Almanach du Trou-Madame, jeu très-ancien et très-connu et la cause de presque toutes les révolutions. Réimpression textuelle de l'édition originale de Paris, 1791 ; avec une notice bibliographique.
Turin, J. Gay et fils, éditeurs, 1870 (Vincent Bona, imprimeur de S. M., à Turin)
1 volume in-12 (16 x 10,7 cm) de VII-(1)-84 pages.
Cartonnage plein papier marbré, étiquette de titre en maroquin dorée en long, couvertures roses imprimées conservées (salies). Cartonnage et intérieur frais. Coiffes légèrement frottées.
Tirage à 100 exemplaires dont 95 sur papier vélin anglais (ressemble à du parchemin ou peau de vélin) et 5 exemplaires sur Chine.
Celui-ci est numéroté 54 à la plume (sur vélin anglais).
Exemplaire de la bibliothèque du bibliographe Paul Lacroix dit Le Bibliophile Jacob.
Le volume s'ouvre sur une Notice sur l'Almanach du Trou-Madame qui commence ainsi : "Le jeu du Trou-Madame, délaissé de nos jours parmi les passe-temps de nos pères, tout aussi bien que le Cocu, le Pet-en-Gueule, et autres divertissements, auxquels on avait donné des noms susceptibles de choquer la pruderie moderne. Il s'agissait de faire tomber des billes dans des trous disposés d'après certaines règles ; c'était une question d'adresse, comme le billard et les quilles. [... ] On comprend de reste que le jeu dont il est question dans notre Almanach, est pris ici dans un sens figuré, lequel peut parfaitement se passer de tout commentaire. L'auteur a raconté douze petites aventures (une pour chaque mois de l'année), en mettant en scènes des joueurs ou des joueurs se livrant avec un goût très-prononcé à ce genre de distractions. [...]. L'auteur de la notice précise que l'auteur de ce texte n'a pu être identifié, ni par les bibliographes du commun (Barbier, Quérard, De Manne), ni par lui-même. Cette Notice et l'édition ont été donnés pour la Collection des Raretés Bibliographiques dirigée par Paul Lacroix (la notice peut être de Paul Lacroix ou Gustave Brunet). Ce petit volume était vendu 7 francs (voir quatrième de couverture).
L'auteur de cet Almanach écrit en guide de préambule : "[...] Peste soit des faiseurs de systèmes ! Aussi menteurs que ceux qui font des prédictions, ils ne donnent que trop souvent pour des vérités les plus absurdes chimères. Où diable les anciens imaginèrent-ils des causes occultes dont on n'a nulle idée, comme principe de tout ce qui végète et de tout ce qui respire ? Comment Epicure put-il persuader à ses disciples que l'univers n'était que le résultat d'un concours d'atomes ? [...] Pour moi, dont tout le savoir consiste à n'avoir jamais ouvert un livre, dans la crainte de ressembler à nos beaux esprits, qui ne sont que des secondes éditions des ouvrages qu'ils ont parcourus, je trouve la création de l'univers, sa beauté, ses révolutions, ses phénomènes, dans un système qui m'est particulier, système qui a pour base la multiplicité et la variété des trous qui sont à l'infini, tant sur la terre que dans les mers. [...] Chacun a, sans doute, sa manière de voir, et la mienne est de trouver dans tous les trous, et de tous les côtés, des trous qui maintiennent et qui donnent le ressort à ce vaste univers ; vérité que les physiciens ne peuvent nier, et qu'aucun d'eux n'a su deviner. [...] Rien ne s'opère que par les trous, et ce sont les trous qui maintiennent l'ordre, la société, la liberté, les monarchies, les républiques ; et l'aristocrate comme le démocrate ne peuvent faire valoir leurs raisons qu'à l'aide des trous. [...] (et l'auteur de détailler de l'intérêt de tous les trous possibles...) [...] Enfin le Palais-Royal, ce palais si séduisant, ne serait rien sans ses boutiques, ses arcades, ses réverbères, ses cafés, et il n'y a que des trous qui procurent la jouissance de ces ravissants objets. Trou ici, trou là, et dans la dentelle combien de trous ! [...] Une bouteille, un verre, une tasse, autant de trous nécessaires pour humecter le gosier, & le gosier lui-même est un trou, qui conduit à l’estomac qui est un autre trou, & qui, de trou en trou, conduit on sait bien où, & c’est encore un trou.. [...].
S'ensuivent 12 histoires gauloises ...
Provenance : de la bibliothèque de Paul Lacroix (1806-1884) dit le Bibliophile Jacob, le plus célèbre des bibliographes et polygraphes du XIXe siècle. Aucune mention ou ex libris ne permettent d'identifier cette provenance qui cependant est attestée par le fait que ce volume a été acheté en même temps que d'autres volumes du même genre (réimpression des raretés bibliographiques), tous reliés en cartonnage plein papier à la bradel, avec l'un des volumes de cet ensemble imprimé au nom de Paul Lacroix. Tous ces volumes ont été reliés de la même manière pour le Bibliophile Jacob, probablement dans la fin des années 1870 ou le début des années 1880. On sait que le Bibliophile Jacob s'était fait faire un ex libris pour les livres de sa bibliothèque à cette période. Ces volumes ne le contiennent pourtant pas. Chaque volume acquis de cet ensemble ont été préfacé par le Bibliophile Jacob ou édité par ses soins.
Rare édition tirée à petit nombre d'exemplaires, la première édition de 1791 étant devenue presque introuvable.
Bel exemplaire très bien conservé provenant de la bibliothèque du Bibliophile Jacob (Paul Lacroix).
VENDU