samedi 30 novembre 2024

Roger de RABUTIN, Comte de BUSSY, dit BUSSY-RABUTIN | Alexis-Jean LE BRET (éditeur) | Mémoires secrets de Bussy Rabutin, contenant sa vie publique et privée, ses aventures galantes, ses expéditions militaires, les intrigues de la Cour, et les événements les plus intéressants de l'Europe, depuis l'année 1617, jusqu'en l'année 1667. A Amsterdam (Lille), chez Gosse Junior, 1768. Bel exemplaire, relié aux armes de Charles-François-Antoine de Barbarat de Mazirot (1740-1788), alors Président au Parlement de Metz, de cette édition intéressante, l'une des dernières du XVIIIe siècle.



Roger de RABUTIN, Comte de BUSSY, dit BUSSY-RABUTIN | Alexis-Jean LE BRET (éditeur)

Mémoires secrets de Bussy Rabutin, contenant sa vie publique et privée, ses aventures galantes, ses expéditions militaires, les intrigues de la Cour, et les événements les plus intéressants de l'Europe, depuis l'année 1617, jusqu'en l'année 1667.

A Amsterdam, chez Gosse Junior, 1768

2 volumes in-12 (16,2 x 10 cm) de (6)-430 et (2)-373 pages.

Reliure strictement de l'époque plein veau marbré caramel beurre salé, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièces de titre de maroquin rouge, tomaisons de maroquin noir ornées de fers dorés, tranche mouchetées de rouge, armoiries dorées au centre des plats. Très belles reliures très bien conservées. Quelques petites marques à peine visibles. Un mors fendu en tête du second plat du premier volume, sans gravité pour la solidité de la reliure.



Edition originale sous cette forme.

Il est imprimé au verso des titres que ces deux volumes se trouvaient à Paris chez Durand, neveu ; Saillant, Delalain, Hansy, le jeune ; et Panckoucke.

Ces Mémoires ont été imprimés pour la première fois en septembre 1696 au format in-quarto d'abord (2 volumes in-4), puis au format in-12 (3 volumes). Cette nouvelle édition ne respecte pas le texte de l'édition originale et de nombreux retranchements ont été opérés comme l'indique la préface : "On a cru rendre service au public en retranchant des Mémoires de M. de Bussy Rabutin, les réflexions prolixes qui arrêtent la narration, qui nuisent à l'intérêt de l'histoire et à l'impatiente curiosiré des lecteurs ; on a conservé précieusement la peinture des caractères des Hommes fameux et des Ministres qui existaient alors ; et tous les détails superflus ont été remplacés par les événements les plus intéressants du siècle : l'ordre et la réunion de ces faits appartiennent entièrement à l'éditeur. [...]".











Cette édition a été donnée par un certain Le Bret, avocat au Parlement et censeur royal à Paris. Né en 1693, il était originaire de Beaune en Bourgogne, patrie de Bussy-Rabutin. Il est mort à Paris en 1772. On lui doit plusieurs ouvrages de littérature (in Biographie Universelle de Michaud, vol. 23, p. 493).

D'après le Dictionnaire des ouvrages anonymes de Barbier, ces deux volumes auraient été imprimés à Lille (Barbier, 11773).

On retrouve dans ces pages, outres les expéditions militaires et les intrigues de la Cour de Louis XIV, l'histoire de la diffusion de l'Histoire amoureuse des Gaules qui valut à son auteur un exil de plus de dix-sept années dans son château bourguignon de Bussy. On retrouve à la fin du deuxième volume les Maximes d'Amour de Bussy, et un plus curieusement un Abrégé de la vie de Descartes (qui n'est évidemment pas de Bussy mais de Le Bret en puisant dans es autres écrits sur Descartes).

Fort, bien involontairement, du scandale que provoqua la publication en 1665 de l'Histoire amoureuse des Gaules, Bussy-Rabutin (1618-1693), noble bourguignon, militaire réputé (lieutenant général de la cavalerie), bel esprit fort railleur et libertin, se vit alors attribué la plupart des productions licencieuses dans les années qui suivirent, alors même qu'il était déjà exilé dans ses terres de Bussy en Bourgogne. Il y restera près de 18 ans, loin de la cour et des méandres des histoires amoureuses et politiques du siècle de Louis XIV. Enfin rappelé un jour de 1682 pour assister au lever du Roi, ce dernier ne le regarda point et Bussy comprit alors que ce n'était plus son temps. Il s'en retourna dans sa campagne bourguignonne et ne reparut plus à la Cour qu'en de brèves occasions. Il mourut à Autun le 9 avril 1693. Outre les histoires que l'on sait, c'est grâce à ce cousin facétieux qu'on peut lire aujourd'hui les célèbres Lettres de Madame de Sévigné (qu'il dépeint peu gentiment dans l'Histoire amoureuse des Gaules). En effet, les premières lettres de la marquise furent publiées dans les Mémoires in-quarto publiées en 1696 par le fils de Bussy. Puis d'autres lettres furent publiées dans la Correspondance de Bussy (1696-1709). Ce sont les fils de Bussy qui participèrent à la publication des premières éditions des Lettres de la marquise aidés par la petite-fille de Simiane (1726-1734-1736) aidés en cela ensuite par les soins du Chevalier Perrin. Bussy-Rabutin nous laisse ainsi bien plus qu'un simple roman galant et divertissant, il nous laisse une correspondance à jamais devenue immortelle. Seuls l'Histoire amoureuse des Gaules et les Maximes d'amour sont de Bussy-Rabutin, les autres ouvrages sont de Gatien Courtilz de Sandras (1644-1712).



Provenance : exemplaire relié aux armes de Charles-François-Antoine de Barbarat de Mazirot (1740-1788), alors Président au Parlement de Metz (depuis 1764), avec sa signature autographe sur chacun des titres. Né le 14 avril 1740, il fut reçu conseiller le 21 juillet 1760 (à 20 ans) et président à mortier au Parlement de Metz le 16 août 1764 (à 24 ans) ; lors de la suppression des Parlements en 1771, il se vit dépouillé de sa charge et devint conseiller du roi en ses conseils et maître des requêtes, puis intendant de la généralité du Bourbonnais en 1784. Il mourut à Paris le 23 juillet 1788. Il avait épousé en premières noces Louise-Marie-Madeleine de Bellanger et en secondes noces, le 12 septembre 1784, Marie-Charlotte-Armande-Etiennette de Chastenay. Les armoiries de la famille Barbarat de Mazirot se lisent ainsi : d'azur au chevron d'or accompagné en chef de deux étoiles d'argent et en pointe d'une merlette du même (OHR, n°261 planche 1).








Bel exemplaire, relié aux armes de Charles-François-Antoine de Barbarat de Mazirot (1740-1788), alors Président au Parlement de Metz, de cette édition intéressante, l'une des dernières du XVIIIe siècle.

Prix : 1.800 euros

vendredi 29 novembre 2024

Emile Zola. Au bonheur des dames. Edition originale (1883) sur beau papier vélin fin (papier ordinaire), absolument sans rousseurs du début à la fin (très rare). Belle reliure Art Déco vers 1930 par Bayard à Lyon.


Emile Zola

Au bonheur des dames. [Onzième volume des Rougon-Macquart, Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire]. Par Emile Zola.

Paris, G. Charpentier, 1883 [imprimerie A. Lahure, Paris]

1 fort volume in-18 (19,3 x 12,5 cm | Hauteur des plus grandes marges : 187 mm) de 521 pages.

Reliure bradel demi-maroquin vert sombre, dos strié de filets à froid verticaux avec au centre le titre doré en long, plays de peau de vélin véritable, doublures et gardes de papier vert et or fait main. Relié sur brochure à toutes marges, non rogné, les deux plats de couverture ont été conservés (sans le dos). Reliure non signée mais une note manuscrite au crayon indique que la reliure est de Bayard à Lyon (vers 1930). Reliure en parfait état et très originale dans le goût typique Art Déco. L'intérieur du volume est remarquablement frais, imprimé du début à la fin sur un beau papier vélin fin satiné bien blanc, absolument sans aucune rousseur.



Edition originale.

Celui-ci, un des exemplaires sur papier ordinaire du premier mille sans mention (un des 1000 premiers exemplaires imprimés).





Exemplaire remarquable imprimé sur beau papier vélin fin satiné absolument sans rousseurs. Ce qui en fait, de fait, un plus bel exemplaire qu'un exemplaire sur grand papier (il faut souligner et insister sur cet état très rare).

Il a été fait un tirage sur grands papiers à 150 exemplaires sur Hollande et à 10 exemplaires sur Japon (non mentionnés par Vicaire).

A noter également que notre exemplaire est très grand de marges (plus grandes que les marges d'un exemplaire sur Hollande avec lequel nous avons pu comparer).









Il s'agit du 11ème opus de l'épopée naturaliste des Rougon-Macquart publiés entre 1871 et 1893. Au bonheur des dames avait été prépublié dans le Gil Blas dès décembre 1882 (75 livraisons, du 17 décembre 1882 au 1er mars 1883). Ce roman a été favorablement accueilli par la critique dès sa parution et J.-K. Huysmans félicite Zola pour avoir su bâtir un tel édifice. Cette fresque détaillée et fourmillante gravitant autour et à l'intérieur du Grand Magasin est l'un des chef d'oeuvre de Zola.

Zola étudie dans ce célèbre roman (l'un des plus connus de la série) tous les rouages d'une société capitaliste où l'argent est le moteur principal des relations économiques et humaines. Son attitude envers lui peut être illustrée par son commentaire au sujet de son roman du même nom : « Je n'attaque ni ne défends l'argent, je le montre comme une force nécessaire jusqu'à ce jour, comme une force de civilisation et de progrès. » Il étudie donc la mécanique financière du grand magasin, le rôle joué par les grandes banques, l'importance de la production à grande échelle.







Bel exemplaire joliment relié vers 1930 dans le style Art Déco de cet ouvrage majeur de Zola, ici sur papier ordinaire d'une qualité rarement rencontrée pour cet ouvrage.

Prix : 1.450 euros

André GILL | BERTALL. 3 dessins originaux pour Nana d'Emile Zola, pour la première édition illustrée (1882). On joint un bel exemplaire en reliure de l'époque de L'Assommoir par Emile Zola. Première édition illustrée (1878) avec 4 compositions par Pierre-Auguste Renoir.


André GILL | BERTALL

3 dessins originaux pour Nana d'Emile Zola, pour la première édition illustrée (1882)




- Nana devant son miroir en tenue légère contemplant son image (dessin original signé André Gill) aquarelle, encre brune et rehauts de blanc, sur papier teinté brun (feuille 31,5 x 23,5 cm - dessin 17,5 cm x 12,5 cm) - pour l'édition ce dessin sera gravé sur bois)

- Fontan (promenant son chien) (dessin original signé André Gill) aquarelle, encre brune et rehauts de blanc, sur papier teinté brun (feuille 31,5 x 23,5 cm - dessin 17,5 cm x 12,5 cm) - pour l'édition ce dessin sera gravé sur bois)

- Steiner frappant à la loge de Mademoiselle Nana (dessin original signé Bertall) aquarelle, encre brune et rehauts de blanc, sur papier teinté brun (feuille 30,5 x 24,5 cm - dessin 18 cm x 11,5 cm) - pour l'édition ce dessin sera gravé sur bois)

Très bon état de l'ensemble.


ON JOINT UN EXEMPLAIRE DE :

L'ASSOMMOIR. Edition illustrée.

Par Emile ZOLA. Pierre-Auguste RENOIR (illustrateur).

En vente chez C. Marpon et E. Flammarion, s.d. (1878). [Paris, Imprimerie E. Martinet]

1 volume in-4 (30 x 21,5 cm) de 466 pages.

Reliure strictement de l'époque demi-chagrin bleu nuit, plats de percaline bleue nuit. Les couvertures imprimées illustrées n'ont pas été conservées. A noter un feuillet avec un défaut à l'impression (pp. 183-184) avec un nouveau feuillet contrecollé sur la page 184 (légèrement plus court de marges), sans atteinte au texte grâce à ce collage. Très peu de rousseurs. Papier de bonne qualité.


Première édition illustrée.

Tirage sur papier ordinaire.

Il a été imprimé 130 exemplaires numérotés sur papier de Hollande.




Cette première édition illustrée a paru en 59 livraisons de mai à décembre 1878. Elle est illustrée de 62 grandes compositions gravées sur bois, dont une sur le titre, une dans le texte et 60 à pleine page, d’après André Gill, Frédéric Régamey, Bellenger, Clairin, Alfred Garnier, Maurice Leloir, Auguste Renoir, etc.

Les quatre compositions gravées d'après Renoir pour cet ouvrage sont fameuses – surtout celle du café-concert (p. 272). Ce sont les seules illustrations données par Pierre-Auguste Renoir pour un livre.

L'Assommoir a paru en feuilleton dès 1876 dans Le Bien public, puis dans La République des Lettres, avant sa sortie en livre en 1877 chez l'éditeur Georges Charpentier. C'est le septième volume de la série Les Rougon-Macquart. L'ouvrage est totalement consacré au monde ouvrier et, selon Zola, c'est « le premier roman sur le peuple, qui ne mente pas et qui ait l'odeur du peuple ». L'écrivain y restitue la langue et les mœurs des ouvriers, tout en décrivant les ravages causés par la misère et l'alcoolisme. À sa parution, l'ouvrage suscite de vives polémiques car il est jugé trop cru. Mais c'est ce naturalisme qui, cependant, provoque son succès, assurant à l'auteur fortune et célébrité.










Gervaise Macquart, le personnage principal, une provençale originaire de Plassans, boiteuse mais plutôt jolie, a suivi son amant, Auguste Lantier, à Paris, avec leurs deux enfants, Claude et Étienne Lantier. Très vite, Lantier, paresseux, infidèle et ne supportant pas de vivre dans la misère, quitte Gervaise et ses enfants pour s'enfuir avec Adèle. Gervaise, travailleuse, reprend alors le métier de blanchisseuse qu'elle a appris à Plassans. Elle accepte d'épouser Coupeau, un ouvrier-zingueur auquel elle a fini par céder. Le bon cœur et la faiblesse sont des traits forts du caractère de Gervaise. Ils auront une fille, Anna Coupeau, dite Nana, héroïne d'un autre roman des Rougon-Macquart. Gervaise voit mourir Coupeau à Sainte-Anne — les crises de delirium tremens de Coupeau sont un des moments forts du roman. Elle se retrouve pratiquement à la rue, réduite à la mendicité. Elle meurt victime de la faim et de la misère, dans un réduit situé sous l'escalier de l'immeuble. Personne ne la voit mourir et c'est l'odeur qui alerte les voisins.

Quand le roman paraît en volume en janvier 1877, il est interdit de vente dans les gares.

Cette édition illustrée rend avec force l'ambiance du chef d'œuvre du naturalisme. 

"il ne faut point conclure, que le peuple tout entier est mauvais, car mes personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu’ignorants et gâtés par le milieu de rude besogne et de misère où ils vivent." (Emile Zola)

Provenance : de la bibliothèque de E. CAZALS (doré en pied du dos).

Cette première édition illustrée (édition populaire diffusée en livraisons à prix très modique) mérite d'être recherchée par les bibliophiles. Elle se trouve ici très bien reliée à l'époque, parfaitement conservée et avec très peu de rousseurs avec un papier globalement très frais et bien blanc.

Bel exemplaire relié à l'époque.

Précieux ensemble avec 3 dessins originaux pour Nana pour la première édition illustrée (2 par André Gill et un par Bertall).

Prix : 2.300 euros