VIES DES DAMES GALANTES, édition illustrée de soixante compositions en couleurs par Edmond Malassis.
Le Vasseur et Cie, Paris, 1935
3 volumes in-4 (24,5 x 19,5 cm) brochés de 197, 204 et 222-(1) pages. 34 compositions hors-texte et 26 bandeaux et culs-de-lampe. Texte imprimé dans un encadrement décoré imprimé en rouge, gravures imprimées dans un encadrement imprimé en noir. Complet. Excellent état. Conservé sous étui cartonné recouvert de papier marbré rouge et or (éditeur), en très bon état (minimes frottements). A noter qu'un petit vers pervers a perforé la marge intérieur d'un trou rageur (tome III) ! sans toucher, fort heureusement, à l'impression de ce livre pourtant léger.
Tirage à 465 exemplaires.
Celui-ci, un des 450 exemplaires sur vélin teinté des papeteries du Marais.
On ne présente plus ce texte classique divisé en sept discours comme suit : Discours premier : Sur les dames qui font l'amour, et leurs maris cocus. Discours deuxième : Sur le sujet qui contente plus en amours ou le toucher, ou la vue, ou la parole. Discours troisième : Sur la beauté de la belle jambe et la vertu qu'elle a. Discours quatrième : Sur l'amour des dames vieilles et comme aucunes l'aiment autant que les jeunes. Discours cinquième : Sur ce que les belles et honnêtes dames aiment les vaillants hommes, et les braves hommes aiment les dames courageuses. Discours sixième : Sur ce qu'il ne faut jamais parler mal aux dames et la conséquence qui en vient. Discours septième : Sur les femmes mariées, les veuves et les filles, à savoir desquelles les unes sont plus chaudes à l'amour que les autres.
La langue de Brantôme avait le sel d'une langue propre à décrire les jeux de l'amour. « Toute belle femme s'estant une fois essayée au jeu d'amour ne le désapprend jamais ». (« Les vies des dames galantes »). « Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu'il s'en pust faire un cerne, je croy qu'il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre ». (« Les vies des dames galantes »). En 1584, à l'âge de 44 ans environ, Brantôme perdit son maître François d'Alençon, duc d'Anjou, héritier éventuel de la couronne de France. Il allait trahir son roi, quoi qu'il en eût dit, et passer au service de l'Espagne quand une vilaine chute de cheval le contraignit à l'immobilité deux années dans sa propriété. Ainsi il se retira « perclus et estropié » de la cour et « songea à ses amours et aventures de guerre, pour autant se contenter ». Il dicta ses mémoires aux frères Matheaud et rassembla des poèmes pétrarquisants. Ainsi pendant les trente dernières années de sa vie, Bourdeille se retira dans ses terres, partagea son temps entre sa maison de Bourdeilles, l'abbaye de Brantôme, le château de la Tour-Blanche et sa dernière demeure de Richemont. Il se consacra alors à l'écriture et expia ainsi une vie passablement agitée, vagabonde et amoureuse. Il écrivit, comme en se jouant, les Mémoires qui l'ont immortalisé. Ses mémoires souvent légers, plaisent surtout par leur style sans artifices. La Vie des Dames Galantes est la partie la plus légère de son oeuvre. Ses écrits ne furent publiés, de manière posthume, qu'en 1655 pour la première fois, dans une édition imparfaite et incorrecte. Il faudra attendre le XVIIe siècle pour que sa réputation ne s'étende (Edition de Leyde, chez Jean Sambix, 1665-1666, en 9 volumes, réédités en 1722 chez Jean Sambix le jeune. Il y a eu des éditions en 1740, puis encore en 1779. La première édition scientifique sera donnée en 1822 par Monmerqué puis en 1858 (terminée en 1895 en 13 volumes dans la Bibliothèque Elzévirienne) par Louis Lacour.
"Peu d’écrivains, sans doute, ont aimé les femmes autant que notre abbé commendataire, leur chair blanche, leur bouche, leurs jambes. Aucune limite n’est pour lui concevable au déduit. Il semble qu’il ne peu pas s’arrêter de parler de l’amour, de l’amour physique ; il en fait d’ailleurs la démonstration à la fin de maints paragraphes en s’exclamant qu’il en a assez dit, qu’il lui faut s’arrêter, que trop, c’est trop ; mais il ne le peut et il en rajoute : encore une histoire de lit, encore une anecdote grivoise ! Pour lui, l’amour et le désir commandent tout : « Il n’y a de loi qu’un beau cul ne renverse ! » " (Madeleine Lazard)
Edmond Malassis (1874-1944) était peintre et illustrateur. On lui doit plusieurs illustrations notables notamment celles pour Brantôme, Louis XI (Les Cent Nouvelles Nouvelles), La Fontaine, etc. Il avait été élève de Gustave Moreau et son talent réside dans la précision de son trait et la verve gauloise qu'il met le plus souvent au service des textes qu'il illustre.
Bel exemplaire de cette jolie édition illustrée.
Prix : 650 euros