vendredi 29 septembre 2023

Rétif de La Bretonne. Le Fin-Matois ou L'Aventurier Buscon ou Histoire du Grand Taquin (1775). Edition originale avec les titres de première émission. Bel exemplaire en reliure décorative strictement de l'époque de cette traduction de l'espagnol de Quévédo, revue et mise en français par Restif de La Bretonne, avec une troisième partie de son invention.



Nicolas-Edme RÉTIF DE LA BRETONNE.

Le Fin-Matois, ou Histoire du Grand-Taquin. Traduite de l'espagnol de Quévédo ; avec des notes historiques et politiques, nécessaires pour la parfaite intelligence de cet Auteur [par Restif de la Bretonne].

Imprimé à La Haie, 1776 [i.e. 1775]

3 parties en 1 volume petit in-8 (17,1 x 10,1 cm) de (2)-VIII-207-(1), 214-(2) et 176 pages.

Reliure de l'époque demi-veau fauve, dos lisse orné de filets et fleurettes dorés, pièces de titre et tomaisons vertes, tranches mouchetées de bleu, doublures et gardes de papier blanc, plats recouverts de papier à la colle rose. Reliure fraîche, quelques marques sans gravité. Intérieur frais. Exemplaire très pur absolument non restauré.



Édition originale de première émission.

Bien que portant la date de 1776, cet ouvrage a paru au mois de juin 1775. Elle fut tirée à 1.000 exemplaires dont 500 furent cédés au libraire Costard qui changea les pages de titre en "L'Aventier Buscon ou Histoire du Grand-Taquin." Sur ces titres refaits par le libraire Costard on lit : Aventurier Buscon, ou Histoire du Grand Taquin suivie des Lettres du Chevalier de l'Epargne, etc. Nouvelle traduction de l'Espagnol, de Don François de Quévédo-Villégas, etc. Avec des Notes, et publiées par l'auteur des Idées Singulières, de la Famille Vertueuse, du Pied de Fanchette, de la Fille Naturelle, etc. [Rétif de La Bretonne].

Notre exemplaire ne contient pas le feuillet de titre général qui se trouve parfois en tête du premier volume et qui indique : Œuvres choisies de Don François de Quévédo. Traduites de l'Espagnol. En trois parties, etc. Imprimé à La Haie et se trouve à Paris chés les libraires indiqués après la fin de la III partie.








Cette traduction du roman picaresque de Quévédo a été faite par d'Hermilly alors censeur Royal et dont Rétif de La Bretonne sollicitait l'appui pour faire approuver son Paysan perverti. Rétif acheta cette traduction 25 louis. Rétif trouva la traduction si mauvaise, "si dépourvue du sel convenable et rendue si niaisement", qu'il la retoucha largement sur l'original espagnol, selon ses propres dires. Selon les spécialistes, les connaissances de Rétif dans la langue espagnole semblent pourtant avoir été bien minces ... Les notes sont cependant intéressantes et apportent quelques éclaircissement sur les mœurs et coutumes des espagnols.

Rétif a enrichi ce texte d'une troisième partie entièrement de son invention soit disant découverte en manuscrit. On trouve à la suite de la troisième partie les Lettres du Chevalier de L'Epargne où se trouvent plusieurs conseils pour garder sa bourse et ne donner que des paroles (titre particulier d'origine et compris dans la pagination, La Haie, 1776), ainsi qu'un abrégé de la vie de Quévédo, ainsi qu'une Lettre sur les qualités d'un mariage, à Madame la Comtesse-Duchesse d'Olivarès, avec une Note sur l'Inquisition d'Espagne.







Notre exemplaire est bien complet des pages 201 à 208 de la première partie qui contiennent une Notice sur quelques hommes célèbres (imprimée en caractères très-petits). Les 4 feuillets annoncés par Lacroix, qui devraient se trouver à la fin du dernier volume et qui annoncent la liste des ouvrages de l'auteur ainsi que des analyses de ces ouvrages, ne s'y trouvent pas (comme dans les autres exemplaires que nous avons eu en mains d'ailleurs).

Il est assez rare de trouver ce titre relié à l'époque en trois volumes. Le plus souvent les trois parties ont été reliées en un seul volume.


Référence : Rives Childs, 224-225, XIII.



Bel exemplaire de première émission et en reliure strictement de l'époque de cette édition originale devenue rare.

Prix : 1.850 euros

mercredi 27 septembre 2023

Pierre Kropotkine. La conquête du pain (1892). Edition originale rare (premier mille) sur papier d'édition. Exemplaire "offert par l'éditeur" (P.-V. Stock) avec tampon.Très bon exemplaire relié à l'époque. Vision enchantée d'un monde désenchanté par l'humain.



Pierre Kropotkine.

La conquête du pain. Préface par Élisée Reclus.

Paris, Tresse et Stock, 1892 [imprimerie générale de Châtillon-sur-Seine, Pichat et Pépin].

1 volume in-18 (18,2 x 12 cm) de XV-297-(1) pages.

Reliure strictement de l'époque demi-percaline rouge, fleuron doré au dos, filets dorés, auteur et titre dorés, doublures et gardes de papier marbré. Reliure très bien conservée avec seulement quelques légères marques et traces du temps. Les couvertures rouges imprimées n'ont pas été conservées. 
Intérieur sain, papier uniformément jauni de médiocre qualité comme toujours pour le tirage courant (papier des imprimeurs Pichat et Pépin de Châtillon-sur-Seine). Quelques rousseurs.

Edition originale sur papier ordinaire.

Il n'a été tiré que 10 exemplaires sur papier de Hollande.



Un des quelques exemplaires portant au bas du titre le tampon "OFFERT PAR L'EDITEUR" (P.-V. Stock)



La conquête du pain a été écrit directement en français par le Prince Noir, Pierre Kropotkine (1842-1921). C'est sans conteste son ouvrage le plus important. Il influença durablement les milieux anarchistes qui en firent un plan général pour mettre en application leur idéologie. C'est d'abord une série d'articles dans les journaux anarchistes Le Révolté et La Révolte (dirigés par Kropotkine). La première publication comme livre a lieu à Paris en 1892, chez Tresse et Stock, avec une préface d'Élisée Reclus, qui a aussi suggéré le titre. Le livre est immédiatement réédité. Entre 1892 et 1894, il est partiellement publié sous formes d'articles dans le journal de Londres Freedom (liberté), dont Kropotkine est cofondateur. Il a été traduit et réimprimé de nombreuses fois. Dans cet ouvrage, Kropotkine pointe ce qu'il considère comme les défauts des systèmes économiques, du féodalisme et du capitalisme, et comment il croit que ces systèmes prospèrent grâce à et maintiennent la pauvreté et la pénurie, malgré l'abondance de la production grâce aux progrès techniques, par le maintien de privilèges. Il propose à nouveau un système économique décentralisé basé sur l'entraide et la coopération volontaires, affirmant que les tendances pour ce type d'organisation existent déjà, aussi bien dans l'évolution que dans les sociétés humaines. Il traite également des détails de la révolution et de l'expropriation afin qu'elles ne finissent pas de manière réactionnaire.












"Lorsque les socialistes affirment qu’une société, affranchie du Capital, saurait rendre le travail agréable et supprimerait toute corvée répugnante et malsaine, on leur rit au nez. Et cependant, aujourd’hui même on peut voir des progrès frappants accomplis dans cette voie ; et partout où ces progrès se sont produits, les patrons n’ont qu’à se féliciter de l’économie de force obtenue de cette façon. [...] Eh bien, peut-on douter que dans une société d’égaux, où les « bras » ne seront pas forcés de se vendre à n’importe quelles conditions, le travail deviendra réellement un plaisir, un délassement ? La besogne répugnante ou malsaine devra disparaître, car il est évident que dans ces conditions elle est nuisible à la société tout entière. Des esclaves pouvaient s’y livrer ; l’homme libre créera de nouvelles conditions d’un travail agréable et infiniment plus productif. Les exceptions d’aujourd’hui seront la règle de demain. Il en sera de même pour le travail domestique, dont la société se décharge aujourd’hui sur le souffre-douleur de l’Humanité, — la femme." (extrait)

"Les ouvriers ne pouvant acheter avec leurs salaires les richesses qu’ils ont produites, l’industrie cherche des marchés au dehors, parmi les accapareurs des autres nations. En Orient, en Afrique, n’importe où, Égypte, Tonkin, Congo, l’Européen, dans ces conditions, doit accroître le nombre de ses serfs. Mais partout il trouve des concurrents, toutes les nations évoluant dans le même sens. Et les guerres, — la guerre en permanence, — doivent éclater pour le droit de primer sur les marchés. Guerres pour les possessions en Orient ; guerres pour l’empire des mers ; guerres pour imposer des taxes d’entrée et dicter des conditions à ses voisins ; guerres contre ceux qui se révoltent ! Le bruit du canon ne cesse pas en Europe, des générations entières sont massacrées, les États européens dépensent en armements le tiers de leurs budgets, — et l’on sait ce que sont les impôts et ce qu’ils coûtent au pauvre." (extrait)





Cet ouvrage est une vision enchantée d'un monde désenchanté par l'humain, mais où ce même humain doit parvenir à réaliser cet idéal de société dont le bénéfice sera une répartition juste et équitable des bienfaits par la révolution et la lutte.

Kropotkine conclut ainsi : "Pouvant désormais concevoir la solidarité, cette puissance immense qui centuple l’énergie et les forces créatrices de l’homme, — la société nouvelle marchera à la conquête de l’avenir avec toute la vigueur de la jeunesse. Cessant de produire pour des acheteurs inconnus, et cherchant dans son sein même des besoins et des goûts à satisfaire, la société assurera largement la vie et l’aisance à chacun de ses membres en même temps que la satisfaction morale que donne le travail librement choisi et librement accompli, et la joie de pouvoir vivre sans empiéter sur la vie des autres. Inspirés d’une nouvelle audace, nourrie par le sentiment de solidarité, tous marcheront ensemble à la conquête des hautes jouissances du savoir et de la création artistique. Une société ainsi inspirée n’aura à craindre ni les dissensions à l’intérieur, ni les ennemis du dehors. Aux coalitions du passé elle opposera son amour pour l’ordre nouveau, l’initiative audacieuse de chacun et de tous, sa force devenue herculéenne par le réveil de son génie. Devant cette farce irrésistible, les « rois conjurés » ne pourront rien. Ils n’auront qu’à s’incliner devant elle, s’atteler au char de l’humanité, roulant vers les horizons nouveaux, entr’ouverts par la Révolution sociale.".

Très bon exemplaire relié à l'époque "offert par l'éditeur" du premier tirage de l'édition originale.

Prix : 1.800 euros

dimanche 24 septembre 2023

William Shakespeare illustré par Arthur Rackham. Le Songe d'une nuit d'été (1909). Première édition en français imprimée à Londres pour Hachette et Cie. Superbe exemplaire du rarissime tirage de luxe sur Japon à 30 exemplaires seulement présenté dans sa reliure éditeur originale en vélin doré.



William SHAKESPEARE | Arthur RACKHAM (illustrateur)

Le songe d'une nuit d'été par William Shakespeare. Illustré par Arthur Rackham.

Paris, Hachette et Cie, 1909 (imprimé par Ballantine and Co, Londres pour le texte. Les illustrations en couleurs ont été reproduites par MM. Carl Hentschel)

1 volume grand in-4 (30 x 23,5 cm) de (6)-134-(2) avec 40 planches en couleurs montées sur papier marron épais et protégées par un calque avec légende imprimée et 30 dessins au trait imprimés en noir dans le texte.

Cartonnage éditeur plein vélin blanc, premier plat décoré doré du titre et de l'auteur et illustré d'une illustration d'Arthur Rackham dorée au centre, dos avec titre doré, tête dorée, doublures et gardes de papier brun fort (identique au papier qui sert de support aux illustrations hors-texte). Collationné complet. Reliure très fraîche. Le lacet du plat supérieur a été arraché (le morceau déchiré est bien présent dans le volume). Intérieur parfait.


Première édition en français.

Tirage total à 330 exemplaires seulement.

Celui-ci, un des 30 exemplaires de tête sur Japon, signés par l'artiste.


La première édition anglaise a parue en 1908 chez William Heinemann à Londres (1.000 exemplaires).

Limited to thirty numbered copies on Papier Imperial du Japon signed by Arthur Rackham, this being copy no. 22, of a total edition of 330. First edition in French of Shakespeare's A Midsummer Night's Dream illustrated by Arthur Rackham.

Publisher's full vellum, gilt decorated. Top edge gilt, others untrimmed. Orignal silk laces present (one is broken). A fine copy.​

The black & white illustrations have far more definition here printed on 'Papier Imperial du Japon' than those in the English Limited Edition.

"The most splendid illustrated work of the century, so far" (William de Morgan).

"The illustrations for a Midsummer-Night's Dream... were much less controversial in theme than Alice, and their success was ungrudged... Rackham cast his spell over the play; his drawings superceded the work of all his predecessors from Gilbert to Abbey, and for fifty years have enriched the imagination; his conception of Puck and Bottom, Titiana and Oberon, Helena and Hermia, his gnarled trees and droves of fairies, have represented the visual reality of the Dream for thousands of readers. Here he excelled especially in landscape, and in reconciling dream and reality, giving himself to the luxury of rich detail with a rare generosity" (Hudson).

"By March 1909, three months after publication, the entire de luxe edition...had been sold out, and of the 15,000 trade copies, 7,650 had been sold. The English edition remained in print and paid [Rackham] royalties until the end of his life" (Hamilton).








Le Songe d'une nuit d'été (A Midsummer Night's Dream, qu'on peut aussi traduire par Songe d'une nuit de la Saint-Jean, ou Songe d'une nuit du solstice d'été) est une comédie de William Shakespeare écrite entre 1594 et 1595. La première inscription de la pièce au registre des Libraires date du 8 octobre 1600. C'est une histoire complexe dont l'action se déroule à Athènes en Grèce et réunit pour mieux les désunir deux couples de jeunes amants : Lysandre et Hermia d'une part, Démétrius et Héléna d'autre part. Hermia veut épouser Lysandre mais son père, Égée, la destine à Démétrius, dont est amoureuse Héléna. Lysandre et Hermia s'enfuient dans la forêt, poursuivis par Démétrius, lui-même poursuivi par Héléna. Pendant ce temps, Obéron, le roi des fées, a ordonné à Puck de verser une potion sur les paupières de sa femme, Titania pour se moquer d'elle. Pendant la nuit, une grande confusion règne parmi tous les personnages. La scène la plus connue est l'apparition de Bottom, qui porte une tête d'âne, avec Titania, qui, par la magie de Puck, en est tombée amoureuse.










Arthur Rackham (1867-1939) est l'un des illustrateurs parmi les plus marquants de la période 1900-1920. Il est mondialement reconnu pour ses illustrations pour les livres d'enfants (Peter Pan, Alice au pays des merveilles, Contes de Grimm, etc.) mais également pour ses illustrations féériques et fantastiques pour des textes de la littérature classique pour adultes tels que L'Anneau du Nibelung (l'Or du Rhin et La Valkirie de Richard Wagner ou encore le Songe d'une nuit d'été de William Shakespeare ou Ondine).


Superbe exemplaire du rarissime tirage de luxe sur Japon dans sa reliure éditeur en vélin doré.

L'une des plus belles illustrations dues au talent d'Arthur Rackham sur un texte féérique de William Shakespeare.

Prix : 5.500 euros