jeudi 1 octobre 2020

Le Vieux Paris : La Bièvre, Les Gobelins et Saint-Séverin, par J.-K. Huysmans, illustré par Auguste Lepère (1901). Bel exemplaire broché tel que paru. 1/75 ex. sur Chine. Avec la rare et superbe suite de 12 eaux-fortes par A. Lepère.


HUYSMANS, J.-K. - LEPÈRE, Auguste.

LA BIÈVRE, LES GOBELINS, SAINT-SÉVERIN.

Paris, Société de propagation des livres d'art, 1901

1 volume in-4 (29 x 19,5 cm environ), broché de 148 pages. 4 eaux-fortes hors-texte. 30 gravures sur bois dans le texte. Couverture imprimée vert d'eau avec rabats. Excellent état. Non coupé (à l'exception des premiers feuillets). Papier de Chine pratiquement sans rousseurs.

On joint :

1 chemise imprimée (illustrée d'un bois et titrée) contenant une suite de 12 eaux-fortes par Aguste Lepère spécialement tirée pour accompagner l'édition de La Bièvre etc. (1901) donnée par L. Carteret. Avec 1 double-feuillet de même format (4 pages) présentant cette suite aux amateurs bibliophiles (ave un bois gravé en bandeau - atelier de gravure de l'artiste A. Lepère - et quelques ornements tirés en deux couleurs - rouge et vert - par l'artiste). Tirage sur papier de Chine (40 ex.) sur un total de 80 suites (dont 30 suites sur Hollande et 10 suites sur Japon à la forme). Excellent état, tirages numérotés et signés par l'artiste. Sans rousseurs. La chemise est en bon état avec fente au pli du dos et petits plis angulaires sans gravité.

L'ensemble est conservé dans un emboîtage ancien très bien conservé. Titre doré au dos sur pièce de cuir.

Ouvrage achevé d'imprimer le 28 novembre 1900 par Lahure.


Superbe édition illustrée "recherchée et cotée" (Carteret).

Exemplaire du tirage spécial sur papier de Chine à 75 exemplaires pour le libraire Conquet, L. Carteret et Cie.

Le tirage total du livre a été de 695 exemplaires y compris l'édition courante.

Une première monographie intitulée La Bièvre avait paru en 1890. En 1898 paraît le volume intitulé La Bièvre et Saint-SéverinLes Godelins avait paru pour la première fois en 1899 dans Le Soleil de dimanche.


"Huysmans décrit le tracé de la Bièvre tel qu'il avait pu l'observer lors de ses promenades, mais qui était déjà en train de disparaître sous l'effet des travaux d'assainissement qui firent totalement disparaître la rivière du paysage parisien. La Bièvre est ici le symbole d'un Paris pauvre, sale et opprimé, mais qui, selon l'esthétique de la laideur propre à Huysmans, n'est pas dépourvu de beauté ni de noblesse. Elle reflète également le changement de Paris dont la physionomie est bouleversée à la fin du XIXe siècle par les grands travaux d'Haussmann qui effaceront les derniers vestiges du Paris médiéval et populaire. En effet, la Bièvre fut dès le Moyen âge annexée par diverses industries qui polluèrent ses eaux et l'entourèrent de quartiers ouvriers misérables et insalubres. À partir du XIXe siècle, elle fut peu à peu canalisée puis couverte, jusqu'à être entièrement souterraine. Souillée depuis des siècles, sa fonction est aujourd'hui parfaitement assumée puisqu'elle sert désormais d'égout. Mais bien que sale et emprisonnée, elle coule toujours telle une force cachée" (Présentation, Editions Fauves).


"Le quartier Saint-Séverin fut, dès son origine, ce qu’il est maintenant, un quartier miséreux et mal famé ; aussi regorgeait-il de clapiers et de bouges ; son aspect était sinistre à la fois et hilare ; il y avait, à côté d’auberges de plaisante mine et d’avenantes rôtisseries et pour les étudiants, des repaires pour bandits, des coupe-gorge accroupis dans la fange des trous punais ; il y avait aussi, çà et là, quelques anciens hôtels appartenant à des familles seigneuriales et qui devaient s’écarter, avec morgue, de ces tavernes en fête, lesquelles regardaient certainement à leur tour du haut de leurs joyeux pignons le sanhédrin des bicoques usées, des ignobles cambuses où gîtaient les voleurs et les loqueteux." (extrait de Saint-Séverin).


"On se croirait très loin de Paris dans cet espace compris entre la ruelle des Gobelins, la rue Croulebarbe, la rue Corvisart et la rue des Cordelières, si la Bièvre, qui coule à deux pas, n’encensait le site de son odeur stridente d’alcali volatil et de tan. Elle sépare, à gauche et à droite, les usines et les séchoirs des peaussiers et des chamoiseurs du jardin des Gobelins dont les bords sont plantés de salades et de légumes que les tapissiers cultivent. Ces bandes de terre qui fuient, en tournant avec l’eau, en dehors de la clôture, ont été baptisées par eux du nom de colonies, car si elles appartiennent à la métropole, elles sont reléguées loin de la maison, à l’extérieur, au delà des murs" (extrait des Gobelins).


Auguste Lepère n'ayant pas réussi à s'entendre avec l'éditeur L. Carteret pour placer dans le volume les eaux-fortes qu'il avait gravées a décidé de publier à son propre compte la suite des douze eaux-fortes annoncée aux amateurs pour le 10 décembre 1900. Le prix des suites sur papier de Chine (40 exemplaires) était de 125 francs. Seulement 10 eaux-fortes sont annoncées sur la couverture illustrée qui contient la suite. Ce seront finalement douze eaux-fortes qui seront données y compris un titre-frontispice.


Provenance : exemplaire offert par L. Wittmann à son fils chéri pour ses 18 ans le 23 août 1917. (au crayon à papier sur la garde blanche).

Bel exemplaire, tel que paru, broché non coupé (jamais lu).

L'un des plus beaux livres illustrés par Auguste Lepère, ici dans son très joli tirage sur Chine, et accompagné de la rare suite de 12 eaux-fortes publiée indépendamment par l'artiste.

Superbe et rare ensemble.

VENDU