jeudi 8 juin 2023

Abrégé de l'Histoire Françoise avec les Effigies et Devises des Roys, depuis Pharamond jusques au Roy Loys XII. à présent regnant. Tirées des plus rares et excellents cabinets de la France. Revue, corrigé et augmenté de nouveau, de ce qui s'est passé jusques au mois d'octobre 1615. A Rouen, Chez Daniel Cousturier, libraire, 1615. Très bon exemplaire de ce beau livre illustré du début du XVIIe siècle devenu rare.


[Jean Le Clerc ? Nicolas Houel ?].

Abrégé de l'Histoire Françoise avec les Effigies et Devises des Roys, depuis Pharamond jusques au Roy Loys XIII. à présent regnant. Tirées des plus rares et excellents cabinets de la France. Revue, corrigé et augmenté de nouveau, de ce qui s'est passé jusques au mois d'octobre 1615.

A Rouen, Chez Daniel Cousturier, libraire, 1615

1 volume in-folio (34 x 23,5 cm) de 44 feuillets non chiffrés (88 pages y compris le titre). Page de titre imprimée en noir et rouge dans un encadrement gravé sur bois avec bois gravé au centre aux armes de France, tous les feuillets sont encadrés d'un décor gravé sur bois qui se répète ainsi que des bois dans la partie haute encadrant à chaque feuillet le portrait du roi concerné. Au verso du feuillet 2 se trouve un grand bois pleine page représentant la reine mère Marie de Médicis et le jeune roi Louis XIII. Collationné complet.

Reliure plein vélin jauni et taché, probablement un vélin pastiche de réemploi avec traces de restaurations. Quelques restaurations dans la marge de quelques feuillets, sans manques. Quelques mouillures et salissures sans gravité.


Nouvelle édition, en partie originale.

Très beau livre de portraits des rois de France depuis Pharamond (365-430) jusqu'à le roi-enfant Louis XIII (né en 1601). L'édition a été faite peu de temps après le mois d'octobre 1615 comme il est indiqué sur le titre. Louis XIII avait à peine 14 ans et la France était alors gouvernée par la reine mère Marie de Médicis depuis l'assassinat du roi Henri IV en mai 1610.








Ce volume s'ouvre d'ailleurs sur une épître "à notre bien aimé roi Louis XIII". Vient ensuite un bref discours en forme de préface sur le commencement, progrès, période et changement des trois royales lignées qui jusqu'à présent (1615) ont gouverné la France. Ensuite chaque biographie tient en une demi-page placée sous le portrait gravé de chaque souverain. A la fin du volume Henri IV occupe 9 pages tandis que son fils le jeune roi Louis XIII occupe 8 pages. Le verso du dernier feuillet se compose d'un tableau donnant l'ordre de tous les rois qui ont régné en France jusqu'à 1615.

Cet ouvrage illustré à chaque page est rare. Il y a 66 portraits en médaillon en tout et un grand bois gravé à pleine page représentant la reine mère Marie de Médicis et le jeune roi Louis XIII. 

Il avait été fait un tirage datant de 1610 chez Jean Petit à Rouen. Les encadrements et les portraits sont identiques à ceux de notre édition. L'édition de 1610 ne comporte évidemment pas le grand bois gravé de la reine mère et du jeune Louis XIII. De même le volume s'achève avec le roi Henri IV "qui règne actuellement heureusement" (volume publié avant son assassinat donc). Il existe par ailleurs une autre édition de 1613 de plus petit format et sans les encadrements gravés sur bois. Ce volume a paru pour la première fois à Paris en 1585 avec seulement 61 portraits (sans Henri IV et Louis XIII CQFD). Nous avons encore trouvé une édition postérieure portant la date de 1620 et une autre de 1625 et montrant le succès de librairie d'une telle entreprise. Elles sont aujourd'hui toutes devenues rares. Il n'y a actuellement aucun autre exemplaire sur le marché.

Le graveur sur bois serait Jean Le Clerc. Le texte est parfois attribué à Nicolas Houel.





"Les portraits desrois de France, gravés sur bois, et surtout des encadrements assez bien dessinés qui les entourent, donnent quelque prix à ce livre devenu rare. (...) Il s’y trouve au verso du second feuillet, une planche où figure Marie de Médicis, avec le roi son fils." (Brunet, Manuel du Libraire, I, 14).

Très bon exemplaire de ce beau livre illustré du début du XVIIe siècle devenu rare.

VENDU

mercredi 7 juin 2023

La Vie des abeilles de Maurice Maeterlinck illustrée par A. Giraldon (1914-1918). Un des 100 exemplaires sur papier du Japon avec un état des gravures. Ouvrage entre philosophie et sciences naturelles, ici dans la plus belle édition ancienne illustrée encore empreinte de Symbolisme et d'Art Nouveau. Très belle reliure parlante mosaïquée doublée de H. Blanchetière.


Maurice MAETERLINCK - Adolphe GIRALDON illustrateur / Ernest FLORIAN graveur

LA VIE DES ABEILLES. Illustrations de Adolphe GIRALDON gravées en couleurs par Ernest FLORIAN.

Paris, Librairie des Amateurs, A. Ferroud - F. Ferroud, succ., 1914-1918

1 volume grand in-8 (25,5 x 16,5 cm), broché, 256-(2) pages. Couverture rempliée imprimée en couleurs (premier plat). Texte encadré imprimé en deux tons, texte en noir.

Reliure strictement de l'époque plein maroquin chocolat ornée de décors mosaïqués de fleurs et feuillages encadrant les plats et sur le dos à quatre nerfs sautés, filets dorés d'encadrement sur les plats et sur le dos, double-filet doré sur les coupes, tête dorée, doublure de maroquin pistache encadrée d'un jeu de six filets dorés concentriques, avec cinq abeilles mosaiquées de maroquin beige, gardes de soie brochée à motifs de cerises, doubles-gardes de papier marbré vert, non rogné pour les autres tranches. Couverture illustrée conservée (plats et dos). (reliure signée H. BLANCHETIERE). Exemplaire très bien conservé. A noter une petite fente sans manque en pied du mors du plat supérieur avec léger assombrissement du cuir, très peu visible et sans conséquence sur la solidité de la reliure, légers frottements et ombres au maroquin. Exemplaire d'une parfaite fraîcheur intérieure.

ÉDITION ILLUSTRÉE ET PREMIER TIRAGE DES SUBLIMES ILLUSTRATIONS D'ADOLPHE GIRALDON MAGNIFIQUEMENT INTERPRÉTÉES SUR BOIS PAR ERNEST FLORIAN.

30 AQUARELLES D'ADOLPHE GIRALDON GRAVÉES SUR BOIS PAR ERNEST FLORIAN, DONT LA VIGNETTE DE COUVERTURE, FRONTISPICE, HORS-TEXTE, VIGNETTES DE FAUX-TITRE, EN-TÊTE ET CULS-DE-LAMPE.

UN DES 100 EXEMPLAIRES SUR PAPIER DU JAPON (avec un seul état des bois). Il est annoncé un deuxième état des bois qui ne se trouve pas relié dans notre exemplaire.



Cette magnifique édition illustrée de la Vie des abeilles de Maeterlinck a été imprimée à 1.212 exemplaires (186 ex. sur Japon avec deux ou trois états des bois et 1014 ex. sur vélin d'Arches, avec 12 ex. sur Chine avec trois états des bois). Notre exemplaire est imprimé sur Japon, luxueusement relié à l'époque avec un seul état des bois. Dans notre exemplaire les bois hors texte sont imprimés sur un papier vélin blanc comme il se doit, tout le reste du volume est imprimé sur papier du Japon. 



Cette édition a connu des instants difficiles pour voir finalement le jour à la fin de la guerre comme le décrit en détail le colophon imprimé : "Les aquarelles exécutées par Adolphe Giraldon pour illustrer cette édition de la vie des abeilles ont été gravées sur bois, en couleurs, par Ernest Florian. Le cher et grand artiste est mort à Paris au début de 1914 au moment où il achevait cette oeuvre, la dernière de sa laborieuse et féconde carrière. L'impression de cet ouvrage pour le compte de F. Ferroud, éditeur, a été confiée à "La Semeuse" sous la surveillance de E. Florian et de A. Giraldon, Henri Guillemin étant pressier et Martin, prote. Le 1er août 1914 tout fut arrêté. En 1916 "La Semeuse" ouvrit de nouveau ses ateliers, Martin était mort pour la France et Henri Guillemin cruellement blessé en 1914 tentait, en vain, de continuer son travail. Ch. Clément voulut bien mettre au point la gravure des bois et le 1er mai de l'année de guerre 1918, Barrois étant directeur de "La Semeuse", Bizet prote et Gouard Pressier, l'impression de la vie des abeilles fut achevée."



A noter que selon Adolphe Giraldon, artiste-créateur de l'imagerie pour cette Vie des abeilles, l'apiculture se conjugue exclusivement au féminin. En effet, l'intégralité des dessins montrent des femmes apiculteurs ou apicultrices en robes longues dans des paysages évanescents. Cette illustration est tout simplement splendide et teintée du symbolisme si cher à l'auteur, Maurice Maeterlinck. La Vie des abeilles avait paru pour la première fois en 1901. Une première édition illustrée par Carlos Schwabe a paru en 1908 pour la Société des Amis des Livres (tirée à 150 exemplaires seulement).








Maeterlinck (1862-1949), disait Gourmont dans Le Livre des masques, fait partie des êtres "douloureux qui se meuvent dans le mystère de la nuit". A côté de l'oeuvre du poète symboliste, il y a Maeterlinck observateur de la nature. La Vie des abeilles, L'intelligence des fleurs, La Vie des termites, La Vie des fourmis comptent parmi les travaux d'observation à la fois les plus stimulants et les Plus originaux sur la vie naturelle. Le succès de ces ouvrages fut immense : La Vie des abeilles dépassera les 250 000 volumes et assurèrent au poète, dans le domaine des sciences naturelles, une popularité encore plus grande que celle de Jean-Henri Fabre, au point que le biologiste Jean Rostand lui rendait en 1965 un hommage éclatant. "Dans cette Vie des abeilles, de genre inclassable comme le sont beaucoup de vrais chefs-d'œuvre, Maeterlinck nous communique, nous fait partager l'émotion qu'il éprouve lui-même devant ce petit univers que constitue une ruche. Emotion que provoquent en lui non seulement l'aspect visible, le spectacle fascinant et pittoresque de la frémissante cité. mais aussi tout ce qui fait la vie profonde de ses habitants, l'intimité de leurs moeurs. le secret des consciences séculaires que leur imposent les besoins de la collectivité et les nécessités de l'espèce. Reproduction. sexualité, parthénogenèse, rivalité des reines, soins donnés aux jeunes, discipline sociale, soumission de l'individu du groupe : sur tout cela, il médite, s'interroge passionnément... Par la vertu de son génie. Maeterlinck fera entrer dans le patrimoine littéraire un peu de l'âme du naturaliste."







Magnifique édition, très recherchée en belle condition de reliure parlante mosaïquée doublée et signée de l'époque comme ici.

Prix : 2.800 euros

lundi 5 juin 2023

Le Jeu du TricTrac, enrichi de figures, avec les jeux du Revertier, du Toute-Table, du Tourne-Case, des Dames rabatues, du Plain, et du Toc. Troisième édition, revue, corrigée et augmentée. A Paris, chez Henry Charpentier, 1715. Bel exemplaire de ce classique sur le jeu de Trictrac.



[Anonyme]

Le Jeu du TricTrac, enrichi de figures, avec les jeux du Revertier, du Toute-Table, du Tourne-Case, des Dames rabatues, du Plain, et du Toc. Troisième édition, revue, corrigée et augmentée.

A Paris, chez Henry Charpentier, 1715

1 volume in-12 (16,5 x 9,5 cm) de (14)-111-(9) et 198-(16) pages. Bien complet du frontispice dessiné et gravé par Tardieu (scène montrant des joueurs et joueuses à la table de trictrac).

Reliure strictement de l'époque plein veau marbré, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges, roulette dorée sur les coupes. Coins émoussés/usés sinon très bel état de conservation. Reliure fraîche, solide et décorative. Intérieur frais. Cachet à l'encre bleue sur le titre.



Nouvelle édition, en partie originale.

"Le jeu du Trictrac accompagné de figures et de tous les jeux en général qui ont de la correspondance avec le Trictrac, ont été si favorablement reçus, que voici la troisième édition qui paraît en très peu de temps. Le prompt débit des précédentes éditions prouve sans doute l'utilité de ce livre et l'approbation que le public lui a donné ; et comme je ne cherche qu'à satisfaire de plus en plus le lecteur, je lui présente cette troisième édition qui doit être considérée comme un nouvel ouvrage, puisque l'on verra qu'il a été retouché depuis le commencement jusqu'à la fin, qu'on lui a ajouté plusieurs remarques et circonstances essentielles qui n'étaient point dans les premières, et enfin qu'elle est dans un ordre beaucoup plus facile pour l'intelligence du Trictra : Ainsi l'on y trouvera tout ce qui peut donner une connaissance parfaite, tant de ce jeu, que de ceux qui y ont rapport." (Le Libraire au Lecteur).








Le trictrac, plus rarement tric trac ou tric-trac, est un jeu de société de hasard raisonné pour deux joueurs qui se joue avec des dés sur un tablier semblable à celui du backgammon. Il appartient à la famille des jeux de tables. Son intérêt ludique réside dans les multiples combinaisons, dans l’importance des prises de décisions et dans ses règles très abouties. Il demande une attention permanente de la part des joueurs que ce soit ou non à leur tour de jouer. Le but du jeu n’est pas de sortir ses dames le plus rapidement possible, contrairement au jacquet ou au backgammon, mais de marquer un maximum de points. Les parties se terminent le plus souvent avant que toutes les dames ne soient sorties. Ce jeu fut très en vogue en France aux XVIIe et XVIIIe siècles, à la cour et dans les milieux aristocratiques. Il a connu une renaissance durant la Restauration avant de quasiment disparaître à la fin du XIXe siècle. Le plus ancien traité sur le trictrac a été écrit par Euverte Jollyvet, avocat au parlement de Paris, en 1634 dans le but de standardiser les règles du jeu qui devaient se transmettre alors par tradition orale. Depuis cette date, seulement des modifications mineures ont été apportées. 

« L’excellence, la beauté et la sincérité qui se rencontrent dans ce jeu font que le beau monde qui a de la politesse s’y applique avec beaucoup de soin, en fait son jeu favori et le préfère aux autres jeux. En effet ce beau jeu a tant de noblesse et de distinction, que nous voyons qu’il est plus à la mode que jamais. Les dames y ont une très grande attache […] » (extrait)

Les autres jeux évoqués dans ce traité se jouent tous sur un plateau de Trictrac, avec des règles différentes détaillées dans les premiers chapitres du volume.

L'auteur de ce volume est resté anonyme. La première édition, moins complète et moins correcte date de 1698 et a été réimprimée en 1701.








L’auteur en complément de la description du jeu donne des renseignements sur le comportement des joueurs comme un certain raffinement qui reflète celui de la cour, ainsi si un joueur joue avec une partenaire féminine, celle-ci hérite des dames noires « pour rehausser la blancheur de ses mains », il y est conseillé ne pas s’emporter contre un tricheur mais simplement d’éviter de rejouer contre lui. Afin de rompre la lourdeur du silence au cours d’une partie, il préconise d’user sans en abuser de petits « quolibets » pour accompagner certains coups de dés, etc.

Bel exemplaire de ce classique sur le jeu de Trictrac.

Prix : 500 euros

vendredi 2 juin 2023

EVENTAIL, dix gravures de Marie Laurencin accompagnées de poésies nouvelles de Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON. Paris, 1922. Editions de la Nouvelle Revue Française. Un des 27 exemplaires hors-commerce tirés sur Hollande vergé Van Gelder Zonen. Exemplaire avec la suite complète des dix pointes sèches tirées à part et un tirage à part de la couverture avec décomposition. Exemplaire de choix très bien conservé de ce petit livre emblématique de son époque.


Marie LAURENCIN (illustratrice). Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON.

EVENTAIL, dix gravures de Marie Laurencin accompagnées de poésies nouvelles de Louis CODET, Jean PELLERIN, Roger ALLARD, André BRETON, Francis CARCO, M. CHEVRIER, F. FLEURET, G. GABORY, Max JACOB, Valery LARBAUD et A. SALMON.

Paris, 1922. Editions de la Nouvelle Revue Française.

1 volume petit in-8 (19,5 x 12 cm) broché de 61-(5) pages, avec 10 pointes sèches originales de Marie Laurencin tirées dans le texte au format carré 8,5 x 7,5 cm environ. Couverture rempliée imprimée en couleurs (bleu et rose) formant un éventail. Excellent état. Quelques décharges et ombres à la couverture sinon parfait exemplaire.

Tirage unique à 335 exemplaires.

Celui-ci, un des 27 exemplaires hors-commerce tirés sur Hollande vergé Van Gelder Zonen.

Il a été tiré 300 exemplaires sur ce même papier et 8 exemplaires sur vergé bleuté du dix-huitième siècle avec une double suite des gravures, sur Japon impérial et sur vergé du dix-huitième siècle.


Notre exemplaire contient en plus :

- 1 état supplémentaire tiré à part de la couverture en couleurs avec l'éventail (sur vergé).

- 1 état de l'éventail en couleurs tiré seul avant la lettre (sur vergé).

- 1 suite complète des 10 pointes sèches tirées à part sur papier vergé Ingres. Le chiffre du tirage à part de cette suite n'est pas connu mais elle était sans aucun doute réservée aux exemplaires de tête et aux exemplaires de collaborateurs (soit une trentaine d'exemplaires en tout).


Ce délicieux volume s'ouvre sur un "Petit concert sur l'absence de Marie Laurencin" par Maurice Chevrier (daté de septembre 1920). Viennent ensuite les poèmes de Roger Allard (L'Abbesse d'Aléa), d'André Breton (L'An suave, daté d'avril 1914), de Francis Carco (Le Miroir), de Louis Codet (La Nymphe d'Auteuil), de Fernand Fleuret (Prose pour Pallas Ambigüe, daté de 1911), de Georges Gabory (Qui n'entend qu'une cloche...), de Max Jacob (Olga, petit roman, daté de 1921), de Valery Larbaud (La Rue Soufflot), de Jean Pellerin (Fil de Rêve), enfin d'André Salmon (Elégie Fraternelle, daté de juillet 1921).

La page de titre a été composée en calligramme par les élèves de l'Ecole Estienne. Le volume a été achevé d'imprimer le seize janvier 1922, le texte par Coulouma à Argenteuil, les gravures par Vernant et Dollé imprimeurs en taille-douce à Paris.







Au début de l'année 1922, Marie Laurencin a 39 ans. Compagne pendant six années du poète Guillaume Apollinaire, Flap, comme la surnomme son premier amant Henri-Pierre Roché, épouse finalement, en 1914, le peintre allemand Otto de Waetjen, un pacifiste qui refuse de prendre les armes contre la France, ce qui lui vaut au déclenchement de la Première Guerre mondiale d'être déchue de sa nationalité, spoliée de tous ses biens et contrainte à l'exil, en Espagne. Divorcée, elle retrouve durant l'Entre-deux-guerres sa position tout en continuant ses amours avec Nicole Groult, relation discrète mais non cachée qui aura duré une quarantaine d'années. Figure internationale, elle portraiture alors les personnages du Tout-Paris. Sous l'Occupation, elle continue cette vie mondaine et renoue avec ses amis allemands tout en aidant Max Jacob, son complice en ésotérisme, sans réussir toutefois à le faire libérer à temps du camp de Drancy. Elle y est internée à son tour à la Libération dans le cadre d'une procédure d'épuration, échappant de peu au sort des tondues​. Dès 1907 elle devenait l'amie du Paris-Artiste. Elle se lie avec Pablo Picasso, André Salmon, Kees Van Dongen, André Derain, Max Jacob, Robert Delaunay, et bien d'autres. "Coco" comme on l'appelle, fréquente tous les artistes du Bateau-Lavoir. Vraie fausse-compagne-muse un moment de Guillaume Apollinaire, elle fait montre d'une grande liberté dans ses moeurs et ses relations homosexuelles sont connues. Marie Laurencin épouse le 21 juin 1914 le baron Otto von Wätjen, dont elle a fait connaissance un an plus tôt dans le milieu artistique de Montparnasse, entre Le Dôme et La Rotonde. Par son mariage, elle devient allemande et baronne, bénéficiaire d'une rente annuelle de 40 000 marks. Le couple est surpris par la déclaration de guerre durant son voyage de noces à Hossegor. Poursuivant en Espagne leur lune de miel contrariée, les époux ne peuvent rentrer à Paris, à cause de leur nationalité. Otto, qui ne veut pas avoir à prendre les armes contre la France, refuse de retourner en Allemagne. Marie Laurencin, comme tout citoyen franco-allemand, est déchue de sa nationalité française.​ Au printemps 1915, le couple s'installe à Malaga dans la villa Carmen, avenue de la Rosaleda, puis à la villa Bella Vista, avenue Jorge de Silvela. Marie Laurencin y trouve consolation dans les bras de son amant des vacances 1911, Hanns Heinz Ewers. Au début de mars 1918, le couple répond à l'invitation d'être logé à Madrid en face du Prado dans une maison de Cécile de Madrazo. Marie Laurencin se partage entre cette figure à la fois mondaine et discrète de la haute bourgeoisie anoblie. Fin novembre 1919, au terme d'un mois de voyage de Gènes à Bâle, via Milan et Zurich, au cours duquel elle aura fait la connaissance d'Alexandre Archipenko et Rainer Maria Rilke, Marie Laurencin séjourne à Düsseldorf chez la mère de son mari. Afin de faire avancer le règlement de sa propre situation, elle passe le mois d'avril 1920 à Paris, où elle est hébergée par les Groult. Le 15, Georges Auric l'introduit auprès du jeune diplomate Paul Morand, qui était son voisin à Madrid en 1918, pour entreprendre les démarches qui lui redonneront la nationalité française. Elle peut faire prononcer son divorce le 25 juillet 1921 en renonçant à toute pension. À trente huit ans, financièrement autonome, « Mademoiselle Marie Laurencin » retrouve le 15 avril 1921 définitivement Paris, où en huit ans elle changera trois fois d'adresse. C'est à la fin de l'année 1921 que se prépare l'ouvrage Eventail qui lui rend hommage par la poésie et qu'elle illustre de 10 pointes sèches auto-portraits. Au printemps 1922, Marie Laurencin est hospitalisée pour un cancer de l'estomac. Lors de la chirurgie, elle subit également une hystérectomie. En 1923, convalescente, Marie Laurencin crée des papiers peints pour André Groult, qui vit à l'ombre du succès de la maison de couture de son épouse. À la mi-décembre, accompagnée de Jean Giraudoux et de Gaston Gallimard, elle retrouve Pablo Picasso à l'enterrement de Raymond Radiguet. Portraitiste mondaine du Tout-Paris des Années folles dont elle peint les portraits, Marie Laurencin mène une vie de luxe et de mondanités. Si le portrait est pour elle un expédient lucratif et pour ses modèles un article de mode, elle ne fait pas de cet exercice imposé l'éloge d'une position sociale, masculine ou féminine, qu'il était à l'époque classique. Pendant la deuxième guerre mondiale elle affiche des positions ambigues. Faisant montre en public d'antisémitisme elle aide pourtant son ami Max Jacob. A partir de 1945 et jusqu'à sa mort en 1956 elle mènera une vie retirée et pieuse. Elle aura connu les périodes Dada, cubistes, fauves et tous les autres mouvements modernistes de l'Ecole de Paris qu'elle contribua à façonner par son propre art. Elle laisse une oeuvre immense composée de milliers de peintures, gravures et dessins.

« Elle a fait de la peinture au féminin un art majeur. On ne trouve pas de mots pour bien définir la grâce toute française de Mademoiselle Marie Laurencin, sa personnalité vibre d’allégresse. » (Apollinaire)

Eventail regroupe, sous ses quelques feuillets et ses jolies estampes, autour de Marie Laurencin, en guise d'hommage à son talent et à sa personne, les noms d'André Breton, Max Jacob, André Salmon, Fernand Fleuret, Valery Larbaud, Francis Carco et quelques autres.


La suite des dix pointes sèhes tirées à part sur papier vergé Ingres gris est très rare car tiré à très petit nombre. L'état supplémentaire de la couverture avec la décomposition du motif en couleurs (bleu et rose) ne se rencontre jamais et n'est pas annoncé.

Exemplaire de choix très bien conservé de ce petit livre emblématique de son époque.

Prix : 5.500 euros