Mémoires sur l'origine des guerres qui travaillent l'Europe depuis cinquante ans. Par P. Linage de Vauciennes. Première [et Seconde] partie.
A Cologne, chez Pierre Marteau, 1678
2 parties reliées en 1 fort volume in-12 (13,7 x 8,5 cm | Hauteur des marges : 130 mm) de (42)-256-(26) et 293-(28) pages.
Reliure strictement de l'époque plein vélin ivoire à rabats, titre à l'encre au dos. Superbe état de conservation, d'une fraîcheur remarquables tant de la reliure que du papier. Quelques légères salissures au vélin. Belle impression sur papier fort.
Edition qu'on annexe à la collection elzévirienne (cependant souvent donnée comme sortie des presses des Elzévier dans les catalogues). Elle est publiée l'année suivant l'originale parisienne chez Claude Barbin (achevée d'imprimer le 22 mars 1677). Cette édition a toujours été plus recherchée que l'édition originale française de 1677.
"Le titre du tome I est orné de la sphère qui se trouve sur les titres d'éditions imprimées par Wetstein. Celle du tome 2 est celle employée couramment par Wolfgang." (Edouard Rahir, Morgand, 1896, Catalogue d'une collection unique de volumes imprimés par les Elzevier, n°2639)
Ces Mémoires ont encore été réimprimés en 1715 par Mortier à Amsterdam. Ils traitent essentiellement du cas de La Valteline et la guerre de Trente Ans (1621-1633). La Valteline (en italien : Valtellina, en allemand Veltlin, en lombard : Valtelina ou Valtulina) est une région d'Italie du Nord, limitrophe de la Suisse, qui correspond approximativement à la vallée de la rivière Adda et de ses affluents. La Valteline appartenait depuis le xive siècle au duché de Milan. À partir de 1512, elle passa, comme Chiavenna, sous la dépendance des Trois Ligues (qui allaient plus tard devenir le canton suisse des Grisons), alliées de la Confédération des XIII cantons. Lorsque le Milanais revint aux Habsbourg, la Valteline acquit aux yeux de cette famille une importance stratégique majeure, puisqu'elle contrôlait le passage le plus direct entre l'Italie du Nord et les vallées de l'Inn et du Rhin, donc vers l'Autriche et les territoires du Saint-Empire romain germanique. De 1515 à 1525 — depuis la prise du Milanais, et après la bataille de Marignan, et cela pendant 10 années, jusqu'à la bataille de Pavie —, la Valteline est remise par François Ier au chancelier Antoine Duprat, deuxième personnage du royaume pendant plus de 20 ans (1515-1535) ; elle est érigée en comté. Elle occupe alors pour le roi de France et le chancelier un point stratégique devant le risque représenté par l'empereur Charles Quint. À la perte de la Valteline en 1525, le chancelier Duprat reçoit en compensation la ville de Thiers et les biens meubles du connétable de Bourbon, féodal français ayant rejoint Charles Quint.
Ce passage était devenu très important, à partir de 1601, car c'était la seule voie de communication praticable et assurée pour les Espagnols entre le Milanais, la Franche-Comté et les Pays-Bas. En effet, le traité de Lyon, qui mettait fin à la guerre franco-savoyarde de 1601, qui comprenait la cession de la Bresse ne laissait plus qu'une voie de communication.
C'est la raison pour laquelle, de façon répétée, ils cherchèrent à en recouvrer la souveraineté. Cependant, au moment de la Réforme protestante, la Valteline resta fidèle au catholicisme pendant que les Grisons, et particulièrement l'Engadine, adoptaient le protestantisme. Il en résulta une opposition confessionnelle marquée entre vassaux catholiques de Valteline et suzerains protestants des Grisons, opposition que tentèrent d'exploiter à leur profit, avec un résultat médiocre, les Habsbourg, qui trouvèrent notamment sur leur route, durant la guerre de Trente Ans, l'allié stratégique des ligues grisonnes, la France de Louis XIII, Richelieu et le père Joseph.
Durant les vingt années mouvementées qui suivirent la guerre de la Valteline de 1620, l'Espagne, Venise, les Grisons et la France se disputèrent la région, alors que la peste s'abat sur la région en juin 1629.
Références : Pieters, Annales de l'imprimerie des Elzévier, n°94."Jolie édition qui ressemble aux éditions elzéviriennes, mais que je ne crois pas exécutée par eux." ; Simon Bérard, Essai bibliographique sur les éditions des Elzévirs les plus précieuses, etc, p. 198 "Hollande, Elzévier" ; Archives du Bibliophile, A. Claudin, 1858, n°4918 "Edition également exécutée avec les caractères de Pierre Elzévier d'Utrecht" ; édition mentionnée "rare" dans le catalogue d'une riche et précieuse collection de livres, A Gand, chez Fernand, 1812, n°489 ; Willems, Les Elzévier, histoire et annales, n°1920 "Edition imprimée à Amsterdam".
Provenance : de la bibliothèque de Chardin (Vente de 1823, n°2256) qui indique une impression des Elzévier. Une notice extrait des Archives du Bibliophile nous apprend que ce volume a été adjugé 40 francs chez Chardin (n°4918, Archives du Biblophile, année 1858).
Ce volume, souvent luxueusement habillé en maroquin par les grands relieurs du XIXe siècle (Lortic, Cuzin, Capé, etc.), était apprécié des bibliophiles de l'époque, les exemplaires en condition d'époque en vélin, très pur et parfaitement conservés, comme ici, sont devenus fort rares.
Superbe exemplaire en vélin d'époque.
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