MARCHANT, François.
La Constitution en vaudevilles, suivie des Droits de l'Homme, de la Femme et de plusieurs autres vaudevilles constitutionnels. Par M. Marchant.
A Paris, chez les libraires royalistes, 1792
1 volume in-32 (9,7 x 6,1 cm) de 160 pages. Le faux-titre porte : La Constitution en vaudevilles, almanach civique, pour l'année 1792. Frontispice en couleurs à l'aquatinte (Jacobin jouant à l'émigrette), tirage avant la lettre. Les premières pages comprenant l'Epître dédicatoire à MM. les émigrés, les éclipses et le calendrier pour l'année 1792, et les quatre saisons, ne sont pas chiffrées mais comprises dans la pagination.
Reliure contre-révolutionnaire strictement de l'époque plein maroquin vert, dos lisse orné de petites fleurettes dorées et d'un fer spécial au centre du dos (bonnet phrygien au bout d'une épée), filets dorés en encadrement des plats, roulette dorée sur les coupes et en encadrement intérieur des plats, doublures et gardes de papier à la colle rose, tranches dorées. Impression sur papier fort. Excellent état de l'ensemble. Reliure fraîche et intérieur frais. Relié à belles marges avec quelques témoins conservés.
Edition originale.
Il existe un tirage à l'adresse du libraire Maradan, par ailleurs en tous points identique au nôtre (frontispice, nombre de pages).
Ce petit livre rare rentre dans la catégorie des pamphlets contre-révolutionnaires. Bien qu'il s'ouvre, tel un almanach classique, par les phases de la lune, les éclipses et un calendrier des mois de l'année, tout le reste du volume est consacré à ridiculiser les récentes institutions de la toute jeune République.
Monsieur de Kergomard qui réédite (Paris, Librairie des Bibliophiles, 1872) ce rare opuscule de circonstance, écrit : "L'auteur (Marchant) de la Constitution en vaudevilles fournit un large contingent à la polémique contre-révolutionnaire. Dès 1790, nous l'y voyons intervenir par La Chronique du Manège, journal en prose et en vers ; puis il publie successivement : Les Sabots Jacobites, 1791 (3 vol. in-8) ; La Constitution en vaudevilles, 1792 ; Les Folies nationales, faisant suite à la Constitution en vaudevilles ; La Jacobinéide, poème héroi-comique, 1792 ; Les Bienfaits de l'Assemblée nationale, ou les Entretiens de la mère Saumon, doyenne de la Halle, 1792 ; L'A B C national, dédié aux Républicains par un Royaliste, 1793, et enfin, le Bon Ménage républicain ou les époux bien assortis, etc, en 1793."
Kergomard poursuit : "Les biographes de François Marchant ne semblent pas très convaincus de sa conviction. A les en croire, sa grande colère contre la Révolution vint surtout de ce que la Révolution supprimait les couvents, abbayes, prébendes, juste au moment où, destiné de bonne heure à l'état ecclésiastique, il espérait obtenir un bénéfice. Quoi qu'il en soit, le métier de pamphlétaire ne réussit pas à lui donner ce qu'il cherchait : du pain et un peu de renommée. Aussi, voyant que ses épigrammes n'arrêtaient pas le torrent, il se retira à Cambrai, lieu de sa naissance, et y mourut, le 27 décembre 1793, dans son lit (certains à l'époque on écrit qu'il était au nombre des victimes des noyades de Carrier à Nantes). Marchant était membre des Académies d'Angers et des Arcades de Rome, outre ses pamphlets en vers il n'a laissé qu'un poème en un chant intitulé Fénelon et qui date de 1787 et quelques opéras imités de l'italien. Il était né en 1761, il mourut à 32 ans.
La plupart des réformes que combat et que raille la Constitution en vaudevilles sont désormais généralement acceptées.
On trouve dans ce petit volume qui s'ouvre sur une épître à MM. les émigrés, les pièces en vers suivantes dont les titres donnent le ton (chaque pièce est accompagnée de l'air sur lequel elle doit être chantée) : Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ; Abolition de la Noblesse ; Abolition des cordons rouges, bleus, etc ; Abolition des voeux religieux ; Admission de tous les citoyens aux places et emploi quelconque ; Punition égale pour tous les délits ; Exercice libre de toutes les religions ; Pleine liberté à tout homme, d'aller, de rester, de partir, sans pouvoir être arrêté ; Liberté à tout homme de parler, d'écrire et d'imprimer ses pensées ; Qualités requises pour être député ; Les droits de l'homme ; Les droits de la femme ; Les exploits des Jacobins ; Le règne de la folie ; Confession d'un Jacobite ; Promenade civique ; Chanson républicaine ; Les Jacobins et les Capucins ; Chanson nationale dédiée au bon Peuple; etc.
Le frontispice est remarquable. Il représente un jacobin en train de jouer au yo-yo ou encore émigrette. Ce jeu devenu à la mode a été pratiqué par les émigrés pour passer le temps ... C'est ici sans doute l'une des premières représentations de ce jeu. La gravure existe avec ou sans la cocarde sur le chapeau haut de forme du jacobin (notre exemplaire est avec la cocarde).
Références : Martin et Walter, 22975 ; Cohen-de Ricci, p. 677 ("Frontispice non signé, attribué par Mehl à Debaucourt. Ce frontispice existe en couleurs (avant la lettre) en bistre et à la sanguine") ; Grand-Carteret, Les Almanachs, 1053.
Très bel exemplaire en maroquin avec fer spécial "contre-révolutionnaire" bien complet du superbe frontispice en couleurs.
Très rare dans cette condition de reliure.
Prix : 3.800 euros