jeudi 2 décembre 2021

Gabriel Bonnot de Mably. Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale avec la politique. Traité utopiste sur l'égalité et la justice sociale (1783). On y trouve les prémisses des théories pré-communistes. Bel exemplaire finement relié à l'époque.

MABLY (Abbé Gabriel Bonnot de)

ENTRETIENS DE PHOCION, SUR LE RAPPORT DE LA MORALE AVEC LA POLITIQUE. Traduits du grec de Nicoclès, par M. l'abbé Mably.

Se trouve à Paris, chez Bailly et Lamy, 1783. De l'imprimerie de Benoît Morin, rue St-Jacques.

3 volumes in-18 (128 x 80 mm) de LVIII-(2 bl.)-132 pages ; (4)-(2 bl.)-128 pages et (6)-paginé 129 à 260.

Reliure strictement de l'époque plein veau blond glacé, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin havane, tranches dorées, triple-filet doré en encadrement des plats, roulette dorée en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier à la colle rose. Reliures très bien conservées restées très fraîches. A noter une légère éraflure sur un plat et quelques légers frottements, petit manque au bas d'un mors et à un coin, sans gravité. Intérieur très frais, imprimé sur beau papier fort.

Nouvelle édition.


La première édition de ce traité utopiste sur l'égalité et la justice sociale a paru en 1763 (1 vol. in-12). C'est un des plus importants ouvrages de l'abbé Gabriel Bonnot de Mably (1709-1785). Historien, philosophe moral et politique, Mably, qui était le frère de Condillac, donne ici sous la forme fictive d'un dialogue entre Phocion (Mably lui-même) et Aristias (le marquis de Chastellux - cette hypothèse est parfois remise en question), développe l'idée suivant laquelle le bonheur des nations est fondé sur le progrès des mœurs et non sur le progrès technique. Mably prône le mépris des richesses et une société égalitaire que le politique doit s'attacher à rendre vertueuse. On y trouve les prémisses des théories pré-communistes développées plus tard dans De la législation (1776).





Dans cette nouvelles édition, de belle facture, il est curieux de noter que le titre du premier volume ne porte aucune tomaison alors qu'il se termine bien par les mots "Fin du tome premier". Les deuxième et troisième tomes sont en pagination continue (on trouve ainsi souvent cet ouvrage relié en 2 volumes seulement, mais c'est bien trois pages de titre qu'il faut). Par ailleurs, autre curiosité, nous avons trouvé trace d'un exemplaire relié en 2 volumes par Derome avec l'adresse de Bailly sur les titres mais sortant de l'imprimerie de Didot (exemplaire sur vélin), voir Bulletin de la librairie Morgand et Fatout, n°11.490 (maroquin vert de Derome, 2 vol., 200 francs). Il en existait au moins six exemplaires imprimés sur peau de vélin et référencés par Van Praet (n°29 du catalogue Van Praet - ex. de la bibliothèque privée de Louis XVI - Mc-Carthy - Bibliothèque de M. R. Paris - un autre d'une bibliothèque vendue en 1809 - etc).

Références : Tchemerzine-Scheler IV, 249b ; INED, 2992 ; Cioranescu, 41171. (Première édition).


Provenance : de la bibliothèque d'Etienne de Canson avec son ex libris, de la bibliothèque du château de la Rivoire (Ardèche - Vivarais). Etienne de Canson est né le 9 août 1805 à Vidalon (Davézieux selon une autre source - Ardèche) et mort le 26 septembre 1860 à Vanosc (château de la Rivoire). Son nom complet est Barou de la Lombardière de Canson. Son père, industriel et inventeur, Étienne Barou de la Lombardière de Canson, est le fils de Barthélemy Barou de la Lombardière. Anne Jacques Barthélemy Barou de Canson de la Lombardière, qui tenait le mas de Vanosc de ses ancêtres, le laissa lors de son décès à son fils Étienne de Canson, pour lui faciliter l'administration des papeteries de Vidalon, immédiatement contiguës. Marié le 30 vendémiaire an VII (21 octobre 1798) avec Alexandrine de Montgolfier, Anne Jacques Barthélemy Barou de Canson devient ainsi le gendre d'Étienne de Montgolfier. La mort de son beau-père mit Etienne de Canson à la tête des usines de fabrique de papier de Vidalon, qu'il sut porter à un très haut degré de prospérité en y apportant de nouvelles améliorations. Nommé Pair de France le 11 octobre 1832 par Louis-Philippe, il siégea parmi les partisans du gouvernement jusqu'à la révolution de février 1848.




Bel exemplaire très bien conservé dans de jolies reliures de l'époque et de provenance intéressante.

Prix : 950 euros