mercredi 16 décembre 2020

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Les Gynographes ou Idées de deux honnêtes-femmes sur un Projet de Règlement, proposé à toute l'Europe, pour mettre les Femmes à leur place, et opérer le bonheur des deux sexes (1777). Edition originale.


Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone] (Nicolas-Edme).

Les Gynographes, ou Idées de deux honnêtes-femmes sur un Projet de Règlement, proposé à toute l'Europe, pour mettre les Femmes à leur place, et opérer le bonheur des deux sexes ; avec des Notes historiques et justificatives, suivies des noms des femmes célèbres ; recueillies par N.-E. Rétif-De-La-Bretone, éditeur de l'ouvrage. Première [Seconde] partie.

A La Haie, chés Gosse et Pinet, libraires, et se trouve à Paris, chés Humblot, libraire, 1777 [Paris, chez Quillau imprimeur]

2 parties reliées en 1 volume in-8 (20 x 13 cm) de VIII-567-(1) pages.

Cartonnage plein papier granité Sable des îles du Grand Sud. Corps d'ouvrage et reliure réalisée dans la première moitié du XIXe siècle (sans doute le 14 février 1829 ... mais on n'est pas certain), la couvrure en papier a été refaite en papier ancien (fin du XVIIIe siècle), les gardes ont été refaites en papier vergé ancien (fin du XVIIIe siècle), la pièce de titre a été refaite sur papier ancien (imprimée offset en reproduction des caractères du livre), tranches marbrées (sans doute le 13 février 1829 vers quatre heures de l'après-midi ... à peine quelques heures avant l'exécution de la reliure (voir plus haut). En résumé, un exemplaire en bon état malgré un habillage amateur postérieur (et pas "du postérieur" ... Rétif avait ses principes). Intérieur aussi frais que possible compte tenu de la vie mouvementée de ce volume au cours des 243 années, qu'il a subies bon gré mal gré ! Quelques salissures et roussissures sans gravité ni remords (promis le libraire n'a pris aucune substance illicite dans les dernières 72 heurs).

Edition originale et unique édition.













"Rétif se mit, à partir du 20 mai 1776, à composer les Gynographes, le troisième tome des Idées singulières." (Rives-Childs).

"Je fis cet ouvrage sans goût : mon âme était avilie, découragée." (Monsieur Nicolas, Tome X, p. 138).

Il parut au commencement de 1777. "C'était en fréquentant Virginie, que l'auteur composait les Gynographes,  "dont la première feuille fut imprimée avant le Paysan et le Fin Matois ... J'eus encore une difficulté, lors de la publication de cet ouvrage, mais Desmarolles n'existait plus ; ce n'était pas à moi qu'on en voulait ici, c'était à Quillau, mon imprimeur, qui avait laissé passer un alinéa sans paraphe... La vente fut suspendue environ quinze jours. Je fis parapher l'alinéa et tout fut dit. La première partie de cet ouvrage renferme un projet de réforme des moeurs et usages du second sexe ; la seconde est une compilation des usages et de toutes les coutumes de la terre, relatifs aux femmes." (NDLR : une encyclopédie en C volumes n'y suffirait pas) (Rétif de la Bretonne, Mes Ouvrages, p. 120-121).

Il y a des exemplaires des Gynographes qui portent l'adresse suivante : ... Et se trouve à Paris, chés Humblot, libraire, etc. Notre exemplaire est de cette sorte. Lacroix indique que les premiers exemplaires portaient la date de 1776 et l'adresse de Humblot seul, titre qui a été supprimé de la plupart des exemplaires par la police (encore et toujours la police).

Références : Rives-Childs, n°XVI, p. 245 ; Lacroix, n°XVII, p. 143-145

Provenance : signature ancienne à l'encre rouge à identifier sur la page de titre.

Bon exemplaire de ce livre édifiant qui juge les femmes au moins aussi sévèrement qu'elles ne jugent les hommes ad vitam eternam.

Prix : 950 euros


mardi 15 décembre 2020

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Les Nouveaux Mémoires d'un homme de qualité (1774). Edition originale complète de toutes les pièces ajoutées requises. Exemplaire aux armes de la Maréchale de Luxembourg, veuve du duc de Boufflers, née Neufville de Villeroy. "C'est l'aimable et spirituelle duchesse de Boufflers, dont les grâces incendièrent le cœur de ce pauvre Jean-Jacques. (...) Elle laissa une des plus belles bibliothèques de son époque."


RÉTIF DE LA BRETONNE [RESTIF DE LA BRETONE] (Nicolas-Edme).

Les nouveaux mémoires d'un homme de qualité. Par M. le M ... de Br ..

Imprimé à La Haie, et se vend à Paris, chés la Veuve Duchesne, De Hansy, 1774

2 parties reliées en 1 volume in-12 (17,3 x 10,5 cm) de (2)-ij-48- puis paginé 1 à 218 pages ; (10)-IV- puis paginé 5 à 222, page 49-50 faisant suite au 48 pages de la première partie. Collationné complet. Voir détail des différentes parties décrites ci-dessous. A noter que la page 49-50 des "Beaux Rêves" a été reliée par erreur à la fin du volume.

Reliure de l'époque plein v
eau brun marbré, dos à nerfs orné avec pièces d'armes, pièce de titre de maroquin rouge, triple-filet doré en encadrement des plats, armes dorées au centre des plats, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré. Coiffe supérieure émoussée, petite amorce de fente entête du mors supérieur, deux coins émoussés, légers frottements. Les armes sont intactes et nettes. Intérieur frais.

Édition originale.

Cet ouvrage a été imprimé à seulement 750 exemplaires selon Rétif lui-même (Revue de ses ouvrages, 1784), ce qui en fait l'un des plus rares. "Restif fit les Nouveaux Mémoires d'un homme de qualité à la fin de l'année 1773 et au commencement de 1774. Rétif s'est servi d'un manuscrit de M. Marchand, le censeur du Pornographe, que lui avait présenté Nougaret. Rétif trouva l'ouvrage fort sec et décida, selon ses termes, de "l'animer un peu". Rétif y ajouta donc des histoires de sa façon (Histoire de Zoé et plusieurs autres - qui servirent ensuite à plusieurs Contemporaines). Rétif ajouta les Beaux Rêves, qu'on trouve dans quelques exemplaires. Ces deux "Beaux rêves" forment 50 pages paginées séparément avec une page de titre particulière à la page 23 et intitulée : "La Thèse de médecine soutenue en enfer". On trouve également dans certains exemplaires, à la fin de la deuxième partie "Le secret d'être aimé après quarante ans, et même à tous les âges de la vie, fut-on laid à faire peur" (paginé 209 à 222). Par ailleurs, à la suite de la première partie, on trouve une épître à Madame + + + (Madame Poissonnier selon Lacroix). Ces petites pièces ajoutées se trouvent rarement dans les exemplaires. Elles sont ici toutes présentes.





Rétif de la Bretonne n'avait pas bonne opinion de cet ouvrage qu'il dénigrait comme l'une de ses plus médiocres productions.

Provenance : Exemplaire relié aux armes de Madame la Maréchale de Luxembourg (1707-1787), née de Neufville de Villeroy, veuve du duc de Boufflers et seconde femme du Maréchal de Luxembourg, relié à ses armes (plats) et avec pièces d'armes (dos).

Ce volume provient de la bibliothèque du Petit-Château de Montmorency où elle conservait sa riche bibliothèque. En 1759, suite aux invitations réitérées du Maréchal et de la Maréchale de Luxembourg, Rousseau, qui réside alors à Mont-Louis, finit par accepter d'être leur hôte pour quelques mois au Petit-Château de Montmorency. Il entretient des rapports amicaux, mais pas toujours faciles, avec ces personnages qui ne sont pas de son monde. C'est à la Maréchale qu'il dévoile l'abandon de ses enfants et qu'il confie Thérèse, se croyant mourant. En 1762, décrété de prise de corps suite à la publication de l'Emile, Rousseau doit quitter précipitamment Montmorency et la séparation est douloureuse. Le Maréchal est particulièrement affecté par le départ de son ami. Jean-Jacques Rousseau échangea plusieurs lettres avec la Maréchale de Luxembourg.

Références : OHR, pl. 828. (1 seul livre cité) ; Catalogue Auguste Fontaine 1870, n°1143 ; Bulletin Morgand et Fatout 1881, n°7792 ; Rives-Childs, pp. 221-223 ; Lacroix, p. 118-123.

"C'est l'aimable et spirituelle duchesse de Boufflers, dont les grâces incendièrent le cœur de ce pauvre Jean-Jacques. (...) Elle laissa une des plus belles bibliothèques de son époque." Guigard, Armorial du bibliophile, p. 187.

BEL EXEMPLAIRE D'UN LIVRE RARE, D'AUTANT PLUS DANS CETTE CONDITION DES PLUS COMPLÈTES AVEC TOUTES LES PIECES AJOUTÉES.

DE LA BIBLIOTHÈQUE DE LA MARÉCHALE DE LUXEMBOURG.

LES OUVRAGES DE RÉTIF DE LA BRETONNE RELIÉS AUX ARMES A L'ÉPOQUE SONT D'UNE INSIGNE RARETÉ.

VENDU


vendredi 11 décembre 2020

Exemplaire de la bibliothèque de Louise-Françoise de Bourbon (1673-1743) dite Mademoiselle de Nantes, fille du roi Louis XIV et de Madame de Montespan. Le Triomphe de la piété (1712). Reliure aux armes en maroquin rouge. De la bibliothèque Grace Whitney Hoff. Bel exemplaire.


[LOUISE-FRANCOISE DE BOURBON, dite MADEMOISELLE DE BLOIS, fille de LOUIS XIV ET MADAME DE MONTESPAN]. ROUXELIN (Estienne), bachelier de Sorbonne et curé de Frémécourt.

Le Triomphe de la Piété contre les abus qui s'y commettent. [par l'abbé E. Rouxelin].

A Paris, chez Nicolas Pépie, 1712

1 volume in-12 (16,8 x 10,2 cm) de (22)-256 pages.

Reliure de l'époque maroquin vieux rouge, dos à nerfs orné de fleurs de lys dans les caissons (grande fleur de lys au centre de chaque caisson et petites fleurs de lys dans les angles des mêmes caissons), triple-filet doré en encadrement des plats, armoiries au centre des plats (armes de Mademoiselle de Nantes - lire ci-dessous), roulette dorée sur les coupes et en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées. Ombres et légères insolations aux plats, légers frottements et quelques taches sombres sur le second plat. Les armes sont nettes et très bien frappées. Le dos est intact. Intérieur frais avec quelques cicatrices de mouillures marginales sans conséquence. Le nom de l'auteur a été ajouté à l'époque à la plume sur le titre.


Edition originale.

Exemplaire de la bibliothèque de Mademoiselle de Nantes, fille naturelle de Louis XIV et Madame de Montespan.


L'auteur de cet ouvrage de piété est Estienne Rouxelin, bachelier de Sorbonne et prêtre de Frémécourt (village situé au cœur du Vexin français, à environ 45 km au nord-ouest de Paris). On lui doit également un Traité de la divinité de Jésus-Christ (1707).

Son Triomphe de la piété (qui semble assez rare) est dédié à Madame la princesse de Conti, première douairière. Il traite des vertus chrétiennes et morales (prudence, force, tempérance, justice, charité, pénitence, prière, espérance, humilité, mortification, amour du prochain, pardon, etc. Nul doute que Mademoiselle de Nantes en fit un usage intensif basé sur les épreuves de sa vie même.

Provenance : (aux armes et note ancienne au crayon) de la bibliothèque de Louise-Françoise de Bourbon (1673-1743) dite "Mademoiselle de Nantes", fille naturelle du Roi Louis XIV et de Madame de Monstepan, duchesse de Bourbon puis princesse de Condé. Princesse de Condé elle avait épousé le petit-fils du Grand Condé. Fille naturelle de Louis XIV, elle est légitimée par le Parlement de Paris l'année même de sa naissance avec ses frères aînés le duc du Maine et le comte de Vexin. Sa mère, Madame de Montespan, étant une femme mariée, son nom n'est pas mentionné dans l'acte de légitimation, le roi et sa maîtresse craignant que le marquis de Montespan ne cherche à reconnaître « de jure » ces enfants par vengeance. Toute sa vie Louise-Françoise sera considérée comme enfant du seul roi et ne pourra avoir officiellement des rapports filiaux avec sa mère. Elle est élevée avec ses frères et sœur à venir par Madame de Maintenon. Louise-Françoise de Bourbon est mariée à douze ans par ordre du roi le 24 juillet 1685 dans la chapelle du château de Versailles au duc de Bourbon, fils d'Henri-Jules de Bourbon-Condé et petit-fils du Grand Condé (le fils aîné du prince de Condé portait le titre de duc de Bourbon en attendant d'être à son tour prince de Condé à la mort de son père). Son époux la néglige mais lui donne neuf enfants, parmi lesquels le duc Louis-Henri de Bourbon, un des premiers ministres les plus contestés de France, au début du règne de Louis XV. Son époux est un être violent, cruel, qui a hérité de la folie issue, semble-t-il, du côté de sa grand-mère paternelle née Plessis de Richelieu (famille du cardinal). Cependant, il reste un être fin et intelligent qui fera la fortune de sa famille en se montrant toujours soumis à son royal beau-père. Cette union est scandaleuse car le duc de Bourbon est un prince du sang alors que Mademoiselle de Nantes est une bâtarde, mais la mésalliance est facilitée par la dot procurée par Louis XIV à sa fille, plus d'un million de livres et en donnant le gouvernement de Bourgogne aux Condé et en assurant la survivance de la charge de la surintendance du roi à la mort de son père et de son grand-père. Il meurt en 1710, et sa veuve se console vite. On prête en effet à la duchesse un penchant à la galanterie. Il est certain qu'elle eut de l'inclination pour le prince de Conti, son cousin et beau-frère (sa fille Marie-Anne fut considérée comme la fille du prince de Conti). Le palais Bourbon bâti à partir de 1722 par Louise-Françoise de Bourbon. Elle n'eut que peu d'influence sur ses enfants : sa fille aînée, devenue religieuse, était mentalement perturbée ; son fils aîné, Louis-Henri (M. le Duc) était soumis à sa maîtresse, Mme de Prie ; son fils le comte de Charolais rappelait par bien des points son père étant comme lui cruel et débauché. Quant au comte de Clermont, il ne se maria pas, et entretint très librement de nombreuses maîtresses. Mlle de Nantes eut l'occasion d'affronter sa sœur, Mlle de Blois (devenue duchesse d'Orléans par son mariage avec Philippe d'Orléans, fils de Monsieur, en 1701) en 1710 lors du mariage du duc de Berry : ce dernier, petit-fils de Louis XIV, prince simple et généreux, devait se marier. La guerre de Succession d'Espagne empêchant le choix d'une princesse de sang royal étrangère, Louis XIV hésitait entre une princesse de la maison d'Orléans et une princesse de la maison de Condé (Louise-Élisabeth de Bourbon-Condé). Finalement ce furent les Orléans qui l'emportèrent, à la grande fureur de Louise-Françoise. Elle était devenue très proche de son demi-frère, le Grand Dauphin, et régnait sur le château de Meudon : elle espérait beaucoup du futur règne de « Monseigneur », mais celui-ci mourut en 1711, ruinant tous ses espoirs. Belle, libre, provocante, elle est redoutée pour son esprit mordant, et anime la vie de la Cour à la fin du règne de Louis XIV. Une fois veuve, aidée de son amant, le marquis de Lassay, elle fait fortune grâce au système de Law. Elle bâtit à Paris un des plus beaux monuments de la capitale, le Palais Bourbon, actuel siège de l'Assemblée Nationale. L'importante bibliothèque qu'elle s'était constituée au Palais Bourbon (actuel siège de l’Assemblée nationale), édifié pour elle entre 1722 et 1728, était réputée pour la qualité de ses reliures, dont la plupart avaient été exécutées par Padeloup et Derome. Réf. OHR, pl. 2628 (6 fers répertoriés, celui-ci n'y est pas - variante avec cordelière de veuve) ; De la bibliothèque Grace Whitney Hoff (1862-1938) avec son ex libris gravé armorié. Femme philanthrope américaine venue s'établir en France en 1900. Grace Whitney Hoff réunit également une collection de manuscrits, d'incunables, d'éditions rares et de reliures anciennes, dont A. Boinet rédigea le catalogue en 1933 (Paris, Gruel, n°278).



Bel exemplaire de très intéressante provenance.

Prix : 3.500 euros


jeudi 10 décembre 2020

Emile Zola. La joie de vivre (1884). Edition originale. Un des 150 exemplaires sur papier de Hollande. Belle reliure de l'époque signée H.-J. Pierson. Exemplaire très désirable.



ZOLA (Emile).

La joie de vivre. Les Rougon-Macquart, histoire naturelle et sociale d'une famille sous le second empire.

Paris, G. Charpentier et Cie, 1884

1 volume in-18 (19,5 x 13,5 cm) de (4)-447-(1) pages.

Reliure à la bradel strictement de l'époque demi-percaline vermillon à larges coins, pièce de titre de cuir rouge, fleuron et filets dorés au dos, non rogné, à toutes marges, couvertures conservées (les deux plats, sans le dos). Reliure signée Henry-Joseph Pierson. Reliure restée très fraîche, dos non passé, coins bien piquants, papier des plats intact, intérieur très frais. Très bon état.

Edition originale.

Un des 150 exemplaires sur papier de Hollande.

Il a été tiré en outre 10 exemplaires sur Japon (seuls grands papiers avec les 150 Hollande).


A propos de La joie de vivre, voici l'extrait de la chronique donnée par Edouard Drumont, alors collaborateur assidu à la revue Le Livre d'Octave Uzanne : "[...] C'est un livre étrange que cette Joie de vivre et qui traduit aussi un des côtés de cette universelle désespérance, de ce pessimisme morne qui hante nos générations et que les générations d'autrefois ne connaissaient pas. Violente et coléreuse chez Flaubert, amène et souriante dans Heine et dans Alphonse Daudet, la haine de l'existence présente est grossière et brutale dans Émile Zola. L'auteur prend toutes les misères humaines, la goutte, l'œdème, l'accouchement difficile, l'hypocondrie, le suicide ; il recueille toutes les pestilentielles odeurs qui sortent de ces corps à demi pourris, toutes les tristesses qu'inspirent ces souffrances minutieusement décrites, il roule le lecteur là dedans et il lui dit : « Voilà la vie, mon vieux, qu'en penses-tu ? » Le livre est fort et remuant dans sa forme déplaisante, je l'ai constaté ailleurs. L'auteur, en définitive, a fait œuvre d'artiste puisqu'il s'est proposé un but et qu'il l'a atteint, puisqu'il a rendu visible une pensée qui était en lui. Rarement, par exemple, on a écrit quelque chose de plus désenchantant et de plus pénible. A l'exception de Pauline, la pupille dépouillée par les Chanteau, qui a quelque grâce, presque tous les acteurs sont affreusement bêtes, profondément égoïstes, inconsciemment malhonnêtes. L'écœurement qu'a désiré exciter le romancier vient tout spontanément aux lèvres devant tous ces personnages d'Henri Monnier proclamant au milieu d'une sorte de musée Dupuytren que Schopenhauer a raison et que la vie est un mal. Les païens eux-mêmes, Platon en tête, auraient refusé de reconnaître leur semblable dans ces êtres avilis et dégradés qui vivent d'une vie exclusivement instinctive et animale. Diogène lui-même eût préféré à ces bipèdes monstrueux le coq qu'il jeta un jour dans la salle de l'Académie et qui du moins salue d'une joyeuse fanfare le lever de l'aurore. L'avenir néanmoins consultera avec curiosité ce document humain qui a au moins le mérite de la franchise ; il connaîtra par lui la conception que le matérialisme du XIXe siècle se fait de cet homme créé à l'image de Dieu. L'œuvre, en effet, est sortie toute vivante des doctrines modernes et Zola n'a fait que donner une manifestation artistique aux théories de M. Paul Bert. [...]." (Edouard Drumont in Le Livre, Bibliographie moderne Le Mouvement littéraire, Chronique du mois, Livraison du 10 mars 1884




La Joie de vivre est le douzième volume de la série Les Rougon-Macquart. Il est publié pour la première fois entre le 29 novembre 1883 et le 3 février 1884 dans le feuilleton du Gil Blas. Ce roman oppose le personnage de Pauline, qui aime la vie même si celle-ci ne lui apporte guère de satisfactions, à celui de Lazare, être velléitaire et indécis, rongé par la peur de la mort.

"La Joie de vivre est un roman de la province qui se déroule en Normandie. Pauline Quenu, devenue orpheline, est recueillie par la famille Chanteau qui l’apprécie, s’occupe d’elle et gère son argent. Leur fils, Lazare, finit par quitter le domicile familial pour poursuivre des études de médecine. Pauline l’aime : elle lui prête les fonds nécessaires pour se consacrer à sa passion. Ce premier projet, comme ceux qui suivent, est en réalité voué à l’échec. De cela découle une habitude, chez les Chanteau, de lui emprunter de l’argent, puis finalement de se servir sans même la consulter. Si Lazare est censé épouser Pauline, il s’avère que ses véritables sentiments sont ailleurs, tournés vers une autre femme nommée Louise. La jeune orpheline est ainsi exploitée financièrement par sa famille, accusée même de leur vouloir du mal, mais elle ne cesse pas de les aimer. Le pessimisme entoure le personnage, mais Pauline est un personnage ancré dans l’optimisme, qui refuse de porter un regard négatif sur la réalité, en opposition totale avec le caractère de Lazare." (Gallica, Bnf).


Bel exemplaire dans un cartonnage d'époque signé particulièrement bienvenu et désirable.

Prix : 2.300 euros

mercredi 9 décembre 2020

Emile Zola. Correspondance. Les lettres et les arts (1908). Edition originale. 1 des 50 exemplaires sur papier de Hollande. Broché, non coupé.


ZOLA (Emile).

CORRESPONDANCE. Les lettres et les arts.

Paris, Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle, éditeur. 1908.

1 volume in-18 (19,5 x 15,5 cm), brochés, de (6)-376 pages. Couverture jaune imprimée. Exemplaire resté non coupé, à toutes marges. Dos fendu, petits manque en bordure de couverture (haut - marge de droite), quelques grandes marges légèrement poussiéreuses ou jaunies (acidification habituelle par les couverture). Excellent état par ailleurs. Exemplaire méritant une belle reliure.

Edition originale.

Un des 50 exemplaires sur papier de Hollande (n°2).

Il a été tiré en outre 15 exemplaires sur Japon (tirage de tête).


La Correspondance d'Émile Zola est publiée en trois parties distinctes : La première, qui forme la matière du premier volume, comprend les lettres de jeunesse, celles que l'écrivain, alors à ses débuts, écrivait à trois de ses amis et condisciples (Baille, Cézanne et Roux) ; Les lettres touchant à des questions littéraires ou artistiques et adressées pour la plupart à des confrères font l'objet du présent volume (Mirbeau, Maupassant, Céard, Valabrègue, Flaubert, Champfleury, Marius Roux, etc. ; Le troisième volume contiendra exclusivement des lettres relatives à l'Affaire Dreyfus. (avertissement imprimé).





Bon exemplaire sur grand papier (Hollande).

Prix : 450 euros

Emile Zola. Correspondance. Lettres de jeunesse (Baille, Cézanne, Roux). 1907. Un des rarissimes 15 ex. sur Japon (tirage de tête). Exemplaire broché, non coupé.


ZOLA (Emile).

CORRESPONDANCE. Lettres de jeunesse.

Paris, Bibliothèque-Charpentier, Eugène Fasquelle, éditeur, 1907

1 volume in-18 (18,5 x 12 cm), broché, de (6)-300-(1) pages. Couverture jaune imprimée. Exemplaire non coupé. Exemplaire à l'état proche du neuf. Un petit choc en pied du dos et du premier plat (léger manque de papier de couverture). Petite fissure en bordure extérieure du premier plat de couverture, petites fentes du papier du dos. Splendide état par ailleurs.

Edition originale.

Un des rarissimes exemplaires du tirage de tête à 15 exemplaires sur papier du Japon. Il porte le numéro 1 (imprimé).

Il a été tiré en outre 50 exemplaires sur Hollande (formant avec les exemplaires sur Japon le tirage en grand papier).


Ce premier volume de Correspondance contient les lettres de jeunesse, celles que l'écrivain, alors à ses débuts, écrivait à trois de ses amis et condisciples (Jean-Baptistin Baille, Paul Cézanne et Marius Roux).


Au collège Bourbon à Aix-en-Provence, Zola, Baille et Cézanne deviennent des amis que l'on appelle les « trois inséparables ». Ils se retrouveront d'ailleurs tous les trois à Paris en 1861. On estime également que Jean-Baptistin Baille servit ainsi de modèle à Émile Zola pour un personnage des Rougon-Maquart, Louis Dubuche, tout comme Paul Cézanne lui inspira la trame de l'ouvrage et son personnage principal, Claude Lantier (voir L'Œuvre).

Précieux volume, rarissime imprimé sur Japon, digne d'entrer dans les plus belles bibliothèques consacrées au chef de l'école naturaliste.

Prix : 2.500 euros


Physiologie du fonctionnaire par Pierre Frelet, avec des illustrations de Georges Pavis (1945). Exemplaire en feuilles sous emboîtage de l'éditeur. Très bel état, proche du neuf.


Pierre Frelet. Georges Pavis (illustrateur).

Physiologie du fonctionnaire par Pierre Frelet, fonctionnaire. Illustrations en couleurs de G. Pavis.

A l'Institut Administratif de René Kieffer, 18, rue Séguier. S.d. (1945).

1 volume petit in-4 (23 x 17 cm environ) de 110-(1) pages. Illustrations dans le texte rehaussées en couleurs à l'aquarelle au pochoir. En feuilles sous couverture imprimée rempliée. Emboîtage cartonné de l'éditeur (façon dossier d'administration).

Tirage limité à 900 exemplaires tous sur vélin de cuve.





Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le fonctionnaire dans toute sa splendeur, sans jamais avoir osé le demander.

René Kieffer, Pierre Frelet et Georges Pavis donnent ici le cadeau idéal pour le départ en retraite de votre (haut) fonctionnaire préféré. Tout y est : la classification des fonctionnaires, le traitement, la retraite, l'avancement, le fonctionnaire au guichet, l'employé des Postes, l'employé des mairies, l'employé du fisc, l'employé des commissariats de police, le poinçonneur du métro, l'administration centrale, le fonctionnaire face au progrès, l'assiduité, le gardien de bureau, le commis, le rédacteur, le chef de bureau, le sous-directeur, le directeur, le fonctionnaire en province, les soirées de la préfecture, les réceptions de la colonelle, etc.





Pierre Frelet a donné plusieurs ouvrages dont Le Temps de la Femme (1924) et Les Bergers du Troupeau (1921). 

Georges Pavis (1886-1977) eut une carrière d'illustrateur et de peintre bien remplie. Il collabora aux journaux satiriques de son temps : Le Rire, La Vie Parisienne, etc. Il illustra de nombreux ouvrages pour l'éditeur-relieur René Kieffer notamment.

Bel exemplaire, tel que paru.

Prix : 400 euros