HALHED (N. B., auteur) | ROBINET, Jean Baptiste René (traducteur)
Code des loix des Gentoux, ou Règlements des Brames, traduit de l'anglais, d'après les versions faites de l'original écrit en langue Samskrete.
A Paris, de l'imprimerie de Stoupe, 1778
1 volume in-4 (26,5 x 21 cm) de (4)-LX-341-(3) pages. 8 planches hors-textes des caractères sanskits et passages des textes anciens en sanskrit également.
Reliure strictement de l'époque pleine basane marbrée caramel, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges. Reliure fraîche. Léger frottement à la coiffe supérieure, coins intacts, intérieur immaculé.
Edition originale de la traduction française.
Ce volume s'ouvre sur un Avertissement du traducteur français (Jean-Baptiste René Robinet), il écrit : "Ce monument de jurisprudence est sans doute le plus singulier et le plus curieux qu'on ait jamais publié : on y trouve les Loix d'un peuple qui semble avoir instruit tous les autres, et qui depuis sa réunion, n'a changé ni de moeurs, ni de préjugés. Les Européens ont troublé longtemps les Indiens dans leurs paisibles contrées, sans chercher à s'instruire de la jurisprudence et des loix du pays ; et quand ils l'auraient voulu, les Brames, seuls dépositaires des Livres, des connaissances et des réglements civils et religieux, de leur auraient rien appris. [...] Ce Code annonce un peuple corrompu dès l'enfance ; et les distinctions odieuses des différentes Castes, en souillent presque toutes les pages. Le législateur ignore les grands principes du droit naturel, et on voit qu'il s'adresse à des hommes opprimés et malheureux, sans être enflammé de zèle pour le bonheur. Excepté les mutilations ordonnées presque partout contre les Castes inférieures, ces loix respirent quelquefois la douceur et l'humanité ; mais cette douceur annonce plutôt la faiblesse du gouvernement et la tranquilité des sujets, que la bonté des administrateurs. [...] Les Brames ne s'écartent de la pureté de leur morale que pour obéir aux préjugés de leur nation, et le Code le plus barbare ne peut pas être mauvais dans tous les points ; celui-ci est souvent choquant et bizarre, et il est aisé d'en donner des preuves. [...]". Vient ensuite la préface du traducteur anglais, M. Halhed, qui s'attache à donner des précisions et des explications au sujet de la langue sanscrite. On trouve intercalées, huit planches hors-texte avec l'alphabet sanskrit (voyelles, consonnes, voyelles liées, alphabet du Bengale ; suivent 6 planches de passages des écritures sacrées en caractères sanskrit avec la traduction expliquée en regard. L'édition anglaise a paru sous le titre A Code of Gentoo Laws or Ordinations of the Pundits From a Persian Translation made from the Original written in the Shanscrit Language en 1777 à Londres.
Le Code des Gentoux est précédé d'un Discours préliminaire des Brames compilateurs. On trouve à la suite la liste des noms des Brames qui ont compilé cet ouvrage, la liste des noms des auteurs cités dans cette compilation, la liste des livres d'où on a tiré cette compilation. Le Code est précédé d'une Introduction sur la Création du monde (pp. 1 à 11). Tout le reste du volume est une compilation des lois des Gentoux : on y retrouve les loix concernant la propriété, les esclaves, la servitude, les salaires (danseuses, prostituées), des ventes, du partage des terre, des cultures, des crimes, du vol, des violences, de ceux qui tuent des animaux, des adultères, du commerce d'un homme avec une fille qui n'est pas mariée, des enlèvements, des femmes, du jeu, etc. Chaque article donne lieu aux punitions et amendes liées au délit.
Ce livre est tout à la fois le code pénal et le code criminel ancestral des indiens préservé et suivi depuis des centaines d'annéees.
Gentou, au pluriel Gentous ou Gentoux (en anglais : Gentoo, Gentue ou Jentue), était un terme utilisé par les Européens pour désigner les habitants indigènes du sous-continent indien avant que le mot « hindou », avec sa connotation religieuse, ne soit utilisé pour distinguer les musulmans des autres groupes religieux en Inde. Depuis le XXe siècle, c'est un terme dénigrant. En anglais, les termes Gentio et Gentoo étaient aussi utilisés pour les peuples indigènes du sous-continent. Plus tard, le terme est utilisé pour les peuples parlant le télougou dans la province de Madras (aujourd'hui la région d'Andhra Pradesh), dans le but de les distinguer des Malbars, des Tamouls et des personnes parlant le tamoul (dans l'actuelle région de Tamil Nadu). C'était aussi un terme du jargon anglo-indien utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les linguistes ignorent les raisons pour lesquelles on appelait les Indiens « Gentou ». Puisque les Portugais sont les premiers Européens à atteindre le sous-continent indien, où ils font commerce, évangélisation et colonisation, peut-être qu'il dérive de Gentio, c'est-à-dire un gentil, un païen ou un indigène. Les Portugais auraient utilisé ce terme pour distinguer les indigènes de l'Inde des musulmans, des Maures et des Moros. Selon le philologue et orientaliste du XIXe siècle Nathaniel Brassey Halhed, ce serait une dérivation linguistique fantaisiste de Gentoo emprunté au mot sanskrit jantu, qui signifie « humanité » ou « animal ». Le mot « hindou » ne provient pas du sous-continent indien, il a acquis une connotation religieuse lorsque les musulmans s'y sont installés. Plus tard, les Britanniques ont mis en place un système judiciaire dans un but administratif (voulant ainsi établir une jurisprudence indienne) ; il a été codifié dans The Gentoo Code. Le premier résumé des lois indiennes paraît en 1776, sous l'impulsion de la Compagnie britannique des Indes orientales et le soutien du Gouverneur général des Indes Warren Hastings. Le philologue Halhed a traduit le texte du persan à l'anglais. Lorsque le mot « hindou » a pris une connotation religieuse et a servi à désigner les non-musulmans et les non-chrétiens, le mot « Gentou » est devenu archaïque, puis obsolète.
Provenance : exemplaire de la bibliothèque de M. de Saucy, Chevalier de St Louis et capitaine en premier corps royal de l'artillerie, avec son étiquette ex libris imprimée collée au contreplat et une note manuscrite de sa main qui indique : quinze francs relié. cet ouvrage fort curieux deviendra rare et cher. Signé le Capitaine d'artillerie Desaulcy (Louis-Joseph Caignart de Saulcy (1737-1819). Il était originaire de Gap.
Bien complet des 8 planches en caractères sanskrit.
Bel exemplaire d'un livre très intéressant pour l'histoire et les coutumes de l'Inde ancienne.
Prix : 1.250 euros