lundi 31 janvier 2022

Edmond Haraucourt. Carlos Schwabe [Carloz Schwab]. L'Effort. L'Immortalité. Académie des Beaux Livres, Bibliophiles Contemporains (1894). Illustrations symbolistes et art nouveau par Carlos Schwabe. Exemplaire unique composé et relié à l'époque pour un amateur de l'illustrateur.


HARAUCOURT, Edmond - SCHWABE, Carlos [SCHWAB, Carloz] - RUDNICKI, Léon

L'EFFORT. L'Immortalité.

A Paris, 1894, Publié pour les sociétaires de l'Académie des Beaux Livres, Bibliophiles Contemporains

1 volume in-4 (28,5 x 22 cm environ) de 20 feuillets (39 pages imprimés) y compris la page de titre générale de l'ouvrage et l'achevé d'imprimer. Couverture illustrée conservée (les deux plats et le dos). Le texte est paginé de 61 à 95.

Reliure strictement de l'époque à la bradel demi-percaline rouge à larges coins, titre sur pièce de cuir noir doré en long au dos, non rogné (relié sur brochure). Très bon état. Quelques légères salissures à la reliure qui reste très fraîche. Intérieur en excellent état, sans rousseurs, au coloris flamboyant.

Edition originale.

Tirage unique à 180 exemplaires. 

Celui-ci n'est par numéroté et ne comporte aucun nom.

Exemplaire unique, spécialement conçu à l'époque pour un amateur, composé uniquement du conte intitulé "L'Immortalité", entièrement illustré par Carlos Schwabe en noir (taille-douce) et en couleurs (dessins gravés aquarellés au pochoir et pinceau).

L'ouvrage complet comporte quatre contes par Edmond Haraucourt : La Madone, L'Antéchrist, L'Immortalité et La Fin du Monde. La Madone, illustré de 18 lithographies originales d'Alexandre LUNOIS - L'Antéchrist, illustré de 38 compositions d'Eugène COURBOIN, aquarellées - L'Immortalité, illustré de 32 compositions de Carlos SCHWABE, dont 10 gravées à l'eau-forte en noir (par Auguste Massé) et 23 grands motifs floraux aquarellés.- La Fin du Monde, illustré d'un frontispice tiré en or et de 46 grands dessins d'Alexandre SEON. La couverture, les faux-titres, justification et titre sont entièrement orné de grandes compositions en couleurs de Léon RUDNICKI.

Notre exemplaire a été relié à l'époque pour un amateur de l'illustrateur Carlos Schwabe et ne contient que cette illustration. 

Octave Uzanne signe ici l'une des plus belles productions pour les Bibliophiles contemporains. C'est un livre qui est aujourd'hui de plus en plus remarqué et recherché par les amateurs. Imprimé sur beau papier d'Arches filigrané en marges (frise florale et noms de l'auteur et de la collection) conçu par Octave Uzanne, le directeur fondateur de la Société des Bibliophiles Contemporains.










Ce livre est un des chefs-d'œuvre du livre illustré symboliste et Art Nouveau.

Si ce volume ne contient qu'un seul conte sur les quatre qui composaient l'ouvrage, nous avons à faire ici incontestablement à un exemplaire d'amateur qui a pris soin de faire relier en tête la très belle couverture illustrée par Léon Rudnicki ainsi que la page de faux-titre et titre général de l'ouvrage.



Carlos Schwabe (1866-1926), autodidacte doué d'une sensibilité névrotique, il ne connaît aucune formation académique à l'exception de l’École des arts industriels de Genève où il apprend à dessiner les plantes et à aiguiser son sens du décor, sous la houlette de Mittey. Visionnaire, mystique et éminemment solitaire, il est rapidement mêlé aux cercles parisiens les plus actifs et devient l'un des plus brillants auxiliaires du « Sâr » Peladan. Il réalise la première affiche du Salon de la Rose-Croix, reproduite dans Les maîtres de l'affiche (1895-1900). Son art du dessin et son idéalisme lui valent de devenir un illustrateur renommé : Stéphane Mallarmé, Albert Samain, Charles Baudelaire, Émile Zola dont il orne Le Rêve, Maurice Maeterlinck, José-Maria de Heredia, Pierre Louÿs, Catulle Mendès,Félicité de Lamennais, Edmond Haraucourt, Olive Schreiner, Charles Desfontaines (pseudonyme du baron Henri de Rothschild) etc. Sa conception originale de l'art de l'illustration est considérée comme une étape majeure dans l'évolution de cette discipline. Il expose à partir de 1891 au Salon de la Société nationale des beaux-arts, au Salon de la Rose-Croix en 1892 et au Salon d'automne. Il expose également à la Sécession de Munich en 1893 et dans divers Salons en Belgique ainsi qu'à Genève et à Zurich, et chez le marchand Siegfried Bing. On lui décerne une médaille d'or à l'Exposition universelle de 1900 à Paris et il reçoit les insignes de chevalier de la Légion d'honneur en 1901.Il a diverses expositions personnelles : à la Galerie des artistes modernes en 1903, la Galerie Moos à Genève en 1920 et, posthume, à la Galerie Georges Petit à Paris en 1927. Membre de l’« Union pour l'action morale », proche du philosophe Gabriel Séailles et de Mathias Morhardt (fondateur de la Ligue des Droits de l'homme), il est un dreyfusard engagé bien que n'étant pas juif. Il fréquente aussi les milieux occultistes et des personnalités comme Jules Bois et Édouard Schuré. Carlos Schwabe est aussi un mélomane et proche des milieux musicaux (Vincent d'Indy, Camille Erlanger) ; il est le meilleur ami du compositeur Guillaume Lekeu auquel il rend hommage après sa mort précoce à l'âge de 24 ans en 1894. La perfection de son graphisme le situe comme un précurseur de l'Art nouveau, et comme l'un des symbolistes les plus personnels, ayant des préoccupations religieuses et sociales mais aussi un certain panthéisme dû à ses origines germaniques qui complètent le portrait d'un artiste possédé par son idéal. On a comparé la pureté de son dessin, en particulier durant les années 1890, à Albrecht Dürer ou à Martin Schongauer. Avant 1900, son art, empreint d'un certain primitivisme, se caractérise par un trait anguleux et des visions symboliques compliquées, d'une grande perfection de facture. Après 1900, son art gagne en souplesse et devient plus charnel. Bien qu'évoluant vers un style moins marqué par le symbolisme, l'œuvre de Schwabe livre encore des images fortes comme La Vague (Genève, musée d'Art et d'Histoire) et ses études préparatoires qui allient vision hystérique, références à l'opéra et sentiment de révolte sociale. Il faut encore citer Le Faune (1923), dans lequel l'artiste produit un autoportrait symbolique non exempt de mélancolie.







Le superbe coloris à l'aquarelle est l'œuvre de A. Charpentier.

Le volume ne fait apparaître aucune marque de provenance.

Bel exemplaire sobrement mais intelligemment relié à l'époque.

Prix : 2.500 euros

lundi 24 janvier 2022

Adrien Mithouard. Les Marches de l'Occident. Venise - Grenade. Exemplaire de la bibliothèque de l'éditeur du livre P.-V. Stock (n°1) sur papier de Hollande. Très bon exemplaire.

MITHOUARD, Adrien

Les Marches de l'Occident. Venise - Grenade.

Paris, P.-V. Stock, 1910 (de l'imprimerie de A. Pichat à Châtillon-sur-Seine).

1 volume in-18 (19,3 x 13,3 cm) de (6)-308-(1) pages.

Reliure à la bradel strictement de l'époque demi-percaline bleue à larges coins, non rogné, couvertures conservées. Légers frottements d'usage. Recto de la première garde blanche et verso de la dernière garde blanche brunis (contact avec la couverture imprimée - acide), bord extérieur de la page de titre et quelques marges brunies, sinon parfait exemplaire, resté très frais.

Edition originale.

Exemplaire du tirage de luxe sur papier de Hollande à 8 exemplaires seulement.

Exemplaire n°1 réservé à l'éditeur P.-V. Stock, numéroté et paraphé par lui.

Dédicace manuscrite de l'auteur à son éditeur P.-V. Stock : "A mon très sympathique et ami M. Stock, bien cordialement A. Mithouard".

Exemplaire enrichi de 5 courriers de l'auteur adressé à P.-V. Stock, volants, tous relatifs cette édition (2 courriers sur papier et 3 cartes-lettres).

"Les Marches de l'Occident, que M. Adrien Mithouard publie à la librairie Stock, sont des impressions et des souvenirs de voyage rapportés de Venise et de Grenade par le brillant écrivain. L'auteur du Tourment de l'Unité, du Traité de l'Occident, et des Pas sur la Terre y évoque le palais des Doges et l'Alhambra. Après avoir étudié au cours de ses précédents ouvrages la civilisation et l'art de l'Occident, il nous monter l'un et l'autre aux prises avec les formules byzantines et les fééries mauresques. Il fait ressortir toutes les ressources que notre esprit révèle au contact de l'extérieur et couronne une oeuvre de longue haleine par des pages lumineuses et passionnées." (revue de l'époque).








Adrien Mithouard (1864-1919) fit partie avec Paul Vérola (Horizons), Eugène Soubeyre (Au Royaume d'Eve), Émile Gigleux (Troublants mystères), et bien d'autres, les artisans et les propagateurs de la poésie symboliste, avec notamment l'Iris exaspéré (1895). Il est le co-fondateur avec Albert Chapon de la revue L'Occident qui paraîtra de 1901 à 1914. Cette revue fur un des périodiques littéraires les plus respectés et les plus influents de la Belle époque. Les textes parus dans Les Marches d'Occident avaient paru précédemment en articles dans la revue L'Occident entre 1907 et 1909.

Provenance : de la bibliothèque de Paul-Victor Stock, éditeur de l'ouvrage. Exemplaire relié pour lui, sur ses recommandations, comme toujours assez simplement en demi-percaline à la bradel.

Très bon exemplaire de la meilleure provenance qui soit.

VENDU

mercredi 12 janvier 2022

François Rabelais. Gargantua. Pointes sèches originales par Gaston Barret (1956). Un des 27 exemplaires sur Grand Vélin Blanc à la forme avec les gravures en noir. Avec une suite complète en couleurs au pochoir ajoutée. Superbe illustré moderne entre humour et sensualité.

François RABELAIS. Gaston BARRET (illustrateur).

GARGANTUA. Texte d'époque intégral. Pointes sèches originales de Gaston Barret.

Editions d'Art Eryx, Paris. S.d. (1956)

1 volume grand in-4 (28.5 x 23 cm), en feuilles, sous couverture rempliée de papier rouge imprimée en noir sur le premier plat. 194 pages. 1 portrait de l'auteur en frontispice + 14 compositions hors-texte dont 1 sur double-page. Sans emboîtage.

Tirage à 395 exemplaires (plus quelques exemplaires nominatifs réservés aux collaborateurs et à l'artiste).

Celui-ci, un des 27 exemplaires sur Grand Vélin Rives Blanc B. §F. K. à la forme comprenant en un état en noir des gravures.

Exemplaire auquel il a été ajouté :

- une suite complète des 15 planches coloriées au pochoir tirées sur vélin de Rives blanc B.F.K. (15 planches)





L'édition a été faite avec la collaboration de Henri Neumayer, fondateur des éditions Eryx, Georges Girard, maître imprimeur, Manuel Robbe, maître pressier et Renson fils, enlumineur d'art. Le volume a été achevé d'imprimer le 5 janvier 1956.





Le Gargantua de maître Rabelais, publié pour la première fois en 1534, est trop connu pour en faire ici l'éloge. Nous dirons simplement que l'illustration fantasque et rabelaisienne, donnée ici par Gaston Barret, est à la hauteur des attentes qu'on pouvait en avoir. A la lisière de la licence, avec des touches discrètes de vulgarité et de dévergondage propres aux écrits de l'auteur, avec finesse et moult détails, Gaston Barret donne au lecteur contemporain une vision esbaudissante la plus délicieuse qui soit pour les frotteurs de lard modernes. L'auteur de Pantagruel (1532) en aurait sans doute été comblé.





Gaston Barret a magnifiquement illustré les facétieuses aventures de Gargantua depuis le berceau jusqu'à ses aventures mirifiques.

Bel exemplaire tel que paru.

Prix : 950 euros

jeudi 6 janvier 2022

Giovanni Francesco Straparola. Les facétieuses nuits de Straparole. Illustrations de Léon Lebègue. 1907. Un des 750 exemplaires sur vergé d'Arches. Avec la suite sur papier de Chine de Jules Garnier gravée par E. Champollion pour l'édition Jouaust de 1882. Très bon exemplaire broché tel que paru.

STRAPAROLE (Giovanni Francesco Straparola) - Léon Lebègue (illustrateur).

Les facétieuses nuits de Straparole. Traduction Jean Louveau. Illustrations de Léon Lebègue. Préface de Jules de Marthold.

Charles Carrington, libraire-éditeur, 1907 [imprimerie nationale].

2 volumes in-8 brochés (23,5 x 15 cm) de LXVIII-312 et 371 pages. 50 illustrations hors-texte Léon Lebègue aquarellées au pochoir (mise en couleurs par la maison Saudé). Nombreuses lettrines historiées tirées en rouge (également par Léon Lebègue). Exemplaire en excellent état. Les dos ne sont pas fendus et en très bon état. Quelques petites rousseurs sans gravité sur les couvertures. Intérieur parfait.

Un des 750 exemplaires sur vergé d'Arches.

Il a été tiré en outre 50 exemplaires sur Japon.

La suite de 50 compositions par l'imagier Léon Lebègue est de toute beauté. L'artiste colle fidèlement aux scènes décrites dans les différents chapitres. Les moines sont à l'honneur dans leurs turpitudes tandis que les femmes y sont souvent malmenées, aux prises des jeux de l'amour.

ON JOINT :

La suite sur papier de Chine de 14 estampes à l'eau-forte d'après Jules Garnier et gravée par E. Champollion pour l'édition Jouaust (1882, Paris, Librairie des Bibliophiles, D. Jouaust). Il n'a été tiré que 20 exemplaires de cette suite sur papier de Chine.




L'identité de Straparola continue à poser question. À peu près tout ce qu'on sait de lui se résume aux maigres informations contenues dans la préface de l'édition originale des Nuits facétieuses. S'il est possible que son prénom ait été « Giovanni Francesco », le nom « Straparola » est improbable, étant donné qu'il ne s'agit pas d'un nom de famille typique ni de cette époque ni du lieu, et que le nom, signifiant littéralement « babilleur », « jacteur », a tous les airs d'un sobriquet utilisé comme nom de plume. On peut toutefois penser que, né dans la province de Bergame, à Caravage, si du moins on en croit la préface, il serait venu s'installer à Venise alors qu'il était jeune homme. De la lecture de ses récits transparaît un homme très cultivé, sachant le latin et plusieurs dialectes italiens, également connaisseur de la littérature de son époque.





L'œuvre majeure de Straparola, est Les Nuits facétieuses (Le piacevoli notti), publié d'abord en deux volumes (1550 et 1553) de vingt-cinq et quarante-huit histoires, puis réédité (1555) en un seul volume de soixante-quatorze histoires ; l'une des histoires parue précédemment disparaissant au profit de deux autres, cela fait en tout soixante-quinze histoires. Le succès sera considérable. S'inspirant du modèle du Décameron de Boccace, les récits sont introduits par un récit-cadre, dans lequel les participants à une fête sur l'île de Murano près de Venise racontent chacun une histoire ou fable, allant du grivois au fantastique, pendant les treize nuits que dure la fête. Le recueil exercera une influence considérable sur le conte en tant que genre littéraire. Il contient en effet les premières versions écrites connues de plusieurs contes de fées, notamment une version de La Belle et la Bête antérieure à celles de mesdames de Villeneuve (1740) et Leprince de Beaumont (1757), et une première version de l'histoire du Chat botté. Très vite traduit en français par Jean Louveau et Pierre de Larivey (seconde moitié du XVIe siècle), le recueil était lu et apprécié dans les salons parisiens : Mme de Murat, Mlle Lhéritier, Mme d'Aulnoy, Perrault s'en sont directement inspirés.

Léon Lebègue (1863-1944) est un artiste français (graveur, lithographe, affichiste, illustrateur) né à Orléans, reconnu pour ses compositions de type miniaturiste et historiées. On lui doit l'illustration réussie de plusieurs ouvrages d'Anatole France (La Leçon bien apprise, 1898 ; Histoire de Dona Maria d'Avalos et du duc d'Andria​, 1902 ; Mademoiselle Roxane, 1923), Paul Verlaine (Les Fêtes galantes, 1913), Théodore de Banville (Gringoire, 1919), J.-K. Huysmans (La Bièvre, 1914), etc.








Très belle édition bibliophilique donnée par le libraire-éditeur sulfureux Charles Carrington spécialisé dans les éditions traitant de la flagellation et autres curiosa au tournant du siècle (1900).

Belle impression qui sort des presses de l'Imprimerie nationale en caractères Garamond.

Très bon exemplaire tel que paru avec la rare suite sur papier de Chine de Jules Garnier gravée par E. Champollion pour l'édition Jouaust.

Prix : 650 euros