mercredi 20 novembre 2019

Pierre Kropotkine. La conquête du pain (1892). Edition originale. Exemplaire de dédicace par l'auteur à son ami et collaborateur Georges Herzig (Le Révolté). Bel exemplaire bien relié. Précieux exemplaire.


[EXEMPLAIRE DE DÉDICACE - OFFERT A GEORGES HERZIG] Pierre Kropotkine.

La conquête du pain. Préface par Élisée Reclus.

Paris, Tresse et Stock, 1892 [imprimerie générale de Châtillon-sur-Seine, Pichat et Pépin].

1 volume in-18 (19,3 x 12,7 cm) de XV-297-(1) pages.

Reliure moderne demi-cuir brun marbré, pièce de titre, fleurons dorés au dos, millésime doré en queue du dos, plats de papier marbré, doublures et gardes du même papier marbré, coins renforcés de parchemin. Reliure parfaitement conservée. Intérieur sain, relié sur brochure, non rogné, papier de médiocre qualité, fragile et uniformément bruni comme tous les exemplaires sur papier ordinaire de l'éditeur Stock (papier des imprimeurs Pichat et Pépin de Châtillon-sur-Seine). Le premier plat de couverture rouge n'a pas été conservé. Le deuxième plat de couverture a été conservé avec quelques petits défauts.

Edition originale sur papier ordinaire.

Il n'a été tiré que 10 exemplaires sur papier de Hollande.

Exceptionnel et précieux exemplaire de dédicace offert par Kropotkine à son ami Georges Herzig : "Amitiés fraternelles".


En 1879, avec Dumartheray et Kropotkine, Georges Herzig fonda à Genève Le Révolté, dont il fut directeur jusqu’à ce que le journal soit repris par Jean Grave. Le 12 septembre 1880, il était présent à Vevey (canton de Vaud) à une réunion des partisans de la Freiheit de Johann Most. Les 9 et 10 octobre, il participa au congrès de la Fédération jurassienne pour la section de propagande de Genève. Du 14 au 20 juillet 1881, il fut délégué au congrès anarchiste de Londres (voir Gustave Brocher), par la Fédération jurassienne. Il participa aussi au congrès de la Fédération jurassienne de juin 1882 et à la réunion internationale de Genève du 12 au 14 août 1882. Il collabora à d’autres organes libertaires, comme le bimensuel L’Avenir (organe ouvrier indépendant de la Suisse romande) de Genève, publié du 8 octobre 1893 au 30 juillet 1894. Avec Louis Bertoni, Eugène Steiger et d’autres, il fut parmi les fondateurs en juillet 1900 du Réveil socialiste anarchiste, auquel il collabora régulièrement et assidûment jusqu’en 1916, puis de 1918 à sa mort ; il peut être considéré comme un de ses meilleurs polémistes. Il fut l’un des 113 signataires du tract « Les antimilitaristes suisses aux travailleurs », appelant à la désobéissance, publié dans le Réveil du 28 avril 1906, avec entre autres son fils Edmond, réfractaire passé à l’étranger. En juillet 1907, il fut l’un des orateurs du meeting contre l’expulsion de Bertoni du canton de Genève, avec Charles Fulpius de la Libre Pensée, le socialiste Adrien Wyss, Louis Avennier, Auguste Bérard, Margarethe Faas-Hardegger. Il collabora aussi, sous le pseudonyme de Georges Sergy (nom de sa femme), à La Voix du Peuple, hebdomadaire de la Fédération des unions ouvrières de Suisse romande, publié à Lausanne puis à Genève de 1906 à 1914. Pendant la guerre, il rédigea le manifeste « Aux soldats de tous les pays », qui fut distribué dans la Suisse entière. Il prit parti pour la tendance interventionniste, et abandonna le Réveil pour écrire dans La Libre Fédération, le périodique lausannois (1915-1919) de Jean Wintsch. Lorsque Bertoni fut emprisonné en 1918-1919, Herzig reprit, avec A. Amiguet, la responsabilité de la partie française du Réveil, et continua d’y écrire jusqu’à sa mort en 1923. (http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr/spip.php?article154600, notice HERZIG Georges, Henri [dit Sergy] [Dictionnaire des anarchistes] par Gianpiero Bottinelli, Marianne Enckell, version mise en ligne le 27 mars 2014, dernière modification le 10 décembre 2018.)


La conquête du pain a été écrit directement en français par le Prince Noir, Pierre Kropotkine (1842-1921). C'est sans conteste son ouvrage le plus important. Il influença durablement les milieux anarchistes qui en firent un plan général pour mettre en application leur idéologie. C'est d'abord une série d'articles dans les journaux anarchistes Le Révolté et La Révolte (dirigés par Kropotkine). La première publication comme livre a lieu à Paris en 1892, chez Tresse et Stock, avec une préface d'Élisée Reclus, qui a aussi suggéré le titre. Le livre est immédiatement réédité. Entre 1892 et 1894, il est partiellement publié sous formes d'articles dans le journal de Londres Freedom (liberté), dont Kropotkine est cofondateur. Il a été traduit et réimprimé de nombreuses fois. Dans cet ouvrage, Kropotkine pointe ce qu'il considère comme les défauts des systèmes économiques, du féodalisme et du capitalisme, et comment il croit que ces systèmes prospèrent grâce à et maintiennent la pauvreté et la pénurie, malgré l'abondance de la production grâce aux progrès techniques, par le maintien de privilèges. Il propose à nouveau un système économique décentralisé basé sur l'entraide et la coopération volontaires, affirmant que les tendances pour ce type d'organisation existent déjà, aussi bien dans l'évolution que dans les sociétés humaines. Il traite également des détails de la révolution et de l'expropriation afin qu'elles ne finissent pas de manière réactionnaire.


"Lorsque les socialistes affirment qu’une société, affranchie du Capital, saurait rendre le travail agréable et supprimerait toute corvée répugnante et malsaine, on leur rit au nez. Et cependant, aujourd’hui même on peut voir des progrès frappants accomplis dans cette voie ; et partout où ces progrès se sont produits, les patrons n’ont qu’à se féliciter de l’économie de force obtenue de cette façon. [...] Eh bien, peut-on douter que dans une société d’égaux, où les « bras » ne seront pas forcés de se vendre à n’importe quelles conditions, le travail deviendra réellement un plaisir, un délassement ? La besogne répugnante ou malsaine devra disparaître, car il est évident que dans ces conditions elle est nuisible à la société tout entière. Des esclaves pouvaient s’y livrer ; l’homme libre créera de nouvelles conditions d’un travail agréable et infiniment plus productif. Les exceptions d’aujourd’hui seront la règle de demain. Il en sera de même pour le travail domestique, dont la société se décharge aujourd’hui sur le souffre-douleur de l’Humanité, — la femme." (extrait)


Cet ouvrage est une vision enchantée d'un monde désenchanté par l'humain, mais où ce même humain doit parvenir à réaliser cet idéal de société dont le bénéfice sera une répartition juste et équitable des bienfaits par la révolution et la lutte. Kropotkine conclut : "Pouvant désormais concevoir la solidarité, cette puissance immense qui centuple l’énergie et les forces créatrices de l’homme, — la société nouvelle marchera à la conquête de l’avenir avec toute la vigueur de la jeunesse. Cessant de produire pour des acheteurs inconnus, et cherchant dans son sein même des besoins et des goûts à satisfaire, la société assurera largement la vie et l’aisance à chacun de ses membres en même temps que la satisfaction morale que donne le travail librement choisi et librement accompli, et la joie de pouvoir vivre sans empiéter sur la vie des autres. Inspirés d’une nouvelle audace, nourrie par le sentiment de solidarité, tous marcheront ensemble à la conquête des hautes jouissances du savoir et de la création artistique. Une société ainsi inspirée n’aura à craindre ni les dissensions à l’intérieur, ni les ennemis du dehors. Aux coalitions du passé elle opposera son amour pour l’ordre nouveau, l’initiative audacieuse de chacun et de tous, sa force devenue herculéenne par le réveil de son génie. Devant cette farce irrésistible, les « rois conjurés » ne pourront rien. Ils n’auront qu’à s’incliner devant elle, s’atteler au char de l’humanité, roulant vers les horizons nouveaux, entr’ouverts par la Révolution sociale.".


Précieux exemplaire de dédicace offert par le Prince des anarchistes à son ami et collaborateur Georges Herzig.

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