Nicolas-Edme Rétif de la Bretonne [Restif de la Bretone].
[LA PAYSANNE PERVERTIE] La Paysane pervertie, ou les Dangers de la ville ; Histoire d'Ursule R**, sœur d'Edmond, le Paysan, mise-au-jour d'après les véritables Lettres des Personnages. Par l'Auteur du Paysan perverti.
Imprimé A La Haie, et se trouve à Paris, chez la dame Veuve Duchesne, libraire, 1784 [i.e. Toulouse ? Paris ?, 1786]
8 parties en 4 volumes in-12 (18,5 x 11 cm), brochés, de 235, (4)-224, 227 et 261-(3) pages. Couvertures de l'époque en papier gris-bleu, étiquettes de titre écrites à l'encre à la plume sur papier, collées au dos des volumes. Exemplaire tel que sorti de l'imprimerie, non rogné. Les dos des volumes sont intacts (non fendus). Brochage solide. Très bon état. Le papier est de belle qualité. Quelques feuillets seulement avec des rousseurs. Très frais dans l'ensemble.
Nouvelle édition.
Contrefaçon donnée par un certain Laporte ou Delaporte (Toulouse ? Paris ?) en octobre 1786.
"Cette édition, qui n'est pas décrite par Lacroix, est probablement celle de Laporte ou Delaporte, parue en 1786. Voici un détail là-dessus, tiré de Mes Inscripcions, à la date du 10 octobre 1786 : "Le soir, grand bruit chez la Duchesne, pour la contrefaçon de la Paysanne, par Laporte." Rappelons que Laporte ou Delaporte a contrefait également le Paysan." (Rives-Childs)
Le premier volume contient un Avis que l'on ne trouve pas dans l'édition originale de 1784. Cet Avis explique comment se compose l'ouvrage. Cette contrefaçon est sans estampes. Si l'on en croit Rétif, ce Laporte ou Delaporte, auteur de cette contrefaçon (comme de celle du Paysan perverti), aurait été libraire à Toulouse. Nous trouvons cependant ce Laporte aux dates correspondantes (1776-1786) à Paris et non à Toulouse. On trouve dans ces quatre volumes un nombre important d'ornements gravés (bois) et bandeaux et fleurons typographiques qui permettraient d'identifier l'imprimeur à l'origine de cette édition clandestine. Nous n'en connaissons pas le chiffre du tirage.
Ouvrage composé en 30 jours par Rétif, dans le mois de septembre 1780, pour servir de suite et de complément à son Paysan perverti paru en 1776, la Paysane pervertie connut quelques déboires avec la censure qui ne lui permit pas de voir le jour avant 1784. "C'est l'ouvrage de prédilection de l'auteur qui a beaucoup plus pensé que le Paysan perverti" (Revue des ouvrages, p. ccxxxivj). La censure exigea que les titres fussent changés. De Paysane pervertie elle devient "Dangers de la ville" seulement (de nouveaux titres et faux-titres recollés sur les premiers émis). Rétif trembla tout 1785 de voir encore sa Paysane suspendue à chaque instant. Les exemplaires s'écoulèrent cependant. Aucune autre édition de la Paysane ne vit le jour ; seules 2 contrefaçons circulèrent entre 1785 et 1786 (la nôtre). Les 38 estampes de la Paysane étaient déjà achevées au mois de juin 1783 et annoncées au public au commencement de 1784.
"La Paysane approfondit les caractères qui n'étaient qu'esquissés dans le Paysan : Fanchon, Pierre, Gaudet d'Arras surtout, y sont parfaitement achevés [...] Ces deux ouvrages, qui n'en sont réellement qu'un seul, sont peut-être la plus utile production qu'on ait mise au jour depuis le commencement du siècle." (Rétif de la Bretonne, Mes ouvrages, p. 34-35).
"Je n'ai jamais rencontré une nature aussi violemment sensuelle. Il est impossible de ne pas s'intéresser à la variété des personnages, des femmes surtout, qu'on voit passer sous ses yeux, et à ces nombreux tableaux caractéristiques qui peignent d'une manière si vivante les mœurs et les allures des Français de la classe populaire. Pour moi qui ai eu si peu l'occasion de penser au-dehors et d'étudier les hommes dans la vie réelle, cette œuvre a une valeur inappréciable." (Schiller).
"Jamais écrivain ne posséda peut-être à un aussi haut degré que Rétif les qualités précieuses de l'imagination. " (Gérard de Nerval)
Agréable exemplaire, broché, tel que paru.
Prix : 1.350 euros