jeudi 28 février 2019

Etienne Cabet. Voyage en Icarie (1848). Cinquième édition de cette utopie sociale et politique basée sur le communisme. Exemplaire broché à l'état proche du neuf, resté non coupé. Rare dans cette condition.


Étienne CABET

Voyage en Icarie par M. Cabet.

Paris, Au Bureau du Populaire, 1848. Typographie Félix Malteste et Cie.

1 volume in-12 (18,5 x 12 cm) de (4)-VIII-600 pages. Broché. Exemplaire resté non coupé (jamais lu). Extérieur et intérieur très frais, sans rousseurs, couvertures propres avec quelques légères salissures et marques (dos intact).

Cinquième édition.


L'aventure de l'ouvrage fondamental d'Étienne Cabet est une des plus intéressantes du XIXe siècle. Ce dijonnais, fils d'un maître-tonnelier, né en 1788 et mort à Saint-Louis (Missouri, USA) en 1856, était un théoricien politique français, classé parmi les socialistes utopiques par Karl Marx et Friedrich Engels, qui lui opposent un socialisme scientifique. C'est en 1840, à Londres, qu'il écrivit ce Voyage en Icarie (publié pour la première fois sous ce titre en 1842 et sous son véritable nom), description d'une cité idéale ; et fonda en 1848 une communauté utopique du même nom, Icarie, sur les bords de la rivière Rouge, au Texas.


Son Voyage en Icarie est le plan détaillé d'une utopie communiste. Dans sa préface, Cabet le présente comme « un véritable traité de morale, de philosophie, d'économie sociale et politique », qu'il invite ses lecteurs à « relire souvent et étudier ». Les malheurs de l'humanité sont selon Cabet dus à la « mauvaise organisation de la Société », résultant dans son « vice principal », l'« Inégalité ». La première partie de Voyage en Icarie décrit un jeune aristocrate anglais découvrant sur l'île Icaria une « grande Nation organisée en Communauté », une république — mais Cabet précise dans sa préface qu'il s'agit là d'une res publica au sens large : « Une Monarchie réellement représentative, démocratique, populaire, peut être mille fois préférable à une République artistocratique », explique-t-il. La deuxième partie de l'ouvrage, plus didactique, explique comment la transition s'est effectuée, d'une « grande et vieille Nation » en une « Communauté », grâce à un « Régime transitoire » démocratique. Cabet expose les théories et les doctrines du régime communautaire. Selon Cabet, les communistes sont les disciples, les imitateurs et les continuateurs de Jésus-Christ et des premiers Chrétiens, qui avaient eux-mêmes renoncé à la propriété individuelle. Cabet propose de revenir à ce communisme primitif en éliminant d’abord ce qu'il voit comme la principale cause de la décadence actuelle, l'« Inégalité ».


"(…) L'inégalité de fortune, la propriété et la monnaie, enfantent les privilèges et l'aristocratie, puis l'opulence et la misère, puis la mauvaise éducation, puis la cupidité et l'ambition, puis tous les vices et tous les crimes, puis tous les désordres et le chaos, puis toutes les calamités et toutes les catastrophes. Oui, examinez, réfléchissez, remontez, dans toutes les sociétés, à l'établissement de la propriété et de la monnaie, et surtout de l'illégalité illimitée de fortune, remontez de faits en faits, d'événements en événements, d'institutions en institutions, de législateurs en législateurs, de causes secondes en causes premières, de conséquences en principes, de nécessités en nécessités, de jour en jour et de siècle en siècle : vous trouverez toujours et partout, pour cause unique du mal, opulence et misère !" (Extrait)


"Et par conséquent le remède, l'unique remède du mal, c'est la suppression de l'opulence et de la misère, c'est-à-dire l'établissement de l'égalité, de la communauté de biens et d'une bonne éducation. (…)" (Extrait)

"Avec la communauté, plus de pauvres ni d'oisifs ; plus de crimes ni de supplices, plus d'impôts ni de police, plus de contestations ni de procès, plus d'inquiétudes ni de soucis ; tous les citoyens amis et frères ; tous non seulement heureux, mais également heureux !" (Extrait)


L'histoire de la colonie d'Icarie aux États-Unis d'Amérique : Le 10 octobre 1847, environ 150 personnes réunies dans les locaux du journal “ Le Populaire ” votent l’“ Acte de Constitution d’Icarie ”, élisent comme président Étienne Cabet et établissent le “ bureau de l’immigration Icarienne ” dans ces locaux. En décembre, Charles Sully est envoyé comme éclaireur pour préparer le terrain situé sur les rives de la Red River vers la ville de Cross Timber au Texas. Le 3 février 1848, 69 colons dirigés par Gouhenart, un peintre et marchand de tableaux, en l’absence de Cabet qui purge une peine de prison embarquent au port du Havre. Ils n’arrivent sur leur terrain qu’en juin 1848 après une longue et pénible marche parce que la Red River n’est pas praticable jusqu’à Cross Timber. Là, ils tentent d’organiser leur communauté mais sont vite découragés par le climat malsain : plusieurs colons y meurent à cause de la fièvre paludique. Ils décident donc de se rendre en Nouvelle Orléans où, après avoir rencontré d’autres colons Icariens embarqués le 15 octobre, le 2 et le 12 novembre à Bordeaux qui sont dans une situation identique à la leur, ils votent la dissolution de la communauté Icarienne. Cabet, dès son arrivée en Nouvelle Orléans le 19 janvier 1849, tente de reprendre les choses en main ; il convoque une assemblée générale grâce à laquelle il arrive à convaincre 280 hommes, 74 femmes et 64 enfants sur un total de 485 colons à poursuivre l’aventure Icarienne. C’est ainsi que le premier mai 1849 les colons arrivent dans l’Illinois à la ville de Nauvoo fondée en 1840 par les Mormons qu’ils abandonnèrent par la suite. Le climat est sain et les terres son fertiles. Pendant l’assemblée générale du 21 février 1850, les colons votent la constitution définitive de la communauté Icarienne. La communauté prospère et les colons, français comme américains affluent jusqu’en décembre 1855. En effet, une crise interne due à l’insurrection de plusieurs colons qui jugent Cabet trop autoritaire et le système qu’il a mis en place trop liberticide, se résout par son départ, en octobre 1856, accompagné de 75 hommes, 47 femmes et 50 enfants, pour Saint Louis dans le New Bremen. C’est là, peu après leur installation, que Cabet meurt d’une attaque cérébrale. Mercadier qui est élu président afin de lui succéder décide de quitter Saint Louis en mai 1858 pour installer la communauté à Cheltenham. La communauté prospère jusqu’en 1863 quand les colons doivent prononcer sa dissolution, ruinés par la Guerre de Sécession. J.-B. Gérard, qui avait succédé à Cabet dans la ville de Nauvoo décide en 1857, alors à la tête de 240 colons, d’installer la communauté à Corning dans l’Iowa sur les rives de la Nodaway. Certains décident alors de retourner en France, d’autre de rester à Nauvoo en abandonnant la communauté et d’autres encore suivent Gérard. En 1863, la communauté Icarienne de Corning n’est plus composée que de soixante personnes mais sa prospérité et sa bonne productivité attirent de nombreux nouveaux et anciens colons. En 1876, un nouveau conflit interne éclate : le parti des Jeunes Icariens, progressistes et révolutionnaires, accuse ce qu’il appelle la “ Vieille Icarie ” d’être trop conservatrice et routinière. En 1878, c’est la Circuit court du comté qui règle cette affaire en prononçant la dissolution de la communauté. En janvier 1883, le parti de la Jeune Icarie fonde en Californie la communauté Icaria Speranza qui est dissoute le 3 août 1886 par la Cour. La “ Vieillie Icarie ”, quant à elle, reste sur le même terrain en rebaptisant la communauté “ Icaria ”. Elle existe jusqu’au 16 février 1895 lorsqu’elle doit prononcer sa dissolution, faute de nouveaux colons pour assurer la production.

"Voyage en Icarie sera plusieurs fois critiqué pour son totalitarisme, certains tenteront cependant de mettre en place des communautés respectant au moins partiellement ces principes. Cabet part en 1849 pour le Texas rejoindre des Icariens avant de mourir à Saint-Louis l’année suivante, et la dernière communauté disparaîtra à la fin du XIXe siècle." (Exposition BNF, Cabinets de lecture, l'utopie).

Références : Jules Prudhommeaux, Etienne Cabet et les Origines du Communisme Icarien., Nîmes : Imprimerie coopérative La Laborieuse, 1907. 218 pages ; Jules Prudhommeaux, Histoire de la Communauté Icarienne., Nîmes : Imprimerie coopérative La Laborieuse, 1906. 481 pages. Référence électronique : http://le-bibliomane.blogspot.com/2009/11/le-reve-americain-detienne-cabet-ou.html [En ligne], consulté le 26/05/10. Kress C.6555 ; Negley 175 ; Sabin 9787 ; Streeter VII, 4245.

Cet ouvrage se trouve difficilement en belle condition d'époque. Il existe une édition identique du point de vue de la pagination à la date de 1845, à la même adresse. Cette édition de 1848 doit être un retirage de l'édition de 1845 avec une nouvelle date sur le titre. C'est ici l'édition la plus complète.

Bel exemplaire resté tel que paru. Rare dans cette condition fragile par essence.

Prix : 450 euros

mardi 26 février 2019

Antoine Varillas. Les anecdotes de Florence, ou l'Histoire secrète de la Maison de Médicis (1687). Exemplaire relié plein maroquin pour le bibliophile Amédée Rigaud. Bel exemplaire.


Antoine Varillas

Les anecdotes de Florence, ou l'Histoire secrète de la Maison de Médicis. Par le Sieur de Varillas.

A La Haye, chez Arnout Leers, 1687

1 volume in-12 (15,3 x 10 cm) de 20 feuillets non chiffrés (titre et préface) et 323 pages.


Reliure plein maroquin noir janséniste de la seconde moitié du XIXe siècle, chiffre doré au centre des plats, dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, tranches dorées (reliure non signée dans le goût de Duru). Reliure très bien conservée malgré quelques petites marques sans gravité. Intérieur frais.


Nouvelle édition. La première édition date de 1685 chez le même libraire. La pagination et la mise en page est quasi identique à quelques détails de la justification des lignes près.


Antoine Varillas (1624-1696), né à Guéret (Creuse) obtint à Paris la charge d'historiographe de Gaston d'Orléans. Admis à l'intimité du savant Pierre Dupuy, garde de la bibliothèque de Paris, il profita de sa complaisance pour examiner une foule de manuscrits dont il fit des extraits. Dupuy, charmé de son application, le demanda pour son adjoint, et Varillas continua d'exercer cet emploi sous les successeurs de ce bibliothécaire. Remercié pour s'être mal acquitté d'une tâche que lui avait confié Colbert, il obtint néanmoins une pension de 1.200 livres qui lui permit de se retirer dans la communauté de Saint-Côme pour y rédiger son Histoire de France. « II habitait, dit un contemporain, un véritable galetas. Un lit, Une table, quatre sièges, une lampe, une écritoire et quelques livres composaient tout son ameublement ; il passait l'hiver sans feu, et il était vêtu si pauvrement que Richelet n'a pu s'empêcher de se moquer de son manteau, dont on voyait les cordes. (Mélanges de Vigneul-Marville) ». Ses premiers ouvrages, qui circulèrent en manuscrit, eurent l'approbation générale et furent très recherchés. Son style, quoique incorrect, parut vif, piquant et très agréable. La réputation de Varillas s'étendit bientôt dans les pays étrangers. Les États de Hollande lui offrirent, en 1669, une pension pour qu'il écrivît l'histoire des Provinces-Unies. Quoique assez pauvre, il n’hésita pas à la refuser, ne voulant pas prêter le secours de sa plume aux ennemis de la France. Ce fut ce moment-là même que Colbert, prévenu contre Varillas, choisit pour supprimer la pension dont il jouissait comme ancien employé de la bibliothèque royale. L’archevêque de Paris, Mgr de Harlay, informé qu'il préparait une Histoire des hérésies, voulut réparer l’injustice du ministre en lui faisant accorder une pension par l’assemblée du clergé. Convaincu de plagiat et surtout d'avoir été presque toujours inexact dans ses affirmations, ses livres tombèrent en disgrâce. Cependant, Vigneul-Marville regardait la vanité de Varillas comme la véritable cause du mépris où ses ouvrages sont tombés. II avait dit-il, des jaloux de sa gloire qu'il aurait gagnés avec un peu de déférence et de soumission ; mais il ne prenait conseil de personne.


Les Anecdotes de Florence et sur la Maison de Médicis a cet insigne honneur d'être le livre le plus décrié de Varillas pour les inexactitudes et les faussetés dont il est rempli. Bayle en a signalé plusieurs dans son journal et dans ses lettres (voir ses Œuvres diverses).


Provenance : Chiffre et ex libris d'Amédée Rigaud, financier (agent de change) et bibliophile dont la belle bibliothèque (environ 1.500 ouvrages choisis) fut vendue à sa mort survenue en 1874 (Catalogue de la bibliothèque de monsieur Amédée Rigaud, Paris, Aubry, 1874, n°1.327). Signature ex libris ancienne sur la page de titre (Ste Colombe, 1701 avec une cote de bibliothèque privée biffée en marge basse).


Bel exemplaire finement relié vers 1870.

Prix : 850 euros


lundi 25 février 2019

Abbé Benoît. Premier manuel de l'enfance (1837). Apprentissage de la lecture et pédagogie. Education. Bel exemplaire relié en maroquin de l'époque. Rare.


Abbé Benoît

Premier manuel de l'enfance, dédié à ses petis amis Ernest et Emile, par M. l'Abbé Benoît ; publié par la Société des Dictionnaires, et des livres d'utilité et d’éducation.

Paris, Au Bureau Central des Dictionnaires, 1837 [de l'imprimerie de D'Urtubie, Worms et Compagnie, Paris]

1 volume in-16 (15,7 x 11,5 cm) de 127 pages.

Reliure strictement de l'époque plein maroquin rouge poli, dos lisse richement orné en long, roulette dorée en encadrement des plats, doublures et gardes de papier marbré. Reliure fraîche très bien conservée. Intérieur en bon état malgré quelques rousseurs et un bord de feuillet déchiré (sans perte de texte), un petit grattage au bas d'une page (effaçant un mot).

Edition originale et unique édition.


Ce petit manuel se compose d'un avertissement qui établit la méthode prônée par l'abbé Benoît pour l'étude de la lecture chez le très jeune enfant. "Ne tenez pas, dans les quinze premiers jours, un enfant appliqué et sans distraction plus d'un quart d'heure de suite. Si même c'est trop pour les premières fois, contentez-vous de quelques minutes. Commencez par lui montrer les figures en lui prononçant les noms. Il ne lui faudra pas répéter cette étude plus de trois fois pour qu'il les sache parfaitement bien. Quand vous le laissez à lui-même, n'exigez pas qu'il reste constamment fixé sur une ligne, une page ou une figure plutôt que sur une autre. Quoique les difficultés soient graduées, il est possible que ce qui vous paraît le plus embarrassant le soit moins pour l'enfant, et pourvu qu'il s'exerce à retrouver ce qu'il a appris, il ne perdra pas son temps. Récompensez-le de son application en lui donnant une ardoise et un crayon aussitôt qu'il connaît deux ou trois lettres. En les formant, il s'amusera encore ; vous l'encouragerez, vous lui apprendrez à tenir le crayon ou la plume et ce sera encore un véritable succès.", etc.


Chaque exercice comprend des phrases à lire, un mot à étudier sous plusieurs formes avec la prononciation, une phrase qui image le mot, une figure gravée, des questions pour l'élève, des notes explicatives pour le maître.

Véritable petite manuel pédagogique et didactique à l'usage des très jeunes enfants pour l'apprentissage de la lecture.


On pouvait lire dans L'Ami de la Religion, Journal Ecclésiastique, Politique et Littéraire (Tome 95, 1837, page 495-496) : "Ce petit volume est publié par la Société des dictionnaires et des livres d'utilité et d'éducation. L'auteur, M. l'abbé Benoît, curé dans le diocèse de Dijon, a voulu montrer par là l'intérêt que le clergé prend à l'instruction primaire et à ses progrès. Il a peu fait, dit-il, mais il a témoigné par là sa bonne volonté, et des membres du clergé ainsi que de l'Académie ont applaudi à ses efforts. Il voudrait que ses confrères reprissent la place que la loi ne leur a pas tout à fait ôtée dans l'examen et la surveillance des études élémentaires. Ce serait un moyen d'en imposer aux jeunes gens sortis des écoles normales et au fait des méthodes nouvelles, et qui trop souvent reprochent aux prêtres d'être servilement attachés aux vieilles méthodes. M. Benoît est auteur d'un Manuel de chant, ou le plain-chant enseigné par principes, et mis en rapport avec la musique (Dijon, 1830)."


Si la Bnf possède un exemplaire de ce livre (cote X20989), il semble néanmoins absent des autres bibliothèque de France (CCfr).

Très rare ouvrage pédagogique, d'autant plus rare relié en maroquin à l'époque.

Bel exemplaire.

Prix : 1.850 euros


vendredi 22 février 2019

Voltaire. Lettres Chinoises, Indiennes et Tartares. A Monsieur Paw. (1776). Essai contre l'abus du pouvoir des souverains, et juste idée du gouvernement d'un bon Prince. Suivi du Tocsin contre le despotisme du souverain. 2 ouvrages reliés en 1 volume. Bel exemplaire relié à l'époque.


[Voltaire]

Lettres Chinoises, Indiennes et Tartares. A Monsieur Paw. Par un Bénédictin. Avec plusieurs autres Pièces intéressantes.

Londres, s.n., 1776

(4)-182-(2) pages

Relié à la suite :

[Anonyme]

Essai contre l'abus du pouvoir des souverains, et juste idée du gouvernement d'un bon Prince. Suivi du Tocsin contre le despotisme du souverain. Par M **, Avocat. Opuscules politiques et Moraux.

A Londres, s.n., 1776

(4)-214 pages

2 ouvrages reliés en 1 volume in-8 (21 x 12,5 cm).

Reliure de l'époque plein veau marbré, dos lisse richement orné aux "soleils dorés", tranches mouchetées de rouge, doublures et gardes de papier à la colle bleu. Quelques légères marques à la reliure restée très fraîche. Intérieur très frais.


Le premier ouvrage de Voltaire répond au livre de Monsieur Paw (ses Recherches philosophiques sur les Egyptiens et les Chinois parues pour la première fois en 1774). "J'ai lu vos livres, écrit Voltaire. Je ne doute pas que vous n'ayiez été longtemps à la Chine, en Egypte, et au Mexique : de plus vous avez beaucoup d'esprit ; avec cet avantage on voit et on dit tout ce qu'on veut" (Lettre III). Cette deuxième édition de ce texte de Voltaire est enrichie de plusieurs autres pièces (Le Dimanche ou les Filles de Minée et la Diatribe à l'auteur des Ephémérides"). "Malgré toutes ses erreurs, le témoignage de Voltaire est respectable : son admiration pour la Chine s'imposant par ses idées mille fois répétées fit retrouver à la Chine sa juste place dans l'histoire universelle, diffusa la pensée chinoise, contribuant ainsi à la Révolution de 1789." (Trousson, Dic. général de V.). Voltaire définissait lui-même ses propres lettres sur les Chinois etc comme des "Lettres assez scientifiques, assez ridicules". 12 lettres au total, un Dialogue de Maxime de Madaure, des Lettres de Monsieur le chevalier de Boufflers pendant son voyage en Suisse à Madame sa mère en 1764 (9 lettres), une Lettre de M. de Voltaire à M. l'abbé d'Olivet sur la langue française (1767), un Fragment d'une autre Lettre de M. de Voltaire à M. d'Olivet, Sentiment d'un académicien, divers fragments, etc. 

Références : Bengesco II, 1859.


Le deuxième ouvrage est resté désespérément anonyme. Aucun bibliographe, aucun catalogue n'ose une attribution à ce texte pourtant très intéressant. Quel avocat faut-il chercher derrière ce pamphlet ? Les quelques recherches que nous avons pu faire nous indiquent que ce texte aurait été imprimé par Christian Friedrich Voss à Berlin. Le livre imprimé se trouvait au catalogue du libraire Barthelemy Vlam d'Amsterdam (catalogue de 1781). Nous avons trouvé un exemplaire de ce texte relié en même temps que le livre de M. Gin, avocat (hasard) intitulé Les vrais principes du gouvernement français démontrés par la raison (1777). Hasard ? Peut-on accorder à M. Gin cet ouvrage engagé ? Une étude approfondie de cet Essai contre l'abus du pouvoir des souverains permettrait sans doute d'émettre quelques hypothèses sérieuses sur son auteur.


Voici quelques extraits choisis parmi d'autres du même style :

"Comme donc l'esclave est tenu de servir son maître, écrit l'auteur, de même le maître est indispensablement obligé, par le droit des gens, de donner la vie à son esclave. Que si le maître manque à ses engagements, et qu'il maltraite si fort son esclave, que la vie devienne pour celui-ci un supplice et un supplice plus cruel que la mort même ; l'esclave est alors quitte de toute obligation, puisqu'il ne s'était engagé que pour son bien et nullement pour rendre sa condition insupportable. Etant donc rentré dans les droits de l'état de nature, il peut ou se sauver ou tuer même son ennemi." (extrait p. 32).

"Les Princes sont rarement instruits de leurs devoirs, et les premières teintures d'une bonne éducation sont bientôt effacées. Ils se livrent au plaisir de régner, sans s'informer des justes bornes de leur autorité. L'orgueil, qui est le venin secret de la souveraine puissance, les porte à ne plus demander conseil, ou à ne le plus suivre. Ils reçoivent sans précaution les erreurs de ceux qui les flattent. Ils deviennent indifférents pour la vérité, ou même ses ennemis. Ils s'accoutument à confondre la raison et la justice avec leurs volontés. Ils s'amollissent par les délices, et ils abandonnent à d'autres le poids de l'état et des affaires. Ils se bornent aux seules choses qui ne demandent ni application, ni travail. Ils sont absorbés par la volupté. Ils ne veulent être instruits que de ce qui ne trouble point leur repos ou leurs plaisirs [...] C'est la même chose, d'être à la République et d'être Roi ; d'être pour le peuple, et d'être souverain. On est né pour les autres dès qu'on est né pour leur commander, parce qu'on ne leur doit commander que pour leur être utile. [...] L'adulation maligne, jointe à la dépravation du coeur de la plupart des Princes, conduit infailliblement au Despotisme. Le Despotisme, a dit Montesquieu, ne peut se soutenir que par la crainte. La doctrine de l'obéissance aveugle, sans faire aucun bien aux Princes, a été source fatale de maux pour les peuples. [...]" (extrait p. suiv.).


Nous avons retrouvé par hasard la mention manuscrite suivante sur un autre exemplaire de ce livre : "Le jeune homme qui lira ce livre est un homme perdu !" (ex. du Catalogus van de Openbare Bibliotheck te Arnhem).

Admirable ouvrage qui mériterait une redécouverte officielle (mesdames et messieurs des universités ...).

Provenance : 2 ex libris. Ex libris C. Y. M. Suffran (moderne). Ex libris B. H.-R. avec la devise "aucun livre ne t'appartient" (moderne).


Bel exemplaire pour la réunion de ces deux textes très intéressants pour l'histoire des idées progressistes dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle.

Prix : 1.150 euros

jeudi 21 février 2019

Etienne Vacherot. La démocratie (1860). Ouvrage condamné et saisi pour "attaques contre les droits et l’autorité de l’Empereur, le principe de propriété, et la religion.". Exemplaire de la bibliothèque de Napoléon Fourgeaud-Lagrèze (avocat). Superbe exemplaire relié plein maroquin aux attributs de la République Française.


Etienne Vacherot

La démocratie.

Paris, F. Chamerot libraire [de l'imprimerie de L. Martinet], 1860 [i.e. novembre 1859]

1 volume in-18 (18,5 x 12 cm) de XXXI-(1)-400 pages.

Reliure strictement de l'époque plein maroquin bleu nuit, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, triple-filet doré en encadrement des plats, fer spécial au centre des plats (équerre et fil à plomb) avec la devise républicaine : Liberté Egalité Fraternité ; tranches dorées sur marbrure, large dentelle dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier peigne (reliure signée B. David). Quelques ombres au maroquin et légères marques sans gravité. Superbe exemplaire très frais. Intérieur très frais malgré quelques taches de rouille aux premiers et derniers feuillets.

Edition originale.


La démocratie d'Etienne Vacherot (1809-1897) est enregistrée dans la Bibliographie de la France du 12 novembre 1859. La sortie de cet ouvrage suscite immédiatement une accusation et un procès. Vacherot est condamné à 1 an de prison (ramené à 3 mois en appel) et 1.000 francs d'amende pour ses attaques contre les droits et l’autorité de l’Empereur, le principe de propriété, et la religion. Vacherot avait refusé de prêter serment à l'Empereur Napoléon III à l'issue du coup d'état du 2 décembre 1851. Directeur de l'école normale supérieure, il avait alors été obligé de démissionner de son poste perdant ainsi son salaire. Vacherot exécutera sa peine à St-Pélagie dès le 18 avril 1860. La démocratie peut être considéré comme le « bréviaire du parti républicain » sous l'Empire (Georges Weil, Histoire du Parti républicain en France, Paris, Alcan, 1900, p. 446). L'imprimeur Martinet (1.000 francs d'amende) ainsi que le libraire Chamerot (1 mois de prison et 1.000 francs d'amendes) furent également condamnés. Le 7 mars 1868, il est élu à l'Académie des sciences morales et politiques pour succéder à Victor Cousin. Maire du Ve arrondissement de Paris pendant le siège, Étienne Vacherot est élu, le 8 février 1871, représentant de la Seine à l'Assemblée nationale. Il est un des trois députés de Paris qui acceptèrent les préliminaires de paix et, contre l'attente du parti républicain, il prend place au Centre gauche et se signale par sa modération : Vacherot veut une politique centriste. « J’aurais vu tomber l’empire avec satisfaction sans les désastres d’une guerre qu’il a provoquée, sans y être préparé. J’ai salué sans enthousiasme l’avènement révolutionnaire de la république en pleine invasion. J’étais pour la guerre à outrance, et, sans croire à la légende de la république sauvant la France en 92, j’espérais mieux de notre peuple et de notre gouvernement républicain. ». Vacherot soutient jusqu'au bout le gouvernement d'Adolphe Thiers et donne sa démission de maire après le 24 mai 1873. Un an plus tard, il se rallie au ministère de Broglie et accepte de faire partie de la deuxième commission des Trente, d'où la minorité républicaine se trouve exclue. Après la séparation de l'Assemblée en 1876, Étienne Vacherot toujours républicain paraît renoncer à la vie politique, mais il continue à collaborer à la Revue des deux Mondes, où ses jugements sévères sur le parti républicain font sensation : Vacherot craint une poussée des mouvements extrémistes républicains et ne voit pas les républicains modérés réagir. À plusieurs reprises, il est le candidat des droites – alors même qu’il se dit encore républicain – au Sénat. Il échoue aux diverses élections alors qu'il est porté en avant par les listes de droite. Accentuant de plus en plus ses opinions nouvelles dans le sens monarchique, Vacherot fait diverses campagnes contre les chefs de la politique républicaine dans le Figaro et le Soleil (1883-1884). C’est avec sa participation avec la revue Le Correspondant que Vacherot officialise son ralliement au mouvement orléaniste et devient une référence intellectuelle. En 1892, Vacherot fait paraître La démocratie libérale qui reprend en grande partie des articles parus au cours des années précédentes et qui se présente comme un correctif à La Démocratie. Vacherot reconnaît qu’il n’a pas suffisamment précisé la dimension libérale dans son livre de 1859 : une démocratie a besoin d’être encadrée notamment par une constitution bien faite. C’est par désillusion moins pour l’idée républicaine que pour la pratique républicaine que Vacherot adhère au mouvement monarchiste. Il meurt dans l’indifférence quasi générale en 1897 alors même la scène politique s’est quelque peu apaisée avec le ralliement tactique à la République de personnalités catholiques voire monarchistes et qu’une politique d’apaisement est en place. Dans son maître-ouvrage La Démocratie, Vacherot intègre au discours libéral un élément qui jusqu’à présent était tenu en suspicion par les tenants de cette école : l’État. Par ailleurs, Vacherot s’est efforcé de « libéraliser » le discours démocratique et républicain qui reposait à l’époque sur les bases de l’unité nationale au détriment de l’individu. L’originalité de La Démocratie ne tient donc pas à des thèses propres à Vacherot mais à sa tentative de conciliation entre le libéralisme et l’esprit démocratique et républicain.


"En France, l'œuvre révolutionnaire, commencée par la philosophie, précipitée par la Révolution, se continue, malgré les apparences, avec une puissance irrésistible, et descend de plus en plus dans les profondeurs de la société, de manière à faire la place nette à la démocratie pure, à un moment donné qui ne peut guère dépasser le XIXe siècle." (extrait de la préface).


Provenance : Ex libris manuscrit N. Fourgeaud-Lagrèze, 1860. Napoléon Fourgeaud-Lagrèze (1831-1876), était avocat au barreau de Ribérac (Dordogne), conseiller de préfecture à Foix (Ariège) puis vice-président du Conseil de l'Ariège, fondateur du "Périgord littéraire". Cet exemplaire de La démocratie de Vacherot a été relié pour lui avec les attributs "républicains" les plus évidents au moment même où l'Empire régit la France d'une main de fer. la date portée à l'encre par Fourgeaud-Lagrèze "1860" (date même de l'édition) ainsi que le fer spécial "républicain" (voire maçonnique ?) et la devise de la République Française sont ici lourds de sens sachant que cet ouvrage a été condamné et les exemplaires saisis.


Superbe et précieux exemplaire dans une fine reliure parlante strictement de l'époque d'un livre saisi et condamné.


Prix : 1.450 euros


mercredi 20 février 2019

Madame d'Aulnoy. Histoire d'Hypolite comte de Duglas (1708). Contient le conte "L'île de la Félicité", premier conte publié en France en français (1690). Superbe exemplaire relié plein maroquin décoré.


[Marie Catherine d'Aulnoy]

Histoire d'Hypolite comte de Duglas. [contient le conte "L'île de la Félicité"].

A Paris, au Palais, chez Nicolas Le Gras et Guillaume Cavelier, 1708

2 tomes reliés en 1 volume in-12 (17 x 10 cm) de (8)-230 et (12)-300 pages.

Reliure plein maroquin à grain long, dos à faux-nerfs richement orné de fleurons à froid et dorés, filets dorés, roulettes dorées, encadrement des plats doré et à froid, fleurons à froid dans les angles, coupes décorées de roulettes et fers dorés, encadrement intérieur des plats de maroquin rehaussé d'une roulette dorée, doublures et gardes de papier marbré, tranches dorées (reliure non signé exécutée vers 1825 - dans le goût de Simier ou Thouvenin). Reliure parfaitement conservée. Infimes marques et traces à la reliure qui reste étincelante. Intérieur frais malgré un papier uniformément légèrement teinté, avec parfois quelques rousseurs.


Nouvelle édition.

Ouvrage publié pour la première fois en 1690.


Marie-Catherine Le Jumel de Barneville, baronne d’Aulnoy est née à Barneville-la-Bertran en 1651, et morte à Paris le 14 janvier 1705. Femme « d’esprit » et scandaleuse, elle est l’un des auteurs à l’origine du genre écrit du conte merveilleux auquel, à la différence d’auteurs comme Charles Perrault, qui ont tâché de polir la matière littéraire qu’ils élaboraient, elle a insufflé un esprit subversif en usant d’allégories et de satires. Son travail de création littéraire est souvent rapproché de celui de Jean de La Fontaine pour sa critique masquée de la cour et de la société française du XVIIe siècle. Contemporaine de Madame de La Fayette et de la marquise de Sévigné, liée d’amitié avec Saint-Évremond et avec plusieurs conteuses du siècle comme Henriette-Julie de Murat et Marie-Jeanne L’Héritier, Marie-Catherine d’Aulnoy publie, dès 1690, ses premiers récits : les Mémoires sur la cour d’Espagne, l’Histoire d’Hippolyte, comte de Douglas ou la Relation du voyage d’Espagne (1691), les Mémoires des aventures de la cour de France (1692), les Mémoires secrets de plusieurs grands princes de la cour (1696). Ces productions littéraires estimées sont suivies des contes qui ont assuré sa notoriété. L’Île de la félicité est le premier conte de fées à être publié en France.


Ce premier conte de fées littéraire, inséré dans son roman Histoire d’Hypolite, comte de Duglas a lancé la mode des contes de fées. Après le succès des Contes de ma mère l’Oye de Charles Perrault en 1697, elle fait paraître les quatre volumes des Contes des fées, suivis des Contes nouveaux ou les Fées à la mode, respectivement parus en 1697 et 1698 et qui lui valent la célébrité, jusqu’à surpasser Perrault selon certains. Comptant parmi les plus authentiques chefs-d’œuvre de la littérature féerique, ses contes alliant romanesque et merveilleux L’Oiseau bleu, La Belle aux cheveux d’or, Gracieuse et Percinet, Le Prince lutin, La Biche au bois, La Chatte blanche, Le Rameau d’or, Finette Cendron, Le Nain jaune, La Grenouille bienfaisante, reflètent l’évolution d’un genre emprunté aux traditions populaires en un genre littéraire destiné au lectorat adulte de la société galante. Construits comme des aventures romanesques, où se découvre aisément l’influence de la pastorale, du théâtre et du roman contemporains, ses contes mêlent allègrement excès de préciosité, qui se manifeste notamment par le gout prononcé, qu’elle partage avec La Fontaine, pour les néologismes, naturel désinvolte, réalisme et cruauté. Son vécu se manifeste également dans son écriture lorsqu’elle se sert de l’allégorie pour dénoncer sans ambages l’épreuve du mariage forcé qu’elle a dû subir.


Référence : « L’Île de la Félicité de Mme d’Aulnoy : Le premier conte de fées littéraire français. Du roman Histoire d’Hypolite, comte de Duglas (1690) », Merveilles & contes, Wayne State University Press, vol. 10, no 1,‎ mai 1996, p. 87, 89-116.


Superbe exemplaire.

Prix : 1.450 euros


mardi 19 février 2019

Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Monsieur Nicolas ou le Coeur Humain dévoilé. Réimpression par Isidore Liseux (1883). 14 volumes in-8. Reliure de l'époque.


[Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne - Restif de la Bretonne] - Isidore Liseux (éditeur).

MONSIEUR NICOLAS ou Le Coeur Humain dévoilé. Mémoires intimes de Restif de la Bretonne. Réimprimé sur l'édition unique et rarissime publiée par lui-même en 1796.

Paris, Isidoire Liseux, 1883

14 tomes reliés en 14 volumes in-8 (20,3 x 14 cm) de X-(1)-248, (3)-234-(2), (3)-231-(1), (3)-256, (3)-256, (3)-264, (3)-256, (3)-256, (3)-253-(3), (3)-255-(1), (3)-269-(3), (3)-238-(2), (3)-320 et (3)-227-(1) pages. Frontispice-portrait de l'auteur gravé à l'eau-forte présent au dernier volume.


Reliure de l'époque demi-chagrin rouge, dos à nerfs, pièces de titres et tomaison de chagrin olive, filet doré sur les plats, tête dorée, non rogné (relié sur brochure), les deux plats de couverture des brochages imprimés sur papier vert ont été conservés. Reliures fraîches malgré deux pièces de tomaison manquantes et quelques minimes frottements, quelques coins légèrement émoussés. Intérieur comme neuf, très frais, belle impression sur beau papier de Hollande.

Tirage numéroté à 225 exemplaires sur Hollande (tirage de tête).


Les 12 premiers volumes contiennent les IX "époques" de la vie et de l'oeuvre de Rétif de la Bretonne. Le 13e volume contient "Mon Calendrier". Le 14e volume contient "Mes Ouvrages" (commentaire sur ses ouvrages et leur publication).


« Avez-vous lu par hasard le singulier ouvrage de Rétif : le Cœur humain dévoilé ? en avez-vous du moins entendu parler ? Je viens de lire tout ce qui en a paru, et malgré les platitudes et les choses révoltantes que contient ce livre, il m'a beaucoup amusé. Je n'ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle ; il est impossible de ne pas s'intéresser à la quantité de personnages, de femmes surtout, qu'on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent d'une manière si vivante les mœurs et les allures des Français. J'ai si rarement l'occasion de puiser quelque chose en dehors de moi, et d'étudier les hommes dans la vie réelle, qu'un pareil livre ma paraît inappréciable. » (Lettre de Friedrich von Schiller à Johann Wolfgang von Goethe, 2 janvier 1798).


Fils de paysans de l'Yonne, devenu ouvrier typographe à Auxerre et Dijon, Nicolas Restif de La Bretonne s'installe à Paris en 1761 : c'est alors qu'il commence à écrire. Il a une vie personnelle compliquée et est sans doute indicateur de police. Polygraphe, il fait paraître de très nombreux ouvrages touchant à tous les genres, du roman érotique (L'Anti-Justine, ou les Délices de l'amour) au témoignage sur Paris et la Révolution (Les Nuits de Paris ou le Spectateur nocturne, 1788-1794, 8 volumes) en passant par la biographie avec La Vie de mon père (1779) où il brosse un tableau idyllique du monde paysan avant la Révolution avec la figure positive de son père. Il a également touché au théâtre sans grand succès. Cherchant constamment des ressources financières - il mourra d'ailleurs dans la misère -, il écrit aussi de nombreux textes pour réformer la marche du monde. Cependant l'œuvre majeure de Restif de la Bretonne est sa vaste autobiographie, Monsieur Nicolas, en huit volumes échelonnés entre 1794 et 1797. Ce livre fleuve se présente comme la reconstruction d'une existence et expose les tourments de l'auteur/narrateur comme à propos de la paternité - le titre complet est Monsieur Nicolas, ou le Cœur humain dévoilé -, mais témoigne aussi de son temps et constitue une source très abondante de renseignements sur la vie rurale et sur le monde des imprimeurs au XVIIIe siècle. C'est aussi un philosophe réformateur pénétré de rousseauisme qui publie des projets de réforme sur la prostitution, le théâtre, la situation des femmes, les mœurs, et un auteur dramatique. (source Babelio).


L'édition originale de cet ouvrage est aujourd'hui devenue rarissime. Les 8 premiers volumes furent tirés à 450 exemplaires seulement tandis que les 8 suivants (l'édition originale est en 16 parties) n'ont été tirés qu'à 250 exemplaires.


Cette très belle impression due à l'imprimeur Ch. Unsiger et à l'érudit éditeur Isidoire Liseux permet d'avoir le texte dans une belle présentation. Certains parties n'ont pas été reprises dans cette réimpression (il faut dire que Monsieur Nicolas se répète souvent ...).

Bel exemplaire du tirage de luxe sur Hollande, malgré les petits défauts signalés.

Prix : 950 euros

lundi 18 février 2019

Docteur P. Barbellion. Truites, Mouches, Devons. Mouche sèche - Mouche noyée - Lancer léger et Extra-Léger - Ultra-Léger. (1948). Très bel exemplaire dans son cartonnage pleine toile éditeur décorée.


Docteur P. Barbellion

Truites, Mouches, Devons. Mouche sèche - Mouche noyée - Lancer léger et Extra-Léger - Ultra-Léger.

Librairie Maloine, Paris, 1948

1 fort volume grand in-8 (28 x 20,5 cm) de 1.181-(1) pages. Très nombreuses illustrations dans le texte et hors-texte en noir et blanc, figures techniques, schémas, reproductions de photographies.

Reliure pleine toile verte éditeur, premier plat de couverture avec étiquette imprimée 14 x 12 cm contrecollée (truite avec titre doré), le tout en excellent état de conservation. Intérieur comme neuf. Beau papier satiné de qualité. Quelques infimes plis marqués aux coiffes.


Édition originale.

Il a été tiré en outre 350 exemplaires sur papier couché.


Véritable bible du pêcheur de la truite à la mouche et au lancer léger, ce monumental ouvrage est l'oeuvre d'un pur passionné. Tout y est méticuleusement et précisément présenté : matériel, techniques, sensations, même l'écologie est largement présente dans ce superbe volume très recherché des collectionneurs-pêcheurs. C'est avec La Truite d'A. Vavon (1926), l'autre livre indispensable et incontournable qui doit être présent dans toute bibliothèque halieutique.


Ouvrage riche de 52 illustrations hors-texte dont 34 planches photographiques en noir et 2 planches couleurs présentant des mouches artificielles, avec de très nombreuses figures techniques.


Ce volume, relié sur un exemplaire broché à l'état de neuf, possède son premier plat de couverture (le seul illustré) en parfait état, ce qui est notablement rarissime pour cet ouvrage. Il n'est pas rare de trouver cet ouvrage dans un état médiocre ou passable, dans un superbe état de fraîcheur tel qu'ici c'est une autre histoire ...


Superbe exemplaire resté très frais dans sa reliure éditeur pleine toile décorée.


Prix : 550 euros