mercredi 10 novembre 2021

Roquelaure aux Etats-Généraux (1789). "Moyen indiqué par l'Ombre de Roquelaure, pour arrêter les progrès du luxe, et la ruine de la Nation Française."

[Anonyme].

ROQUELAURE AUX ETATS-GENERAUX.

1789. S.l.n.m. [Paris]

1 brochure in-8 (21 x 14 cm) de 22 pages (y compris le titre). Cachier cousu époque. Parfait état, non rogné.

Edition originale et unique édition.

Dans la Préface on apprend que Roquelaure (le fameux duc de Roquelaure a qui l'on a prêté les multiples aventures galantes et qui est mort à la fin du XVIIe siècle) revient d'entre les morts pour présenter au peuple de Paris son "Moyen indiqué par l'Ombre de Roquelaure, pour arrêter les progrès du luxe, et la ruine de la Nation Française." Ainsi Roquelaure ressuscité, après avoir dénoncé les contrefaçons d'ouvrages qui ruinent leurs auteurs (on dirait du Rétif de la Bretonne...), guidé par Proserpine "piquée par la curiosité" qui voulait connaître le Père Duchene, énonce son remède pour chasser le luxe de la nation française. Il suffit, dit-il s'adressant aux citoyens de Paris, de faire sortir un édit qui défendra à toutes personnes de l'un et de l'autre sexe, de telle condition, qualité qu'ils soient, d'affecter une mise indécente, sous peine d'être regardé dans la société, comme des personnes vaines et sans mérite, qui ont besoin de l'éclat funeste de la parure, pour attacher les yeux du passant sur leurs vêtements, dans la crainte qu'il ne lise sur leurs visages, qu'ils sont sans mœurs, sans éducation, sans esprit, et que les libertins et libertines seuls auront le droit d'afficher ce luxe qui les dénoncera lui-même. Par suite nécessaire, défendre à la légion ecclésiasticale de s'armer le corps d'or, d'argent, de pierreries, de tapisseries magnifiques, de dentelles, de bâtons d'or, d'argent ; tous ces accoutrements servant plutôt à soulever un peuple qui meurt de faim, qu'à lui inspirer du respect pour une religion dont ils violent à chaque instant les saints préceptes. Car n'est-il pas révoltant d'entendre prôner, par leurs officiers subalternes, que Dieu nous ordonne de quitter les mondanités, de mépriser les richesses, de ne point envier le bonheur d'autrui, de donner son bien aux pauvres, tandis que les Ministres des Autels ont de superbes coursiers, des voitures brillantes à ressorts bien liants, dont leur rotondité emplit le dedans ? N'est-ce pas une insulte à la Nation ? Ne doivent-ils pas craindre que Dieu ne les confonde ? [...]". Roquelaure termine avec un dialogue d'outre-tombre avec Voltaire assez cocasse (l'auteur indique d'ailleurs en note de bas de page qu'il promet au lecteur pour bientôt la publication de l'entretien de Roquelaure avec Voltaire). Enfin, dans un Post-scriptum, Roquelaure se dit las d'entendre parler, et des prérogatives des trois Ordres et des Cahiers (de doléances), il dénoncé le trop grand nombre de publications mal venues écrites par des hommes si peu éclairés. Roquelaure répète aux citoyens de Paris qu'il faut avant toutes choses réparer le déficit des finances et soulager le peuple.

Cette brochure, rare, parue anonymement dans le flot des publications de circonstance durant la réunion des Etats-Généraux, un peu avant ou un peu après (mais avant le 14 juillet 1789 qui n'aurait pas manqué de faire sensation aux yeux de l'auteur). Saurons-nous jamais qui a écrit ces quelques pages bien senties ?

Localisation : 1 seul exemplaire à la bibliothèque de l'Arsenal. Not in Martin & Walter. 

Rare brochure parfaitement conservée.

Prix : 350 euros