lundi 8 novembre 2021

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. La Mimographe ou Idées d'une honnête-femme pour la réformation du théâtre national (1770). Edition originale et unique édition. Bel exemplaire en condition d'époque.

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone].

La mimographe ou Idées d'une honnête-femme pour la réformation du théâtre national.

A Amsterdam, chez Changuion, libraire, et à La Haye, chez Gosse et Pinet, libraires, 1770

2 parties en 1 volume in-8 (20,6 x 13 cm) de 466 pages.

Reliure de l'époque plein veau brun, dos là nerfs orné aux petits fers dorés circulaires et un petit fer spécial en haut du dos (cerf ou chevreuil), titre doré, doublures et gardes de papier marbré. Très bon état de conservation de la reliure malgré un cuir assez frustre, quelques éraflures et petits manques au bord d'un plat et sur les coupes, coins légèrement frottés, intérieur frais. Exemplaire sans le feuillet de faux-titre qui indique : "Idées singulières. Tome second." (jamais relié comme souvent).

 
Édition originale et unique édition.








Second volume de la série des "graphes" donnée par Rétif de la Bretonne et rentrant dans la série de ses ouvrages servant de documentation à sa réformomanie. Le premier volume, le plus célèbre d'entre les cinq qu'il donnera, à savoir Le Pornographe (traité de réformation de la prostitution) avait paru l'année précédente (1769) et avait connu un beau succès avec une nouvelle édition et les contrefaçons qui suivront.

En tête de la page 297 on lit : Seconde partie. Notes. A cet endroit commencent en effet des notes imprimées en petits caractères serrés. Un errata se trouve imprimé au verso du faux-titre. Selon Rétif lui-même (Monsieur Nicolas) ce volume a été imprimé à 2.000 exemplaires. Il n'a jamais été réimprimé ni contrefait. Ce qui fait dire à Paul Lacroix : "Cet ouvrage est rare, peut-être très-rare." La Mimographe, écrit Paul Lacroix, mérite d'occuper une place dans une collection de livres sur le théâtre, car il renferme beaucoup de détails historiques et de particularités curieuses. Paul Lacroix pense que Rétif a eu peu de part à la compilation des notes et du texte, qui doit revenir très certainement à Nougaret, alors ami de Rétif mais déjà brouillé avec lui au moment de la mise sous presse du volume. Selon Lacroix, Rétif y a pourtant contribué à sa manière, en y ajoutant un roman relatif aux mœurs du théâtre, outre une foule d'idées singulières qui lui appartiennent bien. La Mimographe a été composé par Rétif durant tout l'été 1769. Il l'imprima avec l'aide du prote Michel, comme le Pornographe.








Rétif ne gagna rien avec cet ouvrage alors qu'il travailla activement à la casse, sous prétexte, écrit-il dans Monsieur Nicolas, "que c'étaient des changements, et que je devais bien faire mon manuscrit, du premier coup. Je dévorai tout cela. Je pouvais objecter la difficulté de la matière et son importance. Je n'objectai rien; je travaillai six mois, du matin au soir, avec une application dont peu d'hommes sont capables... Ce volume fut beaucoup plus gros que le premier (la première édition du Pornographe) ; les notes en furent plus étendues, plus raisonnées ; l'enveloppe romanesque en est mieux faite. Il y a beaucoup de néologisme, qui n'est pas toujours également heureux." C'est l'enveloppe romanesque dont Rétif est le fabricateur écrit Paul Lacroix ; mais combien de choses curieuses et intéressantes, dans les Notes, sur l'intérieur de la scène, sur les théâtres du boulevard du Temple, sur les acteurs et les actrices, sur le déplacement nécessaire du Théâtre national à Paris, etc. ! 

Provenance : de la bibliothèque de Jbi. [JACOBI] PARIS-LASPLAIGNES avec ex libris typographique (Ex Musaeo JBI. PARIS-LASPLAIGNES.). Jacques Paris-Lasplaignes ou Laplaignes ou encore Las Plaignes ou Las Planes est issu d'une famille originaire du Gers. Il existe un château de ce nom. L'ex libris est contemporain de l'édition soit vers 1770. Jacque Paris-Lasplaignes était gentilhomme gascon amateur des écrits de Rétif de la Bretonne et suffisamment bibliophile pour avoir une belle marque d'appartenance dans les volumes qui composaient sa bibliothèque. Le petit fer spécial doré en forme de cerf ou de chevreuil est-il une marque de sa famille ? Nous ne savons pas mais c'est très probable. A propos de Jacques Paris-Lasplaignes lire le Bulletin de la Société Archéologique et Historique du Gers, quatrième trimestre 1982, pp. 408-424 : "Jacques Paris-Lasplaignes et le château de Lasplaignes à Seissan, par Andé Péré."

Références : Lacroix, pp. 104-107 ; Rive Childs, p. 215-216 (qui n'est pas convaincu par la large collaboration de Nougaret à cet ouvrage).



Bel exemplaire relié à l'époque, bien conservé, à l'intérieur d'une belle fraîcheur.

Prix : 1.650 euros