mercredi 18 novembre 2020

Les métamorphoses ou l'asne d'or de l'Apulée philosophe platonique. Œuvre d'excellente invention et singulière doctrine (1637). 16 eaux-fortes hors-texte par Crispin de Passe et Briot. Reliure en maroquin de l'époque.


APULEE (Lucius Apuleius).

[L'ANE D'OR D'APULEE]. Les métamorphoses ou l'asne d'or de l'Apulée philosophe platonique. Œuvre d'excellente invention et singulière doctrine.

A Paris, chez Samuel Thiboust, 1637

1 volume in-8 (18,5 x 12 cm) de (40)-452 et 327-(1 bl.) pages. Titre-frontispice gravé sur cuivre. 16 gravures sur cuivres par Crispin de Passe et Briot (imprimées hors-texte au recto ou verso de feuillets imprimés - comprises dans la pagination).

Reliure strictement de l'époque en maroquin du levant vieux rouge, dos à nerfs, caissons encadrés de double-filet doré, titre doré, double-filet doré en encadrement des plats. Doublures et gardes de papier marbré (XVIIIe s.). Exemplaire replacé dans une reliure de l'époque du même titre (la reliure compte tenu du décor du dos et du titrage a été exécutée entre 1623 et 1630 environ). En effet, le titrage est bien d'origine (expertisé). Par contre les tranches ne sont pas dorées ce qui nous laisse penser que le corps d'ouvrage provient sans doute d'un autre exemplaire du même livre. Les tranches sont légèrement déréglées. Ensemble décoratif et solide. Quelques minimes déchirures en marge de quelques feuillets, sans atteinte au texte. Léger report des gravures sur le feuillet contigu. Bel ensemble malgré les indications ci-dessus. Légers frottements et ombres à la reliure.

Nouvelle édition.

Cette version française traduite du latin par Montlyard, a paru pour la première fois en 1602 (chez Abel Langelier). Elle fut illustrée dès 1623. Elle connut un très grand succès avec de nombreuses réimpressions tout au long du XVIIe siècle. Notre exemplaire porte la date de 1637 mais est en tous points identique au tirage de 1631 (texte et gravures).

La première partie est la traduction de l'Asne d'or. La seconde partie est le commentaire de Montlyard sur cette œuvre (327 pages). Roman picaresque en 11 livres comprenant le "Conte de Psyché" et le "Livre d'Isis". Écrit vers 125-180.






La portée et l'analyse des Métamorphoses d'Apulée sont aujourd'hui au cœur de nombreuses recherches et débats universitaires. La portée hermétique de l'œuvre est souvent évoquée.

"Apuleius ou Apulee (Lucius) de Madaure, en Afrique du nord (Algérie romaine), né vers 114 et mort vers la fin du règne de Marc Aurèle. Initié et philosophe platonicien, qui fut accusé de Magie. Son "Asne d'Or" est imité de celui de Lucius de Patras" (Caillet)

"Apulée était-il magicien ? Qu’est-ce que la magie ? Les métamorphoses sont-elles possibles dans la nature ? Les réponses à ces questions ne sont pas simples pour Jean de Montlyard, qui mobilise pour y répondre une érudition empruntée à la vulgate démonologique de l’époque. Après une longue énumération des procédés de divinations sans doute empruntée au Tiers Livre, il distingue, comme Johannes Wier ou Giovanni della Porta, magie naturelle et magie diabolique. Malgré son Apologie, jugée convaincante, Apulée a sans aucun doute pratiqué la première, comme le prouve sans équivoque, selon Montlyard, l’œuvre elle-même ; il rappelle l’embarrassante réputation, antique et médiévale, d’Apulée considéré par les Païens comme un rival de Jésus-Christ. [...] Le fait que Montlyard associe aussitôt à la lycanthropie la métamorphose en âne de Lucius est significatif d’un changement de contexte intellectuel. Contrairement à Louveau, un demi-siècle plus tôt, il évite de trancher et se range à l’opinion redevenue majoritaire depuis la mise à l’index de La Démonomanie des Sorciers de Jean Bodin (l’ouvrage, paru en 1580, fut mis à l’index en 1594). Par la formulation curieuse du phénomène (« être convertis en image de ») et la mention de saint Augustin, il penche en effet vers la thèse illusionniste, comme Pierre Le Loyer, dont le Discours des Spectres paraît en 1605. Le « fabuleux » change de nature : une représentation fausse orchestrée par le diable n’est ni une plaisanterie ni une allégorie. Parfois le commentaire est plus ambigu et semble avaliser la possibilité d’une métamorphose réelle. Ainsi, « fable incroyable », dans le texte, donne lieu au commentaire suivant : « il [Apulée] veut dire que le chaldéen lui a predit qu’il seroit transformé en Asne, & coucheroit par escrit l’histoire de telle métamorphose ». D’une part, la métamorphose et sa mise en récit sont deux événements historiques et biographiques qui appartiennent tous deux, de la même façon, au même monde actuel ; d’autre part, le soulignement, par la note de « fable incroyable » semble qualifier à la fois le statut de l’événement et du texte. (Françoise Lavocat, extrait de "Apulée et le débat sur la métamorphose", Université Paris III Sorbonne, pp. 92-109).





Référence : Caillet, Manuel bibliographique des sciences psychiques ou occultes, n°354 (éd. de 1631) ; Brunet, Manuel du libraire, I-136.

Bel exemplaire dans une reliure ancienne en maroquin.

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