Maximes, sentences et réflexions morales et politiques.
A Paris, au Palais, chez Guillaume Cavelier, 1687
1 volume in-12 (15,5 x 9,5 cm. Hauteur des marges : 152 mm) de (16)-248 pages.
Reliure plein maroquin grenat, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, tranches dorées, triple-filet doré en encadrement des plats, filet doré perlé sur les coupes, large encadrement de roulettes dorées en doublure, doublures et gardes de papier marbré, doubles-gardes. Très bon état de la reliure. Intérieur frais, qui n'a pas été lavé. Quelques légères taches sans conséquence à quelques feuillets. La reliure n'est étonnamment pas signée mais est dans le goût des reliures de luxe du second Empire (vers 1870/1880).
Edition originale posthume rare.
Cette rareté est attestée par le libraire Damascène Morgand qui précise : "Cette édition se rencontre le plus souvent sous la date de 1687". L'exemplaire relié en veau à l'époque est donné avec la date de 1686, aussi à Paris chez Guillaume Cavelier (Morgand, Bulletin, n°14.925). L'Extrait du Privilège nous apprend que l'édition a été partagée entre Estienne Du Castin et Guillaume Cavelier. Par ailleurs le Privilège a été donné à Versailles le 10 janvier 1687 et enregistré le 15 janvier 1687. L'auteur y est à moitié dévoilé sous le nom de Chevalier de M... [Méré]. L’Épître à Monseigneur le marquis de Seignelay, ministre et secrétaire d'état (Jean-Baptiste Antoine Colbert, marquis de Seignelay, fils du grand Colbert), est signée des initiales : L. C D. M. [Le Chevalier De Méré].
La mode des Maximes et autres Sentences morales et politiques avait été lancée en 1664 par le succès des Maximes de La Rochefoucauld. Les éditions sans cesse augmentées se succèderont jusqu'en 1693. Le Chevalier de Méré fut-il un simple imitateur de La Rochefoucauld ? Qui était-il ? Sa biographie est embrouillée. George Brossin, chevalier de Méré serait né au début du XVIIe siècle (sans savoir exactement l'année). Originaire du Poitou, il devient à la capitale une sorte d'arbitre du bon goût et du bon ton. Son style précieux, ses relations à la cour, l'amènent à devenir l'intime de plusieurs beaux esprits de son temps (Pascal, Balzac, Ménage, la maréchale de Clérambault, etc.). Il aurait participé à l'éducation de la jeune fille qui deviendra Mme de Maintenon. Devenu vieux et obligé de fuir devant les créanciers (selon Michaud dans sa biographie universelle) il va finir ses jours dans son domaine du Poitou où il meurt en janvier 1685. "C'était un homme de beaucoup d'esprit, qui avait fait des livres qui ne lui faisaient pas beaucoup d'honneur" (Mémoires de Dangeau). Michaud cite Dreux du Radier qui indique qu'on lui attribue des Réflexions, Sentences et Réflexions morales et politiques (Paris, 1687, in-12), notre ouvrage. Mme de Sévigné qui ne mâchait pas ses mots déplorait son chien de style. On donne aussi cet ouvrage à un certain Antoine Gombaud, dit le « chevalier de Méré ». Qu'en est-il vraiment ?
On ne sait pas la date de rédaction de ces Maximes. Cependant l’Épître au marquis de Seignelay indique "feu monseigneur votre père" (Colbert). Or Colbert est mort le 6 septembre 1683. L'épître date donc d'après cette date et d'avant le décès de Méré qui serait advenu en janvier 1685 pour certains ou un peu plus tôt à la fin de l'année 1684 pour d'autres. Ce recueil a donc été composé, préparé pour une éventuelle impression, entre octobre 1683 et novembre 1684. Il contient des Maximes très certainement amassées au fil du temps entre 1660 et 1680. Une étude approfondie permettrait sans doute de connaître la genèse et l'histoire de ce recueil.
Ce volume contient environ 550 maximes (certaines sont mal numérotées et mal découpées d'une page à l'autre). Elles sont courtes pour la plupart et de ce que nous avons pu lire, fort justes et simplement énoncées (ce qui ne correspond pas au style affecté et précieux qu'on donne pour celui du Chevalier de Méré).
Un critique de son temps écrit : "Le Chevalier de Méré avait des idées singulières sur les matières de la morale comme sur celles du bel esprit. Il a soutenu qu'en certaines occasions, il est d'une grande âme de ne pas se déclarer pour le parti le plus juste, mais pour le parti le plus abandonné. Il ajoutait que quand la cause des malheureux ne serait pas bonne, on ferait bien de la croire telle." Rien que pour cette saillie lumineuse le chevalier de Méré mérite toute notre considération.
Référence : (Illustrations poitevines). Le chevalier de Méré, son véritable nom patronymique, sa famille, etc. Niort,; L. Clouzot, 1869. Plaquette d'une soixantaine de pages la plus détaillée sur cet auteur, sa vie et son oeuvre.
Bel exemplaire de ce petit volume rare.
VENDU