mercredi 29 janvier 2020

Nani. Relation de la conduite présente de la cour de France, adressée à un Cardinal à Rome, par un seigneur Romain, de la suite de son éminence Monseigneur le Cardinal Flavio Chigi. 1665. Très bel exemplaire relié par Koehler provenant de la bibliothèques Armand Cigongne. Rare.


[Anonyme, par un Seigneur Romain, de la suite de son éminence le Cardinal Flavio Chigi, légat du pape - NANI, Giovanni Batista].

Relation de la conduite présente de la cour de France, adressée à un Cardinal à Rome, par un seigneur Romain, de la suite de son éminence Monseigneur le Cardinal Flavio Chigi, légat du saint siège vers le roy très-chrestien. Traduite d'italien en français.

A Leyde, chez Antoine du Val, M. DC. LXV. [1665] [Bruxelles, François Foppens, longtemps donnée aux Elzéviers]

1 volume in-12 (13,2 x 7,5 cm - Hauteur des marges : 129 mm) de 1 feuillet de titre et 106 pages.


Reliure plein maroquin rouge vif, dos lisse orné titré en long, jeu de filets dorés en encadrement des plats avec fleurettes dans les angles (imitation du décor à la Du Seuil), filet doré sur les coupes, double-filet doré en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier blanc, tranches dorées. Reliure signée KOEHLER (vers 1835). Reliure restée très fraîche. A noter un petit manque de la fleur du cuir sur une coupe qui a entraîné la perte d'une partie du filet doré (sans gravité). Intérieur parfaitement frais. Le caractère est net et le papier superbe.


Première édition elzévirienne rare de ce texte historique et politique qui relate l'actualité de la cour de France du jeune Louis XIV. Cette première édition a été faite sans l'accord de l'auteur qui dénonce dans une seconde impression parue la même année, les négligences très nombreuses qui s'y trouvent. Édition originale de ces deux lettres sur la politique française de l'époque. La première et plus longue lettre, « Relation de la conduite [...] », fut écrite le 11 août 1664 à Paris par un certain « L.T. ». La seconde, « Lettre d'un gentil-homme françois à un prélat romain [...] », fut rédigée le 25 novembre 1664 à Paris par l'ambassadeur vénitien en France, Giovanni Batista Nani. "Faux Elzévier imprimé en réalité par François Foppens à Bruxelles, connu pour ses imitations de publications elzéviriennes et qui recopie ici la forme et les bois (dont la Sphère) d'Elzévier. Selon Willems, notre édition est cependant bien l'originale, contrairement à celle de Daniel Elzévier parue la même année à la même enseigne mais en 95 pp. On sait que ce petit volume de "politique" fit partie des livres de contrebande saisis chez Guy et Charles Patin (Lire, Procès-verbal de saisie des livres de contrebande, sur les sieurs Guy et Charles Patain [sic], docteurs en médecine de la Faculté de Paris (sans lieu ni nom, ni date, in‑4 de 3 pages).


François Koehler fut élève de Thouvenin. A la fois relieur et doreur, il expose pour la première fois en 1834 et obtient la médaille d'argent. Ses reliures sont réputées pour la précision et le talent qu'il apporte à l'application des ornements désignés sous le nom de petits fers "les reliures de M. Koehler sont au rang des plus belles qu'on connaisse en Europe [...]" (extrait du compte rendu du concours de l'exposition de 1834). Ses reliure étaient très appréciées des grands bibliophiles de son temps, tels que Charles Nodier, Armand Cigongne, notamment. Son activité de relieur-doreur dura assez peu puisqu'il semble s'arrêter de pratiquer peu après l'exposition de 1849 lors de laquelle il obtient sa quatrième médaille d'argent. (Fléty, Dictionnaire des relieurs ayant exercé de 1800 à nos jours, p. 100).


Provenance : Armand Cigongne (1790-1859), ancien agent de change né à Nantes, avec son ex libris ovale imprimé or sur papier rouge (n°2.553 de sa bibliothèque cataloguée en 1861). La très-riche bibliothèque d'Armand Cigongne fut alors acquise en bloc par le duc d'Aumale pour la somme astronomique de 375.000 francs or. Armand Cigongne avait fait relier lui-même un nombre considérable de volumes (ce qui est le cas de notre volume). Nul bibliophile moderne n'avait montré autant de discernement dans le choix des exemplaires, autant de goût dans la décoration extérieure des livres. La réputation de sa bibliothèque était universelle. (Revue des Deux Mondes, 1912, p. 304). "Une fois entré en possession de cette remarquable bibliothèque, le duc d'Aumale soumit tous les volumes à un sévère examen ; les irréprochables furent admis sans conteste : d'autres remplacèrent des exemplaires moins beaux faisant déjà partie de sa collection ; d'autres enfin faisant double emploi furent définitivement rejetés (ce qui est le cas de notre exemplaire - Armand Cigongne possédait le même titre à la date de 1666 (n°2.554 du catalogue Armand Cigongne, 1861), volume qui lui est resté dans les collections du duc d'Aumale dans son Cabinet des livres au château de Chantilly). Ce furent ces doubles, et de la collection Cigongne, et de sa bibliothèque de Chantilly (alors exilée à Londres), qui formèrent la presque totalité de la vente faite par Téchener en 1864. (Archives de la Société des collectionneurs d'ex libris et de reliures artistiques, 1894, p. 166-167). Armand Cigongne avait dépensé 223.000 francs or pour acheter et faire relier ses livres. Les exemplaires provenant de la bibliothèque Armand Cigongne sont aujourd'hui très rares sur le marché. Seuls les exemplaires en double revendus dès 1861-1864 par le duc d'Aumale peuvent se retrouver en vente chez les libraires ou les salles de ventes publiques.


Références : Brunet, Manuel du libraire, V, 823 ; Willems, Les Elzévier, n°1362 ; Rahir, Bibliothèque de l'amateur, n° 3143 ; Absent de Barbier (Anonymes)

Très bel exemplaire provenant "de la plus belle bibliothèque de Paris" (Armand Cigongne et duc d'Aumale).

VENDU


mardi 28 janvier 2020

Pierre Silvain Régis. Cours entier de philosophie ou Système général selon les principes de M. Descartes (1691). Logique, métaphysique, physique et morale. 3 volumes in-4. Bel exemplaire en condition d'époque.


Pierre Sylvain RÉGIS [DESCARTES].

Cours entier de philosophie ou Système général selon les principes de M. Descartes, contenant LA LOGIQUE, LA MÉTAPHYSIQUE, LA PHYSIQUE ET LA MORALE. Par Pierre Silvain Régis. Dernière édition, enrichie d'un très-grand nombre de figures, et augmentée d'un discours sur la Philosophie ancienne et moderne, où l'on fait en abrégé l'histoire de cette science.

Sur l'imprimé de Paris, A Amsterdam, aux dépens des Huguetan, M. DC. LXXXXI. [1691].

3 volumes in-4 (25 x 20 cm) de 1 portrait-frontispice de l'auteur, (82)-480-(90), (16)-648-(48) et (16)-544-(43) pages. Nombreuses figures dans le texte (gravures sur bois et à l'eau-forte), une carte dépliante.

Reliure de l'époque plein veau brun moucheté, dos à nerfs richement ornés aux petits fers dorés, tranches mouchetées de rouge. Reliures très bien conservées. Quelques frottements. Un petit manque de cuir sur un plat (sans gravité, un coin légèrement usé. Intérieur frais malgré quelques cahiers roussis ou brunis comme cela est constaté dans les autres exemplaires de cette édition. Onglets de parchemin.

Seconde édition augmentée.


La première édition a paru à Paris l'année précédente (1690), sans le portrait, sans la Préface (par Coste) et sans le Discours sur la Philosophie ancienne et moderne.


"Parmi les cartésiens, seul Régis (1632-1707), a donné un système complet. Sa physique inclut une genèse des astres par les tourbillons, une discussion sur diverses explications de la pesanteur, des expériences hydrostatiques, pneumatiques, magnétiques, la mention des "volcans", la description d'instruments alors nouveaux (hygromètre, thermomètre, baromètre). Parmi les météores il mentionne la colonne de nues récemment décrite par F. Lamy. Surtout, ce qui n'avait pas été étudié par Descartes et ses disciples, il consacre tout un livre au développement des plantes et à la production de nouvelles variétés. Il termine son livre par une remarquable description des divers types de locomotion animale, en s'inspirant d'un ouvrage cité de Borelli et pour la reptation d'un autre de Perrault. Il reprend également les expériences de Redi contre la génération spontanée, décrit les fièvres et les principales maladies et la genèse des qualités sensibles. Sur l'imagination il emprunte beaucoup à Malebranche et il suit Descartes dans la description des passions". (G. Rodis-Lewis, Dictionnaire des philosophes).


Les 3 volumes contiennent : TOME 1 : Des perceptions considérées en elles-mêmes et par rapport à leurs objet - De la manière de connaître par abstraction et de rendre les idées singulières générales et les idées générales particulières - Du raisonnement - De la méthode en général - De l'analyse - De la métaphysique - De la volonté - Ce que c'est que le mouvement et le repos - Loix du mouvement - Description d'une machine propre à faire les expériences qui sont nécessaires pour l'intelligence des règles du mouvement - Des règles du mouvement - Des tourbillons - Mouvement des planètes. - TOME 2 : Physique (du nombre, des points, de l'usage des cercles, observations sur le soleil, sur les étoiles, des pôles, mouvement de la lune, système de Tycho-Brahé, De la terre et de ses propriétés, de la dureté en général - Des plantes - Du cœur - Du cerveau - Des nerfs. - TOME 3 : Physique (description des organes de la génération de l'homme et de la femme, de la respiration, circulation du sang dans le fœtus, des fièvres, des sens, de la lumière, des couleurs, de la vision, de la dioptrique, des lunettes, des microscopes, de l'imagination, fonctions du jugement, de la raison, de la mémoire, des nerfs, des passions de l'âme, de la morale - etc.


Pierre Sylvain Régis (1632–1707) was a French Cartesian philosopher and a prominent critic of Spinoza. Known as a philosopher, he was nominated to the French Academy of Sciences in 1699. Born at La Salvetat de Blanquefort, near Agen, he had a classical education, and then went to Paris. He attended the lectures of Jacques Rohault, and became a follower of the philosophy of René Descartes. He then taught the principles of Cartesianism at Toulouse (1665), Aigues-Mortes, Montpellier (1671), and Paris (1680). The prohibition issued against the teaching of Cartesianism put an end to his lectures. His major work was his Cours entier de philosophie ou Système général selon les principles de Descartes (3 vols., Paris, 1690), where he presented in a systematic way the principles of Cartesian philosophy. Opposed to Malebranche's idealism, against which he wrote in the Journal des Savants (1693 and 1694), Régis modified the system of Descartes on various points in the direction of empiricism. He denied that the human soul has innate and eternal ideas, maintained that all our ideas are modifications of the soul united to the body and that we can know our body and extension as immediately as our soul and thought. The Cours was criticized by Pierre Daniel Huet and the Parisian Professor Jean Duhamel. Régis then wrote Réponse au livre qui a pour titre Censura philosophiæ Cartesianæ (Paris, 1691), and Réponse aux reflexions critique de M. Duhamel sur le système cartésian de M. Régis (Paris, 1692). Among his other works were Usage de la raison et de la foi, ou l'accord de la raison et de la foi, with a Réfutation de l'opinion de Spinoza, touchant l'existence et la nature de Dieu.


Provenance : P. B. Verdonck (signature ex libris - de l'époque - sur la première garde blanche du premier volume). Verdonck est un patronyme répandu à Amsterdam et aux Pays-Bas.




Bel exemplaire, très pur, en agréable condition d'époque, de ce livre important pour l'histoire du cartésianisme.

Prix : 3.000 euros




lundi 27 janvier 2020

Vauban. Projet d'une dixme royale. 1708. Très bon exemplaire en condition d'époque. ""LES ROIS ONT UN INTÉRÊT RÉEL ET TRÈS ESSENTIEL A NE PAS SURCHARGER LEUR PEUPLE, JUSQU’À LES PRIVER DU NÉCESSAIRE."


Vauban (Sébastien Le Prestre, marquis de Vauban, Maréchal de).

Projet d'une dixme royale. Qui supprimant la Taille, les Aydes, les Douanes d'une Province à l'autre, les Décimes du Clergé, les Affaires extraordinaires ; et tous autres Impôts onéreux et non volontaires : Et diminuant le prix du Sel de moitié et plus, produirait au Roy un Revenu certain et suffisant, sans frais ; et sans être à charge à l'un de ses sujets plus qu'à l'autre, qui s'augmenterait considérablement par la meilleure culture des terres. Par Monsieur le Maréchal de Vauban, Chevalier des Ordres du Roy, Commissaire Général des Fortifications et Gouverneur de la Citadelle de Lille.

S.l.n.n., 1708 (imprimée en France, probablement à Rouen)

1 volume petit in-8 (17 x 10,5 cm) de XVI-272 pages. Portrait de l'auteur en frontispice (ajouté contrecollé). 3 tableaux repliés.

Reliure de l'époque pleine basane marron, dos à nerfs orné, tranches mouchetées. Reliure solide. Petite réparation de fortune en tête du dos, ors du dos légèrement frottés, éraflures et épidermures sur les plats, quelques usures et marques sans gravité. Intérieur frais. Bon papier, resté bien blanc dans l'ensemble.

Nouvelle édition.



"Le maréchal de Vauban va plus loin que Boisguilbert : il propose les suppressions de tous les impôts et leur remplacement par un seul, la dîme royale, qui sera de deux sortes, l'une sur les terres, l'autre sur le commerce et l'industrie. "Tout ou rien, dit-il, est la devise de ce projet : il doit être observé ou rejeté en tout, n'étant pas capable par sa nature, d'aucune compatibilité avec les autres." (Bourgeois et André, n°6702). "Le roi ne vit plus en lui qu'un insensé pour l'amour du public et qu'un criminel qui attentait à l'autorité de ses ministres, par conséquent à la sienne. Le malheureux maréchal, porté dans tous les cœurs français, ne peut survivre aux bonnes grâces de son maître, pour qui il avait tout fait." (Saint-Simon). Une demande de privilège de librairie pour un in-quarto intitulé Projet d’une Dixme royale a été déposée, sans nom d’auteur, auprès des services du chancelier, le 3 février 1707. Cette demande est restée sans réponse. L’auteur n’est pas cité, mais à la chancellerie, il est connu puisque nous savons que le chancelier lui-même est en possession du manuscrit. Sans réponse de la chancellerie, Vauban décide de poursuivre quand même l’impression. À partir de ce moment et de cette décision, il sait bien qu’il est hors-la-loi : son amour du bien public vient de l’emporter sur le respect de la loi. L’impression achevée, sous forme de feuilles, est livrées en ballots. Mais comment les faire entrer à Paris, entourée, on le sait, de barrières, bien gardées ? L’introduction de ballots suspects aurait immédiatement éveillé l’attention des gardes, et tous les imprimés non revêtus du « privilège » sont saisis. Aussi, Vauban envoie deux hommes de confiance (Picard, son cocher, et Mauric, un de ses valets de chambre), récupérer les quatre ballots enveloppés de serpillières et de paille et cordés, au-delà de l’octroi de la porte Saint-Denis. Chaque ballot contient cent volumes en feuilles. Les gardiens de la barrière laissent passer, sans le visiter, le carrosse aux armes de Vauban, maréchal de France. À Paris, rue Saint-Jacques, c’est la veuve de Jacques Fétil, maître relieur rue Saint-Jacques, qui broche la Dixme royale, jusqu’à la fin du mois de mars 1707, sous couverture de papier veiné, et relia quelques exemplaires, les uns en maroquin rouge pour d’illustres destinataires, les autres plus simplement en veau, et même en papier marbré (300 sans doute en tout). Ce sont des livres de 204 pages, in-quarto. Vauban en distribue à ses amis et les volumes passent de main en main (les jésuites de Paris en détiennent au moins deux exemplaires dans leur bibliothèque)… À noter qu’aucun exemplaire n’est vendu : aux libraires qui en demandent, Vauban répond « qu’il n’est pas marchand ». « Le livre de Vauban fit grand bruit, goûté, loué, admiré du public, blâmé et détesté des financiers, abhorré des ministres dont il alluma la colère. Le chevalier de Pontchartrain surtout en fit un vacarme sans garder aucune mesure et Chamillart oublia sa douceur et sa modération. Les magistrats des finances tempêtèrent et l’orage fut porté jusqu’à un tel excès que, si on les avait crus, le maréchal aurait été mis à la Bastille et son livre entre les mains du bourreau. » (Saint-Simon). Le 14 février 1707, le Conseil, dit « conseil privé du roi » se réunit. Il condamne l’ouvrage, accusé de contenir « plusieurs choses contraires à l’ordre et à l’usage du royaume ». Et le roi ordonne d’en mettre les exemplaires au pilon et défend aux libraires de le vendre. Pourtant aucun auteur n’est mentionné. Cette première interdiction n’affecte pas, semble-t-il, Vauban qui, tout au contraire, dans une lettre datée du 3 mars (à son ami Jean de Mesgrigny, gouverneur de la citadelle de Tournai), manifeste sa fierté face au succès de son livre : « … Le livre de la Dixme royale fait si grand bruit à Paris et à la Cour qu’on a fait défendre la lecture par arrest du Conseil, qui n’a servi qu’à exciter la curiosité de tout le monde, si bien que si j’en avois un millier, il ne m’en resteroit pas un dans 4 jours. Il m’en revient de très grands éloges de toutes parts. Cela fait quez je pourray bien en faire une seconde édition plus correcte et mieux assaisonnée que la première ...". C'est à Saint-Simon qu'on doit la légende selon laquelle Vauban serait mort de chagrin à cause de l'interdiction de la Dîme Royale. Cependant Vauban n'a été ni inquiété ni disgracié pour ce livre ; il est mort d'une fluxion de poitrine, maladie qui progessait chez lui depuis longtemps déjà. Néanmoins la Dîme royale fut une véritable affaire du royaume de France. L'interdiction de l'ouvrage lui valut un succès de curiosité amplifié par plusieurs éditions clandestines en petit format entre 1707 et 1708. C'est la ville de Rouen et ses libraires qui semblent à l'origine de la plus grande diffusion de ce texte. Vauban meurt le 30 mars 1707. Le plus grand des ingénieurs militaires du royaume de France laisse un texte rempli de bon sens et qui fait preuve de beaucoup de clairvoyance et d'honnêteté. Vauban déclare en préambule qu'il n'est "ni lettré, ni homme de finances", qu'il ne cherche ni "la gloire et des avantages, par des choses qui ne sont pas de ma profession". Vauban se déclare tout simplement "français, très affectionné de ma patrie, et très reconnaissant des grâces et des bontés, avec laquelle il a plût au roi de me distinguer depuis si longtemps [...]". Vauban a vu la misère du peuple de France. Il ne peut se résoudre à laisser le peuple dans un tel état. C'est ainsi qu'il écrit en guise conclusion, imprimée en lettres capitales (dans notre édition) : "LES ROIS ONT UN INTÉRÊT RÉEL ET TRÈS ESSENTIEL A NE PAS SURCHARGER LEUR PEUPLE, JUSQU’À LES PRIVER DU NÉCESSAIRE. Vauban écrit encore : "[...] il est constant que la grandeur des Rois se mesure par le nombre de leurs sujets ; c'est en quoi consiste leur bien, leur bonheur, leurs richesses, leurs forces, leur fortune, et toute la considération qu'ils ont dans le monde. On ne saurait donc rien faire de mieux pour leur service et pour leur gloire, que de leur remettre souvent cette maxime devant les yeux : car puisque c'est en cela que consiste tout leur bonheur, ils ne sauraient trop se donner de soin pour la conservation et augmentation de ce peuple qui leur doit être si cher. Ce petit livre, avec un siècle d'avance, marque un premier pas vers l'abolition des privilèges de 1789 et est en cela totalement révolutionnaire. Goubert disait de Vauban qu'il était "mesuré" et "juste". 




Très bon exemplaire en condition d'époque de ce texte majeur.

VENDU



jeudi 23 janvier 2020

Par un religieux de l'Ordre de Fontevraud. Raison de l'institut de l'ordre de Font-Evraud (1623). Bel exemplaire relié à l'époque en parchemin. Rarissime.


[N., Religieux de l'Ordre de Fontevraud].

Raison de l'institut de l'ordre de Font-Evraud [Fontevraud]. Avec la descouverte de son esprit. Par un religieux du mesme Ordre.

A Paris, chez René Giffart, rüe des Carmes, près le Collège de Prelle. M. DC. XXIII. [1623].

1 volume in-16 (118 x 76 mm - Hauteur des marges : 116 mm) de (24)-137-(4) pages. Frontispice gravé à l'eau-forte signé Gaspar Isac [Jaspar Isaac], imprimé a verso du dernier feuillet non chiffré (23), représentant la crucifixion (avec implorant aux pieds du Christ, Pétronille, première abbesse et B. P. Robert, premier instituteur).

Reliure plein parchemin de l'époque, coutures apparentes en tête et en queue, titre à l'encre au dos, trous de lacets (lacets absents). Excellent état de conservation de la reliure qui est restée très fraîche. Intérieur frais. Collationné complet.

Edition originale et unique édition, de la plus grande rareté.



Ce petit volume contient une épître à Madame Louise de Bourbon, abbesse du monastère et chef de l'ordre de Fontevraud. Elle est signée : "Le très-humble et obéissant religieux N.". On trouve ensuite un Avis au lecteur (non signé). Viennent à la suite diverses Approbations (par Philippes, évêque de Nantes ; Perrin, théologal de l'église de Poitiers, E. N. Chasteau ; les docteurs de la sainte faculté de théologie, Amiens, Tours ; on y trouve imprimée également la Permission de Louise de Bourbon, abbesse du monastère de Fontevraud et chef de l'Ordre (datée de juillet 1623) ; enfin la Permission du Révérend Père visiteur des monastères de la province de France (frère Léonard Boursin, religieux de l'Ordre de Fontevraud. Le corpus de cette "Raison de l'institut de l'ordre de Fontevraud" est composé de : La cause de l'institut de l"ordre de Font-Evraud - De l'esprit de cet institut - La pratique de l'esprit de cet institut en l'observance de la règle - De l'esprit particulier de Jésus, que nous devons imiter - Quelques autres points d'imitation de l'esprit de Jésus, touchant la conduite et direction des âmes - Comment par le moyen de notre vœu d'obédience nos personnes, nos volontés, paroles et actions sont assujetties : et particulièrement soumises à la sacrée Vierge - De l'esprit de la sacrée Vierge mère de Dieu, que doivent imiter les religieuses de notre ordre - Pratique d'imitation de cet esprit de la sacrée Vierge - Aux religieux de l'ordre de Font-Evraud (épître à "Mes très-honorés, et chers Pères, et Frères ...") - Oraison à Marie Mère de Jésus - Aux religieuses de l'ordre de Font-Evraud - Oraison à Jésus fils de Marie.

L'abbaye royale Notre-Dame de Fontevraud est une ancienne abbaye d'inspiration bénédictine, siège de l'ordre de Fontevraud, fondée en 1101 par Robert d'Arbrissel et située à Fontevraud, près de Saumur en Anjou (actuel Maine-et-Loire). Site de 13 ha établi à la frontière angevine du Poitou et de la Touraine, elle est l'une des plus grandes cités monastiques d'Europe. Initialement monastère mixte, accueillant femmes et hommes au sein des mêmes bâtiments, puis agrandi en monastère double dans l'esprit de la réforme grégorienne, l'abbaye de Fontevraud va s'attirer la protection des comtes d'Anjou puis de la dynastie des Plantagenêts qui en feront leur nécropole. Après un déclin à partir du xiiie siècle, l'abbaye est dirigée pendant presque deux siècles par des abbesses issues de la famille royale des Bourbons. La Révolution française porte un coup d'arrêt définitif à l'établissement religieux. Louise de Bourbon de Lavedan devient abbesse en 1611. Elle crée en 1618 un séminaire pour les religieux de Saint-Jean de l'Habit à La Flèche et acquiert en 1632 le fonds du sénéchal de Saumur pour constituer une bibliothèque au monastère. De même, elle fait creuser des fossés et ériger une muraille autour de Saint-Jean de l'Habit afin que les religieux puissent vivre en clôture stricte, en minimisant les contacts avec le monde extérieur. Cependant, avant même la mort de Louise en 1637, le conflit entre l'abbesse et les religieux resurgit : tout comme à la fondation de l'ordre, les religieux n'acceptent que difficilement qu'une femme ait autorité sur eux. Les désertions se multiplient, des religieux de Saint-Jean de l'Habit quittent le monastère pour rejoindre d'autres ordres. Des bulles papales tentent d'endiguer le mouvement, mais il faut attendre 1641 pour y mettre un terme : l'abbesse Jeanne-Baptiste de Bourbon obtient du Conseil d'État un arrêt qui confirme l'importance et le rôle de l'abbesse dans l'ordre. Les moines révoltés se soumettent. En 1642, la règle de l'ordre de Fontevraud est imprimée. En 1670, l'abbaye compte 230 religieuses, 60 religieux ainsi que plusieurs laïcs chargé de l'administration et des serviteurs au nombre de 47. La mort de Jeanne-Baptiste va profondément marquer le destin de l'abbaye : l'ancienne abbesse n'ayant pas choisi de coadjutrice comme le voulait la coutume, la nouvelle abbesse est alors nommée par le roi lui-même. Le 16 août 1670, Louis XIV nomme à la tête de l'abbaye et de l'ordre Marie-Madeleine Gabrielle de Rochechouart, sœur de madame de Montespan - qui y créa en 1693 l'Hospice de la Sainte Famille, destiné à recevoir cent pauvres, qu'elle fera transférer le 14/11/1703 à Oiron (79) domaine acquis en mars 1700 pour son fils, futur duc d'Antin - qui a connu la vie à la cour du Roi. À la tête de l'ordre, Gabrielle de Rochechouart tente de supprimer les abus et les dérogations à la règle qu'elle enjoint de suivre strictement. Elle achève également la construction du noviciat, aménage des jardins, fait construire une galerie liant l'abbaye au parc Bourbon et poursuit la construction du palais abbatial. Plus intellectuelle que théologienne, la nouvelle abbesse met en place une certaine vie mondaine en recevant sa famille ou en faisant jouer à l'abbaye Esther, la pièce de Jean Racine, dérogeant à la règle de l'ordre. Madame de Montespan elle-même séjourne un an à l'abbaye en 1689, attirant une partie de sa cour. Louise-Françoise de Rochechouart prend la tête de l'abbaye à la mort de Gabrielle en 1704. En juin 1738, les quatre filles cadettes de Louis XV arrivent à Fontevraud où le roi les confie à l'éducation des religieuses. Un nouveau logis est construit, à l'ouest, le logis Bourbon, achevé en 1741, agrandi de nouveaux aménagements en 1747 (par l'architecte Pierre Meusnier). Les filles de Louis XV y resteront jusqu'en 1750. Les dernières abbesses, Marie-Louise de Timbrone et Julie-Gillette de Pardaillan prolongent le palais abbatial, construisent les bâtiments de la Fannerie et des étables, et érigent le portail d'entrée actuel, à la veille de la Révolution. La Révolution française va porter le coup fatal à l'abbaye et à l'ordre de Fontevraud. À la suite des évènements révolutionnaires, la situation financière de l'abbaye s'aggrave rapidement : la dîme, qui lui rapportait 600 livres par an, n'est plus perçue. Dans la nuit du 3 au 4 août, l'Assemblée nationale décrète la fin des privilèges et déclare l'imposition des privilégiés pour les six derniers mois de l'année 1789. Le coup de grâce arrive le 2 novembre 1789 : les biens du clergé sont déclarés biens nationaux. L'abbaye compte encore 70 religieuses, 40 converses et une vingtaine de religieux et l'ordre de Fontevraud dirige encore 52 prieurés. Mais l'abbesse refuse d'évacuer les lieux. L'unité de la communauté de Fontevraud est maintenue pendant plusieurs mois. Le 17 août 1792, la Convention décrète que les bâtiments encore occupés par des religieux doivent être évacués avant octobre. Le 18 octobre 1804, Napoléon Ier signe un décret qui transforme l'abbaye en établissement de détention. Dès 1840, grâce à l'action de Prosper Mérimée, inspecteur général des monuments historiques, l'ancienne abbaye de Fontevraud figure sur la première liste nationale de classement des monuments historiques.

A la lecture de ce succinct historique de l'abbaye de Fontevraud, nous comprenons que ce petit ouvrage imprimé en 1623 arrive à un moment clé de son histoire, plusieurs années avant même l'impression de la Règle de l'Ordre (1642). Par là même son importance est cruciale.



La rareté avérée de ce petit volume pourrait s'expliquer par une diffusion très restreinte, limitée soit aux personnages de l'environnement direct de l'Ordre, ou bien, plus probablement à destination des membres de la cour royale à Paris et à la noblesse de province.

Localisation d'exemplaires : Absent du catalogue de la Bnf (Bibliothèque nationale de France) ; seules deux bibliothèques françaises semblent posséder cet ouvrage selon le répertoire du CCfr (Catalogue Collectif des bibliothèques de France) : Troyes et Amiens. Aucun exemplaire n'est recensé au WorldCat.

Bel exemplaire de cet ouvrage rarissime, fondamental dans la bibliographie de l'Ordre de Fontevraud.

VENDU

vendredi 17 janvier 2020

Guillaume-Thomas Raynal. Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes (1775). Première édition au format in-quarto reliée à l'époque aux armes. Bel exemplaire.


[Raynal (Guillaume-Thomas). Diderot (Denis). Holbach (Baron d').].

Histoire philosophique et politique des établissements et du commerce des européens dans les deux Indes.

A Genève, chez les libraires associés, 1775

3 volume in-4 (26 x 20 cm) de (4)-IV-III-VIII-719, (4)-VIII-662 et (4)-VIII-658 pages. Portrait de l'auteur en frontispice du premier volume (dessiné par Cochin et gravé par L. Le Grand). Au tome I : 1 gravure hors-texte (livre I) + 1 grande carte repliée + 1 bandeau à l'eau-forte par Marillier + 1 gravure hors-texte (livre IV). Au tome II : 1 gravure hors-texte (livre VII) + 2 cartes repliées + 1 bandeau à l'eau-forte par Marillier + 1 gravure hors-texte (livre X). Au tome III : 1 gravure hors-texte (livre XIV) + 1 carte repliée + 1 bandeau à l'eau-forte par Marillier + 1 gravure hors-texte (livre XV) + 1 gravure hors-texte (livre XVIII). Soit 1 portrait, 7 gravures hors-texte (avant la lettre), 3 bandeaux et 4 cartes. Collationné complet.


Reliure de l'époque plein veau caramel, dos à nerfs orné aux petits fers, pièce de titre de maroquin rouge, pièce de tomaison de maroquin olive. Reliures très décoratives et solides. Usures de surface sur les plats du premier et deuxième volume (épidermures stoppées), petits manques de cuir et petite galerie sans gravité, petites piqûres de vers en queue du dos du premier volume. Malgré ces quelques défauts l'ensemble reste très décoratif et parfaitement solide. Intérieur très frais. A noter une mouillure en marge intérieure des trois premiers feuillets du premier volume et les derniers feuillets du même volume avec mouillure marginale saine (à quelques feuillets seulement).

Exemplaire relié à l'époque aux armes (en queue) d'un membre de la famille de Damas (?) ou d'Aubusson (?).

Première édition au format in-quarto.

Cette édition est bien complète en 3 volumes in-quarto (il n'y a pas d'atlas pour cette édition).

Elle reprend le corpus de l'édition en 7 volumes in-8, avec les passages supprimés réintégrés ici au bas des pages sous forme de variantes.


La première édition de ce magistral ouvrage a paru pour la première fois en 1770. "Véritable encyclopédie de l’anticolonialisme au XVIIIe siècle" ce texte entre dans la catégorie des "Voyages philosophiques" et représente un prétexte à des réflexions sur la "loi naturelle" et dénonce tout à la fois despotisme, cléricalisme, esclavage et colonialisme. L'ouvrage est toujours décrit par les commentateurs comme une « machine de guerre » contre le pouvoir en place. Pour la rédaction de cette encyclopédie Raynal eut recours à la collaboration de nombreux informateurs et collaborateurs écrivains tels que le Baron d'Holbach ou Diderot, à qui on attribue une part importante des textes.


Interdite en 1772, l’Histoire des deux Indes sera à nouveau publiée par l’abbé Raynal dans une nouvelle édition en 1774 qui est immédiatement mise à l’Index par le clergé. C’est en 1780 qu’il publie sa troisième édition de l'Histoire des deux Indes, encore plus virulente que les deux précédentes et qu’il avoue implicitement comme étant de lui en y faisant graver son portrait en frontispice. Condamné par le Parlement de Paris, l’ouvrage est brûlé par le bourreau en place publique, ce qui lui assure un succès considérable. L’Histoire des deux Indes a également été l’occasion de la Lettre apologétique de l’abbé Raynal à Monsieur Grimm (1781) de Diderot (qui aurait écrit au moins un tiers de l'ouvrage, selon Grimm). Dans cette lettre Diderot écrit : « Raynal est un historien comme il n'y en a point encore eu, et tant mieux pour lui, et tant pis pour l'histoire. Si l'histoire avait, dès les premiers temps, saisi et traîné par les cheveux les tyrans civils et les tyrans religieux, je ne crois pas qu'il en fussent devenus meilleurs; mais ils en auraient été plus détestés, et leurs malheureux sujets en seraient peut-être devenus moins patients... Le livre que j'aime et que les rois et leurs courtisans détestent, c'est le livre qui fait naître des Brutus... »


Dans notre exemplaire une note manuscrite de l'époque révolutionnaire indique : "Le Parlement de Paris proscrivit, le 25 mai 1781, l'Histoire philosophique de l'abbé Raynal, et ordonna que cet ouvrage fût brûlé. Il décréta même l'auteur de prise de corps. L'abbé Raynal se vit donc forcé de s'enfuir précipitamment de France. Le 15 août 1790, l'Assemblée nationale, sur la rédaction proposée par les députés Voidel et Maloüet, annula, comme contraire aux droits naturels et imprescriptibles de l'homme, le décret lancé par le Parlement de Paris contre l'abbé Raynal et son Histoire philosophique (v. Oeuvres d'André Chénier, 2e vol., p. 119)." (note manuscrite ancienne sur le faux-titre du premier volume).


"It became a key text of the American Revolution, and Raynal became a correspondent of Franklin, Jefferson, and Adams."

"Un des ouvrages clefs de la crise de l'Ancien Régime" (Michel Delon, in En Français dans le texte)






"Celui qui abdique lâchement sa liberté, se voue au remords et à la plus grande misère qu’un être pensant et sensible puisse éprouver. S’il n’y a, sous le ciel, aucune puissance qui puisse changer mon organisation et m’abrutir, il n’y en a aucune qui puisse disposer de ma liberté. [...] L'esclavage est l'état d'un homme qui, par la force ou des conventions, a perdu la propriété de sa personne, et dont un maître peut disposer comme de la chose. [...] La liberté est la propriété de soi; on distingue trois sortes de libertés: la liberté naturelle, la liberté civile, la liberté politique; c'est-à-dire la liberté de l'homme, celle du citoyen et celle d'un peuple. [...] L'homme est aux prises avec la nature; sans cesse il la modifie, et sans cesse il est modifié. [...]." (extraits).

Provenance : A. Leclerc, 1885 (étiquette). Armes dorées en queue des dos (mariage - non identifiées  - non reconnu par O.H.R. qui les cite pourtant sous la planche n°888, figure n°3). Armoiries peut-être d'une ancienne famille de Bourgogne ? (provenance bourguignonne pour les volumes concernés). Par ailleurs O.H.R. les mentionne sur une Histoire de Bourgogne), peut-être les armes d'une branche de la famille de Damas (à la croix ancrée) ou d'Aubusson. Les présents volumes de Raynal ont été acquis également en Bourgogne ce qui laisserait supposer l'hypothèse "de Damas" plus pertinente.

Références : A. Feugère, Bibliographie critique de l'abbé Raynal, 40 ; En français dans le texte, 166 ;


Bel exemplaire relié aux armes à l'époque de cet ouvrage très important du Siècle des Lumières, dans son format le plus majestueux.

VENDU

jeudi 16 janvier 2020

Beaumarchais. Le mariage de Figaro (1785). Exemplaire en grand papier vélin (grand in-8) avec la suite de Saint Quentin et un portrait avant la lettre, parfaitement établi en maroquin par Victor Champs. Rare et recherché.


Beaumarchais (Pierre-Augustin Caron de).

La folle journée, ou le mariage de Figaro. Comédie en cinq actes, en prose. Par M. de Beaumarchais. Représentée pour la première fois, par les Comédiens français ordinaires du Roi, le mardi 27 avril 1784.

De l'imprimerie de la Société Littéraire-Typographique [Kehl] ; Et se trouve à Paris, Chez Ruault, 1785

1 volume grand in-8 (237 x 155 mm. Hauteur des marges : 233 mm) de LI-(1)-199-(1) pages. Portrait de l'auteur en frontispice. 5 eaux-fortes hors-texte.



Reliure plein maroquin chocolat, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, double-filet doré sur les coupes, jeu de filets et roulettes dorés en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne, tranches dorées, couvertures en papier dominoté conservées en parfait état (doublées). Reliure signée Victor CHAMPS (vers 1880). Excellent état de l'ensemble. Dos légèrement passé, nerfs légèrement frottés et ternis. Quelques petites marques sans gravité. Intérieur très frais. Exemplaire sans le feuillet final d'errata qui ne se trouve pratiquement jamais dans cette édition.



Seconde édition originale, dite édition de Kehl, la plus belle des éditions anciennes.

Un des exemplaires tirés au format grand in-8 sur grand papier vélin teinté.

Portrait ajouté en tirage avant la lettre (publié à Paris chez Ménard et Desenne).

Exemplaire comprenant la suite des 5 très belles figures de la seconde suite dessinée par St Quentin et gravée par Liénard, Halbou et Lingé, sur papier vélin également, avec la lettre.





Cette édition a toujours été très prisée par les bibliophiles et notamment par les plus grands bibliophiles du XIXe siècle (second Empire notamment) qui ont fait de superbes et rares exemplaires de ce livre emblématique de la bibliophilie glorieuse. Le catalogue de la librairie Morgand et Fatout réunit sur une vingtaine d'année plus d'une trentaine d'exemplaires d'exception de cette édition dite de Kehl (exemplaires somptueusement reliés, avec pièces ajoutées, sur grand papier, etc). Ces exemplaires atteignaient alors des prix faramineux.

« Beaumarchais a fait imprimer cette édition à Kehl, avec les caractères de son édition de Voltaire, pour atténuer autant que possible le dommage que lui causaient les nombreuses contrefaçons de sa pièce. Les figures sont un peu plus grandes que celles de l'édition précédente et sont gravées avec plus de soin et de goût. [...]. Cette édition aussi a été tirée sur papier vélin, très grand in-8 (300 à 400 fr.). (Cohen).




« L’originale parut sans figures. On y ajouta presque aussitôt cinq planches, dessinées par St Quentin, et gravées les quatre premières par Malapeau, la dernière par Roi. Il se trouve donc des exemplaires avec, et d’autres sans les figures […] L’édition imprimée à Kehl avec les caractères (caractères neufs de Baskerville) qui servaient pour le Voltaire, présente les mêmes 5 figures dessinées par St Quentin pour l’originale, mais plus grandes, plus belles et gravées (actes 1, 3 et 5) par Liénard, (acte 2) par Halbou, (acte 4) par Lingée ». (Tchemerzine).

Il faut noter que cette édition, imprimée avec de superbes caractères neufs (Baskerville) sur un splendide papier vélin, fait figure d'objet étrange dans la bibliophilie du XVIIIe siècle finissant. Tant cette édition est "belle" et "neuve" qu'on pourrait croire avoir à faire à un fac-similé moderne, récent. Il n'en est rien. Ce livre imprimé il y a 235 ans est tout bonnement bluffant ! Y compris aux yeux du libraire et de l'amateur du XXIe siècle.

"Après avoir efficacement secondé le comte Almaviva dans le Barbier de Séville, Figaro s'apprête à épouser Suzanne, la femme de chambre de la Comtesse. Mais le Comte a bien changé : désirant user d'un certain "droit du seigneur" qu'il a lui-même aboli, il tente de retarder le mariage. A mesure que les obstacles s'enchaînent, l'opposition entre le maître et le valet s'intensifié, menaçant la gaieté de cette "folle journée". Avec cette pièce jugée révolutionnaire, longtemps interdite par Louis XVI, Beaumarchais offre une satire incisive des privilèges nobiliaires et plaide en faveur de la liberté - de toutes les libertés." (couverture de Julien Brogard, éditions J'ai Lu).





Provenance : de la bibliothèque de A. Hénin, orfèvre à Paris (seconde moitié du XIXe siècle). Ex-libris gravé par E. Valton représentant une fenêtre ouverte sur le battant de laquelle sont gravées les lettres A.H. et au dessous une table avec des livres ouverts ou fermés et une feuille de papier sur la quelle on lit : J'ai lu Manuel des ouvriers". Signature E. Valton, 1880.



Références : Cordier, Bibliographie des éditions des ouvrages de Beaumarchais, n°129 ; Tchemerzine, I, p. 492 ; Cohen 124-126 ; Le Petit, pp. 568-570.






Bel exemplaire parfaitement établi par Victor Champs de cette édition toujours très recherchée comme ici en belle condition sur papier vélin avec la suite des belles figures de Saint Quentin.

VENDU