COLLECTIF ? (attribuées au roi LOUIS XI ??) - A. de La SALE ?
LES CENT NOUVELLES NOUVELLES. Suivent les cent nouvelles, contenant les Cent Histoires Nouveaux, qui sont moult plaisans à raconter, en toutes bonnes compagnies ; par manière de joyeuseté. Nouvelle édition, ornée de cent figures en taille-douce et d'un frontispice.
A Cologne, chez Pierre Gaillard, 1786
4 tome en 2 volumes grand in-12 (18 x 11,5 cm) de (4)-144, (4)-V-196, (4)-158 et (4)-157-(4) pages, avec 100 figures hors-texte à l'eau-forte d'après Romain de Hooghe tirées à part (seul le frontispice est signé de Romain de Hooghe et gravé par G. vander Gouwen). Les figures ne sont pas comprises dans la pagination et portent toutes une légende de quelques lignes au bas et le numéro de la nouvelle imprimé en haut.
Reliure ancienne demi-veau marron tacheté à l'acide, pièces de titre rouges et pièces de tomaison noires, plats de papier raciné, tranches mouchetées. Reliures typiques des années 1820. Reliure très bien conservées, restées fraîches. Intérieur très frais.
Cette édition de 1786 présentes des gravures en beau tirage, bien net et bien encré. Les figures mesurent environ 85 x 75 mm. Il ne faut pas croire les bibliographes qui donnent les figures de cette édition de 1786 pour médiocres, sans doute alors n'ont-ils même pas pris la peine de les regarder, obsédés sans doute qu'ils étaient par l'édition de 1701 (également donnée à l'adresse de Pierre Gaillard à Cologne avec ces mêmes figures de Romain de Hooghe alors en premier tirage). Si l'édition de 1701 fait l'unanimité dans le cénacle bibliophilique, c'est avec plaisir et conviction que je défendrai ce nouveau tirage tout aussi joli et imprimé sur beau papier.
Il est vraisemblable que ce tirage de 1786 a été fait sur les cuivres originaux de 1701, probablement retouchés pour certains par Bernard Picart (remise en état après tirage de 1701, 1732 et 1736).
Les illustrations, souvent truculentes ou triviales, sont à l'images de celles du Décaméron de Boccace et des Contes et des Fables de La Fontaine.
Les Cent Nouvelles nouvelles, dites du roi Louis XI, sont un recueil de contes, composés de 1456 à 1461 à la cour du duc de Bourgogne Philippe le Bon, pendant le séjour que fit au château de Genappe le dauphin Louis, fils de Charles VII. Pour distraire les ennuis de l'exil du dauphin, chaque seigneur à son tour faisait un joyeux récit ; dans l'édition publiée en 1486 par Antoine Vérard, les Nouvelles portent les noms de ceux qui les contèrent, et celles qui sont attribuées à Monseigneur, sans autre désignation, appartiennent, dit l'éditeur, au dauphin lui-même. Un secrétaire, ajoute la tradition, recueillit et rédigea ces histoires qui égayaient la cour de Bourgogne s'accorde, en effet, à reconnaître aux Cent nouvelles nouvelles un auteur unique, qui recueillit sans doute ses matériaux dans les réunions de Genappe, mais qui donna au livre sa forme et son style. Cet auteur aurait été pour certains Antoine de La Sale, à qui l'on doit encore Les quinze joyes du mariage et l'Histoire du petit Jehan de Saintré. Il demeurait à Genappe, et son nom figure dans le recueil même, où se trouvent d'ailleurs les formes de pensée et de style particulières à ses autres ouvrages. Pour d'autres, tels l'historien Pierre Champion, la paternté de l'ouvrage revient à Philippe de Loan et Philippe Pot mais c'est à ce dernier qu'il propose en définitive de reconnaître la paternité complète du recueil.
Les diseurs se mettent en scène, utilisant leurs souvenirs, leurs expériences ou leurs lectures ; ils pillent, sans le dire, le Décaméron de Boccace (traduit en français par Laurent de Premierfait), les nouvelles humanistes du Pogge (Poggio Bracciolini), les fabliaux français ou la Disciplina Clericalis de Pierre Alphonse. Le rédacteur déplace les anecdotes qu'il emprunte à des livres : elles se déroulent surtout dans les Flandres et en France, en Bourgogne, parfois à l'étranger (Angleterre, Allemagne, Italie, Provence, Lorraine, Espagne).
Le titre de ces nouvelles ne manque pas de piquant : Le Baiser interdit, L’Amer Festin du compagnon qui aimait trop les femmes, Le Déshabillage de la femme infidèle, La Corne du diable, Le Festin du moine, La Femme incorrigible, La Femme du franc-buveur, Le Jeune Mari et le petit âne, Les Amants imprévoyants, etc.
Références : Cohen, 361 (pour le premier tirage).
Provenance : de la bibliothèque de Robert de Billy avec son ex libris gravé ; de la bibliothèque F. M. Caye avec son ex libris.
Bel exemplaire de ce très joli ouvrage illustré par Romain de Hooghe.