lundi 4 novembre 2024

PELADAN, Joséphin [LE MAGE SAR MERODACK] | Félicien Rops (illustrateur) | Louis Morin (illustrateur). A Coeur perdu. La Décadence Latine. Ethopée - IV. Paris, G. Edinger, éditeur, 1888 [achevé d'imprimer le 21 novembre 1887 par Ch. Unsinger à Paris]. Belle reliure à dos mosaïqué signée E. Carayon. De la bibliothèque Franchetti.



PELADAN, Joséphin [LE MAGE SAR MERODACK] | Félicien Rops (illustrateur) | Louis Morin (illustrateur)

A Coeur perdu. La Décadence Latine. Ethopée - IV.

Paris, G. Edinger, éditeur, 1888 [achevé d'imprimer le 21 novembre 1887 par Ch. Unsinger à Paris]

1 volume grand in-8 (26 x 17 cm) de XVI-435-(1) pages. Frontispice de Félicien Rops (imprimé par A. Delâtre)

Reliure strictement de l'époque bradel demi-maroquin à larges coins vieux rouge, dos mosaïqué et doré, décoré de fleurs et feuillages de chardons, non rogné (à toutes marges), la couverture a été conservée (état de neuf), le premier plat de couverture illustré d'une composition de Louis Morin imprimée en noir et rouge. Belle reliure signée E. Carayon très bien conservée (légers frottements).



Edition originale.

Un des 100 exemplaires sur tirage au format in-8 sur papier de Hollande, signés à la plume par l'éditeur Edinger, avec épreuve du frontispice de Félicien Rops avaant la lettre (tiré en sépia).

Le tirage total des exemplaires de tête a été de 120 exemplaires au format in-8 et 170 exemplaires au format in-16.



Le superbe frontispice original de Félicien Rops


Bel exemplaire relié à l'époque par Emile Carayon en maroquin à dos mosaïqué.

À cœur perdu de Josephin Péladan, publié en 1888, s’inscrit dans la série de la Décadence latine, qui explore les thèmes de la passion, de la mystique et de l'art. Cette œuvre, à la fois symboliste et esthète, reflète l'angoisse d'une époque en quête de sens face à un monde en déclin. Le protagoniste, tiraillé entre amour et aspiration spirituelle, incarne les tensions propres à cette série, où l'esthétique devient un refuge face à la banalité de la vie moderne. Péladan utilise une prose riche en symboles pour interroger la nature de l'amour, le sacrifice et la quête de beauté. En mettant en avant l'idée que la passion peut mener à la souffrance, il souligne le dilemme central de la Décadence latine, où l'art et la spiritualité s'entrelacent dans une quête désespérée de transcendance. Ainsi, À cœur perdu devient une réflexion profonde sur la condition humaine, en écho aux préoccupations de l'époque.












Joséphin Péladan est une figure complexe et fascinante de la fin du XIXe siècle, à la fois écrivain, critique d'art et occultiste. Sa personnalité est marquée par une forte volonté de défendre une esthétique de la beauté et une spiritualité mystique, qu'il prône à travers ses écrits. Avec la publication de À cœur perdu, Péladan affirme son rôle de chef de file du mouvement symboliste et de la Décadence latine, cherchant à créer une œuvre qui transcende le quotidien. Sa passion pour l'art et son dédain pour la vulgarité de la société contemporaine se traduisent par une prose lyrique et riche en symboles. En outre, son intérêt pour l'occultisme et les doctrines ésotériques influence profondément son œuvre, où l'amour est souvent perçu comme un chemin vers l'élévation spirituelle. Péladan incarne ainsi un idéal artistique et mystique, tout en illustrant les tourments d'une époque en quête de sens et de beauté.

« Avec une persévérance diabolique, qui nous semble digne d'une meilleure cause, M. Joséphin Péladan poursuit la publication de l'étrange collection, ayant pour titre général la Décadence latine, décadence dont sa littérature même subit bizarrement l'influence. Son nouveau roman, A cœur perdu, nous remet en présence du fameux mage Nebo et de l'étonnante princesse Paule, pour nous faire assister à la lutte longuement décrite de l'amour platonique contre l'amour des sens. Fatalement, Nebo le platonicien succombe, après une série d'épreuves et de tentations qui l'entraînent peu à peu à la lutte charnelle. Un dérèglement de magisme poussé jusqu'aux dernières limites, un curieux délire à froid, qui analyse méthodiquement les spasmes, les délires, les baisers, les tentations de la chair et du cœur, des pages d'une réelle éloquence, un talent incontestable, tel est le résumé de ce livre, où le vent de la folie voulue souffle peut-être encore plus âpre, plus violent, que dans les précédentes œuvres de Joséphin Péladan. » [Octave Uzanne] in Le Livre, 10 mai 1888








A cœur perdu est le quatrième volume de La décadence latine. « Celui qui n'a jamais aimer avant d'être aimé, celui qui n'a allumé son désir qu'à celui qu'il inspirait, celui qui n'a regretté que dix jours la plus charmante des maîtresses, celui-là peut souffrir, mais survivra à toutes les femmes et à tous les amours [...] » (extrait).

Provenance : exemplaire de la bibliothèque de Franchetti avec son ex libris gravé. Sa riche bibliothèque fut vendue en 1890 et en 1922. Le Baron Edouard FRANCHETTI (1862-1926, poète et critique, bibliophile et grand amateur d’art, fils de Sarah Luisa de Rothschild et petit-fils du Baron Anselme de Rothschild, son père est de la grande et puissante famille de Venise des verriers Franchetti, lui-même fut un personnage original qui se ruina dans les collections, il avait acquis l’Hôtel Pompadour de Fontainebleau).

Bel exemplaire très désirable sur grand papier, de belle provenance, et joliment habillé à l'époque par Emile Carayon, l'un des relieurs les plus en vogue chez les bibliophiles de la fin du XIXe siècle.

Prix : 1.650 euros

samedi 2 novembre 2024

HALHED (N. B., auteur) | ROBINET, Jean Baptiste René (traducteur). [ HINDOUISME ] Code des loix des Gentoux, ou Règlements des Brames, traduit de l'anglais, d'après les versions faites de l'original écrit en langue Samskrete. A Paris, de l'imprimerie de Stoupe, 1778. Bel exemplaire.


HALHED (N. B., auteur) | ROBINET, Jean Baptiste René (traducteur)

Code des loix des Gentoux, ou Règlements des Brames, traduit de l'anglais, d'après les versions faites de l'original écrit en langue Samskrete.

A Paris, de l'imprimerie de Stoupe, 1778

1 volume in-4 (26,5 x 21 cm) de (4)-LX-341-(3) pages. 8 planches hors-textes des caractères sanskits et passages des textes anciens en sanskrit également.

Reliure strictement de l'époque pleine basane marbrée caramel, dos à nerfs orné aux petits fers dorés, pièce de titre de maroquin rouge, tranches rouges. Reliure fraîche. Léger frottement à la coiffe supérieure, coins intacts, intérieur immaculé.

Edition originale de la traduction française.







Ce volume s'ouvre sur un Avertissement du traducteur français (Jean-Baptiste René Robinet), il écrit : "Ce monument de jurisprudence est sans doute le plus singulier et le plus curieux qu'on ait jamais publié : on y trouve les Loix d'un peuple qui semble avoir instruit tous les autres, et qui depuis sa réunion, n'a changé ni de moeurs, ni de préjugés. Les Européens ont troublé longtemps les Indiens dans leurs paisibles contrées, sans chercher à s'instruire de la jurisprudence et des loix du pays ; et quand ils l'auraient voulu, les Brames, seuls dépositaires des Livres, des connaissances et des réglements civils et religieux, de leur auraient rien appris. [...] Ce Code annonce un peuple corrompu dès l'enfance ; et les distinctions odieuses des différentes Castes, en souillent presque toutes les pages. Le législateur ignore les grands principes du droit naturel, et on voit qu'il s'adresse à des hommes opprimés et malheureux, sans être enflammé de zèle pour le bonheur. Excepté les mutilations ordonnées presque partout contre les Castes inférieures, ces loix respirent quelquefois la douceur et l'humanité ; mais cette douceur annonce plutôt la faiblesse du gouvernement et la tranquilité des sujets, que la bonté des administrateurs. [...] Les Brames ne s'écartent de la pureté de leur morale que pour obéir aux préjugés de leur nation, et le Code le plus barbare ne peut pas être mauvais dans tous les points ; celui-ci est souvent choquant et bizarre, et il est aisé d'en donner des preuves. [...]". Vient ensuite la préface du traducteur anglais, M. Halhed, qui s'attache à donner des précisions et des explications au sujet de la langue sanscrite. On trouve intercalées, huit planches hors-texte avec l'alphabet sanskrit (voyelles, consonnes, voyelles liées, alphabet du Bengale ; suivent 6 planches de passages des écritures sacrées en caractères sanskrit avec la traduction expliquée en regard. L'édition anglaise a paru sous le titre A Code of Gentoo Laws or Ordinations of the Pundits From a Persian Translation made from the Original written in the Shanscrit Language en 1777 à Londres.











Le Code des Gentoux est précédé d'un Discours préliminaire des Brames compilateurs. On trouve à la suite la liste des noms des Brames qui ont compilé cet ouvrage, la liste des noms des auteurs cités dans cette compilation, la liste des livres d'où on a tiré cette compilation. Le Code est précédé d'une Introduction sur la Création du monde (pp. 1 à 11). Tout le reste du volume est une compilation des lois des Gentoux : on y retrouve les loix concernant la propriété, les esclaves, la servitude, les salaires (danseuses, prostituées), des ventes, du partage des terre, des cultures, des crimes, du vol, des violences, de ceux qui tuent des animaux, des adultères, du commerce d'un homme avec une fille qui n'est pas mariée, des enlèvements, des femmes, du jeu, etc. Chaque article donne lieu aux punitions et amendes liées au délit.

Ce livre est tout à la fois le code pénal et le code criminel ancestral des indiens préservé et suivi depuis des centaines d'annéees.

Gentou, au pluriel Gentous ou Gentoux (en anglais : Gentoo, Gentue ou Jentue), était un terme utilisé par les Européens pour désigner les habitants indigènes du sous-continent indien avant que le mot « hindou », avec sa connotation religieuse, ne soit utilisé pour distinguer les musulmans des autres groupes religieux en Inde. Depuis le XXe siècle, c'est un terme dénigrant. En anglais, les termes Gentio et Gentoo étaient aussi utilisés pour les peuples indigènes du sous-continent. Plus tard, le terme est utilisé pour les peuples parlant le télougou dans la province de Madras (aujourd'hui la région d'Andhra Pradesh), dans le but de les distinguer des Malbars, des Tamouls et des personnes parlant le tamoul (dans l'actuelle région de Tamil Nadu). C'était aussi un terme du jargon anglo-indien utilisé aux XVIIe et XVIIIe siècles. Les linguistes ignorent les raisons pour lesquelles on appelait les Indiens « Gentou ». Puisque les Portugais sont les premiers Européens à atteindre le sous-continent indien, où ils font commerce, évangélisation et colonisation, peut-être qu'il dérive de Gentio, c'est-à-dire un gentil, un païen ou un indigène. Les Portugais auraient utilisé ce terme pour distinguer les indigènes de l'Inde des musulmans, des Maures et des Moros​. Selon le philologue et orientaliste du XIXe siècle Nathaniel Brassey Halhed, ce serait une dérivation linguistique fantaisiste de Gentoo emprunté au mot sanskrit jantu, qui signifie « humanité » ou « animal ». Le mot « hindou » ne provient pas du sous-continent indien, il a acquis une connotation religieuse lorsque les musulmans s'y sont installés. Plus tard, les Britanniques ont mis en place un système judiciaire dans un but administratif (voulant ainsi établir une jurisprudence indienne) ; il a été codifié dans The Gentoo Code. Le premier résumé des lois indiennes paraît en 1776, sous l'impulsion de la Compagnie britannique des Indes orientales et le soutien du Gouverneur général des Indes Warren Hastings. Le philologue Halhed a traduit le texte du persan à l'anglais. Lorsque le mot « hindou » a pris une connotation religieuse et a servi à désigner les non-musulmans et les non-chrétiens, le mot « Gentou » est devenu archaïque, puis obsolète.







Provenance : exemplaire de la bibliothèque de M. de Saucy, Chevalier de St Louis et capitaine en premier corps royal de l'artillerie, avec son étiquette ex libris imprimée collée au contreplat et une note manuscrite de sa main qui indique : quinze francs relié. cet ouvrage fort curieux deviendra rare et cher. Signé le Capitaine d'artillerie Desaulcy (Louis-Joseph Caignart de Saulcy (1737-1819). Il était originaire de Gap.

Bien complet des 8 planches en caractères sanskrit.


Bel exemplaire d'un livre très intéressant pour l'histoire et les coutumes de l'Inde ancienne.

Prix : 1.250 euros