Jorge de Monte-mayor [George de Montemayor]
[LA DIANE DE GEORGE DE MONTE-MAYOR.] La Première [Seconde] [Troisième] partie de la Diane de George de Monte-mayor. En laquelle par plusieurs plaisantes histoires déguisées sous noms, et style de Bergers et Bergères sont décrites les variables et étranges effets de l'honnête Amour. Traduite de l'espagnol en français, et divisées en sept livres.
A Paris, par Nicolas Bonfons, 1587
3 parties reliées en un fort volume in-12 (14,2 x 8 cm environ) de : Première Partie : 189 feuillets chiffrés y compris le titre et 7 feuillets non chiffrés — Seconde Partie : 4 feuillets non chiffrés y compris le titre, 500 pages et 6 f. pour la Table. — Troisième Partie : 227 pages y compris le titre et 6 feuillets pour la Table. Les f. 2-4 de la Première Partie contiennent une épître du traducteur N. COLIN, « A monseigneur le révérendissime et illustrissime prince, Loys de Lorraine, archevesque-duc de Rheims », épître datée de Reims le 28 janvier 1578. — Les 7 feuillets qui terminent cette première partie sont occupés par la Table et par une ode de J. DE LA G. [JEAN DE LA GESSÉE] à Loys de Lorraine. Les feuillets liminaires de la Seconde Partie contiennent le titre et une épître « A tres illustre et tres magnanime prince, Charles de Lorraine, duc de Mayenne, pair, grand chambellan et admiral de France » ; Cette épître, datée « de Lyon, ce XVIII. jour de février », est signée : GABRIEL CHAPPUYS, Tourangeau. Les p. 3-8 de la Troisième Partie sont occupées par une nouvelle épître de GABRIEL CHAPPUYS, datée de Lyon, le 1er avril 1582, et adressée « A messire Claude de Cremeaulx, seigneur de Charney, lieutenant pour le roy en sa citadelle à Lyon, et capitaine de Servière ».
Reliure plein parchemin du début du XVIIe siècle (tout au plus 1648 date inscrite sur la page de titre - ex libris manuscrit). Titre à l'encre au dos effacé. Deux coins usés dont un avec usure sur le champ du second plat (partie inférieure). Ensemble bien conservé et solide. Intérieur frais. Papier uniformément teinté. La marge haute est parfois courte sans atteinte. Collationné complet.
« L'auteur de La Diana, JORGE DE MONTEMAYOR, mourut en Piémont, au mois de février 1561. Son célèbre roman n'avait alors paru que depuis peu de temps. Il avait vu le jour en 1558, ou, au plus tard, au commencement de 1559. Telle serait la date de l'édition valencienne que l'on considère comme la plus ancienne. En effet, comme le remarque Salvá (Catâlogo, II, n° 1909), le P. Bartolomé Ponce déclare, en 1580, dans l'épître dédicatoire de La Clara Diana, qu'en 1559 il avait lu l'ouvrage du poète portugais. Dès 1561, les réimpressions de La Diana contiennent quelques additions posthumes, probablement dues à Montemayor lui-même. En 1562, un imprimeur de Valladolid, Francisco Fernandez de Córdova, y ajouta plusieurs pièces empruntées à divers auteurs : El Triumpho de Amor de Petrarcha, traduit par A'Ivaro Gomez, de Ciudad Real, La Historia de Alcida y Sylvano, Los Amores de Abindarraez, etc. Deux ans plus tard, en 1564, ALONSO PEREZ, médecin à Salamanque, et GASPAR GIL POLO publièrent, chacun de leur côté, une suite à La Diana, et ces deux compléments ne tardèrent pas à être réimprimés avec le roman primitif, sous le titre de Segunda Parte et Tercera Parte. Nicolas Colin, dont la traduction parut d'abord chez Jean de Foigny, à Reims, en 1578, ne donna au public que l'œuvre authentique de Montemayor ; les deux parties traduites par Gabriel Chappuys sont les suites dues à Alonso Perez et à Gil Polo.
Les trois parties réunies parurent pour la première fois à Paris en 1582 ; elles furent réimprimées à Tours, en 1592 (Cat. Taschereau, n°1724 et n°1726).
La Diana inspira L'Astrée d'Honoré d'Urfé, et peu de livres obtinrent en France un succès aussi durable. Non seulement il en parut en 1603, 1611 et 1613, une nouvelle traduction due à S.-G. Pavillon, mais la suite de Gil Polo fut de nouveau mise en français par Ant. Vitray (1623, 1631), et une troisième suite, écrite en espagnol par Hier. Texeda, fut imprimée à Paris, en 1627 (Biblioth. nat., Y2 1115). L'ouvrage de Texeda avait sans doute été composé en France ; on n'en cite pas d'édition publiée en Espagne. Les auteurs dramatiques s'inspirèrent également de La Diana : Hardy mit sur le théâtre un épisode emprunté au VIIe livre : Felisméne (1613) ; un autre épisode fut développé, vers le milieu du XVIIe siècle, par Jacques Pousset de Montauban : Les Charmes de Felicie, tirés de la Diane de Montemayor, pastorale. A Paris, chez Guillaume de Luyne, 1654, pet. in-12 (Cat. Béhague, 2e Partie, n° 1250). Ces divers ouvrages n'épuisèrent pas le succès du roman espagnol. Une troisième traduction complète vit le jour au commencement du XVIIIe siècle : Le Roman espagnol, ou Nouvelle Traduction de la Diane écrite en espagnol par Montemayor, traduite par Le Vayer de Marsilly. A Paris, chez Briasson, 1705, in-12 (Cat. Desbarreaux-Bernard, 2e Partie, n° 679). Cette dernière traduction était encore imprimée en 1735 (Cat. Béhague, 2e Partie, n° 1249). » (notice fonds de la Bibliothèque James de Rothschild).
Provenance : ex libris manuscrit sur le premier titre et répété à la fin sur le contreplat : Pinguenet Can. Rem. 1648 (Pinguenet Canonici Remensis). Jacques Pinguenet était chanoine de Reims. Bibliophile rémois il habita Reims de 1648 à 1691. Jacques Pingenet, originaire de Chartres, suivit à Reims Léonor d'Estampes de Valençay évêque de Chartres, nommé archevêque de Reims en 1641. C'était un zélé et érudit bibliophile, dont la devise portait : Pax et pauca, qu'il traduisait : Paix et peu. On retrouve cette devise sous son ex libris manuscrit, au contreplat. Quelques notes de lecture (très probablement de sa main) se trouvent dans le corps du volume.
Très bon exemplaire d'un livre rare provenant de la bibliothèque d'un bibliophile rémois reconnu.
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