jeudi 29 novembre 2018

Le corset dans l'art et dans les moeurs du XIIIe au XXe siècle, par Fernand Libron et Henri Clouzot (1933). Un des 80 ex. hors-commerce enrichi de deux suites, d'une gouache originale et d'une lithographie originale d'Achille Devéria. Rare et magnifique ouvrage.


F. LIBRON et H. CLOUZOT

LE CORSET DANS L'ART ET DANS LES MOEURS DU XIIIe AU XXe SIECLE. Lettre-Préface de Louis Barthou de l'Académie Française.

Paris, Chez F. Libron, 1933 [Imprimerie Coulouma]

1 volume in-folio (38,5 x 28,5 cm), broché de 178 pages et 40 planches hors-texte dont plusieurs en couleurs (pochoirs), nombreuses illustrations dans le texte, fac-similés, etc. Avec une suite de 8 planches coloriées au pochoir et numérotées. Avec une suite de 15 planches en noir numérotées. Emboîtage pleine toile écru chinée avec pièce de titre en cuir. Excellent état, proche du neuf.

ÉDITION ORIGINALE.

TIRAGE DE LUXE A 885 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI 1 DES 80 EXEMPLAIRES HORS-COMMERCE SUR VELIN D'ARCHES AVEC 2 SUITES.

EXEMPLAIRE ENRICHI D'UNE TRÈS BELLE GOUACHE ORIGINALE (MAQUETTE POUR GAINE CORSET, VERS 1925-1930).


Gouache originale (vers 1925-1930)



EXEMPLAIRE ENRICHI D'UNE BELLE LITHOGRAPHIE ORIGINALE D'ACHILLE DEVÉRIA (LE COUCHER, 1829).



Lithographie originale d'Achille Devéria, Le Coucher, 1829



Le tirage comprend : 5 ex. sur Japon (hors-commerce), 775 ex. sur vélin d'Arches et 25 ex. sur Hollande Van Gelder avec une double suite des hors-texte (tout comme notre ex. du tirage hors-commerce).

Véritable monument bibliographique pour l'histoire du costume féminin. Ouvrage de référence.

"A corset is somewhat similar to an umbrella in its construction. When the umbrella is raised, the fabric tautens. The ribs are reinforced with metal tips, to which the fabric of the umbrella is sewn. These tips hold the fabric in a tautened condition while the umbrella is in use. It is the same with a corset" (O.Y. Dalziel)

Fernand Libron était Président de la Chambre syndicale des fabricants de corsets, et Henri Clouzot était le conservateur du Musée Galliera (Musée de la Mode et du Costume) à Paris.



La gouache originale est de format 27 x 19 cm environ, montée sur carton. Elle est signée (artiste non identifié). Probablement faite pour un catalogue de lingerie féminine des années 1925-1930, elle présente un modèle de gaine corsetée.

La lithographie d'Achille Devéria a été tirée sur pierre lithographique par C. Motte (1829). Elle est intitulée LE COUCHER et montre une jeune femme près de son lit, de dos, en train de délacer son corset. Timbre sec C. Motte. Quelques rousseurs et un défaut de tirage de la lithographie, dans la partie basse (corrigée à l'encre au pinceau à l'époque). Le sujet mesure 19,5 x 15 cm sur feuille 32,5 x 25 cm.

Ensemble des plus séduisants.




Références : Laver, James. Costume and fashion: a concise history. 4th ed. New York: Thames and Hudson, 2002, p. 167. "Magnificent work covering every aspect of the subject. Supersedes all other studies and is unlikely to be superseded." ; Hilaire Hiler, Bibliography of costume, p. 544.

SUPERBE EXEMPLAIRE DU TIRAGE HORS-COMMERCE AVEC SUITES, ENRICHI D'UNE GOUACHE ORIGINALE ET D'UNE LITHOGRAPHIE ORIGINALE D'ACHILLE DEVÉRIA.

Prix : 2.450 euros

La Grande Guerre. Album de 13 grandes aquarelles originales "Pendant le Guerre" (1914-1918). Superbe ensemble inédit. La grande guerre vue de l'arrière.


C. MAGNIEN

ALBUM DE 13 GRANDES AQUARELLES ORIGINALES "PENDANT LA GUERRE" (1914-1918).

1 volume in-4 à l'italienne (31 x 24 cm) de 1 feuillet de titre (simple esquisse à la mine de plomb - jamais terminé), 13 feuillets avec chacun une grande aquarelle environ 20 x 15 cm, le reste des feuillets (39) est resté vierge.

Cartonnage de l'époque modeste pleine toile muette écru, légèrement salie mais solide (type carnet à dessins).

ENSEMBLE UNIQUE DE 13 TRÈS BELLES AQUARELLES ORIGINALES TRÈS ABOUTIES.

Nous donnons dans cette notice l'intégralité des 13 aquarelles.





Nous n'avons rien trouvé sur l'artiste C. Magnien. Les scènes montrent la vie "en dehors du front" pendant la Grande Guerre : au bistrot - l'usine d'obus - chez le boucher - la permission agricole - chez le bureaucrate - chez le loueur - chez M. le ministre - à l'assemblée - le cantonnier - à l'école - l'administration.

Chaque aquarelle est soigneusement légendée à la plume d'une belle calligraphie. L'ensemble est plein d'humour féroce à l'égard de ceux qui ne sont pas sur le front.

Rare iconographie servant de documentation à la Première guerre mondiale.






SUPERBE ENSEMBLE INÉDIT.

Prix : 1.950 euros






vendredi 23 novembre 2018

Jean Lorrain. Sonyeuse (1891). Edition originale sur papier vélin fort avec envoi autographe à la comédienne Mademoiselle Eve Lavallière : "en gratitude et souvenir des quelques heures viable vécues à Luchon cet été 1894". Bel exemplaire finement relié.


Jean LORRAIN

SONYEUSE. Soirs de province. Soirs de Paris.

Paris, Bibliothèque-Charpentier, 1891

1 volume 18,8 x 11,8 cm, 290-(1) pages.

Reliure pleine percaline lie de vin, belle pièce de titre de maroquin avec auteur et titre doré, relié sur brochure avec les couvertures jaunes imprimées (les deux plats très bien conservés - sans le dos). Exemplaire relié par A. J. Gonon (avec son étiquette de relieur).

Édition originale.

Il n'est pas indiqué de grands papier. Cet exemplaire est imprimé sur beau papier vélin fort teinté. Absolument sans rousseur. A noter que cet exemplaire ne nous semble pas imprimé sur le papier courant (papier ordinaire) mais sur un papier de choix, papier encollé vélin fort teinté (tirage de luxe non mentionné ?).

Exemplaire de toute fraîcheur et finement relié.


"Nous trouverions bien dans ce livre de Jean Lorrain : Sonyeuse, Soirs de Paris, - Soirs de Province, ce que nous cherchons, le secret de l'amour, mais comme ce nouveau volume de l'un de nos plus étincelants écrivains se compose d'un très grand nombre de nouvelles, les développements ne sont pas assez larges pour que nous puissions asseoir notre jugement. L'auteur laisse beaucoup à penser à ses lecteurs, - ce genre me plaît infiniment, - ce qui les dispense d'acheter nombre de volumes, celui-là seul suffisant pour leur donner à réfléchir pendant plusieurs jours sur ce sentiment indéfinissable, l'amour, qui se traduit d'une manière si différente chez les individus de l'espèce humaine. En général, les pensées qui se dégagent du nouveau volume de Jean Lorrain sont assez tristes, un peu pessimistes [...]" (extrait de la Revue des livres nouveaux, janvier 1891).


Exemplaire de dédicace avec sur tout le faux-titre ce bel envoi autographe de Jean Lorrain :

"à Mademoiselle Lavallière en gratitude et souvenir des quelques heures viables vécues à Luchon cet été 1894 par son très respectueux et ami Jean Lorrain 26 août 94"

Ève Lavallière (1866-1929) fut comédienne puis religieuse franciscaine. En 1891, on la présente à Eugène Bertrand, le directeur du théâtre des Variétés, qui l'embauche dès ses premiers essais. Elle commence par tenir un rôle de figuration dans La Belle Hélène de Jacques Offenbach, mais Mlle Crouzet qui tenait le rôle d'Oreste meurt subitement et c'est Eve qui reprend le rôle. Elle n'a alors que 25 ans. La voix d'Eve Lavallière est d'une gamme très étendue, ce qui va en faire une comédienne de théâtre renommée à la Belle Époque (entre 1891 et 1917). Plusieurs grandes réalisations voient sa participation à l'époque dont Le Sire de Vergy au côté d'Albert Brasseur (1903). Sa renommée est semblable à celle de Sarah Bernhardt. (source : wikipédia).


Bel exemplaire finement relié avec un bel envoi autographe.

Prix : 1.600 euros


jeudi 22 novembre 2018

Jean Lorrain. Âmes d'automne (1898) illustrées par Heidbrinck. Un des rares exemplaires de tête sur Japon (20 ex.). Jolie reliure moderne demi-maroquin à bande.


Jean LORRAIN

ÂMES D'AUTOMNE. Illustrations de Heidbrinck.

Paris, Librairie Charpentier et Fasquelle, 1898

1 volume in-12 (16,5 x 13 cm), 170 pages.

Reliure moderne demi-maroquin chaudron à bande, dos à deux nerfs, relié sur brochure, non rogné (grandes marges), jolie couverture fleurie conservée (les deux plats). Reliure à l'état proche du neuf, intérieur très frais. Vignettes de Heidbrinck dans le texte et hors-texte.


1 DES 20 EXEMPLAIRES DE LUXE SUR PAPIER JAPON, SEUL GRAND PAPIER.

PREMIÈRE ÉDITION EN LIBRAIRIE.



Les chroniques de ce recueil ont paru pour la première fois dans la presse (Echo de Paris) entre 1890 et 1892.

Ce volume contient : 

- Ames d'automne (6 octobre 1892)
- Inconsciente (15 octobre 1892)
- Un baudelairien (19 octobre 1892)
- L'amoureux d'étoffes (26 octobre 1892)
- Fleur de chlorose (22 octobre 1892)
- Raffinée (29 octobre 1892)
- Frère et soeur (2 novembre 1892)
- L'aveu (5 novembre 1892)
- Ame de boue (9 novembre 1892)
- Crépuscule de femme (12 novembre 1892. Sera repris dans L'Ecole des vieilles femmes, 1905)
- Iles de Poissy (Coins de Seine) (31 juillet 1891, sous le titre "Soirs d'actrice". Sera repris sous ce même titre dans Femmes de 1900, 1932)
- Fleur de berge - Billancourt (Coins de Seine) (21 décembre 1892)
- Celle qui s'en va (27 septembre 1890)
- Celle qui reste (2 octobre 1890)
- L'âme-soeur (9 octobre 1890)
- L'araignée de cimetière (3 novembre 1890)
- Récurrence (9 octobre 1891)
- L'exotique (12 octobre 1891)
- Chambre d'octobre I (24 octobre 1891, sous le titre "Vers les châteaux. Celui où l'on rêve")
- Chambre d'octobre II (30 octobre 1891, sous le titre "Soirs d'octobre")
- Confidence (6 novembre 1891, sous le titre "Soir de novembre")




"Jean Lorrain s'est adonné, avec un art incomparable, à l'analyse de ceux qui ne trouvent de joie qu'à utiliser la force surmenée de leurs nerfs. Il les suit dans tous leurs ébranlements, qui sont la pitié, la douleur et l'hallucination, mêlées et grandissants jusque à la mort." (Maurice Barrès).



Rarissime tirage de tête joliment relié.

Prix : 1.600 euros



mercredi 21 novembre 2018

Laurent Bordelon. La Langue (1705-1707). De quoi s'agit-il dans ce livre ? "Les polissons mêmes en ont plaisanté. Est-ce une langue de bœuf, de mouton, une langue fourrée ? (...)".


[Laurent Bordelon]

La Langue.

A Paris, chez Urbain Coustellier et Claude Prud'homme, 1707 [i.e. 1705-707]

Rélié à la fin du premier volume :

Lettre sur le livre intitulé La Langue.

A Paris, chez Jean Musier, 1706

2 volumes petits in-8 (17,5 x 10 cm) de : Frontispice gravé, 14 feuillets non chiffrés et 403-(1) pages + 24 pages pour la Lettre sur le livre intitulé La Langue ; 4 feuillets non chiffrés et 545-(9) pages.

Reliure de l'époque plein veau brun, dos ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin rouge. Reliure usagées encore solides et décoratives malgré des manques aux coiffes, coupes, galeries de vers sur deux plats, coins usés. Intérieur frais. Bien complet du frontispice gravé.

Edition originale.


Le premier volume, initialement prévu pour être le seul, se trouve ici avec un titre de relais à la date de 1707 (l'impression est celle de 1705) et annonce le tome II publié seulement en 1707.


Nous venons de donner un article qui détaille l'histoire et le contenu de cet ouvrage. A lire sur le Bibliomane moderne ICI.


Voici la table des chapitres du premier volume : De la conversation. La langue du babillard. La langue du silencieux. La langue du diseur de bons mots. La langue du polisson. La langue du railleur. La langue de celui qui dispute. La langue de l'opiniâtre. La langue de l'étourdi. La langue du Complimenteur. La langue de celui qui loue. La langue du flatteur. La langue du menteur. La langue de celui qui se vante. La langue du médisant. La langue de celui qui jure. La langue de celui qui promet. La langue du nouvelliste. La langue de celui qui fait des rapports. La langue de celui qui conseille. La langue de celui qui fait des réprimandes. La langue de celui qui instruit. La langue de celui à qui on confie, ou qui confie un secret. La langue des femmes. La langue de l'amour. La langue de celui qui se plaint. La langue de celui console. Le second volume (qui comme nous l'avons vu n'était pas prévu à l'origine) ne contient qu'un seul Traité, celui de la Langue de celui qui fait attention. Néanmoins ce seul traité des Attentions occupe plus de place encore que le premier volume. Ce second volume est divisé en une multitude de chapitres sur les Attentions. Attentions sur les sciences et les savants, sur les auteurs et les livres, la critique et la satire, la philosophie et les philosophes, l'histoire et les historiens, l'éloquence et les orateurs, la médecine et les médecins, la chimie et les chimistes, la poésie et les poètes, la musique et les musiciens, attentions sur les femmes, sur l'amour, les spectacles, la dévotion et l'hypocrisie, les ecclésiastiques, les personnes religieuses, la magistrature, la guerre et les guerriers, la cour et les courtisans, les publicains, le mariage et les gens mariés, la noblesse et les nobles, sur l'orgueil, la gloire et les grandeurs, la supériorité et la dépendance, les richesses et la pauvreté, les amis et les ennemis, la crédulité, l'opinion et la coutume, la prévention, la superstition, la retraite et la solitude, sur la connaissance de soi-même, la liberté, les afflictions, la jeunesse et les jeunes gens, la vieillesse et les vieillards, le commerce de la vie civile, différents sujets. Concernant le petit opuscule relié à la suite du premier volume, publié à la date de 1706, et intitulé Lettre sur le livre intitulé La Langue (paru chez Musier à Paris avec une Approbation datée du 20 décembre 1705 et une Permission datée du 27 mars 1706, l'auteur est semble-t-il resté anonyme. Le texte est amusant à lire et le style pourrait faire penser à Bordelon lui-même comme auteur facétieux de cette publicité digne d'un marketing avancé. En effet, après avoir signalé cet ouvrage étonnant, curieux, bizarre, dont le titre si court en contient si long, l'auteur finit par vanter les mérites de ce texte très-utile. On lit au début, et c'est sans doute ce que tout le monde aura pensé en lisant le titre de ce billet : "Les polissons mêmes en ont plaisanté. Est-ce une langue de boeuf, de mouton, une langue fourrée ? Il n'y a pas de livre dont on parle plus par tout le monde que celui-ci, disait un autre, car en quelque endroit qu'on parle, on n'y parle que de La Langue."


La langue des femmes : "Les femmes sont dangereuses pour les hommes ; parce qu'elles cherchent à plaire, et qu'il est bien difficile de ne se pas rendre à leurs attraits ; parce que leurs vertus peuvent causer d'une certaine manière en nous d'aussi grands désordres, que leurs vices ; parce qu'elles ne blessent pas moins par leur modestie, que par leur beauté ; parce qu'elles peuvent détruire par leur seule présence, les projets de perfection les plus assurés ; parce qu'elles peuvent triompher par un simple regard, des réfutations les plus fières ; parce qu'elles peuvent ruiner par une légère marque d'affection, les habitudes de vertu les plus invétérées." (extrait).



Provenance : Bibliothèque gratuite de bons livres (ville d'Auch, bibliothèque religieuse avec cachet répété sur les titres et sur un feuillet dans les volumes).

Bon exemplaire en condition d'époque (reliures à restaurer) de cet ouvrage très intéressant.

Prix : 395 euros


lundi 19 novembre 2018

Jean de La Bruyère. Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle. Neuvième édition. 1696. Edition définitive parue quelques semaines après la mort de l'auteur. Bel exemplaire en reliure de l'époque.


Jean de La Bruyère

Les Caractères de Théophraste traduits du grec, avec les Caractères ou les Moeurs de ce siècle. Neuvième édition. Revue et corrigée.

A Paris, chez Estienne Michallet, M. DC. CXVI. [i.e. 1696].

1 fort volume in-12 (16,5 x 10,5 cm - Hauteur des marges : 160 mm.) de (32)-662-XLIV-(6) pages.

Reliure plein veau brun de l'époque, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, gardes et doublures de papier marbré, tranches mouchetées de rouge. Réparations à la coiffe inférieure et aux coins. Intérieur très frais. Complet.

Neuvième et dernière édition originale revue par l'auteur.

Exemplaire enrichi d'une importante clé manuscrite de l'époque (environ 210 annotations). Nous avons pu repérer quelques exemplaires de cette même édition dans lesquels la clé manuscrite ne dépassait guère une centaine d’occurrences.


Cette dernière édition présent le texte définitif de La Bruyère, avec ses dernières retouches. Bayle dit qu'elle parut peu de jours après sa mort. L'auteur d'une clef manuscrite fixe la mort de La Bruyère au vendredi 11 mai 1696 et dit que cette édition parut trois semaines après sa mort. Cette édition est revue et corrigée, mais non augmentée. L'auteur avait considéré son oeuvre comme terminée à la huitième édition. C'est donc le texte de l'édition précédente, mais avec des variantes et des corrections. Il existe un premier état très rare avec la page 234 (lignes 15-16) où on lit "ignominie" (remplacé par "ignorance" dans le carton). Notre exemplaire est du tirage avec le carton.


La première édition des Caractères paraît à Paris, chez Étienne Michallet, à l’automne de 1687, sous ce titre : les Caractères de Théophraste, traduits du grec, avec les Caractères ou les Mœurs de ce siècle. L’ouvrage comptait cent pages de traduction et deux cents pages originales. Le nom de l’auteur ne figura sur aucune édition publiée de son vivant. Cette première édition qui contenait surtout des remarques, et presque point de portraits, connut un succès très vif tout de suite. Dès lors, la biographie de La Bruyère se confond à partir de 1688 avec la vie de son ouvrage. Deux autres éditions parurent dans la même année 1688, sans que La Bruyère eût le temps de les augmenter notablement. En revanche, la 4e édition (1689) reçut plus de 350 caractères inédits ; la cinquième (1690), plus de 150 ; la sixième (1691) et la septième (1692), près de 80 chacune ; la huitième (1693 - avec 1.120 caractères), plus de 40, auxquels il faut ajouter le Discours à l’Académie. Seule la 9e édition (1696), qui parut quelques jours après la mort de La Bruyère, mais revue et corrigée par lui, ne contenait rien d’inédit. La vente de son ouvrage n’enrichit point La Bruyère, qui d’avance en avait destiné le produit à doter la fille de son libraire Michallet — cette dot fut ainsi de 100000 F à 3000000 F.


"On a souvent voulu faire de La Bruyère une sorte de réformateur, de démocrate, un « précurseur de la Révolution française ». Les passages abondent dans son livre où l’on voit qu’il partage, au contraire, et qu’il accepte toutes les idées essentielles de son temps, en politique comme en religion. Il critique les abus, mais il respecte les institutions. Son principe était de montrer aux gens leurs défauts afin qu'ils puissent se corriger. Il reconnaît même que certains maux sont inévitables. Il avait trop l’amour de son art pour être un révolté (...) il ne pouvait haïr ce qu’il peignait si bien. Cela posé, il reste que le ton des Caractères est presque constamment celui de la plus mordante satire. Il y avait en La Bruyère un mélange singulier d’orgueil et de timidité, d’ambition secrète et de mépris pour les ambitieux, de dédain des honneurs et de conscience qu’il en était digne; il ressentit profondément, malgré son affectation d’indifférence stoïcienne, l’inégalité de son mérite et de sa fortune. Et son grand grief contre la société du XVIIe siècle est précisément de ne pas faire sa place au mérite personnel. Doué d’une sensibilité profonde et délicate, qui nous est attestée par certaines de ses réflexions sur l’amour et sur l’amitié, il n’est pas étonnant que La Bruyère, dont les instincts naturels étaient constamment froissés, finît par concevoir quelque amertume contre l’injustice du sort et l’épancha dans son livre. Son humeur aigrie fut admirablement servie par un style incisif, âpre, nerveux, hardi jusqu’à la brutalité. Sa phrase, courte, brusque, saccadée, est déjà celle du XVIIIe siècle ; le réalisme de l’expression, la crudité de certains traits, la tendance à peindre l’extérieur, les gestes des personnages, sont presque du XIXe. La Bruyère est le premier en date des stylistes."


« Ce ne sont point des maximes que j'aie voulu écrire, [...] l'usage veut qu'à la manière des oracles elles soient courtes et concises ; quelques-unes de ces remarques le sont, quelques autres sont plus étendues : on pense les choses d'une manière différente, et on les explique par un tour aussi tout différent. » (La Bruyère, extrait de la Préface).

Référence : Rochebilière, Editions originales, n°642-643.


Bel exemplaire en condition d'époque avec une importante clé manuscrite dans les marges.

VENDU



vendredi 16 novembre 2018

Octave Uzanne. Voyage autour de sa chambre. Illustrations par Henri Caruchet (1896). Magnifique ouvrage de la période Symboliste et Art Nouveau. Tirage rare à 210 exemplaires seulement pour les Bibliophiles indépendants. Exemplaire Louis Barthou relié par Emile Carayon en maroquin doublé mosaïqué.


Octave Uzanne / Henri Caruchet, illustrateur

Voyage autour de sa chambre. Illustrations de Henri Caruchet gravées à l'eau-forte par Frédéric Massé, relevées d'aquarelles à la main.

Imprimé à Paris pour les Bibliophiles Indépendants, Henry Floury libraire, Paris, 1896 (Imprimerie Maire, 1897)

1 volume in-8 (27,3 x 20,7 cm), de 36 pages, toutes gravées à l'eau-forte (texte et encadrement illustré rehaussé à l'aquarelle), suite complète en noir des eaux-fortes sans le texte.

Reliure de l'époque plein maroquin bleu doublé de maroquin orange, encadrements mosaïqués sur les plats et les doublures. Dos orné mosaïqué coordonnée aux plats. Moire violine. Gardes de papier marbré. Etui bordé doublé cuir retourné. Dos légèrement passé (nerfs). La très belle couverture d'inspiration symboliste et imprimée en couleurs et en or de Henri Thiriet est parfaitement conservée. Magnifique exemplaire.


Tirage uniques à 210 exemplaires.

Celui-ci imprimé pour Monsieur Barthou (Louis Barthou).


Superbe ouvrage magnifiquement illustré par Henri Caruchet dans le plus pur style Art Nouveau et Symboliste. Le texte a été calligraphié par Antoine Barbier et reporté sur cuivre à l'eau-forte. Les compositions de Caruchet encadrent le texte. Toutes les pages ont été aquarellées à la main sous la direction d'Octave Uzanne. Archétype du très beau livre de bibliophilie fin de siècle.


Ce court récit autobiographique (nous n'en doutons pas), a été publié une première fois dans le volume intitulé Le Calendrier de Vénus, en 1880. Sous le même titre Voyage autour de sa chambre, Octave Uzanne nous conte cette histoire malheureuse. Qu’est-ce que ce Voyage autour de sa chambre ? Comme l’indique tout à fait explicitement le sous-titre donné par Octave Uzanne en 1880 : Réminiscence. Du latin reminisci (se souvenir) et de menimi (avoir présent à l'esprit). Le narrateur (Octave Uzanne) se souvient de ses premières amours de dix-huit ans. Mais pas n’importe quels amours, un amour, celui d’une seule, disparue dans la fleur de l’âge. « (…) mignardes hantises de mes dix-huit ans » écrit-il. Ce texte est une complainte à l’amour perdu : « Une ancienne chanson d'amour voltige dans la solitude ; dans ce nid charmant où l'on était si bien à deux, il ne reste que des rêves de volupté indécise et la sarabande enlaçante, mystérieuse et sinistre des souvenirs, ces revenants de l'âme qu'on évoque, qu'on chasse et qu'on appelle encore. » C’est un récit charnel où il évoque les « caresses friponnes d'autrefois ». Cet amour était mortel et mortifère : « quand je jetai mon cœur dans ton âme avec la furie des désirs qui se cabrent et l'impétuosité des prurits cuisants, quand je m'agenouillai pour la prime fois devant ta beauté absorbante, quand nos lèvres allangouries se donnèrent la becquée divine, alors, j'aurais dû cesser de vivre ; j'étais Dieu dans la Création ! » Qui pouvait bien être cette « blonde » aux « longues tresses blondes dont parfois dans sa nudité, elle se faisait un manteau d'or. » ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Quelle est la part du rêve et de la réalité ? Le narrateur (Octave Uzanne ?) a aimé ! aimé à perdre la raison, dans ses premières années de virilité. Mais « la mort, en surprenant la pauvrette a fauché mon âme avec la sienne » écrit-il. « O la seule amante aimée, je reviens chaque jour faire ce tendre voyage autour de ta chambre ». Confession ? Romanesque ?









Splendide exemplaire finement relié à l'époque.





VENDU