mercredi 11 janvier 2023

Histoire amoureuse des Gaules. Edition Nouvelle. A Liège. M. DC. LXVI. [Vleugart à Bruxelles ? 1666]. Bon exemplaire en condition d'époque (vélin), avec la clé, de cette édition primitive rare.


BUSSY-RABUTIN, Roger de Rabutin, comte de.

Histoire amoureuse des Gaules. Edition Nouvelle.

A Liège. M. DC. LXVI. [Vleugart à Bruxelles ? 1666]

1 volume in-12 (13,5 x 8 cm | Hauteur des marges : 129 mm) de 260-(2) pages. Le dernier feuillet, non chiffré, est une clé imprimée des noms cachés rencontrés dans le volume.

Reliure strictement de l'époque plein vélin ivoire rigide à petits rabats (reliure hollandaise). Reliure salie, vélin fripé. Mors fendillés. La première garde blanche manque. La doublure en papier blanc ancien a été refaite. Volume encore solidement relié. Intérieur en bon état. Collationné complet. Quelques noms de la clé rayés anciennement à l'encre brune.

Nouvelle édition.

L'une des premières éditions clandestines de ce livre.









Il n'y a rien de plus emmêlé que l'histoire des premières éditions, toutes clandestines, de l'Histoire amoureuse des Gaules de Bussy-Rabutin. Il est convenu de dire que la première édition de ce texte date d'avril 1665 (date donnée par L. Janmart de Brouillant) et qu'elle se présente avec uniquement une croix de Malte sur le titre (coll. 190-69-[4] p. de clef ; in-12) et la mention "A LIEGE", sans date imprimée.

Notre exemplaire contient : l'Histoire de Madame Ardelise (se termine page 113) ; Histoire d'Angelie et de Ginotic (pp. 114 à 191) ; Suite de l'Histoire d'Ardélise (pp. 192 à 215) ; Portrait de Madame de Cheneville (Madame de Sévigné) (pp. 216 à 237) ; Histoire de Bussy et de Belise (pp. 238 à 260). Cette édition primitive ne contient pas la Lettre écrite au duc de Saint-Aignan par le comte de Bussy du 12 novembre 1665, ce qui laisserait supposer que notre édition est faussement datée 1666 et qu'elle aurait été imprimée dans le courant de 1665, avant que Bussy-Rabutin n'écrive sa lettre au duc de Saint-Aignan. Notre édition ne contient ni les Maximes d'amour, ni le cantique Que Deodatus est heureux.









Notre "Edition Nouvelle, A Liège. M. DC. LXVI. a une particularité qui mérité d'être signalée et qui semble-t-il n'a été relevée par aucun bibliographe jusqu'ici. En effet, dans notre exemplaire tout le cahier F (pp. 121 à 144) a été imprimé fautivement au recto des feuillets seulement, c'est à dire que le verso du feuillet 121 est blanc, le verso du feuillet paginé 122 est blanc, idem pour les feuillets 123 à 144. Nous nous en sommes aperçu grâce au fait que les feuillets du cahier F nous ont paru beaucoup plus épais que les autres du volume. Et pour cause, les feuillets sont collés dos à dos pour n'en plus former qu'un seul. Seulement dans notre exemplaire les feuillets paginés 133-134 et 135-136 n'ont pas été collés l'un contre l'autre, on voit donc le verso blanc de chacun d'eux. Pour les autres feuillets pp. 121-132 et 137-144 le collage est parfois encore intact, parfois les deux feuillets se décollent ou laissent entrevoir le verso blanc. Une telle mise en page ne peut provenir que d'une erreur d'imposition des pages au moment de la mise en train typographique. Cette erreur a été corrigée au moment du brochage des cahiers.

A noter également dans notre édition la présente de quelques ornements gravés : petit décor typographique au bas de la page 215 ; 1 fleuron gravé sur bois au milieu-bas de la page 237 ; enfin un autre fleuron gravé sur bois au milieu bas de la dernière page 260.

M. Le Baron Walckenaer, dans ses Mémoires touchant la vie et les écrits de Marie de Rabutin-Chantal (Quatrième édition, 18880, Troisième partie), précise dans une note : "Je possède l'Histoire amoureuse des Gaules , édition nouvelle, Liège, 1666, avec la sphère, sans nom d'auteur, et le deux éditions de Liège, sans date ni nom d'auteur, ni d'imprimeur, une avec une croix de Saint-André (croix de Malte) (Elzévier) ; ces deux éditions ont précédé toutes les autres."

Nous ne saurons sans doute jamais qui a imprimé cette édition (Foppens à Bruxelles ? les Elzévier d'Amsterdam ?), pas plus que nous ne saurons laquelle de toutes les éditions primitives de l'Histoire amoureuse des Gaules peut se prévaloir d'avoir été la première. Quoiqu'il en soit toutes ces premières éditions sont rares et méritent d'être recherchées.

Homme de guerre, courtisan et homme de lettres bourguignon de souche (auxois et nivernais), Bussy-Rabutin (1618-1693), comme le disait Sain-Evremond : « a préféré à son avancement le plaisir de faire un livre et de donner à rire au public. Il a voulu se faire un mérite de sa liberté. Il a affecté de parler franchement et à découvert, et il n'a pas soutenu jusqu'au bout ce caractère. Après plus de 20 ans d'exil, il est revenu dans un état humilié, sans charge, sans emploi, sans considération parmi les courtisans et sans aucun sujet raisonnable de rien espérer. (...) On doit avouer que M. de Bussy avait un esprit merveilleux. Les premiers ouvrages que nous avons de lui nous en donnent une idée très-avantageuse, et il aurait tout sujet d'en être content, s'ils lui avaient coûté un peu moins cher. Son élocution est pure et ses expressions sont naturelles, nobles et concises. Ses portraits surtout ont une grâce négligée, libre, originale, qu'on ne saurait imiter ; il était d'ailleurs médisant jusqu'à l'excès.» Cousin de Madame la marquise de Sévigné, ce livre fut également l'occasion d'une brouille entre les deux épistoliers. Il nous reste également de lui des Mémoires militaires et des Lettres. L'ensemble de son œuvre est aujourd'hui précieux pour l'histoire du siècle de Louis XIV.

Référence : L. Janmart de Brouillant, in "Description raisonnée de l'édition originale et des réimpressions d'un livre intitulé "Histoire amoureuse des Gaules" in "Bulletin du bibliophile", 1887, p. 558 (voir pp. 557 à 568). Cette édition porte le n°XII de la nomenclature, sans autre précision. On ne comprend d'ailleurs pas pour cette édition est portée si loin dans la liste tandis qu'elle est, selon nous, l'une des toutes premières par les éléments qu'on vient de donner (absence de la lettre du duc de Saint-Aignan, absence des Maximes d'Amour, erreurs de mise en page, etc). En 2009 nous avions eu en mains un exemplaire de cette même édition. Voici ce que nous écrivions alors : Cette « Edition Nouvelle » est inconnue de Brunet et Tchémerzine. Elle est mentionnée par Auguste Poitevin dans son édition critique de la Bibliothèque Gauloise (1857, tome I, pp. LX). D'après nos dernières recherches et grâce à la comparaison de l'unique fleuron gravé sur bois se trouvant à la fin et au type de sphère armillaire présent sur le titre, on attribue cette impression à l'officine de Vleugart à Bruxelles (CHRL 17 Robert Netz, Cf. Rahir M. 50 p. 454 pour la sphère et Rahir M. 235 pour l'identification du fleuron). Cette attribution n'avait encore pas pue être déterminée à notre connaissance. Cette édition, une des premières, ne contient, ni le cantique « Que Deodatus est heureux (...) » (qui n'est d'ailleurs pas de Bussy et a été ajouté plus tard, à partir de 1670), ni la Lettre à Monsieur de Saint-Aignan (ajoutée plus tard également).

Bon exemplaire en condition d'époque, avec la clé, de cette édition primitive rare.

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