mardi 30 avril 2019

Octave Uzanne. La Femme à Paris. Nos Contemporaines. Les Parisiennes de ce temps (1894). Magnifique ouvrage illustré par Pierre Vidal et tiré à petit nombre. Magnifique couverture Art Nouveau signée Léon Rudnicki. Exemplaire à l'état proche du neuf, complet de sa chemise en soie brodée

 

Octave UZANNE - Léon RUDNICKI (illustrateur) - Pierre VIDAL (illustrateur).

La femme à Paris. Nos Contemporaines, Notes succesives sur les Parisiennes de ce temps dans leurs divers milieux, états et conditions, par Octave Uzanne. Illustrations de Pierre Vidal.

Paris, Ancienne Maison Quantin, Librairies-Imprimeurs réunis, May & Motteroz, 1894.

1 volume grand in-8 (29 x 20,5 cm) de (4)-VI-328-(6) pages + prospectus illustré pour l'édition (4 pages).

Reliure bradel pleine chevrette blanche (peau véritable / vélin blanc). Le corps d'ouvrage a été réalisé à l'époque par Emile Carayon (signé) et la couvrure a été réalisée par Elsa Rambour (relieure contemporaine). La très belle couverture illustrée en couleurs dessinée par Léon Rudnicki est conservée intacte (dos et plats). Exemplaire à l'état proche du neuf tel que sorti des presses de l'imprimeur. 20 eaux-fortes hors texte coloriées. Bien complet de sa chemise en soie brodée et imprimée à lacets (à l'état proche du neuf également - les deux plats et le dos).


Édition originale.

Exemplaire de dédicace offert par l'auteur au relieur Emile Carayon (qui a initialement relié ce volume) "En souvenir bien sympathique".

Exemplaire du tirage courant "A petit nombre", imprimé sur papier vélin teinté filigrané de motifs floraux.


Il s'agit là sans aucun doute possible de l'un des plus beaux ouvrages écrits, conçus et réalisés par Octave Uzanne à la fin du XIXe siècle. Ce volume, destiné aux bibliophiles aisés, a été superbement illustré par Pierre Vidal de très nombreuses vignettes tirées dans le texte (une partie des vignettes dans le texte ayant été coloriées par Albert Charpentier, coloriste à Paris) et de 20 très jolies eaux-fortes hors texte. Il a été achevé d'imprimer le 8 novembre 1893 (pour les livres d'étrennes)

 

Cet ouvrage offre un panorama vivant et complet de "la femme" vue au travers du prisme déformant que pouvait être l’œil d'Octave Uzanne, l"homme qui aimait les femmes, cet éternel dandy célibataire. Divisé en quatre parties, ce volume contient : la physiologie de la contemporaine (la parisienne contemporaine - le nu moderne - la toilette à Paris). La femme à Paris dans ses différents milieux, états et conditions (géographie de la femme à Paris - les domestiques - les ouvrières - les marchandes et boutiquières - demoiselles et employées de magasin - les dames d'administration - femmes artistes et bas-bleus - les femmes de théâtre, comédiennes, chanteuses, danseuses, écuyères, acrobates - les femmes de sport et gynandres - la bourgeoise parisienne). La femme hors des lois morales (la basse prostitution - prostitution bourgeoise - prostitution clandestine - les Phrynées actuelles). Psychologie de la contemporaine (la contemporaine fille, femme et mère). On voit que le panorama peut difficilement être plus complet.

 

Cet ouvrage se fait remarquer notamment par une très jolie couverture "Art Nouveau" imprimée en couleurs et signée de l'artiste peintre Léon Rudnicki (ici à l'état parfait).


 

Octave Uzanne affectionnait particulièrement le savoir-faire du relieur Emile Carayon.



Superbe exemplaire avec envoi autographe de l'auteur au relieur du volume Emile Carayon.

VENDU



lundi 29 avril 2019

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Le Paysan perverti ou les dangers de la ville (1776 - i.e. 1782). Très bel exemplaire relié à l'époque bien complet de la suite de 82 estampes. Les 3 estampes censurées ici en premier état avant les modifications exigées. Rarissime.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

Le Paysan perverti, ou les Dangers de la ville ; Histoire récente, mise au jour d'après les véritables lettres des personnages. Par N. E. Rétif de la Bretone.

Imprimé A La Haye, et se trouve à Paris, chés Esprit, M. DCC. LXXVI. [1776] (i.e. 1782)

8 parties en 4 tomes reliés en 4 volumes in-12 (17,5 x 10,5 cm - Hauteur de marges : 170 mm). VII-(1)-304, 312, 304 et 293-(3) pages. 82 figures hors-texte dont 8 frontispices.

Reliure de l'époque plein veau fauve marbré, dos lisses ornés, pièces de titre de maroquin rouge, pastilles de tomaisons vertes, décors aux petits fers spéciaux, roulette dorée sur les coupes, doublures et gardes de papier blanc. Reliures indemnes de toute restauration, superbement conservées. Intérieur très frais. Partiellement imprimé sur papier bleuté. Reliure que l'on peut dater, d'après le décor des dos, des années 1785-1790.



Quatrième édition, la plus correcte, donnée par Rétif de la Bretonne lui-même.

Exemplaire bien complet de la suite de 82 figures en excellent tirage publiée courant 1781-1782.

Rarissime exemplaire de premier tirage. Les 3 figures censurées sont ici exceptionnellement en premier état avant la censure (voir plus bas).



Le Paysan perverti est aujourd'hui reconnu comme l'ouvrage le plus important de Rétif de la Bretonne et il fut en son temps aussi celui qui fit le succès de son auteur. Son style et son fond en font l'un des ouvrages du XVIIIe siècle précurseurs du genre naturaliste par bien des aspects. Avec le Paysan perverti de Rétif on est très loin des marivaudages creux et autres romans sans tenue de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Rétif insuffle à la psychologie des personnages une teneur inégalée alors. Le mode d'écriture épistolaire ajoute à l'intensité dramatique et ancre le tout dans la réalité non-romanesque. Avec ce long roman par lettres Rétif obtient la reconnaissance d'homme de lettres tant recherchée par lui depuis ses débuts en littérature en 1764 (La Famille vertueuse). La remarquable illustration renferme 82 figures gravées en taille-douce, 8 frontispices, dont quatre signés par Berthet, et 74 planches par Le Roy, le tout d'après Louis Binet sous la direction de Restif. Cette quatrième édition du Paysan, pourtant décriée par lui-même (Monsieur Nicolas), a en réalité été exécutée à Paris par lui et/ou sous ses ordres. C'est la seule édition du Paysan à posséder un errata et la seule pour laquelle le placement des figures correspond à la pagination. Cette édition s'accorde avec la Paysane pervertie publiée seulement en 1784 mais rédigée en seulement 30 jours en septembre 1780 (Monsieur Nicolas).



Rétif insiste sur les difficultés qu'il rencontra pour son Paysan avec la censure. Ce sont 3 figures qu'il dut faire refaire (fig. n°8, 24 et 33. Cf. liste P. Lacroix). La figure 8 montre Edmond et Gaudet d'Arras dans un cabinet dont les murs sont recouverts de peintures obscènes (la censure obligea Rétif à faire gratter ces peintures - dans la version censurée on ne les distingue plus). La figure 24 quant à elle montre Edmond et Gaudet d'Arras en habit religieux (la censure obligea Rétif à faire revêtir Gaudet d'Arras d'un habit civil). Enfin, la figure 33 représente Madame Parangon en train de se faire trousser par Edmond (la censure obligea Rétif à supprimer les jambes "un peu trop en l'air" de ladite dame). Avoir les trois états non censurés dans un exemplaire relié à l'époque tient du miracle.



Le Paysan perverti rapportera à Rétif, avec les rééditions, neuf mille livres, soit une dizaine d’années de son salaire à l’imprimerie quand il y était bien payé.

Le Paysan perverti a été publié pour la première fois en 1775 (sous la date de 1776, date que Rétif conservera pour toutes ses éditions du Paysan).



"Né au sein d’une famille nombreuse, Edmond, fils de paysan, est envoyé par ses parents à la ville dans l’espoir de "parvenir" et de faciliter ainsi l’avenir de toute la famille. Enthousiaste, l’adolescent compte bien tirer profit de toutes les opportunités qui ne manqueront pas de se présenter à lui. Mais si la ville est le lieu de tous les possibles, elle est aussi celui de tous les dangers : la beauté inaccessible de Mme Parangon, les leçons du sulfureux Gaudet, les discours des femmes trop faciles, les mirages d’un orgueil que l’on ne combat plus, les belles promesses des pensées libertines… autant d’attirantes lumières qui éblouissent le naïf Edmond, et qui, s’il n’y prend garde, pourraient bien l’aveugler…"(extrait de la présentation de l'édition du Paysan perverti donnée par Norbert Crochet, 2016).

Il y a énormément de Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne dans Edmond, pour ne pas dire tout ! Sa venue à Auxerre en tant qu'apprenti imprimeur (Edmond est apprenti peintre dans une ville qu'on ne peine pas à reconnaître pour Auxerre). Son arrivée à Paris, ses illusions et ses désillusions, etc. Tout y est, fardé, changé, un peu, beaucoup ou à peine. Les lecteurs de son temps, eux, n'en savaient rien et lisaient le Paysan comme une jolie histoire véritable (ce qu'elle était presque entièrement).



Références : Cohen, 498-499 ; Rives Childs, p. 236, n°10 ; Paul Lacroix, pp. 131-132, n°5. Un très bel exemplaire relié en 2 volumes en maroquin à l'époque, également de premier tirage pour les 3 gravures censurées, a été adjugé un peu plus de 8.500 euros (Bibliothèque Tissot-Dupont, Piasa, Paris, 19 octobre 2016, n°463 - cet exemplaire a depuis passé au catalogue d'une librairie ancienne parisienne).


Bel exemplaire dans une très belle et fine reliure d'époque, bien complet de la suite des 82 figures avec les 3 figures avant modifications exigées par la censure.

De toute rareté.

VENDU



mercredi 10 avril 2019

Michel Roux. Dessins d'amour (1975). Portfolio de 12 sérigraphies originales numérotées et signées. Tirage à 200 exemplaires. Rare. Bel exemplaire.


Michel Roux (1950-2013)

Dessins d'Amour

Atelier de Maître Kastrinakis 2, rue Karrer. N. Koshos, Athènes, ce mois de novembre 1975

Copyright Michel Roux 14 Stratigou Ioanou Athènes

Tirage à 200 exemplaires numérotés.

12 dessins de l'artiste tirés en sérigraphie à 200 exemplaires numérotés et signés par l'artiste.


Portfolio de papier glacé illustré sur le premier plat (voir photo). 1 feuillet de jutification du tirage avec une petite vignette par l'artiste + 12 feuillets de sérigraphies numérotés et signés. Papier bristol blanc.




Michel Roux est né le 11 août 1950 à Cotignac – Var. Il fut instituteur de 1972 à 1977, il dessine depuis 1972. Il a été reconnu depuis 1976 pour ses "Hierogrammes" (dessins répétitifs à la manière d'une écriture symbolique architecturés autour d'une structuration abstraite. Avec cet album "Dessins d'amour", publié en 1975, c'est une première forme d'art que nous avons sous les yeux, forme que l'artiste a de suite abandonnée semble-t-il. Ce portfolio de dessins érotiques est articulé autour du pointillisme comme technique mêlé à une bonne dose de psychédélisme intrinsèque à l'époque. Nous n'avons pas trouvé d'autres travaux de ce genre dans l'oeuvre de cet artiste.

Une mention autographe au feutre inscrite sur le rabat de la chemise : "à ma femme et aux autres"

Sans doute l'une des toutes premières œuvres imprimées de cet artiste autodidacte.



Bel exemplaire.

Prix : 650 euros

mardi 9 avril 2019

Jean-Baptiste Salaville. L'Homme et la société (1799). Il s'agit moins pour l'Homme de vivre que de vivre librement. Bel exemplaire en reliure de l'époque.


Jean-Baptiste Salaville

L'Homme et la société ; ou Nouvelle théorie de la nature humaine et de l'état social. Par J. B. Salaville.

A Paris, chez Carteret et Dentu, An VII (1799) [de l'imprimerie de Dentu]

1 volume in-8 (20 x 12,8 cm) de X-420 pages.

Reliure de l'époque demi-vélin vert, dos lisse orné, pièce de titre, plats de papier à la colle rose, tranches mouchetées de rouge. Plats frottés, vélin du mors supérieur en partie fendu, sans conséquence, intérieur très frais.

Édition originale.


"Après les ouvrages de Locke, d'Helvétius, de Condillac et de Rousseau, il paraissait difficile de donner une nouvelle théorie de l'homme, c'est cependant ce qu'a exécuté le citoyen Salaville. Ses principes diffèrent entièrement de ceux qu'ont adoptés ces célèbres écrivains ; aussi les combat-il directement ou indirectement dans tout son ouvrage. C'est l'homo duplex de Buffon et de la plupart des philosophes de l'antiquité qui sert de base à la nouvelle théorie. Les questions les plus importantes, celles de la liberté, de la sociabilité, de la propriété, de la nature et de l'origine des lois positives, y sont présentées sous un nouveau jour, et comme l'a dit récemment un journaliste, en parlant de cet ouvrage, "l'homme et la société, que les autres systèmes nous montrent en opposition, s'expliquent l'un par l'autre dans celui-ci, et ne forment qu'une seule et même théorie." Au reste, l'auteur a donné à son sujet les développements les plus propres à en faciliter l'intelligence ; quoique fort de pensées, il est clair et méthodique dans l'expression ; en un mot, nous croyons que de tous les ouvrages qui ont paru depuis la révolution française, c'est un de ceux qui, à raison de l'importance du sujet et de la nouveauté des idées, doit le plus éminemment fixer l'attention des penseurs et des hommes instruits." (Catalogue des livres de fonds qui se trouvent chez Dentu, p. 9, in Histoire secrète de la Révolution française, vol. 6).


"The radical ideas of the French Revolution are generally regarded as the offspring of the theory of social contract. However, even though the Revolutionaries cherished Rousseau’s legacy, the period was not without instances in which this legacy could be subject to variation and the notion of social contract could be attributed, in a decidedly negative tone, less to Rousseau than to Hobbes. In this context, the present study of Jean-Baptiste Salaville’s L’Homme et la société, ou nouvelle théorie de la nature humaine et de l’état social (1799) demonstrates that the idea of natural sociability could provide an opportunity to elaborate a radical republican future without the notion of social contract. Salaville’s political vision, built on the tradition of natural jurisprudence, posited a new idea of the general will and empiricist legislation in the last days of the French Revolution." (Abstract of Sociability, Natural Jurisprudence, and Republicanism in the French Revolution : Jean-Baptiste Salaville’s Empiricist Science of the Legislator, Minchul Kim, French Studies, Volume 72, Issue 4, October 2018, Pages 505–520)

Fernand Rude notait que Salaville avait été influencé par les principes de William Godwin (Fernand Rude, dir., Introduction à la Révolution Française, Paris, Armand Colin, 1960., p.114)


Jean-Baptiste Salaville (1755-1832), ancien collaborateur de Mirabeau, était un publiciste connu par  ses articles et brochures. Ses opinions politiques le plaçaient parmi les modérés de la gauche. Salaville semble avoir été identifié comme étant de le nègre de Mirabeau pour nombre de ses discours à la tribune. Révolutionnaire modéré, Salaville collabora au Citoyen français et publia quelques écrits politiques justement estimés dont De l'organisation d'un état monarchique (1790) et L'Homme et la société (1799). On lui a attibué aussi La Théorie de la royauté d'après la doctrine de Milton, traduit de l'anglais (1789) et les Lettres du comte de Mirabeau à ses commettants (1791). LA révolution passée, on lui doit De la perfectibilité (A Paris chez Déterville et Dentu, au bureau du Citoyen-Français, 1801), De l'homme et des animaux (Crapelet, 1805), De la peine de mort et du système pénal dans ses rapports avec la morale et la politique (Huzard, 1826).


"Si la liberté est dans l'homme, le motif naturel de l'imposition et de l'observation des devoirs sociaux, plus il aimera sa liberté, plus il sera porté à remplir ces devoirs : s'il est indifférent pour celle-là, il le sera nécessairement pour les autres, et dès-lors il n'est pas étonnant qu'il les viole ou qu'il les néglige [...] Si l'homme est un être libre, sa conservation n'est pas le but essentiel de son existence, ni son premier intérêt : il s'agit moins pour lui de vivre que de vivre librement, car la vie n'est en lui qu'un moyen dont la liberté est la fin, en excluant l'intérêt de la liberté vous excluez l'intérêt de la vie." (extrait p. 296/301)


Très bon exemplaire en condition d'époque.

Prix : 850 euros

lundi 8 avril 2019

Mathieu Briancourt. Visite au phalanstère par Math. Briancourt, teinturier, auteur de l'Organisation du travail et l'Association (1848). Roman d'anticipation sociale et politique. Fouriérisme. Socialisme. Association et Collectivisme.


Mathieu Briancourt

Visite au phalanstère par Math. Briancourt, teinturier, auteur de l'Organisation du travail et l'Association.

Paris, Librairie Phalanstérienne, 1848

1 volume in-18 (15,5 x 10,5 cm), broché, de XI-(1)-340 pages + 1 grand plan dépliant (feuille de 34 x 42 cm env.). Très bon état malgré quelques rousseurs.

Edition originale.


Cet ouvrage est une mise en application des théories fouriéristes socialistes et associatives avec la description d'un phalanstère imaginaire, communauté auto-gérée au service de ceux qui le constitue. Mathieu Briancourt nous raconte sous la forme d'un récit pragmatique et détaillé toutes les composantes idéologiques et matérielles d'un phalanstère "idéal".

Il faut voir cet ouvrage comme un roman d'anticipation, mais pas seulement. Il faut le voir comme l'aboutissement pratique des théories de Charles Fourier pour l'établissement d'une nouvelle société humaine fondée sur l'association, l'entraide et le collectivisme.

"Le rêve de bonheur des fouriéristes, corollaire du travail critique de la société existante, implique le succès d'un premier phalanstère (nommé ici Harmonie). Une fois créé, pensent-ils, une force de contagion gagnera la planète." (Les voix de la liberté. Les écrivains engagés au XIXe siècle. Michel Winock).


Et puisqu'il faudra toujours des "riches", Briancourt expose : "Le riche, d'ailleurs, qui ne voudra pas travailler vivra de ses revenus : il placera ses capitaux dans les Phalanges et ira dépenser ses rentes où bon lui semblera. Chacun sera parfaitement libre d'agir à sa fantaisie. Et ce qui doit faire sourire d'espérance bien des riches malaisés. c'est que le nombre des rentiers assez opulents pour vivre dans une grande aisance et sans avoir besoin de travailler doublera, triplera peut-être ; car, d'un côté, le Phalanstère réalisera des économies énormes sur la consommation, et, d'autre part, l'intérêt de l'argent s'élèvera nécessairement, comme nous l'avons déjà dit, en même temps que le lot du travail et du talent." (extrait, p. 17).

La planche dépliante montre le plan du Phalanstère imaginaire "Harmonie" (plan détaillé et vues générales).

Très bon exemplaire de cette utopie sociale et politique.

Prix : 350 euros

vendredi 5 avril 2019

Essai contre l'abus du pouvoir des souverains, et juste idée du gouvernement d'un bon Prince (1776). Suivi du Tocsin contre le despotisme du souverain. Bel exemplaire en reliure d'époque de cet ouvrage rare.


[Anonyme - Gin, avocat ?]

Essai contre l'abus du pouvoir des souverains, et juste idée du gouvernement d'un bon Prince. Suivi du Tocsin contre le despotisme du souverain. Par M **, Avocat. Opuscules politiques et Moraux.

A Londres, s.n., 1776 (4)-214 pages

Reliure pleine basane maroquinée vert à grain long, dos lisse richement orné aux petits fers, pièce de titre de maroquin rouge, roulette dorée en encadrement des plats, tranches rouges. Reliure en excellent état, très fraîche. Intérieur très frais malgré les cahiers B et D légèrement brunis. Le S de Souverain sur le premier titre est partiellement gratté. Quelques légers frottements et marques à la reliure.

Cet ouvrage est resté désespérément anonyme. Aucun bibliographe, aucun catalogue n'ose une attribution à ce texte pourtant très intéressant. Quel avocat faut-il chercher derrière ce pamphlet ? Les quelques recherches que nous avons pu faire nous indiquent que ce texte aurait été imprimé par Christian Friedrich Voss à Berlin. Le livre imprimé se trouvait au catalogue du libraire Barthelemy Vlam d'Amsterdam (catalogue de 1781). Nous avons trouvé un exemplaire de ce texte relié en même temps que le livre de M. Gin, avocat (hasard) intitulé Les vrais principes du gouvernement français démontrés par la raison (1777). Hasard ? Peut-on accorder à M. Gin cet ouvrage engagé ? Une étude approfondie de cet Essai contre l'abus du pouvoir des souverains permettrait sans doute d'émettre quelques hypothèses sérieuses sur son auteur.


Voici quelques extraits choisis parmi d'autres du même style :

"Comme donc l'esclave est tenu de servir son maître, écrit l'auteur, de même le maître est indispensablement obligé, par le droit des gens, de donner la vie à son esclave. Que si le maître manque à ses engagements, et qu'il maltraite si fort son esclave, que la vie devienne pour celui-ci un supplice et un supplice plus cruel que la mort même ; l'esclave est alors quitte de toute obligation, puisqu'il ne s'était engagé que pour son bien et nullement pour rendre sa condition insupportable. Etant donc rentré dans les droits de l'état de nature, il peut ou se sauver ou tuer même son ennemi." (extrait p. 32).

"Les Princes sont rarement instruits de leurs devoirs, et les premières teintures d'une bonne éducation sont bientôt effacées. Ils se livrent au plaisir de régner, sans s'informer des justes bornes de leur autorité. L'orgueil, qui est le venin secret de la souveraine puissance, les porte à ne plus demander conseil, ou à ne le plus suivre. Ils reçoivent sans précaution les erreurs de ceux qui les flattent. Ils deviennent indifférents pour la vérité, ou même ses ennemis. Ils s'accoutument à confondre la raison et la justice avec leurs volontés. Ils s'amollissent par les délices, et ils abandonnent à d'autres le poids de l'état et des affaires. Ils se bornent aux seules choses qui ne demandent ni application, ni travail. Ils sont absorbés par la volupté. Ils ne veulent être instruits que de ce qui ne trouble point leur repos ou leurs plaisirs [...] C'est la même chose, d'être à la République et d'être Roi ; d'être pour le peuple, et d'être souverain. On est né pour les autres dès qu'on est né pour leur commander, parce qu'on ne leur doit commander que pour leur être utile. [...] L'adulation maligne, jointe à la dépravation du coeur de la plupart des Princes, conduit infailliblement au Despotisme. Le Despotisme, a dit Montesquieu, ne peut se soutenir que par la crainte. La doctrine de l'obéissance aveugle, sans faire aucun bien aux Princes, a été source fatale de maux pour les peuples. [...]" (extrait p. suiv.).


Nous avons retrouvé par hasard la mention manuscrite suivante sur un autre exemplaire de ce livre : "Le jeune homme qui lira ce livre est un homme perdu !" (ex. du Catalogus van de Openbare Bibliotheck te Arnhem).



Une note ancienne au crayon présente dans notre exemplaire indique : Alensberg // Lalande d'Alensberg ; sans que nous puissions dire s'il s'agit d'une provenance (ex libris) ou bien d'une indication d'auteur.


Admirable ouvrage qui mériterait une redécouverte officielle (mesdames et messieurs des universités ...).


Certains commentateurs n'hésiteront pas à dire que ce texte vieux de près de deux siècles et demi n'a jamais été autant d'actualité. Nous leur laissons la responsabilité de leur propos.

Bel exemplaire de ce ouvrage rare, d'autant plus dans cette très belle condition d'époque.

Prix : 1.100 euros


jeudi 4 avril 2019

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Le Paysan perverti (1886). Tirage à 500 exemplaires. Bel exemplaire bien relié à l'époque.


Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]

Le Paysan perverti. Fidèlement réimprimé sur l'édition d'Amsterdam (1776)

Henry Kistemaeckers, Bruxelles, 1886

2 forts volumes in-8 (23 x 15,5 cm) de 486 et 361 pages.

Reliure de l'époque bradel demi-chagrin corail à larges coins, dos lisses ornés, têtes dorée, non rogné. Excellent état de conservation. Reliures de belle facture. Belle impression sur papier vélin légèrement teinté.

Tirage à 500 exemplaires.


"Henry Kistemaeckers, de Bruxelles, a jugé opportun de réimprimer en deux gros volumes in-8° à 25 francs le Paysan perverti, de Restif de la Bretonne, sur le texte d'Amsterdam 1776. C'est assurément le meilleur ouvrage de Restif, et il méritait d'être remis au jour ; mais nous eussions voulu, non pas le voir réimprimer tout de go comme on vient de le faire sans préface ni notes d'aucune sorte, mais bien au contraire entouré de tous ses extraits d'origine, d'une sérieuse notice biographique et bibliographique, et surtout accompagné d'une clef des personnages qui existe déjà en partie. Dans la Revue de ses ouvrages, dans Monsieur Nicolas et divers autres endroits de ses œuvres, Restif de la Bretonne se plaît à parler de son Paysan perverti, de la façon dont il le composa et le mit sous presse. Ces détails méritaient d’être réunis dans un avant-propos, ils étaient nécessaires au lecteur, car Restif demande une initiation ; pour bien le faire comprendre, il faut l'expliquer au préalable, et M. Kistemaeckers a eu tort de ne pas se soumettre à cette nécessité. D'autre part, puisque nous sommes en veine de dire amicalement des vérités au très actif éditeur bruxellois, ne lui cachons pas davantage que le Paysan perverti, sans les fameuses estampes qui parurent séparément vers 1784 (et qui, presque toutes, sont dues à Binet), n'a pas raison d'être. Avec ces 82 estampes, c'est un livre typique du XVIIIe siècle ; sans elles ce n'est plus qu'un roman compact et qui semble d'autant plus lourd à digérer que les vignettes ne viennent pas égayer les étapes du lecteur. Il était aisé de faire reproduire ces figures d'un si haut intérêt pour l'histoire des mœurs et des modes ; mais, puisque M. Kistemaeckers ne l'a pas fait, il restera aux curieux, guidés par la seule passion littéraire, le plaisir de se dire que, pour une somme restreinte, ils peuvent se procurer un livre original entre tous et qu'il était malaisé de se procurer sans vider tous les louis d'or de sa bourse." (Octave Uzanne, Le Livre, Chronique littéraire du mois, 10 mars 1886).

On ne peut que donner raison à Octave Uzanne quant aux critiques qu'il émet sur cette édition pourtant assez jolie, d'un format agréable et bien imprimée.

Bel exemplaire.

VENDU