COMTESSE DE GENLIS (Félicité du Crest, devenue Madame la).
Les Prisonniers, contenant six nouvelles, et une Notice historique sur l'amélioration des prisons. Ouvrage fait pour les Prisonniers et pour les personnes qui les visitent. Orné de deux estampes. Par Madame la Comtesse de Genlis.
A Paris, chez Arthus Bertrand, libraire, 1824
1 volume in-8 (21 x 13,5 cm) de 367-(1) pages. 2 gravures sur acier dont une en frontispice.
Reliure strictement de l'époque demi-veau brun, dos lisse orné de fleurettes et filets dorés, tranches mouchetées marron, plats de papier marbré, doublures et gardes de papier marbré. Parfait état. Reliure à l'état proche du neuf. Intérieur très frais. Rares rousseurs. Belle impression sur papier vergé chiffon.
Edition originale rare.
L'ouvrage s'ouvre sur une épître dédicatoire à son excellence monsieur le vicomte de Chateaubriand. Madame de Genlis présente ainsi son ouvrage à Chateaubriand : "Monsieur le vicomte, ce livre, fait pour des infortunés, pourra peut-être les distraire quelquefois de leurs peines cruelles, ou disposer ceux qui n'ont plus d'espérances sur la terre à recevoir les seules consolations qui puissent être efficaces dans tous les temps et dans toutes les situations. Ainsi, du moins, cet ouvrage, par l'intention qui m'engage à le publier, n'est pas indigne d'obtenir l'approbation de Votre Excellence, et c'est à ce seul titre que j'ose lui en offrir l'hommage. [...]".
« L'épître dédicatoire au Vicomte de Chateaubriand fait une allusion à l'intervention faite par le ministre des Affaires étrangères, quelques mois auparavant, en faveur du journaliste Magalon… Indépendamment du succès obtenu par le livre de la comtesse de Genlis, un billet de Chateaubriand (conservé à la BM de Nantes, mns Coll. Labouchère 667/37) fait connaître les sentiments qu'il éprouva lorsqu'il vit son nom inscrit en tête de l'ouvrage : 'Paris, le 9 mars 1824. J'ai trop tardé, Madame la Comtesse, à vous remercier de l'honneur que vous m'avez fait en me dédiant les Prisonniers. Désormais associé à votre gloire, si je me souciois beaucoup de l'avenir, j'ai quelque chance d'y parvenir à votre suite…'. Dans sa brièveté, ce billet entièrement autographe, et tracé en lettres hautes d'un centimètre, a grande allure. On pourrait reprocher à l'auteur un excès d'humilité personnelle et une exagération dans l'éloge qu'il prodigue à sa correspondante. Peut-être y a-t-il là plus de gentilhommerie et sûrement d'humour que de sincérité profonde ? Mais, n'en déplaise à Alceste, cette politesse d'autrefois avait bien du charme... » d'après Marie-Em. Plagnol-Diéval & F. Letessier.
A la suite on trouve la Préface qui donne un état des secours aux prisonniers et à l'amélioration des prisons par les "Grands" des divers royaumes de l'Europe depuis les premier temps modernes. Viennent ensuite les six nouvelles édifiantes. Enfin de la page 304 à 350 on trouve la Notice historique sur les prisons, partie la plus intéressante de l'ouvrage qui donne au lecteur un état des choses faites et à faire dans le domaine. Les dernières pages du volume sont un Récit tiré de la Gazette de Port-Louis du 18 septembre 1819 (récit du naufrage d'un navire nommé Les Six Soeurs, parti des Seychelles pour Port-Louis (ïle Maurice).
La morale et la piété sont les deux guides de Madame de Genlis lorsqu'elle écrit de cet ouvrage.
Félicité du Crest, par son mariage comtesse de Genlis, marquise de Sillery, est une romancière, dramaturge, mémorialiste et pédagogue française, née le 21 janvier 1746 à Issy-l'Évêque et morte le 31 décembre 1830 à Paris. En 1779, forte du succès de ses saynètes à visées éducatives, Mme de Genlis accepte de les regrouper pour les publier. Le livre intitulé Théâtre à l’usage des jeunes personnes est vendu au profit exclusif de prisonniers sans fortune, afin qu’ils puissent assurer leurs frais de justice. En 1815, sa vie devint difficile avec le retour des Bourbons. Elle ne vécut financièrement que grâce aux droits d’auteur qu’elle tirait de ses romans et nouvelles. Mais, toute sa vie durant, et malgré ses moyens limités, elle adopta de nombreux enfants de toutes les classes sociales et se chargea de leur éducation. Elle meurt le 31 décembre 1830 à Paris, faubourg du Roule, dans une pension de famille où elle s'était retirée depuis 1827, tenue par Madame Afforty, belle-mère du jurisconsulte et abolitionniste François-André Isambert. Jusqu'à ses derniers jours, Louis-Philippe vint lui rendre visite dans la pension de Madame Afforty.
Il semble que cet ouvrage édifiant de Madame de Genlis soit rare. Il n'y a actuellement aucun exemplaire proposé à la vente (en ligne le 26 décembre 2022).
Provenance : de la bibliothèque de Monbail avec ex libris. La bibliothèque de Monbail était celle de Pierre-Daniel de RORTHAYS (1754-1826), marquis de Monbail, en son château de Venansault (en Vendée).
Superbe exemplaire de la plus grande fraîcheur.
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