DESLANDES (Docteur Léopold)
De l'Onanisme et des autre abus vénériens considérés dans leurs rapports avec la santé. Par M. le docteur Léopold Deslandes.
Paris, chez A. Lelarge et Delaunay, 1835 (Typographie de A. Pinard, Paris)
1 fort volume in-8 (22 x 13,5 cm) broché de (4)-III-563 pages. Couverture imprimée. Très bon état. Quelques traces de plis sans gravité. Rares rousseurs, belle impression sur beau papier chiffon resté bien blanc.
Edition originale.
Deslandes donne ici ce qui est sans doute le plus copieux ouvrage sur le sujet.
« L'habitude de l'onanisme, dit Deslandes, peut avoir trois origines : elle peut venir : 1. de ce que l'individu a découvert spontanément sans le secours de personne l'art de se masturber ; 2. de ce que cet art lui a été enseigné ; 3. de ce qu'étant privé, dans cet âge où le besoin du coït se fait sentir, des moyens de le satisfaire, il a cherché dans I'onanisme une ressource. Cette citation de Deslandes, qui date de 1835, a deux mérites : celui d'employer le terme d' « art » pour désigner la masturbation, et celui de la décrire explicitement comme un substitut possible du coït, une sorte de pis-aller, et pas uniquement comme un supplément. [...] Deslandes partage ce point de vue, notamment en ce qui concerne les femmes, les demoiselles et les jeunes sujets, car "on s'adresse à des personnes au moins pudiques et quelquefois chastes." Selon lui, "beaucoup de praticiens, quand il leur vient des soupçons sur les personnes dont nous parlons, s'abstiennent de les exprimer. D'autres fois, ils se servent de formes tellement obscures et équivoques qu'ils ne sont pas compris." Ainsi, Deslandes juge maladroite l'attitude de certains confrères. Il estime que demander l'aveu n'est pas la meilleure façon de l'obtenir. "Mieux vaut, quand on a des présomptions très fortes, (...) lui dire nettement qu'on ignore pas qu'il se masturbe (...) Rarement il cherche à s'en défendre, ou, s'il essaie d'abord, il ne persiste pas longtemps. [...] C'est donc en étudiant la psychologie du masturbateur que Deslandes élabore une stratégie optimale. Il écrit : "Que le médecin tâche surtout, dans ses rapports avec les masturbateurs, d'acquérir leur confiance, de les mettre à l'aise. Ce n'est pas devant un front sévère, ou quand ils s'attendent à une leçon de morale, qu'ils ont de la fianchise, il faut que le médecin ne soit avec eux que médecin. Pour lui, l'onanisme ne doit être qu'une cause de maladie, c'est-à-dire une chose analogue à un excès de travail, à un régime mauvais, à toute influence enfin qui pourrait nuire à la santé. S'il se fait moraliste, on le redoutera et il n'obtiendra aucune de ces confidences qui lui permettraient d'employer à temps ses conseils et ses ressources. [...] Le vice solitaire est mis en cause dans la genèse de plusieurs troubles du comportement sexuel. Ainsi, il est accusé d'engendrer la nymphomanie et l'hystérie chez la femme, et le satyriasis chez l'homme. Le satyriasis est parfois considéré comme l'équivalent masculin de la nymphomanie. Deslandes le définit comme une monomanie, état exagéré de rut qui impose despotiquement le désir de l'acte génital et pousse déraisonnablement à le pratiquer d'une façon quelconque. [...] La castration dans les deux sexes a ses partisans en Europe. Deslandes et Kaula, un élève de Lallemand, en font partie. (in Evolution du discours médical sur l'onanisme de 1710 à nos jours, thèse de médecine, par Yan Aresu, 2004)
Très bon exemplaire de ce livre fondamental sur ce sujet épineux.
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