mardi 21 février 2023

Esprit de Leibnitz, ou Recueil de pensées choisies, sur la religion, la morale, l'histoire, la philosophie, etc. Extraites de toutes ses œuvres latines et françaises. A Lyon, chez Jean-Marie Bruyset, imprimeur-libraire, 1772. 2 volumes in-12. Edition originale. Bel exemplaire relié à l'époque.


LEIBNITZ (Gottfried Wilhelm). EMERY (Jacques-André), éditeur.

Esprit de Leibnitz, ou Recueil de pensées choisies, sur la religion, la morale, l'histoire, la philosophie, etc. Extraites de toutes ses œuvres latines et françaises.

A Lyon, chez Jean-Marie Bruyset, imprimeur-libraire, 1772

2 volumes in-12 (17 x 10 cm) de XLVIII-463 et (4)-547-(5) pages.

Reliure strictement de l'époque plein veau marbré, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièces de titre de maroquin rouge, pièces de tomaison de maroquin olive, tranches rouges, doublures et gardes de papier marbré. Reliures très fraîches malgré des coins légèrement usés, intérieur très frais imprimé sur beau papier. Il y a un faux-titre uniquement pour le second volume, ce qui est conforme à l'exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale.

Edition originale.

Cette compilation des meilleurs morceaux de Leibnitz est due à Jacques-André Emery (1732-1811). On trouve au début du premier volume une longue préface et un long éloge de Leibnitz.






La philosophie de Leibniz (1646-1716) repose sur un principe : rien n'est sans raison. Nous vivons dans un monde dont l'harmonie a été préétablie par un Dieu capable de tout calculer puisqu'il est omniscient. Et parce que Dieu est parfaitement bienveillant, il n'a fait exister que le meilleur des mondes possibles. Leibniz est considéré comme étant un théiste philosophique : Le Théiste est un Homme fermement persuadé de l'existence d'un Être suprême aussi bon que puissant, qui a formé tous les êtres étendus, végétant, sentant, et réfléchissants ; qui perpétue leur espèce, qui punit sans cruauté les crimes, et récompense avec bonté les actions vertueuses. Il fut l'un des plus grands érudits de son temps, éminent philosophe mais aussi mathématicien, logicien, diplomate, juriste, bibliothécaire, et philologue. En 1710, il publie ses Essais de Théodicée, résultats de discussions avec le philosophe Pierre Bayle. Reconnu comme le plus grand intellectuel d'Europe, il est pensionné par plusieurs grandes cours (Pierre le Grand en Russie Charles VI en Autriche qui le fait baron), et correspondant des souverains et souveraines, notamment de Sophie-Charlotte de Hanovre. A la fin de sa vie il doit faire face à une controverse qui l'oppose à Isaac Newton sur la question de savoir lequel des deux a inventé le calcul infinitésimal, et se voit même accusé d'avoir volé les idées de Newton​. La plupart des historiens des mathématiques s'accordent aujourd'hui à considérer que les deux mathématiciens ont développé leurs théories indépendamment l'un de l'autre : Newton a commencé à développer ses idées le premier, mais Leibniz fut le premier à publier ses travaux. Peu avant sa mort, durant les années 1715 et 1716, il entretient une correspondance avec le théologien anglais Samuel Clarke, un disciple de Newton, à propos de physique, présentant sous sa forme définitive sa conception de l'espace et du temps. Leibniz fut un auteur très prolifique, composant environ 50 000 textes, dont 20 000 lettres avec plus de mille correspondants de seize pays différents. Il lègue environ 100 000 pages manuscrites. Son œuvre est écrite majoritairement en latin (la langue des savants, langue la plus commune au XVIIe siècle), en français (la langue de la cour en Allemagne) et en allemand, mais il a aussi rédigé en anglais, en italien et en néerlandais. Il parlait également couramment l'hébreu et le grec ancien. Esprit toujours en ébullition, il était tout le temps en train de noter ses idées sur le papier, stockant ses notes dans un grand placard pour les récupérer plus tard.

Lire Leibnitz aujourd'hui est un véritable plaisir tant son style est clair et le fond de ses idées toujours captivant plus de trois siècles plus tard.

Cette édition donnée ici pour la première fois par Emery permet d'accéder à la pensée de Leibnitz autour de thèmes aussi variés que la religion, la morale, la philosophie, l'histoire, la politique, les sciences, les langues, la psycologie (sic) et le développement de l'âme, la médecine, etc. L'éditeur a voulu son recueil le plus représentatif possible de la pensée leibnitzienne.









Né à Gex, formé au collège des jésuites de Mâcon, puis par les sulpiciens de Paris, Émery fut agrégé à la Compagnie de Saint-Sulpice en 1758 et envoyé comme professeur dans les séminaires d'Orléans puis de Lyon. Après avoir dirigé le séminaire d'Angers pendant six ans, il fut élu supérieur général de Saint-Sulpice en 1782 et s'attaqua avec succès aux abus d'indiscipline et de mondanité qui s'étaient glissés dans la formation du haut clergé. Aux déistes et aux rationalistes de son époque il oppose la foi de grands penseurs ou de grands spirituels en publiant L'Esprit de Leibniz (1772), L'Esprit de sainte Thérèse (1775), puis Le Christianisme de F. Bacon (1799) et des Pensées de Descartes sur la religion morale (1811). L'absence dès 1789 de l'archevêque de Paris et l'émigration de la plupart des évêques amènent Émery à tenir, pendant la Révolution, le rôle difficile de conseiller des prêtres restés en France.​ Sa correspondance avec des prêtres cachés ou émigrés lui vaut un emprisonnement de quinze mois, dont Thermidor le délivre. Son esprit conciliant lui attire la rigueur des royalistes après celle des révolutionnaires. Son rôle discret est pourtant prépondérant dans la remise en ordre de l'Église de France sous le Consulat. Fouché soupçonne Émery, non sans motifs, d'animer la résistance à la politique religieuse de Napoléon à partir de 1807. Un décret impérial du 14 février 1810 supprime la Compagnie de Saint-Sulpice, et oblige Émery à se retirer du séminaire. Conseiller de l'Université, désigné pour faire partie des commissions ecclésiastiques de 1809 et 1811, il a le courage de s'opposer aux prétentions de l'Empereur en matière canonique ; s'appuyant habilement sur les traditions gallicanes, il sauve les droits du pape pour la désignation des évêques (17 mars 1811). Un mois plus tard, épuisé par le labeur acharné que lui impose la situation critique du pape et de l'Église, ce « petit prêtre » meurt, Napoléon parle de le faire inhumer au Panthéon.


Bel exemplaire de cet ouvrage peu commun en belle condition.

Prix : 900 euros