mardi 12 octobre 2021

Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone]. Le Coup-de-Grace. Quérimonies aux Etats-Généraux (1789. En réalité, remise en vente du rarissime opuscule intitulé "Le plus fort des pamphlets. L'ordre des Paysans aux Etats-Généraux" (26 février 1789). Exemplaire broché, tel que paru, très pur. Plus que rarissime !

[Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne] [RESTIF DE LA BRETONE]

LE COUP-DE-GRACE. QUÉRIMONIES AUX ÉTATS-GÉNÉRAUX. [i.e. LE PLUS FORT DES PAMPHLETS. L'ORDRE DES PAYSANS AUX ÉTATS-GÉNÉRAUX.]

1789. [Paris, Cordier ?]

1 plaquette in-8 (22 x 14 cm) broché de 80 pages. Couverture d'origine muette en papier gris-bleu. Fil de couture apparent. Exemplaire tel que paru, non rogné. Très bon papier. Rares rousseurs. Excellent état.

REMISE EN VENTE DU RARISSIME OPUSCULE "LE PLUS FORT DES PAMPHLETS" PARU FIN FÉVRIER 1789.

Il faut voir dans cet opuscule révolutionnaire une préversion de l'Anthropographe de Rétif de La Bretonne paru seulement à la fin de l'année 1789.



Les Etats-Généraux se réunirent à la demande du roi Louis XVI à partir du lundi 27 avril 1789. Rétif de la Bretonne qui ne désarmait pas dans sa volonté de proposer des réformes pour améliorer et assainir la société française (sa Réformomanie selon ses propres mots) profita de l'occasion pour lancer dans le public un pamphlet politique des plus hardis. Daté du 26 février 1789, Le plus fort des pamphlets, l'Ordre des Paysans aux Etats-Généraux, donne en à peine 80 pages, un plan de société et de nouvelles directions à suivre pour l'établissement d'une nouvelle constitution juste et utile au plus grand nombre. Dans cet opuscule, Rétif de la Bretonne met en avant les Paysans (cette classe des cultivateurs qu'il connaissait bien pour en avoir fait partie) comme constituant un nouvel ordre à égalité avec la noblesse et le clergé et le tiers état (ceux qui travaillent). D'autre part, Rétif de la Bretonne annonce dans son plan plusieurs réformes majeures concernant les femmes et le clergé. Rétif dénonce le fanatisme (c'est le fanatisme, et le fanatisme seul, écrit-il, qui produit l'oppression, la cruaauté !). S'adressant au Grand-Tout (l'ensemble des Etats-Généraux réunis) il respecte la puissance royale incarnée en Louis XVI, mais dénonce l'anarchie qui risque de s'emparer des hommes en colère. Le monarque s'élevant au-dessus de toutes fausses considérations, écrit-il, se convaincra, que son intérêt est intimement lié avec celui de son peuple. Rétif propose de réduire sévèrement les prérogatives du clergé au sein des Etats-Généraux. Le corps du Clergé (qu'il souhaite ne plus voir être un corps à part entière), écrit-il, n'y assisterait que comme Chapelain, et pour exhorter à la paix, à la confraternité, à l'humilité chrétienne : le moindre mot de privilèges, d'exemptions serait un crime dans la bouche de ses membres : il dirait au Roi : César, je tiens tout de vous, et je vous rends tout. Le Roi prendrait, écrit-il encore, sur les revenus du Clergé ce que bon lui semblerait : mon avis serait moitié sur les évêques, deux tiers sur les abbés et un soixantième sur les curés. Le Clergé, ainsi désintéressé, il est clair qu'il n'aurait plus rien à dire. Chez les Paysans, écrit-il, il y aurait un député pour trois mille. Les voix seraient comptées, non pas dans chaque corps, mais dans la totalité des Etats-Généraux. De sorte que le Tiers-Etat, ou la Commune, aurait, dans son nombre, un rempart contre l'oppression. Et qu'on ne dise pas, écrit-il encore, que cette formation serait injuste ! Le Riche et le Puissant n'a qu'une trop forte compensation par ses richesses ! A la volée Rétif poursuit sa réformomanie par : la mariage des prêtres (première réforme), la nécessité du divorce (deuxième réforme et dieu sait si Rétif la souhaitait pour lui-même), la destruction du préjugé des peines infamantes et le genre de peines à infliger par le nouveau code criminel, la cessation du scandale du monachisme des deux sexes (de cet abus qui outrage la nature, en proscrivant l'usage des facultés qu'elle a donnés aux Hommes et aux Femmes, pour se reproduire (contre le célibat et la chasteté des prêtres et des religieuses). O Père de la Patrie ! écrit Rétif, mariez nos Prêtres, en dépit de la discipline actuelle ! Ôtez, ôtez à vos épouses des Séducteurs ! des Corrupteurs à vos Filles ! des membres inutiles à l'Etat ! mariez vos Prêtres, pour leur donner des moeurs ; on ne peut en avoir de pures, on ne peut en avoir de chastes, que dans le mariage [...]. Rétif poursuit avec sa volonté de lutter contre les jeux, le luxe ; il souhaite proscrire l'usage des carrosses dans l'intérieur des villes, réduire le trop grand nombre de valets à disposition des nobles ; il dénonce une trop grande consommation de certaines maisons riches. Il demande la réforme des tribunaux pour plus de justice, que les impôts soient mieux répartis et perçus non plus par une compagnie par les Provinces elles-mêms (Rétif annonce ici la décentralisation). Demande plus importante encore selon lui, est la délibération par tête pour une plus grande égalité dans les délibérations au sein des Etats-Généraux. Enfin Rétif propose d'établir "l'Ordre des Mères" : pour en être membre il faudrait être mère d'au moins 6 enfants et que tous soient bien élevésn, sans tache et que la mère elle-même ait été toujours exemplaire (on reconnait bien la le rigorisme de Rétif, rigorisme qu'il était bien incapable de s'appliquer à lui-même). 



Cet opuscule est donné sous le nom de Bénigne-Victor-Aimé Noilliac, ancien soldat des colonies espagnoles, originaire du Val-du-Puits en Paillaux, diocèse d'Autun et de présent laboureur (le métier de son père), retiré par vieillesse et infirmité, m'occupant à faire du tricot, Bute Saint Roch, ce 26 février 1789. Enfin, une péroraison finale signée en lettres capitales vient finir de donner le ton : VIVE, VIVE A-JAMAIS LOUIS XVI, PERE DE LA PATRIE ! BENIS SOIENT SES SAGES MINISTRES ! Et ce n'est pas un Lâche, qui écrit cela !

Nous ne pouvons nous étendre d'avantage ici sur cet opuscule mais nous dirons que LE COUP-DE-GRACE dont il est question ici n'est qu'une remise en vente du reliquat des exemplaires imprimés fin février 1789, avec un nouveau titre et premier feuillet en partie recomposé. Nous avons donné dans un article complet le détail bibliographique concernant cet opuscule (adresse de l'article sur notre site à la rubrique Bibliomane moderne, Le plus fort des pamphlets par Rétif de la Bretonne.







Le plus fort des pamphlets dont le tirage ne nous est pas connu, s'est mal vendu sans doute. Les exemplaires connus en sont très rares déjà. Rétif aura remis en vente (seul ou avec l'aide de son imprimeur) les exemplaires qu'il lui restait, sans doute un très petit nombre mais suffisant pour mériter de les remettre en vente avec un titre changé et une modification du premier feuillet. Tout le reste de l'opuscule provient du tirage de février 1789.

A noter qu'en haut à droite de la page de titre de notre exemplaire a été inscrit un prix (écriture ancienne de l'époque) : 1# 10S (1 livre et 10 sols).

Opuscule de la plus grande rareté dans cette condition brochée sous sa couverture d'origine, tel que remis en vente probablement vers juin ou début juillet 1789.

Rarissime et précieux document qui se doit, par sa rareté et par son très grand intérêt, de figurer dans toute bibliothèque rétivienne.

Prix : 4.500 euros


Lien vers l'article que nous avons consacré à cet opuscule : 

Le plus fort des pamphlets. L'ordre des paysans aux Etats-Généraux. 26 Février 1789. Le Coup-de-Grace. Quérimonies aux Etats-Généraux. [mai-juin-juillet ?] 1789. Rétif de la Bretonne pamphlétaire révolutionnaire ! Détails bibliographiques.

http://le-bibliomane.blogspot.com/2021/10/le-plus-fort-des-pamphlets-lordre-des.html