mardi 19 novembre 2019

Léon Milhaud. Les questions ouvrières. Les réponses possibles et pratiques dans les questions ouvrières. 1894. Edition originale. Bel exemplaire.


Léon Milhaud.

Petite encyclopédie sociale, économique et financière. XI. Les questions ouvrières. Les réponses possibles et pratiques dans les questions ouvrières. Par Léon Milhaud, docteur en droit, diplômé de l'école des sciences politiques.

Paris, V. Giard et Brière, 1894

1 volume in-18 (18 x 12 cm) de 202 pages.

Reliure de l'époque demi-toile chagrinée vert sombre. Reliure parfaitement conservée. Intérieur frais malgré un papier jauni de médiocre qualité.

Edition originale.

Ce petit volume était vendu 2 f. 50. "Le but de M. Léon Milhaud est d'exposer les réformes possibles et pratiques, sans s'inféoder ni à l'école libérale, qui enseigne l'abstention de l'état au nom de la liberté, ni à l'école socialiste, qui réclame son intervention au nom d'une prétendue justice sociale." (René Worms, Philosophie des sciences sociales : Méthode des sciences sociales, 1904, p. 32).


"La nécessité de faire des lois et d'accomplir des réformes en faveur des travailleurs de toutes catégories est plus que jamais rappelée, à l'heure actuelle, soit dans la presse, soit au Parlement. Et il faut reconnaître qu'en présence des lacunes de notre législation, la popularité des hommes qui dénoncent les imperfections de l'organisation industrielle moderne n'est pas injustifiée. Mais s'il est bon de faire attention à leurs critiques, il faut également prêter l'oreille aux remèdes qu'ils proposent. Il arrive parfois que quelques-uns d'entre eux, émus par le spectacle des misères de la société contemporaines, se laissent aller à des propositions dangereuses. Dans un pays démocratique comme le nôtre, il importe que les citoyens connaissent les difficultés des problèmes que soulèvent les rapports du capital et du travail. Ce n'est, en effet, que par la connaissance de ces difficultés pratiques et matérielles qu'ils pourront être à même de discerner, dans les harangues des démagogues, les déclamations stériles, qu'ils pourront y opposer une résistance courageuse, et qu'ils sauront au contraire qu'elles sont les idées auxquelles ils doivent consacrer leur sympathie et leur approbation, celles en faveurs desquelles ils doivent employer tous leurs efforts et user de tous leurs droits. Notre but, dans le petit opuscule que nous présentons au public, est précisément de donner un aperçu des principales propositions à l'ordre du jour, de faire connaître les arguments pour et contre elles, les principes qu'elles invoquent, les raisons qui doivent en faire prononcer le rejet ou en hâter l'adoption définitive." (Préface).

Après une introduction donnant un aperçu sur les idées des deux grandes écoles économiques, le volume se divise en deux parties : la première partie donne état des réformes possibles sous l'organisation économique actuelle (accord par l'état de certaines faveurs, répression par l'état de certains abus, correction des imperfections de la législation actuelle, lacunes de la législation actuelle, dispositions législatives réclamées au sujet su salaire, dispositions relatives aux conditions du travail). La deuxième partie contient les réformes possibles pour la transformation de l'organisation économique actuelle.


L'auteur s'élève contre le syndicalisme forcé, défend l'idée de l'assurance obligatoire pour les ouvriers. Il conclut à l'impossibilité de mise en application de la journée de huit heures. Au nom de la défense nationale il se prononce en faveur du rachat des chemins de fer par l'état. Il rappelle à l'école libérale les devoirs de solidarité sociale, et à l'école socialiste, le droit à la liberté. "L'honneur de l'école libérale est de proclamer que le bonheur des hommes ne dépend que d'eux-mêmes, que c'est par leur initiative individuelle, par leurs efforts persévérants qu'ils peuvent réussir et acquérir et à conserver le bien-être. La gloire de l'école socialiste est d'appeler l'attention des favorisés de la fortune sur les malheureux, afin qu'ils n'abusent pas de leur situation privilégiée et qu'ils donnent aux déshérités les moyens de sortir de leur triste condition par le travail." (conclusion). L'auteur, de par sa formation de docteur en droit, place le droit au dessus des deux écoles. Le droit doit être le dernier et meilleur recours pour l'amélioration "juste" de la condition d'ouvrier.

Bel exemplaire d'un livre peu commun et très intéressant.

Prix : 200 euros