ANONYME [REVOLUTION FRANCAISE]
LE CARNAVAL POLITIQUE DE 1790, ou Exil de Mardi-Gras à l'Assemblée Nationale, aux Tuileries, au Châtelet et à la Commune.
A Paris, De l'imprimerie des soixante Mascarades Parisiennes et des quatre Privilégiés, 1790
1 plaquette in-8 (22 x 12,5 cm), broché (cousu) de 24 pages. Excellent état de conservation. Impression sur papier fort.
Edition originale et unique édition.
Pamphlet de circonstance publié à l'occasion du carnaval de 1790 qui a été supprimé. L'auteur menace de démasquer les politiciens, la royauté et les notables pour se venger de leur refus du carnaval de Mardi-gras. De 1790 à 1798, le Carnaval de Paris est interdit. En février 1790 c'est le Marquis de Lafayette qui fut chargé par le maire de Paris Jean-Sylvain Bailly de faire appliquer l'interdiction du Carnaval de Paris. Différentes explications ont été cherchées à cette interdiction. Soit du fait d'un motif sécuritaire (le Carnaval aurait pu être cause de troubles de l'ordre public alors très précaire), soit du fait d'un motif moral (le Carnaval aurait été l'occasion de débauches et de débordements comme l'alcoolisation des foules, etc), soit du fait d'un motif politique (le Carnaval "payen" aurait fait concurrence aux fêtes officielles), soit du fait d'un motif économique (le nombre de jours chômés devait chuter notablement depuis 1789 à la suite de l'adoption du calendrier républicain). Aucun des motifs évoqués ci-dessus ne peut expliquer pleinement cette suppression du Carnaval entre 1790 et 1798. Il sera à nouveau autorisé en 1799.
Ce pamphlet est resté anonyme.
"Le Carnaval est proscrit pour le Peuple ; mais depuis l'instant des révolutions vous en avez établi un entre vous, et vous en jouissez sans pudeur ni retenue. Vous défendez, sous peine d'amende, aux Marchands, d'étaler sur leurs boutiques des masques et habits de caractères, et vous ne rougissez pas de vous en revêtir dans les occasions les plus sérieuses et les plus importantes. [...] D'abord, j'ai vu Louis XVI masqué et couvert du vêtement caractéristique de l'urbanité, de la confiance ; mais je n'ai pas été sa dupe ; j'y ai distingué la peur et l'embarras d'un Monarque qui a fait des sottises sans savoir pourquoi, qui les répare sans savoir comment, et qui en fera d'autres comme il en a toujours fait ; c'est-à-dire, autant qu'on lui en fera faire : mais néanmoins il faut que le goût des mascarades lui ait plu ; car j'espère qu'il en vient de faire une du grand genre ; mais je tais ; car le bon Roi n'est que trop embarrassé, et que, comme tel, dit le proverbe, le plus mal à son aise, est celui qui tient la queue de la poele. [...]" (extrait).
L'auteur conclut sur ces mots sortis de la bouche de Mardi-Gras : "Ah ! si pour vous, c'est un besoin de prendre, Prenez nos biens, mais laissez nos plaisirs."
Parfait exemplaire de ce pamphlet rare, tel que paru.
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