samedi 21 novembre 2020

Les Modes de Paris, Variations du goût et de l'esthétique de la femme (1797-1897) par Octave Uzanne. 100 illustrations en couleurs par François Courboin. Couverture illustrée de George Auriol. Exemplaire de dédicace offert par Octave Uzanne à la comédienne Marguerite Moreno "en souvenir".

Octave UZANNE - François COURBOIN, illustrateur - George AURIOL, illustrateur (couverture)

MONUMENT ESTHÉMATIQUE DU XIXe SIÈCLE - LES MODES DE PARIS - VARIATIONS DU GOÛT ET DE L’ESTHÉTIQUE DE LA FEMME - 1797 - 1897 par Octave Uzanne. Illustrations originales de François Courboin dans le texte et hors-texte, d'après des documents inédits.

Paris, Société française d'éditions d'Art, L. Henry May, éditeur, 1898. [achevé d'imprimer le 8 octobre 1897 sur les presses d'Edouard Creté à Corbeil.].

1 fort volume grand in-8 (25 x 18 cm) de (4)-IV-242-(1) pages. 100 illustrations en couleurs hors-texte (coloriées au patron), nombreux dessins en noir au trait dans le texte. Couver

Reliure postérieure (vers 1920/1930) demi-basane blonde. Couverture illustrée en couleurs par George Auriol conservée (les deux plats), un peu fanée. Quelques épidermures et légères usures à la reliure, sans gravité. Intérieur frais. Reliure modeste mais solide.

Édition originale.

Tirage à 1.100 exemplaires (1.000 ex. sur vélin spécial, 90 ex. sur Japon impérial avec suite avant le coloris et 10 ex. sur Japon avec dessins originaux et aquarelle originale).

Celui-ci, un des 1.000 exemplaires sur vélin spécial, non numéroté et marqué "Offert" de la main d'Octave Uzanne.

Exemplaire de dédicace offert par l'auteur à la comédienne Marguerite Moreno.




Ouvrage très intéressant et dense traitant à fond des modes depuis la fin du XVIIIe siècle (licences du costume et des moeurs sous le Directoire) jusqu'aux modes fin de siècle (1897). Superbe illustration entièrement coloriée à la main (pochoirs) de 100 hors-texte, qui en fait un des plus beaux livres illustrés sur le sujet à cette époque.

Marguerite Moreno, nom de scène de Lucie Marie Marguerite Monceau, est une actrice française née le 15 septembre 1871 à Paris et morte le 14 juillet 1948 à Touzac (Lot). Engagée à la Comédie-Française en 1890, elle côtoie sur scène Charles Le Bargy, Mounet-Sully, Julia Bartet, Coquelin cadet, Paul Mounet. Elle est alors « la muse des symbolistes ». Elle crée Le Voile de Georges Rodenbach en 1893 et dit des vers à la demande de Robert de Montesquiou pour l'inauguration du Monument à Marceline Desbordes-Valmore à Douai en 1896. Le peintre Lucien Lévy-Dhurmer et le sculpteur Jean Dampt fixent ses traits spirituels et sa coiffure en bandeaux typique de la fin de siècle ainsi que son costume de béguine de Bruges dans la pièce de Rodenbach. Confidente de Stéphane Mallarmé, elle ne parvient pourtant pas à le convaincre de monter Hérodiade. Après avoir été la maîtresse de Catulle Mendès, elle épouse en Angleterre, le 12 septembre 1900, l'écrivain et poète Marcel Schwob qu'elle a rencontré en 1895 auquel l'unit une passion dont témoigne une extraordinaire correspondance conservée à la bibliothèque municipale de Nantes. Malade, Schwob meurt en 1905 à l'âge de 37 ans. En 1903, Marguerite Moreno quitte la Comédie-Française et rejoint le théâtre de Sarah Bernhardt, puis plus tard le théâtre Antoine. Pendant sept ans, elle dirige à Buenos Aires la section française du conservatoire. Quand éclate la Première Guerre mondiale, elle s'active à l'hôpital militaire de Nice. Elle s'est remariée en 1908 avec l'acteur Jean Daragon mais elle perd son second époux au début des années 1920. Dès 1915, elle découvre le cinéma et, pendant la période du muet, elle joue notamment dans Vingt ans après d'Henri Diamant-Berger où elle campe la reine Anne d'Autriche « sous un maquillage plâtreux, yeux cernés, bouche en cerise » (1922), donne la réplique à Maurice Chevalier dans Gonzague et Le Mauvais Garçon du même réalisateur (1923), et figure dans Le Capitaine Fracasse d'Alberto Cavalcanti (1929). Sur les conseils de son amie l'écrivain Colette, elle se tourne vers les rôles comiques et, en 1929, elle remporte un grand succès sur scène dans Le Sexe faible d'Édouard Bourdet ; elle y joue « une vieille comtesse slave qui, pour occuper son ennui, lève et paie les beaux garçons » (rôle qu'elle reprendra au cinéma dans la version filmée par Robert Siodmak en 1933). Au début de l'entre-deux-guerres, elle s'installe dans sa propriété du Lot, rénovée pour elle grâce à son cousin Pierre Moreno, un de ses proches, lui aussi comédien et souvent son partenaire). Sa carrière se partage dès lors entre théâtre et cinéma et, selon O. Barrot et R. Chirat, « Moreno accepte tout ce qu’on lui propose. Le rire du spectateur moyen à chacune de ses apparitions lui suffit ». Elle apparait ainsi dans Un trou dans le mur de René Barberis (1930), Tout va très bien madame la marquise de Henry Wulschleger (1936), La Fessée de Pierre Caron (1937) ; mais elle est aussi dirigée, entre autres, par Raymond Bernard (Les Misérables, dans le rôle de la Thénardier, avec Harry Baur et Charles Dullin, 1934), Sacha Guitry (Faisons un rêve, Le Roman d'un tricheur et Le Mot de Cambronne en 1936, Les Perles de la couronne en 1937, Ils étaient neuf célibataires en 1939, Donne-moi tes yeux en 1943), Marcel Pagnol (Regain avec Fernandel en 1937, La Prière aux étoiles en 1941, film inachevé), Christian-Jaque (Carmen en 1942, Un revenant en 1946 avec Louis Jouvet), ou encore Claude Autant-Lara (Douce en 1943). En 1945, aux côtés de Jouvet, elle triomphe au théâtre dans le rôle d'Aurélie de La Folle de Chaillot, écrit pour elle par Jean Giraudoux. Son dernier film, L'assassin est à l'écoute, sort quelques semaines après sa mort en 1948.






« On la trouve laide, on n'est pas laide avec un visage si expressif, si fin en même temps - les yeux, le nez, la bouche sont pleins d'esprit. Elle en a d'ailleurs comme rarement chez une femme. C'est la malice et la satire féminines en personne ». (Paul Léautaud).

On sait peu de choses sur les relations entre Octave Uzanne et Marguerite Moreno, si ce n'est qu'Octave Uzanne était admiratif de Marcel Schwob au point de publier fin 1898 "La porte des rêves" dans une superbe production bibliophilique illustrée dans le plus pur style symboliste par George de Feure. Ce "En souvenir" d'Octave Uzanne à Marguerite Moreno, aussi lapidaire qu'énigmatique laisse supposer une relation suivie entre eux. Le "Mademoiselle" qui précède son nom laisse aussi supposer qu'elle n'était alors pas encore mariée au moment de la dédicace (avant 1900 donc).




Emouvant exemplaire offert à l'actrice et comédienne Marguerite Moreno.

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