mardi 2 janvier 2024

Musset-Pathay. Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau (1821), composée de documents authentiques, et dont une partie est restée inconnue jusqu'à ce jour ; d'une biographie de ses contemporains, considérés dans leurs rapports avec cet homme célèbre ; suivie de lettres inédites. Très bel exemplaire de l'édition originale.


MUSSET-PATHAY (Victor Donatien de) [Jean-Jacques ROUSSEAU]

Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, composée de documents authentiques, et dont une partie est restée inconnue jusqu'à ce jour ; d'une biographie de ses contemporains, considérés dans leurs rapports avec cet homme célèbre ;  suivie de lettres inédites.

A Paris, chez Pélicier, Blanchard, Niogret et Paschoud, 1821 [de l'imprimerie de J.-M. Eberhart]

2 volumes in-8 (21 x 13,5 cm) de XXVIII-528 et (4)-559-(1) pages.

Reliure strictement de l'époque plein beau fauve raciné, dos lisses ornés aux petits fers dorés, pièces de titre et tomaison de maroquin noir, roulette dorée en encadrement extérieur des plats, doublures, gardes et tranches marbrées coordonnées. Reliures très fraîches, intérieur très frais. Minimes frottements d'usage.

Edition originale.


Victor Donatien de Musset-Pathay (1768-1832) était le père d'Alfred et Paul de Musset. Né le 5 juin 1768 à la Vaudourière, paroisse de Lunay, dans le Vendômois, il fait ses études au collège militaire de Vendôme où il est admis en 1780, à l'âge de douze ans. En 1793, allié et parent d'émigrés, il est déclaré suspect, et incarcéré pendant quelque temps. Libéré, il rejoint pendant les guerres de la Révolution française le général Armand Samuel de Marescot, premier inspecteur du génie. Il fait comme ingénieur-géographe plusieurs campagnes en Suisse, puis en Italie. Entré dans l'administration militaire, il est premier rédacteur au Bureau central des fortifications de janvier 1800 à janvier 1805, puis en 1806, il est nommé chef de bureau du Comité central du génie. Il est ensuite, en 1811, chef du Bureau des prisons au ministère de l'Intérieur, auprès du ministre Jean-Pierre de Montalivet. Destitué comme libéral, en 1818, il se consacre dès lors à la littérature, et particulièrement à la publication des Œuvres de Jean-Jacques Rousseau, dont il donne la première édition complète fiable, ainsi qu'une Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau, qui fait référence. En 1828, grâce au général Louis-Victor de Caux de Blacquetot, ministre de la Guerre, il est réintégré au ministère comme chef du Bureau de la justice militaire. En janvier 1830, il songe à faire entrer son fils Alfred dans l'administration du ministère, mais c'est finalement Paul de Musset qui est engagé. En 1831, la situation de Victor-Donatien est enfin rétablie, mais en 1832, il est atteint par l'épidémie de choléra qui sévit à Paris, et meurt le 8 avril au matin.


Son Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau contient une préface signée de son nom (alors que son nom n'apparaît pas sur les pages de titre). On trouve ensuite la Vie de J.-J. Rousseau divisée en trois périodes : Première période : du 4 juillet 1712 au 25 octobre 1765 ; Deuxième période : du 29 octobre 1765 jusqu'à la fin de juin 1770 ; Troisième période : du 4 juillet 1770 au 4 juillet 1778. A partir de la page 305 se trouve la deuxième partie du premier volume qui contient la correspondance de 1732 au 15 mars 1778. Le deuxième volume contient la troisième partie qui concerne les contemporains de Jean-Jacques Rousseau (petites biographies et anecdotes en rapport avec J.-J. Rousseau) et la quatrième partie qui donne la liste des ouvrages de Jean-Jacques Rousseau (bibliographie détaillée, raisonnée et commentée). Le deuxième volume s'achève sur quelques notes, une table et un errata.









Musset-Pathay a aussi écrit sur l'agronomie (bibliographie et dictionnaire raisonné) et donné divers ouvrages d'histoire et de littérature. La figure de Rousseau jouera un rôle essentiel dans l'œuvre de son fils Alfred de Musset qui prendra souvent position en faveur du promeneur solitaire contre Voltaire.

"Adrien Jean Beuchot (1773-1851), bibliographe et depuis éditeur célèbre de Bayle (16 volumes, 1820-1824) et de Voltaire (72 volumes, 1829-1834), était censé s’occuper également des œuvres de Rousseau à paraître chez la veuve Perronneau (Paris, 1818-1820, 20 volumes in-douze), qui avait repris un projet arrêté d’abord par Guillaume et l’un des Didot24 pour reproduire l’édition attribuée à Naigeon en 180125. Beuchot y renonça en cédant la place à Musset-Pathay ; ce dernier l’a « dirigée, en y mettant des notes et des notices », signées de ses initiales, dans le contexte de ses propres recherches sur l’Histoire de la vie et des ouvrages de J.-J. Rousseau qu’il va publier en 1822. Cette participation, significative sans être seule déterminante, nourrit ses idées sur la manière dont il convenait d’organiser et de présenter l’œuvre de Rousseau. Il s’en explique dans un « Avertissement des nouveaux éditeurs » qui est signé de lui, et où il montre que son objectif le plus large est non seulement de faire avancer la connaissance de l’œuvre de Rousseau, mais de passer à un nouveau stade dans sa réception, ce qui à son tour repose la question de l’ordonnance du corpus. [...] La grande idée de Musset-Pathay, qu’il a donc pu partiellement réaliser dans l’édition Perronneau, était de rassembler l’œuvre biographique en plaçant en tête de l’édition, en guise d’introduction à l’ensemble de l’œuvre et sous le titre de « Mémoires », les écrits où Rousseau se prend lui-même comme sujet : Les Confessions, les quatre lettres à Malesherbes, Rousseau juge de Jean-Jacques, et Les Rêveries. Mais ce plan finit par lui paraître imparfait tant qu’y manque la correspondance qui « complète tous les renseignements » des œuvres autobiographiques ; cependant, mettre la correspondance dans les premiers volumes n’est malheureusement pas pratique : « L’usage et d’autres obstacles ne nous le permirent point. » (in Editer Rousseau, Enjeux d'un corpus, pp. 153-196).





"Le premier ouvrage de Musset-Pathay parut en 1821, au moment où les efforts de la faction ultra-royaliste préparaient déjà le coup d’État de 1830 et la chute d’un trône. Musset-Pathay, partisan modéré de l’opposition libérale, évita sagement d’attirer sur lui les colères des inquisiteurs de l’époque. Il en fut quitte pour une ample portion d’injures et de sarcasmes de la part des écrivains absolutistes. On le traite de grand-prêtre de Rousseau, de garçon philosophe, mais personne ne le réfuta. Quant à son travail, s’il laisse à désirer sous quelques rapports, il n’en a pas moins le rare et durable mérite d’être la première et la seule apologie complète de Rousseau, et d’avoir été publié dans un moment où il y avait réellement du courage à prendre sa défense." (Morin)

Très bel exemplaire conservé dans une fine reliure de l'époque.

Prix : 650 euros