jeudi 7 octobre 2021

Oscar WILDE - Aubrey BEARDSLEY (illustrator). SALOME. A tragedy in one act : translated from the french of Oscar Wilde, with sixteen drawings by Aubrey Beardsley. 1912. 16 compositions tirées sur Japon. Cartonnage éditeur à l'état proche du neuf. Superbe exemplaire. Rare dans cette condition.


Oscar WILDE - Aubrey BEARDSLEY (illustrator).

SALOME. A tragedy in one act : translated from the french of Oscar Wilde, with sixteen drawings by Aubrey Beardsley.

London : John Lane, The Bodley Head

New York : John Lane Company, MCMXII [1912].

1 volume petit in-4 (22 x 17,7 cm) de XVIII-(3)-66-(2) pages + 16 hors-texte tirés en noir sur papier du Japon. Le texte est imprimé sur beau papier vergé.

Cartonnage éditeur pleine percaline vert tendre, titre doré en long au dos, premier plat décoré d'une grande plaque dorée qui reprend la couverture de l'ouvrage (plumes de paon et titre), tête dorée, ébarbé pour les autres tranches. Exemplaire en excellent état, proche du neuf. La reliure est parfaitement conservée, les dorures intactes (non passées) et la toile restée d'une couleur fraîche et homogène, coins et coiffes parfaits. Texte en anglais.

Nouvelle édition.

Second tirage de la seconde édition reproduisant l'intégralité des dessins de Beardsley.

La reproduction complète de la suite des 16 compositions de Aubrey Beardsley date de 1907 chez le même éditeur, dans le même format et en tous points identique à ce second tirage daté de 1912.

L'ensemble des hors-texte (titre, couverture, list of the pictures, et 13 compositions hors-texte dont le cul-de-lampe final qui est tiré à part) est tiré en noir sur beau papier fin du Japon.








Le tout premier tirage de 1894 ne contenait que 13 compositions. La présente édition (1907 et 1912) est enrichie de trois illustrations supplémentaires par rapport à celle de 1894 : le décor reproduit sur le premier plat du cartonnage, "John and Salomé" et "The Toilette of Salomé II". De plus, le cul-de-lampe in-fine est tiré ici en hors texte. Enfin, les attributs phalliques ont été rétablis en page de titre.

Autres ajouts communs aux tirages de 1907 et 1912 : la préface de Robert Ross, le catalogue de l'éditeur et le fac-similé sur double page, monté sur onglet, de la liste des rôles pour la première représentation anglaise (10 mai 1905) et le prospectus pour l'opéra de Richard Strauss. On trouve à la fin du volume un feuillet contenant le catalogue des œuvres de Aubrey Beardsley (2 pages).






A propos du célèbre illustrateur de cet ouvrage, Aubrey Beardsley, mort à l'âge de 25 ans : "C'est un grand artiste anglais qui vient de s'éteindre, phtisique, à peine âgé de vingt-quatre ans, sous le soleil de Menton. Tout le clan de la nouvelle esthétique en Angleterre sentira cruellement le deuil qui le frappe. Aubrey-Beardsley fut un des plus prodigieux exemples de la prématurité d'art instinctif qu'il ait été permis d'enregistrer. A quinze ans, sans professeur, sans direction, il se révélait illustrateur de premier ordre. Son dessin net, vigoureux, précis, déroutait, inquiétait, passionnait par son extravagante originalité de conception et de facture les vétérans de l'art contemporain. On y retrouvait, avec un véritable malaise d'analyse, les styles grecs, persans, hindous, arabes, les visions du quinzième siècle, les grâces de notre dix-huitième, tout cela mêlé à des procédés vaguement tonkinois, à des reconstitutions de pantalonnades italiennes, à de somptueuses décorations dans le goût des premiers xylographes. A chacune de ses œuvres nouvelles, tous les amateurs de Londres tombaient en émoi ; à Paris, Beardsley avait ses fidèles admirateurs et aussi ses élèves, ou plutôt ses plagiaires, à un âge où l'on tâte encore le chemin. Ses eaux-fortes et vignettes pour la (sic) Morte d'Arthur sont des chefs-d'œuvre ; il y faisait revivre avec un maniérisme exquis le cycle de la table ronde ; ses dessins pour la Salomé d'Oscar Wilde, ceux de la revue The Savoye (sic) et du Yellow-Book ont été les points de départ de toute une nouvelle école de noir et blanc. C'est un véritable maître qui disparaît. Aubrey-Beardsley adorait Paris ; il était venu s'y fixer le dernier printemps sur le quai Voltaire, avant d'aller villégiaturer à Saint-Germain. Grand, maigre, diaphane, avec des yeux démesurés, des oreilles décollées, des cheveux rares, il était impressionnant à voir. - Au travers de sa chemise de lumière - comme disent les mages - on lisait la brièveté de sa destinée. Il aura du moins en sa précocité connu et peut-être apprécié tous les avantages des succès immédiats." Octave Uzanne, Visions de Notre Heure, Choses et Gens qui passent. Paris, H. Floury, (26 mars 1898) 1899.

Salomé est une tragédie d'Oscar Wilde dont la version originale de 1891 est en français. Une traduction en anglais a suivi trois ans plus tard. La pièce, en un acte, repose sur l'épisode biblique de Salomé, belle-fille du tétrarque de Galilée Hérode Antipas, qui, à la consternation de son beau-père, mais au grand plaisir de sa mère Hérodiade, demande qu'on lui apporte la tête de Iokanaan (Jean le Baptiste) sur un plateau d'argent comme récompense pour avoir exécuté la danse des sept voiles. Wilde écrivit cette pièce à Paris, où il s'était retiré après avoir achevé L'Éventail de Lady Windermere. Il la dédia à Pierre Louÿs, qui apporta quelques corrections au texte mais n'intervint que très peu. Séduite par le rôle-titre, Sarah Bernhardt décida de l'interpréter elle-même, et les répétitions commencèrent au Palace Theatre de Londres. Ces répétitions durent toutefois s'interrompre lorsque la censure du Lord Chamberlain eut interdit Salomé au motif qu'il était illégal de représenter sur scène des personnages bibliques. Indigné, Wilde envisagea de renoncer à sa nationalité britannique et de devenir français afin de ne plus avoir à subir de telles restrictions. Illustration d'Aubrey Beardsley pour Salomé : Iokanaan et Salomé Le texte de la pièce fut publié pour la première fois en français en 1893. Interrogé sur la raison pour laquelle il avait choisi d'écrire Salomé en français, Wilde cita le Flamand Maurice Maeterlinck comme un exemple de l'effet intéressant qui résulte quand un auteur écrit dans une langue qui n'est pas la sienne. La traduction en anglais parut en 1894 chez les éditeurs Elkin Mathews & John Lane, avec des illustrations dues à Aubrey Beardsley. Sur la page de dédicace, Wilde indique comme traducteur lord Alfred Douglas. En fait, Wilde s'était querellé avec lui au sujet de la traduction, peu satisfait de ce travail dont « le résultat fut décevant ». Il semble que le texte anglais soit l'œuvre de Wilde lui-même, qui s'est fondé sur ce qu'avait fait Lord Alfred Douglas. Ce fut à cette époque que s'ouvrit le procès au cours duquel s'opposèrent Wilde et le marquis de Queensberry, père d'Alfred Douglas, et à l'issue duquel, le 25 mai 1895, Wilde se vit condamné à deux ans de travaux forcés et emprisonné le soir même. La première de Salomé à Paris eut lieu en 1896 au théâtre de l'Œuvre ; des lithographies de Toulouse-Lautrec en illustraient le programme. Wilde était alors incarcéré à la geôle de Reading. L'interdiction du Lord Chamberlain ne fut pas levée avant presque quarante ans. La pièce fut cependant montée, de façon privée, dès 1905 avec une mise en scène de Florence Farr, ainsi qu'en 1906 à la Literary Theatre Society de King's Hall, Covent Garden. Salomé fut produite en Angleterre pour la première fois au Savoy Theatre le 5 octobre 1931.

Beaucoup voient en la Salomé de Wilde illustrée par Aubrey Beardsley l'un des premiers essais dans l'Art Nouveau. Son art, jugé grotesque et décadent par la bonne société de son époque, a plus tard été vu comme une critique de l'hypocrisie de la société victorienne.

Le tirage daté 1907 (en tous points identique à celui de 1912 - texte et reliure) est coté 4 / 6.000 euros (Sotheby's Paris, 21 mai 2008) dans un état proche du neuf à l'image de notre exemplaire.

Superbe exemplaire à l'état proche du neuf d'un très beau tirage ancien.

VENDU