailleurs, solides et décoratives. Intérieur frais. Quelques rousseurs. Pâles mouillures marginales à quelques feuillets seulement.

Édition originale.



"Lorsqu'un homme s'est trouvé à la tête d'une nation et qu'il n'y est plus, il est doublement dans l'obligation de rendre compte des circonstances de sa vie passée. Quand même l'auteur pourrait s'oublier entièrement, la postérité et l'histoire ne passeraient sous silence, ni les affaires de la Hollande pendant cinq années, ni un frère de l"empereur Napoléon. L'histoire est un jugement sur la conduite des hommes publics ; lorsqu'elle est écrite par celui qu'elle concerne principalement, elle est encore un compte rendu à la nation et à tous ceux envers qui on eut des devoirs à remplir. L'on ne devrait pas se hâter de juger les actions des hommes publics ; principalement en des circonstances éminemment extraordinaires : car pour porter sur eux un jugement réel, c'est-à-dire équitable, il faut connaître la situation véritable dans laquelle ils furent placés ; les moyens qu'ils eurent à leur disposition ; les obstacles et les difficultés qu'ils eurent à surmonter; comme les événements publics et privés, patents et secrets qui troublèrent le cours de leur vie. Les actions des hommes ne sont pas seulement le résultat de leur intelligence et des événements et vicissitudes du monde, mais encore celui de la combinaison de ces événements et vicissitudes avec le caractère, et peut-être aussi le tempérament de chacun : le génie ne dépend pas de soi, il n'y a que les lumières nécessaires pour vivre honnêtement qui soient certainement le partage de tous." (extrait des premières lignes des Documents historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande. Par Louis Bonaparte, ex-roi de Hollande).



Louis Bonaparte, né à Ajaccio le 2 septembre 1778 et mort à Livourne (Toscane) le 25 juillet 1846, est un prince français et roi de Hollande de 1806 à 1810 sous le nom de Louis Napoléon (Lodewijk Napoleon en néerlandais). Membre de la maison Bonaparte, il est un des frères de Napoléon Ier et le père de Napoléon III. Après une carrière militaire dans l'entourage de son frère, il devient en 1806 roi de Hollande. Partagé entre son devoir de roi hollandais et de prince français, ses relations avec Napoléon se tendent au point d'être contraint à l'abdication en 1810, entraînant l'intégration de la Hollande à l'Empire français. Il vit ensuite en exil jusqu'à sa mort en 1846. Son nom est gravé sous l'arc de triomphe de l'Étoile (25e colonne). (source : Wikipédia).

Bel exemplaire.

VENDU


mardi 12 juin 2018

Charles Lucas. Du Système Pénitentiaire en Europe et aux Etats-Unis (1828-1830). Edition originale de cet ouvrage fondamental.


Charles Lucas.

Du Système Pénitentiaire en Europe et aux Etats-Unis ; ouvrage dédié aux chambres, précédé d'une pétition qui leur est adressée, et orné de plusieurs plans de prisons et tableaux statistiques, par M. Charles Lucas, avocat à la cour royale de Paris, auteur de l'ouvrage sur le système pénal et le système répressif en général et sur la peine de mort en particulier, couronné à Genève et à Paris.

Paris, Bossange et Béchet, 1828

Paris, Dehay et Veuve Charles-Béchet, 1830

2 volumes in-8 (20,5 x 13 cm) de XII-CXV-337-(1) et XV-448 pages. En outre le premier volume contient 5 planches dépliantes et 2 tableaux statistiques dépliants ; le deuxième volume contient 3 planches dépliantes. Soit un total de 8 planches dépliantes, 2 tableaux statistiques dépliants (et plusieurs tableaux statistiques dans le texte). Un troisième volume intitulé Conclusion Générale servant de pétition a paru séparément en 1830 (nous ne l'avons pas ici). 


Reliure de l'époque demi-cuir de Russie vert, dos lisses avec filets dorés. Pièces de titre de maroquin vert sombre (refaites). Dos uniformément passés. Quelques frottements aux coiffes. Intérieur frais avec quelques rousseurs sans gravité.

Edition originale.


Charles Lucas (1803-1889) est considéré comme le père de la science pénitentiaire en France et l'inspirateur de la réforme des prisons au XIXe siècle. Il fut en outre un farouche partisan de l'abolition de la peine de mort et un opposant déclaré aux politiques de transportation et de relégation pénales dans les bagnes des colonies. C'est à l'âge de 25 ans qu'il publie le premier volume de cet important ouvrage. Au lendemain de la Révolution de Juillet, il est nommé Inspecteur général des prisons (1830- 1865). En 1836, il est président du Conseil (organisé par lui) des inspecteurs généraux des prisons, en 1853, président du Conseil des inspecteurs généraux des services administratifs au ministère de l’Intérieur. En 1865, Charles Lucas, atteint de cécité, cesse son activité professionnelle. Il continue néanmoins à suivre activement l’évolution des institutions pénitentiaires, rédigeant brochures et articles, participant aux grands congrès pénitentiaires et aux Commissions officielles. En 1875, il est nommé au Conseil supérieur des prisons. En 1877, il est invité à présider, comme doyen de la réforme pénitentiaire, la séance d’installation de la Société générale des prisons : il y présenta, dans un remarquable résumé, le mouvement progressif de cette réforme pendant les 50 années où il la soutint. A la fin de sa vie, Lucas se tient pourtant en retrait devant les nouvelles orientations de la criminologie, et surtout devant l’anthropométrie : il dénoncera notamment la généralisation de la photographie pour ficher les détenus dans les prisons, considérant cela comme une atteinte à la dignité des personnes. Charles Lucas meurt à Paris en 1889. (source : ENAP).


« Nous ne faisons pas de la littérature pénitentiaire à l'usage des gens du monde, mais nous donnons des conseils et des solutions pratiques qui s'adressent aux hommes d'état ». Ch. Lucas.


Très bon exemplaire de cet ouvrage fondamental.

Prix : 950 euros