mardi 30 mai 2023

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. La Malédiction Paternelle (1780). Edition originale rare. Très bon exemplaire en condition d'époque.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

La Malédiction Paternelle : Lettres sincères et véritables de N. ******, à ses parents, ses amis, et ses maîtresses, avec les réponses : Recueillies et publiées par Thimothée Joly, son exécuteur testamentaire.

Imprimé à Leipsick, Par Buschel, marchand-libraire et se trouve à Paris chés la Dame Veuve Duchesne, 1780

3 parties reliées en 3 volumes in-12 (16,7 x 9,8 cm) de 830 pages (pagination continue) et 5 feuillets non chiffrés (catalogue et présentation d'ouvrages de Rétif).

Reliure strictement de l'époque demi-veau brun, plats de papier à la colle. Dos légèrement frottés, dorures un peu effacées par endroit, coins émoussés/usés. Rousseurs non obsédantes. Un petit trou dans un feuillet du premier volume (rouille). Papier de diverses qualités selon les cahiers. Collationné complet. Bien complet des 3 frontispices et des 5 feuillets non chiffrés à la fin du troisième volume.




Edition originale et unique édition ancienne.

"Lorsque paraît La Malédiction paternelle, en août 1779, sous le millésime de 1780, Rétif est déjà un auteur confirmé. Il publie régulièrement depuis 1767 (La Famille vertueuse est sa première œuvre) et en une douzaine d’années il a produit 44 volumes in-12 sous 19 titres. Beaucoup ne se distinguent guère des ouvrages du temps, ni par leur facture (recours à la forme épistolaire), ni par leur idéologie morale. Ce conformisme littéraire n’a valu à l’écrivain qu’un accueil médiocre, mais trois œuvres lui ont tout de même permis d’acquérir quelque notoriété, parce qu’elles sortent, chacune à leur manière, des sentiers battus de la littérature. Il y eut d’abord Le Pornographe (1769), « Projet de règlement pour les prostituées », traité inséré dans le cadre d’un roman épistolaire, puis, sous le même millésime, Le Pied de Fanchette, roman enjoué et parodique, au titre discrètement érotique, objet de plusieurs éditions et contrefaçons jusqu’à la fin du XVIII e siècle. Mais le succès le plus décisif est venu en 1775 avec Le Paysan perverti : « Cet ouvrage, qui m’a donné une existence dans le monde, fut la source de ma réputation et me procura une considération dont tous les bons esprits me donnent encore des marques », écrit Rétif dans Mes Ouvrages ; de fait, il restera durablement, en dépit d’autres succès (notamment avec les volumes de nouvelles des Contemporaines), « l’auteur du Paysan perverti ». [...] Rétif va alors prendre conscience qu’il doit exploiter résolument la veine autobiographique, et plus précisément son parcours singulier de paysan bourguignon devenu ouvrier parisien dans l’imprimerie. Ce n’est pas qu’il n’ait précédemment nourri ses histoires de souvenirs personnels, mais il convient désormais de mettre mieux en valeur ses origines, son enfance, son adolescence. Il s’y essaye avec L’École des pères (1776), mais l’ambition didactique de l’ouvrage dilue quelque peu les traits du tableau rural. Il s’éloigne ensuite de cette inspiration avec Le Quadragénaire (1777) et Le Nouvel Abeilard (1778), deux romans qui ne se font guère remarquer. Or s’affirme de plus en plus le succès du Paysan perverti. Rétif est alors convaincu que la reconnaissance de son génie littéraire passe par la mise en œuvre du thème campagnard, domaine où il a, sur tous les autres littérateurs, l’avantage d’une expérience authentique. De là, en 1779, la publication de La Vie de mon père, avec en page de titre cette indication significative : « par l’auteur du Paysan perverti ». À La Vie de mon père succède immédiatement La Malédiction paternelle. [...] La Malédiction paternelle inaugure incontestablement une nouvelle époque dans la carrière littéraire de Rétif, celle où il s’engage dans l’autobiographie proprement dite. [...] Dans La Malédiction paternelle, la figure du père reproduit les traits de Pierre et non ceux d’Edme : cette autorité impérieuse, cette volonté de choisir l’épouse de son fils. [...] Le manuscrit de La Malédiction paternelle n’existe plus, sans doute depuis l’impression de l’ouvrage, selon les habitudes du temps. Il n’y a pas eu, du vivant de l’auteur, d’autres éditions que celle de 1779. [...] La seule façon d’échapper à la conscience coupable, de surmonter le sentiment de subir une malédiction, est d’écrire, de publier, d’accomplir pleinement cette vocation intellectuelle qui l’a détourné de sa destinée de paysan. À cet égard, La Malédiction paternelle est une œuvre cruciale : elle ressaisit une matière romanesque déjà mise en œuvre dans des ouvrages précédents (Le Quadragénaire, Les Nouveaux Mémoires d’un homme de qualité) et féconde les livres à venir. Rétif a souligné lui-même cette fonction matricielle : la Malédiction « est la préface naturelle des Contemporaines ». [...]" (extraits de l'Introduction à l'édition critique donnée par Pierre Testud, La Malédiction Paternelle, Ed. Champion, 2006).




Provenance : Sébastien Mioche (exlibris).

Références : P. Lacroix, pp. 159-162 "Les plus jolis dessins que Binet ait jamais faits se trouvent dans ce roman ; ils égalent ceux de Marillier et peut-être ceux de Moreau." ; Rives-Childs pp. 253-256 "La Malédiction paternelle, qui fut singulièrement négligée par les biographes de Restif, est un des plus importants de ses ouvrages, à part Monsieur Nicolas et les Nuits de Paris, pour l'histoire de sa vie."













Très bon exemplaire, conservé dans sa reliure de l'époque, de cet ouvrage rare de Rétif de la Bretonne.

Prix : 3.000 euros

jeudi 25 mai 2023

Images secrètes de Paris. Le Paris-Canaille de Mac-Orlan illustré par Gustave Assire (1928). Exemplaire sur Japon (un des 50 exemplaires) avec triple-suite des 20 eaux-fortes (60 eaux-fortes) enrichi d'une grande aquarelle originale de l"artiste (les filles de petite vertu au zinc). Exemplaire auquel on joint la très rare suite de 50 dessins originaux reproduits en photogravure d'après les aquarelles originales inédites de l'artiste (dont l'une d'entre elles est l'aquarelle originale). Avec un exemplaire broché du tirage courant à 450 exemplaires sur vélin teinté (avec un seul état des 20 gravures). Ensemble exceptionnel.



Pierre MAC-ORLAN (auteur). Gustave ASSIRE, illustrateur. René Kieffer (éditeur).

IMAGES SECRÈTES DE PARIS. Vingt eaux-fortes par Assire.

René Kieffer, Paris, s.d. (1928) [imprimé par Duclos et Colas, à Paris]

1 volume in-4 à l'italienne (27,5 x 22,5 cm), broché de 84 pages de texte, 20 eaux-fortes tirées en bistre avec remarques (ou en bleu-vert). Très bel état de conservation, légère trace en pied du dos sans gravité, intérieur comme neuf, sans rousseurs. L'aquarelle originale (18 x 13 cm) est montée sur un feuillet de papier Japon au format du volume.

Édition originale.

Tirage unique à 550 exemplaires.

Celui-ci, un des 50 exemplaires sur Japon avec un triple-état des eaux-fortes avec remarques (eau-forte définitive, eau-forte non terminée, eau-forte pure).

Il a été tiré en outre 50 exemplaires sur vélin teinté avec deux états des eaux-fortes et 450 exemplaires sur vélin teinté avec un état des eaux-fortes.

Bien complet de l'aquarelle originale signée par l'artiste et montée en tête du volume broché.

Bien complet de la suite monochrome des 50 aquarelles inédites d'Assire tirée à cinquante exemplaires seulement (tirage en sanguine) reproduites en photogravure (l'une d'elle est la reproduction de l'aquarelle originale montée dans le volume.

On joint un exemplaire broché (état neuf) du tirage à 450 exemplaires sur vélin teinté avec un état des eaux-fortes.

Soit au total un ensemble de 80 estampes et 1 aquarelle originale.





Voici le détails des chapitres illustrés : Bar de La Villette - Grenelle - Ecole Militaire - Les Buttes Chaumont - Ménilmontant - Saint-Georges-Notre-Dame-de-Lorette - Le Moulin Rouge - Un défilé - Les fortifs - Le bois de Boulogne - Le lapin agile - Bal de l'Olympia - Bal-Musette rue des Anglais - Bal-Musette rue de Lappe - Jazz-Band - Rue de Hanovre ou ... - Le Choix - La java - La belotte.









Exemplaire du très rare tirage de tête enrichi d'une grande aquarelle de ce superbe ouvrage magistralement illustré par Assire et qui dévoile le Paris-Canaille de Mac-Orlan : bals, bistrots, prostituées, cabarets, prostituées, le Moulin Rouge, Moulin de la Galette, les Fortifs, etc. Gustave Assire (1870-1941) donne ici un tableau complet du Paris des prostituées, des virées nocturnes dans les maisons closes et autres coquineries parisiennes des années 1920. Gustave Assire était né à Angers, élève de J.-P. Laurens, Cormon et Gustave Moreau. Il exposa aux artistes français dès 1900 et au salon des Indépendants de 1927 à 1931.





L'un des plus beaux livres de cette époque publié par René Kieffer et sans conteste l'un des plus audacieux.

Bel ensemble comprenant un exemplaire du rare tirage sur Japon, un exemplaire du tirage sur vélin teinté, un triple état des 20 gravures, une aquarelle originale et la rare suite des 50 aquarelles inédites reproduites en sanguines.

VENDU





mardi 16 mai 2023

Costumes militaires. Militaria. Exceptionnel et unique ensemble inédit de 16 dessins originaux à l'aquarelle et à la gouache par Aristide Boulineau (1841-1912), pour illustrer un ouvrage sur les différents costumes militaires du monde (jamais paru). Vers 1880-1895.


BOULINEAU, Ariste ou Aristide, artiste peinte, dessinateur et illustrateur.

[MILITARIA] [LE MONDE MILITAIRE].

[Ensemble complet de 16 peintures miniatures originales mesurant 16 x 10,5 cm environ sur papier-carte bristol fort 17,5 x 12 cm. Rehauts de gomme arabique.

[Vers 1880-1895]

Ensemble légendé au dos au crayon à l'époque, chaque dessin original étant numéroté de 1 à 16 comme suit :

1. Angleterre (Horse Guards)
2. Allemagne (Parage de la Garde)
3. Italie (Cavalier de Florence)
4. Etats-Unis d'Amérique (Rough Riders)
5. Mexique (Combat)
6. Allemagne (Artillerie de campagne)
7. Japon (Infanterie en embuscade) 
8. Autriche (Tyroliens en éclaireurs)
9. France (Spahis du Maroc)
10. France (Chasseurs alphins)
11. Turquie (Gardes hallebardiers et albanais cortège impérial)
12. Italie (Cavalerie de Novaro)
13. Espagne (Chasseurs à pieds)
14. Brésil (Poste d'Infanterie)
15. Angleterre (Highlanders en manoeuvre)
16. Autriche (Hussards)

Ces peintures portent le monogramme peint AB pour Ariste Boulineau.

Parfait état de l'ensemble. Les couleurs sont d'une vivacité encore intacte.

Huit peintures représentent des scènes de cavalerie. Les chevaux sont particulièrement bien rendus par l'artiste. L'ensemble est magnifique.







Ces dessins étaient très probablement destinés à illustrer un ouvrage sur les différents costumes militaires du monde. D'après nos recherches cet ouvrage n'a jamais vu le jour. Il aurait probablement dû paraître autour des années 1880-1895. Pourquoi n'a-t-il pas paru ? Nous ne savons pas.

Aristide Boulineau (1841-1912) est un artiste reconnu. Il est né à Cozes (Charente) dans une famille modeste (son père était employé des droits indirects). Il monte à Paris et s'y marie en 1870 où il est déjà dénommé artiste peintre (29 ans). Dans le Dictionnaire Général des Artistes de l'Ecole Française il est indiqué qu'il a suivi les cours de l'école de dessin de Bordeaux et qu'il fut élève du peintre Gérôme. On y note des tableaux exposés dès 1868 (Baigneuses) et 1870 (Ivresse), aussi un portrait de Madame B. (1876). Il peint également Jeune fille aux coquelicots (vendu 320 francs en 1945 lors d'une vente). En 1886 il habite à Paris, 32, rue de l'Arbalète. On lui doit de nombreux scènes champêtres et paysages se rapprochant de l'école de Barbizon. La date de son décès n'est pas certaine (on trouve soit la date de 1906 soit celle de 1912). Il a illustré quelques ouvrages dans lesquels ses dessins ont été (mal) reproduits par la photogravure ou l'héliogravure.








Cette suite de peintures miniatures, véritables petits tableaux, très finement exécutées, est la preuve d'un talent indéniable d'illustrateur, faisant double avec celui de peintre. Son frère Abel Boulineau suivi également la même carrière de peintre, dans un style similaire.

Certaines des toiles signées Aristide Boulineau sont conservées dans divers musées et institutions (notamment Glycine, Musée des Beaux-Arts de La Rochelle). Un grand portrait peint par Aristide Boulineau de l'Empereur Napoléon III a défrayé la chronique il y a une dizaine d'année (propriété de l'état qui s'est retrouvée dans une salle des ventes aux enchères ...).





Très bel ensemble militaria, unique, pour un projet de livre avorté.

Prix : 3.500 euros