jeudi 1 décembre 2022

Charles Maurras. Le beau jeu des reviviscences. Un après-midi d'hiver à Clairveaux. Gravure de Jean Traynier. 1952. Un des 6 exemplaires de tête sur Japon nacré. Superbe reliure signée Semet et Plumelle.


MAURRAS, Charles. TRAYNIER, Jean (illustrateur).

Le beau jeu des reviviscences. Un après-midi d'hiver à Clairveaux. Gravure de Jean Traynier. (avec un poème inédit imprimé en tête et intitulé "Aux Réviviscences, odelette").

A Paris, Pour un Groupe de Bibliophiles, s. d. (1952) [achevé d'imprimer le jour de l'Annonciation, vers le 25 mars 1952]

1 volume grand in-8 (26 x 17 cm) de 45-(1) pages. Frontispice gravé à la pointe sèche sur cuivre par Jean Traynier.

Reliure strictement de l'époque plein maroquin gris anthracite, dos lisse, titre doré en long, encadrement intérieur de même maroquin souligné de deux double-filets dorés, doublures et gardes de papier gris à motif, tranches dorées sur brochure, couverture conservée, étui bordé recouvert de papier granité et doublé de feutre (reliure signée SEMET ET PLUMELLE). Parfait exemplaire.


Edition originale.

Tirage à 187 exemplaires seulement.

Celui-ci, un des 6 exemplaires sur Japon nacré, premier papier.

Exemplaire auquel on a joint un tirage à part de la gravure sur Chine (reliée in in fine sous couverture imprimée). Le tirage relié en frontispice est sur Japon nacré.









Charles Maurras est né à Martigues le 20 avril 1868. Journaliste, essayiste, homme politique et poète français, membre de l'Académie française. Écrivain provençal appartenant au Félibrige et agnostique dans sa jeunesse, il se rapproche ensuite des milieux catholiques et antidreyfusards. Autour de Léon Daudet, Jacques Bainville, et Maurice Pujo, il dirige le journal L'Action française, fer de lance du mouvement homonyme, d’inspiration royaliste, nationaliste et contre-révolutionnaire qui devient le principal mouvement intellectuel et politique d'extrême droite sous la Troisième République. Sa doctrine prône une monarchie héréditaire, tout en se revendiquant antisémite, antiprotestante, antimaçonnique et xénophobe. Bien qu’antigermanique, il soutient le régime de Vichy, l'instauration d'une législation antisémite et la création de la milice. Poursuivant la publication de L'Action française sous l'occupation allemande, il réclame l'exécution de résistants. Arrêté à la Libération, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité et à la dégradation nationale en raison de ses articles. Il est gracié pour raisons de santé en mars 1952. Son parcours et sa pensée jouent un rôle important dans les courants de pensée de droite et d'extrême droite en France. Ses dernières années, passées en grande partie à la prison de Clairvaux, furent aussi l'occasion d'une introspection sur la question de la Résistance ou du traitement infligé aux Juifs pendant la guerre. Maurras meurt le 16 novembre 1952.

"Après qu’il a publié son second manifeste de demande de révision de son procès, Charles Maurras est gracié par le président Vincent Auriol, peu de temps avant sa mort. Après sa mise en liberté, l’écrivain peut abandonner le combat de sa libération, bien qu’il eût souhaité qu’il fût différent, et consacrer les derniers mois de sa vie à sa postérité littéraire, l’autre élément constitutif de la défense de son image. La survivance de la figure littéraire de Maurras permet d’objecter à l’image du politicien manipulateur, alors communément admise hors des cénacles militants, celle du poète, du doux félibre, amoureux du siècle classique compromis malgré lui dans les combats partisans. Nous avons vu cette dualité de postures antithétiques qui alimentait déjà les débats houleux de son procès. Malgré l’échec de cette première tentative de littérarisation, qui se conclut par sa condamnation à la prison à perpétuité abrogée en grâce médicale, le vieux Maître n’abandonne pas, tout au contraire, le combat de sa postérité d’homme de lettres, qu’il n’a eu de cesse de préparer en prison." (Julien Cohen. in Esthétique et politique dans la poésie de Charles Maurras. Littératures. Université Michel de Montaigne - Bordeaux III; Universitat de Barcelona, 2014).

Le beau jeu des reviviscences sont le recueil de ses pensées alors qu'un après-midi de l'hiver 1950-1951, il recevait ensemble, à Clairvaux, ses neveux, Mademoiselle Hélène Maurras et M. Jacques Maurras, qui sont aussi ses enfants adoptifs. Propos "aussi fidèlement rapportés que possible, ou à peu près "ont été les paroles du prisonnier" (imprimé au dernier feuillet du volume. Maurras revient sur ses jeunes années, ses souvenirs d'enfant, d'adolescent, sa vie à Martigues, des visages familiers, son père, etc.

Le frontispice de Jean Traynier montre Martigues, "la Venise de Provence" avec des barques au premier plan donnant sur l'étang de Berre. 







Superbe et précieux exemplaire parfaitement établi à l'époque par Semet et Plumelle du très rare tirage de tête sur Japon nacré.

Prix : 3.500 euros