mercredi 26 octobre 2022

Pierre MAC-ORLAN (auteur). Georges BRAUN (illustrateur). André DIDIER (illustrateur - aquarelles originales). La maison du retour écœurant. Par Pierre Mac-Orlan. Décoration de G. Braun. Un des 50 exemplaires imprimés sur papier du Japon. Exemplaire unique enrichi à l'époque au moment de la reliure d'une très belle suite de 20 dessins originaux (encre de Chine et aquarelle) tous signés de l'illustrateur André Didier. Superbe exemplaire relié par René Kieffer.


Pierre MAC-ORLAN (auteur). Georges BRAUN (illustrateur). André DIDIER (illustrateur - aquarelles originales).

La maison du retour écœurant. Par Pierre Mac-Orlan. Décoration de G. Braun.

Collection de L'amour des Livres, René Kieffer, éditeur, Paris, s.d. (1929) [achevé d'imprimer le 10 janvier 1929 par Ducros et Colas à Paris].

1 volume petit in-8 (20,8 x 15,5 cm) de (4)-177-(2) pages. 20 aquarelles originales inédites par André Didier. Ornements géométriques art déco imprimés en deux couleurs à chaque page par Georges Braun.


Reliure plein veau brun estampé à froid d'un fin damier poussé à la plaque sur toute la surface du cuir, fer doré carré au centre des plats, auteur et titre doré au dos, tête dorée, non rognés, couverture illustrée en couleurs par Georges Braun conservée en parfait état (motifs art déco non figuratifs), doublures et gardes de papier marbré avec semi de poudre d'or. Reliure de l'époque signée René Kieffer avec son étiquette contrecollée au verso du premier plat. Infimes petites traces plus sombres sur les plats sinon superbe condition proche du neuf, dos légèrement éclairci.

Nouvelle édition.


Un des 50 exemplaires imprimés sur papier du Japon (numéroté au composteur).

Exemplaire unique enrichi à l'époque au moment de la reliure d'une très belle suite de 20 dessins originaux (encre de Chine et aquarelle) tous signés de l'illustrateur André Didier. Chaque dessin est placé à l'endroit qui correspond au dessin dans le texte (pagination manuscrite par l'artiste).







Premier roman publié par Pierre Mac-Orlan (Pierre Dumarchey) en 1912 aux éditions de la Bibliothèque humoristique, La maison du retour écœurant, au titre de prime abord des plus déroutants, est un roman d'aventures burlesques que l'on pourrait qualifier de "complètement fou". Raymond Queneau voyait dans ce livre un chef-d'œuvre de nonsense. Il a exercé une forte impression sur Boris Vian (Cf. Sylvain Goudemare, préface à La Maison du retour écœurant, in Le Rire jaune et autres textes, éditions du Sillage, Paris, 2008, p. 18.).

Nous en donnons le résumé tant l'histoire est à vous mettre la tête à l'envers : Thomas Turnlop tente de mettre en place un trafic de jus de viande à Hong Kong, mais il se heurte aux frères Jean et Pierre Mac Guldy, qui voient d'un mauvais œil l'établissement d'un commerce illicite qui pourrait faire de l'ombre à leur activité de contrebande d'opium. Ils promettent d'éliminer leur concurrent qui, à la suite de sa rencontre avec l'un des deux frères, est pris d'une telle frayeur que ses cheveux bruns deviennent blancs. Par compensation, sa peau blanche devient noire. Fuyant Hong Kong, Turnlop, bientôt surnommé le Corbeau Blanc, se retrouve à Haïti, où il obtient un poste de diplomate. Envoyé en France en qualité de vice-consul, il s'établit dans la petite ville de Trucheboeuf. Quelque temps plus tard, à la suite du décès de sa sœur, Turnlop devient le tuteur du fils de cette dernière, Paul Choux. Il fait également l'acquisition d'une femme, Lucy, et d'une domestique, Isabeau. Paul se rapprochant dangereusement de sa tante par alliance, Turnlop décide de l'envoyer lui chercher du tabac en Haïti. Le neveu s'exécute et, après diverses péripéties, revient avec le tabac réclamé par son oncle, qui le surprend en train d'embrasser Lucy. Prenant prétexte du fait que Paul ne lui a pas rapporté l'intégralité de la monnaie de l'argent qu'il lui avait remis pour l'achat du tabac (il manque un franc), Turnlop renvoie son neveu la chercher en Haïti. Paul échoue à Colombo, où il fait la connaissance de Jean Mac Guldy, tout aussi désargenté que lui. Tous deux ont l'idée d'assassiner un métisse nommé François Villon, après l'avoir emmené avec eux en Haïti. Une fois le meurtre commis, les deux hommes patientent une quarantaine d'années, puis font savoir que, contrairement à ce que l'on croyait jusqu'alors, l'Amérique n'a pas été découverte par Christophe Colomb, mais par François Villon, disparu au milieu du xve siècle. Pour preuve, ils montrent la sépulture de leur victime, où est bien inscrit le nom du poète français. Mais la supercherie ne leur apporte pas l'argent escompté. De dépit, Jean se tue en se renversant une tasse de thé brûlant sur la tête. Quant à Paul Choux, ayant par hasard retrouvé la pièce de un franc manquante dans sa poche, il se décide à retourner chez son oncle. Revenu en France caché dans une cargaison de bananes, il remet la pièce à celui-ci. Mais ils découvrent que cette pièce est d'une monnaie qui n'a plus cours. Turnlop chasse alors une dernière fois son neveu de chez lui, et « nul homme au monde ne peut savoir ce qu'il advint de Paul Choux, matelot breveté, et que Mac Guldy appelait frère, de l'autre côté de l'Atlantique. »








« Réjouissant barbouillage de jeunesse » d'après Gilbert Sigaux, « sorte de pont jeté entre Ubu et Dada» selon Nino Frank, ce « premier récit développé encore que décousu » de Mac Orlan est caractéristique de la première manière de son auteur, celle des contes et récits humoristiques inspirés de l'humour montmartrois du début du XXe siècle, voire des monologues de cabaret. Quant à l'influence du nonsense anglo-saxon, il trouve sans doute son inspiration dans les œuvres d'Alphonse Allais et de Gaston de Pawlowski. Enfin, la manière de décrire les personnages, campés d'un seul trait, montre que Mac Orlan a « transposé dans ses contes l’œuvre du caricaturiste qu'il voulait devenir » (avant de devenir écrivain Mac Orlan envisageait en effet de se lancer dans une carrière de peintre et de dessinateur.) (Bernard Baritaud, Pierre Mac Orlan. Sa vie, son temps, éd. Droz, 1992​).

Pierre Mac Orlan, dans les deux préfaces qu'il a données à La Maison du retour écœurant (respectivement en 1924 et en 1945), a moins insisté sur la dimension humoristique et fantaisiste de son premier roman que sur l'arrière-plan d'amertume sur lequel il avait pris naissance : « mon récit est le premier de ceux que j'ai dédiés à la mauvaise chance », écrivit-il ainsi en 1945, et il fut écrit à une époque où il était « pétrifié de dégoût. [Ses] vêtements étaient en loques et personne ne tenait à [le] fréquenter. » (La Maison du retour écœurant, éditions Gallimard, 1970, pp. 12-13.​)












Cette première période littéraire dans l’œuvre de Mac Orlan est également illustrée par les recueils de contes et nouvelles Les Pattes en l'air (1911), Les Contes de la pipe en terre (1913) et Les Bourreurs de crâne (1917), ainsi que par les romans Le Rire jaune (1914) et U-713 ou les gentilshommes d'infortune (1917), c'est-à-dire celle au cours de laquelle il est à la fois dessinateur et écrivain. Par la suite, à partir de 1917, l'écriture l'ocupera entièrement, et il délaissera la veine humoristique. Il est possible également que l'expérience de la Première guerre mondiale ait « quelque peu écœuré Mac Orlan de cette manière », ainsi que l'explique Raymond Queneau, qui remarque que celle-ci réapparaitra après la Seconde Guerre mondiale chez des auteurs tels que Boris Vian, qui aimait à rappeler l'influence que La Maison du retour écœurant avait exercé sur son œuvre. (Gilbert Sigaux, préface aux Pattes en l'air, édition des Œuvres complètes de Mac Orlan, Le Cercle du bibliophile, p. 7. Raymond Queneau, préface aux Œuvres complètes de Mac Orlan, p. XIX.)

Notre exemplaire contient une suite complète de 20 compositions très abouties par André Didier, probablement/peut-être commanditées par l'éditeur-relieur bibliophile René Kieffer, éditeur-relieur de l'édition. Cette suite est cependant restée inédite et n'a pas servi pour illustrer l'édition entière. Nous sommes ici en présence d'une très belle et très intéressante suite dessins originaux, tous humoristiques et fort étranges, en totale adéquation avec le texte de Mac-Orlan. On y voit des chameaux, des chinois, des langues coupées, un hommage à Villon, des marins et des poissons, et bien d'autres étrangetés encore, toujours finement dessinées et mises en couleurs à l'aquarelle par l'artiste. Tous les dessins sont signée à l'encre. Ces dessins non datés sont très probablement parmi ses premières créations de jeunesse (vers 1933-1940). La reliure a été faite par les ateliers René Kieffer avec ces dessins originaux ce qui indique que la reliure doit dater de la fin des années 1930 ou du début des années 1940.

"André DIDIER est né le 10 octobre 1918 à Colombes d une mère bretonne des Côtes d Armor et d'un père belge de la province du Luxembourg. Dès son enfance il montre de grandes dispositions pour le dessin, le portrait et la peinture. Il gagne un concours pour une création publicitaire : « café REX - le Roi du bon café » (Paris 12ème). A l'âge de 15 ans, il passe les concours d entrée aux écoles « Estienne », « Boulle » et « Arts Appliqués ». Il est reçu brillamment aux 3 concours. Il choisira l école « Estienne » d'où il sortira le 1er de sa promotion, section photogravure (1934/1937). Il sera photographe à Toulon où il créera, avec un ami, le « Studio Marc ». C est pendant son service militaire dans la marine (1938/1940), à bord du « Dunkerque », qu'il révélera ses talents de caricaturiste, en faisant les caricatures du commandant et de tous les officiers du bord. En parallèle il deviendra champion de Bretagne de plongeon au tremplin (1938) et champion de France de la marine (1939). A son retour, il créera des jouets en bois tournés à tirer, réalisera quelques courts métrages dans un ciné-club et deviendra illustrateur de livres de luxe aux Éditions de la Couronne (Paris 7ème)." (notice par Nadine Beauthac Bouchart, à l'occasion de l'Exposition de photographies et de peintures de Belleville, 15 et 16 septembre 2012).


Superbe exemplaire unique (contenant 20 aquarelles originales d'André Didier) de cet ouvrage bizarre illustré tout aussi bizarrement par un artiste de grand talent.

Prix : 2.800 euros

lundi 24 octobre 2022

Henryk SIENKIEWICZ. [Natanson, Félix Fénéon, contribution à l'édition]. QUO VADIS, roman des temps néroniens. Traduction de B. Kozakiewicz et J.-L. de Janasz. Edition du Jubilé. Un des 200 exemplaires de luxe sur vieux Japon. Superbe exemplaire tel que paru.


Henryk SIENKIEWICZ. [Natanson, Félix Fénéon, contribution à l'édition].

QUO VADIS, roman des temps néroniens. Traduction de B. Kozakiewicz et J.-L. de Janasz. Edition du Jubilé.

Paris, Editions de la Revue Blanche, 1901 [de l'imprimerie de Ed. Crété, Corbeil].

1 fort volume in-8 (25 x 18,5 cm) broché de (4)-567-(1) pages. Portrait de l'auteur en frontispice (photogravure). Couverture ivoire à rabats, premier plat titré en relief, second plat illustré en relief (médaillon). Exemplaire à l'état proche du neuf, non rogné, non coupé. Sans emboîtage.



Un des 200 exemplaires du tirage à part sur vieux Japon à la forme.

Celui-ci porte le n°3 (numéroté au composteur).



"Le projet de Quo Vadis apparaît pour la première fois dans une lettre d'août 1893 : il s'agira d'une épopée chrétienne à la gloire des premiers chrétiens victimes des persécutions de Néron. Sienkiewicz (1846-1916) se documente, lisant notamment avec grand soin Tacite et Suétone, mais aussi beaucoup d'autres ouvrages anciens et modernes. Après un an et demi de réflexion et d'étude, il commence la rédaction en février 1895 et l'achève un an après. [...] Le livre paraît d'abord en feuilleton [dans la presse polonaise] à partir de mars 1895. [...] Il fut aussitôt traduit en italien et en anglais, puis bientôt dans quantité d'autres langues. Les Français durent attendre davantage, l'auteur hésitant entre deux traducteurs eux-mêmes peu pressés. La première traduction parut en 1900 aux éditions de La Revue Blanche (notre traduction), suivie d'une autre parue en 1901 chez Flammarion. [...] La vogue extraordinaire du roman en France touche au phénomène de société. "On ne s'abordait plus entre gens du monde sans se demander : "Avez-vous lu Quo Vadis ?" Cette formule avait remplacé le banal "Comment allez-vous ?" que disent encore quelques personnes arriérées, peu au courant de nos usages", écrit un journaliste en 1901 (d'après M. Kosko, La fortune de Quo Vadis en France, p. 18). [...] A côté de cet accueil populaire délirant, Quo Vadis n'a pas été bien reçu des milieux littéraires français [...] l'extrême-droite ne pardonne pas à Quo Vadis d'avoir été publié par un juif dreyfusard (Natanson, qui dirigeait les éditions de la Revue Blanche - avec la collaboration de Félix Fénéon, directeur littéraire), et Léon Daudet suggéra même plus tard dans l'Action Française que le roman avait été lancé pour sa médiocrité même, afin de nuire à la cause chrétienne (d'après M. Kosko, p. 29-30), les ultra-catholiques sont réticents devant les complaisantes excursions dans les orgies et la luxure, et Léon Bloy ne décolère pas que le roman puisse passer pour chrétien (M. Kosko, p. 124) [...] Du côté de la gauche anticléricale, la condamnation est bien sûr unanime : le roman est une machine de guerre contre la libre pensée (L'Aurore) [...] Remy de Gourmont, Péguy, Marchel Schwob le dénigrent. [...]." (Etienne Wolff)


"Sienkiewcz est parti d'un épisode des Actes de Pierre, œuvre d'édification apocryphe du début du IIIe siècle, selon lequel Pierre, enfermé dans la prison Mamertine, parvient à s'échapper et quitte Rome. Hors la ville, il voit Jésus lui apparaître. Pierre lui demande : Seigneur, où vas-tu (Quo vadis, Domine ?) - Je vais à Rome me faire crucifier à nouveau, répondit Jésus. Alors l'apôtre, comprenant le sens de cette apparition, revient à Rome où il subit le martyre, crucifié peut-être la tête en bas, avant d'être enseveli sur la colline Vaticane où se dresse la basilique qui porte son nom." (Etienne Wolff)

"C'est un roman symbolique et allégorique : derrière les chrétiens persécutés par Néron se cache la Pologne humiliée par les Russes, qui trouve la rédemption par la religion et y puise la force de supporter son destin." (Etienne Wolff)












Quo Vadis a été très tôt adapté pour le cinématographe. La première version filmée date de 1901 (même année que notre édition, film français de Lucien Nonguet et Ferdinand Zecca), puis encore en 1913 et 1924 pour des productions italiennes. Mais c'est la version américaine de Mervyn Leroy de 1951 avec Robert Taylor, Deborah Kerr et Peter Ustinov dans les rôles principaux qui marquera son époque. Ce péplum de près de 3 heures inscrit à jamais Quo Vadis au panthéon des adaptations cinématographiques.

Cette édition dite du Jubilé de 1901 (parue quelques mois seulement après la première édition de 1900 chez le même éditeur) a été normalement tirée sur un papier couché ordinaire, seuls les exemplaires sur ancien Japon tels que le nôtre, méritent d'être recherchés. Bien qu'imprimée à 200 exemplaires sur ce superbe papier de luxe, les exemplaires sont aujourd'hui devenus très rares à trouver.

Référence : Wolff Etienne, Relire aujourd'hui Quo Vadis, in Bulletin de l'Association Guillaume Budé, n°2, juin 2002, pp. 217-231.

Superbe exemplaire tel que paru du rare tirage sur ancien Japon.

Prix : 1.600 euros

vendredi 14 octobre 2022

Abbé Prévost. Histoire du Chevalier des Grieux, et de Manon Lescaut. Amsterdam, aux dépens de la compagnie, 1753. La plus belle et la plus recherchée des éditions anciennes de Manon Lescaut. Superbe exemplaire finement relié en maroquin doublé par Georges Mercier.



[Abbé Prévost, Antoine François Prévost d'Exiles dit l']

Histoire du Chevalier des Grieux, et de Manon Lescaut. Première partie [Seconde partie].

A Amsterdam, Aux dépens de la Compagnie, 1753

2 volumes petits in-8 (16 x 10 cm | Hauteur des marges : 155 mm) de (4)-11-(1)-302-(1) et (4)-252 pages. 8 figures hors-texte par J.-J. Pasquier et Gravelot (4 figures pour chaque partie), 1 vignette à l'eau-forte de Pasquier en tête de la première page de texte de chaque partie. Collationné complet. A noter une habile réparation dans la partie haute du faux-titre de la première partie et une petite réparation angulaire à l'une des gravures. Quelques rares rousseurs sinon parfaitement frais. Impression sur papier fort comme il se doit.

Reliure plein maroquin bleu nuit doublé de maroquin Lavallière, dos à nerfs janséniste avec millésime en queue, double-filet doré sur les coupes, tranches dorées, doublure de maroquin encadrée d'un jeu de filets et roulettes dorées avec fleurons dans les angles, doubles gardes de tabis bleu et de papier peigne. Dos légèrement passés sinon parfait exemplaire relié par MERCIER successeur de son père (reliures signées et datées 1925 dans la dentelle intérieure).



Véritable édition de 1753 qui a fixé le texte des éditions postérieures.

"Elle est fort recherchée et mérite de l'être à tous les points de vue." (Le Petit)

"Premier tirage des gravures et le plus beau fait sur papier plié dans le sens de l'in-8°, c'est à dire que, dans le volume, les feuillets des gravures ont des pontuseaux de haut en bas (sens vertical)" (Le Petit)

Le feuillet signé N iij* de la page 149-150 de la première partie est cartonné.


L'Histoire de Manon Lescaut et du Chevalier des Grieux a paru pour la première fois dans les Mémoires et Aventures d'un Homme de qualité publiés en 1731 à Amsterdam. Tout le roman est renfermé dans le septième tome de ces Mémoires. Une première édition séparée de Manon Lescaut avait paru en 1733 sous le titre de Suite des Mémoires et Aventures d'un homme de qualité (Amsterdam). C'est néanmoins cette première édition illustrée de 1753 qui a eu de tous temps la faveur des bibliophiles.






Les plus grands bibliophiles du XIXe siècle se sont littéralement arrachés les exemplaires de cette précieuse édition pour en faire des bijoux bibliophiliques alors reliés à grands frais par les plus grands maîtres du temps : Trautz-Bauzonnet, Chambolle-Duru, Cuzin, Lortic, etc. Ces exemplaires de grand luxe ont figuré dans les meilleures libraires anciennes tels Morgand et Fatout, Auguste Fontaine, et bien d'autres. Pour exemple, le Bulletin Morgand (n°889) proposait un exemplaire relié par Trautz-Bauzonnet coté un prix astronomique de 1.250 francs en 1876 (quand dans le même temps un exemplaire en veau de l'Encyclopédie Diderot et d'Alembert en 35 volumes in-folio est coté 250 francs (n°266) et qu'un Molière de 1682 relié au XIXe est coté 1000 francs. Un exemplaire atteint même le prix de 2.000 francs (relié en maroquin doublé par Marius Michel, n°4355 du Bulletin Morgand). Un autre atteint 3.000 francs (relié en maroquin doublé de Trautz-Bauzonnet, n°5825 du Bulletin Morgand). L'exemplaire Delbergue-Cormont (920 francs or) en maroquin bleu doublé de maroquin orange à dentelle par Trautz-Bauzonnet figurait au catalogue XVIII (n°96) de la librairie Sourget et était coté 75.000 francs (soit environ l'équivalent de 15.000 euros de 2021).








"Le narrateur croise un jour un convoi de prisonnières, femmes de mauvaise vie destinées à être envoyées en Louisiane. Ce groupe est suivi par un jeune homme éploré, le chevalier des Grieux, qui se refuse à abandonner l’une d’elle, sa maîtresse Manon Lescaut. Il est prêt à tout, même à rompre avec son milieu pour l’accompagner dans le Nouveau Monde. Rencontrant à nouveau des Grieux plus tard, celui-ci lui relate alors son histoire." (Bnf, Les Essentiels)

Références : Jules Le Petit, Bibliographie des principales éditions originales (Paris, Quantin, 1888), pp. 527-528 ; Harrisse, Bibliographie de Manon Lescaut, n°24, pp. 63-65 ; Bnf, Les Essentiels, Manon Lescaut (en ligne) ; Cohen, Les livres à figures du XVIIIe siècle, col. 822 (éd. 1912).





Superbe exemplaire finement relié en maroquin doublé par Georges Mercier fils de ce best seller du XVIIIe siècle.

Prix : 9.000 euros