samedi 20 novembre 2021

Léon Bloy. Le Mendiant ingrat (1898). Edition originale. Belle lettre autographe à un ami (23 mai 1914) : " [...] Je suis toujours un indigent. On a beau rééditer quelques uns de mes livres. Le nombre des acheteurs n'augmente pas sensiblement et c'est à grand peine que je parviens à subsister avec ma femme et mes deux filles. [...]"

BLOY (Léon).

Le Mendiant ingrat (Journal de l'Auteur 1892-1895)

A Bruxelles, Chez l'éditeur Edmond Leman, 1898

1 volume in-8 (23,5 x 15 cm), broché de 447-(3) pages. Couverture ocre imprimée. Bon état malgré un dos fendillé. Intérieur frais.

Edition originale avec les bonnes couvertures et la bonne page de titre.

Exemplaire du tirage sur vergé crème signé par l'auteur sous la justification des exemplaires de luxe (10 ex. sur Japon et 30 ex. sur Hollande). 

Exemplaire auquel on joint une lettre autographe de l'auteur à son "cher ami" en date du 23 mai 1914 (Bourg-la-Reine, 3, Place Condorcet). 1 page in-8 (volante).


Belle lettre adressée à l'un de ses amis, libraire ou antiquaire auquel il demande un conseil : "Je vous envoie aujourd'hui une gravure qu'on me dit avoir une certaine valeur. Je n'en sais rien. Je la tiens d'un pauvre homme à qui j'avais rendu quelques services et qui me l'a laissée en mourant. Voyez si vous pouvez me la vendre." Le ton de la lettre est assez morose, Bloy se sent vieillir : "le moindre déplacement me rend malade". L'argent manque comme toujours cruellement : "Ma situation d'ailleurs, n'a pas changé. Je suis toujours un indigent. On a beau rééditer quelques uns de mes livres. Le nombre des acheteurs n'augmente pas sensiblement et c'est à grand peine que je parviens à subsister avec ma femme et mes deux filles." Il évoque pour finir un litige avec les éditons du Mercure autour de la Préface de son ouvrage intitulé le Désespéré : "dans l'édition du Mercure qui a suivi, et que je vous ai envoyée, cette préface si importante pour moi, et que vous ne devez pas connaître a été refusée pour des raisons de boutique."









Ce volume, qui porte sur la couverture imprimée en exergue une saillie de Jules Barbey d'Aurévilly : "Les plus beaux noms portés par les hommes furent les noms donnés par leurs ennemis." Dans ce Journal, des ennemis Léon Bloy n'a que cela ! Jules Barbey d'Aurevilly disait de Léon Bloy : « c'est un esprit de feu, composé de foi et d'enthousiasme, que ce Léon Bloy inconnu, qui ne peut plus l'être longtemps [...] Pour ma part, parmi les écrivains catholiques de l'heure présente, je ne connais personne de cette ardeur, de cette violence d'amour, de ce fanatisme pour la vérité ».

"Bloy a 50 ans, il publie sans succès le Mendiant ingrat, séjourne au Danemark, ce sont les années noires du décès de son fils. Son journal est ponctué par ses exercices spirituels, par ses comptes rendus incisifs d'une vie littéraire qui tarde à le reconnaître, par sa rupture avec son ami peintre de Groux au moment de l'affaire Dreyfus, et surtout par ses jugements à l'emporte-pièce sur ses contemporains: Bourget et Huysmans, sans oublier sa bête noire : Zola." (Extrait de l'article Promenons-nous dans les Bloy. par Jean-Didier Wagneur publié le 28 décembre 2000, Journal Libération)

Édition originale tirée à 1240 exemplaires, tous signés par l'auteur. Un des 1200 du tirage courant sur papier vergé (sans mention d'édition). Une grande partie des exemplaires invendus furent remis en vente en 1908 avec une nouvelle couverture et un titre de relais (Mercure de France).

Bon exemplaire agrémenté d'une intéressante lettre autographe (ensemble indissociable).

Prix : 950 euros