ARETIN [Pietro Aretino] - Amandine DORE (illustratrice).
L'OEUVRE DU DIVIN ARETIN. Les Ragionamenti. Illustrations de Amandine Doré.
Les éditions de l'Ibis, A Paris, s.d. (1970)
2 volumes in-4 (27 x 19,5 cm) de 169-(1) et 256-(2) pages. 34 compositions en noir et en couleurs (aquarellées au pochoir) dans le texte et hors-texte. 14 planches et 1 planche-double + 8 planches libres pour le tome I. 19 planches + 8 planches libres pour le tome II. Soit 34 planches + 16 planches (8 en couleurs et 8 en noir) pour les suites de notre exemplaires.
Reliure éditeur pleine basane caramel orné, plats décorés d'une plaque à froid avec filets dorés et fleurons dans les angles, dos ornés à froid, tête dorée. Etui et emboîtage bordé. Exemplaire en parfait état, proche du neuf. Les suites sont sous chemise à dos de basane faisant partie de l'emboitage.
Premier tirage des illustrations d'Amandine Doré.
Tirage à 1.250 exemplaires plus quelques exemplaires d'artiste.
Celui-ci, un des 305 exemplaires sur vélin chiffon des papeteries de Lana, avec une suite de 4 planches libres en noir et en couleurs pour chaque volume, et une suite complète de toutes les illustrations de l'ouvrage.
Amandine Doré serait la descendante de l'illustre Gustave Doré (mais rien n'est moins certain selon les sources). Née en 1912 elle meurt en 2011 âgée de 99 ans ! Elle débute comme illustratrice puis touche au domaine galant. Sous son nom de naissance sa production est licencieuse mais est plus érotique sous le pseudonyme de Madame ***. Au moment d’entrer dans la vie du romancier t’Serstevens (ami de Blaise Cendrars), Amandine suit des cours aux Beaux-Arts et se destine au professorat de dessin. C’est son frère André Bonne, qui est éditeur, qui l’envoie chez t’Serstevens pour qu’elle étudie avec lui la possibilité d’illustrer un texte sur les corsaires. Amandine, devait être encore adolescente quand il l’a connue au début des années quarante alors que lui avait dépassé les 55 ans. C’est en 46 qu’ils se sont mariés à Tahiti. T’Serstevens avait 61 ans ! Amandine débute alors une activité d’illustratrice de voyages pour les livres de son mari, aquarelle et pointe sèche notamment. Elle a illustré en particulier de ses charmants dessins la plupart des livres que t’Serstevens a publiés après les voyages faits en commun après la guerre : Polynésie (ils y ont séjourné trois ans), Espagne, Mexique, Sicile, Sardaigne, Iles Eoliennes, Grèce, Maroc, etc. Elle dessine même des foulards tout en continuant une production galante. « Ce que Redouté a fait pour les roses, elle l’a fait pour l’hibiscus, le pua, le tiare, le frangipanier et tant d’autres merveilles de cette flore excessive dont elle n’a abandonné que les parfums » dira d’elle t’Serstevens, dans son introduction au volume 3 de son œuvre « Tahiti et sa couronne ». Son œuvre érotique est abondante et remarquable de sensualité.
Pierre l’Arétin (Pietro Aretino) est né en 1492 à Arezzo (l’Arétin signifiant « venant d’Arezzo »). Banni de sa ville natale, il passe une décennie à Pérouse avant d’être envoyé à Rome, où le riche banquier Agostino Chigi, mécène de Raphaël le prend sous son aile. L’Arétin fait parler de lui à Rome à travers ses satires mordantes et les Sonetti lussuriosi (Sonnets luxurieux), pièces assez crues qui servirent d’accompagnement textuel à 16 illustrations pornographiques de Giulio Romano (Jules Romain). Cet écart lui vaut de perdre la protection du pape Léon X. Ses Ragionamenti, propos d’une prostituée à divers interlocuteurs composés comme des raisonnements en forme de dialogue platonicien, tournent en dérision la société de son temps et particulièrement les sacrements religieux (vœux monastiques, mariage). Un des personnages est la Nanna, une ancienne courtisane qui évoque son expérience. Après une tentative d’assassinat sur sa personne, l’Arétin part vivre à Mantoue, puis enfin à Venise (la ville italienne la plus opposée au pape) en 1527, où il demeure jusqu’à sa mort. L’Arétin est l’auteur de cinq comédies (dont La Cortigiana et La Talenta) et de la tragédie Les Horaces (1546). Lors de son séjour à Venise, il publie également sa correspondance, mettant ainsi sous pression tout ce que l’Italie comptait de notables. Il n’épargne pas dans ses écrits satiriques les princes et les grands, ce qui le fait surnommer « le fléau des Princes » : la plupart, pour éviter les traits de sa satire, lui font des présents considérables, quelques-uns, cependant, ne le payent qu’avec le bâton. C’est ainsi que François Ier et l’empereur Charles Quint le subventionnent en même temps, chacun espérant quelque dommage pour son rival. Par orgueil, il s’appelle lui-même le « divin Arétin ». Sur la fin de sa vie, l’Arétin publie par ailleurs diverses œuvres pieuses (une traduction italienne des Psaumes de David, trois livres « sur l’humanité de Jésus Christ » ainsi qu’un livre sur la passion du Christ). D’après la tradition, la mort de l’Arétin aurait été à son image : on raconte que, au cours d’un copieux repas, une plaisanterie particulièrement obscène provoqua chez l’Arétin une incroyable crise de rire, au point qu’il tomba à la renverse et se fendit le crâne. L’Arétin était un ami personnel du Titien, qui fit au moins trois portraits de lui. Après sa mort, le pape Paul IV mit ses livres à l’Index. Il fut un proche de Giuseppe Betussi.
Superbe exemplaire, en parfait état, du tirage avec suites.
Prix : 550 euros