ALICE OZY
Paris, Les Bibliophiles Fantaisistes, Dorbon Aîné, 1910
1 volume in-8 (25,5 x 16,5 cm) broché de 117-(1)-(8) pages. 4 illustrations hors-texte contecollées. Couverture imprimée d'une vignette gravée d'après Armand Rassenfosse pour les Bibliophiles Fantaisistes. Exemplaire en grande partie non coupé, à l'état proche du neuf.
Edition originale.
Tirage à 500 exemplaires.
Celui-ci, un des 15 exemplaires de tête sur Japon (numérotés au composteur).
Alice Ozy, de son vrai nom Julie Justine Pilloy, était la fille d'un fabricant et négociant en bijoux et de l'actrice Charlotte Amédée Ozi. Elle descend du chancelier de Maupéou et est alliée par les femmes aux Montmorency. Elle voit le jour à Paris le 6 août 1820 et ses parents se séparent peu de temps après sa naissance. Ses parents mènent une vie cahotique et la petite Alice suit les tournées de sa mère dans les années 1828-1830. Elle est mise en apprentissage dans un atelier de broderie à Paris qu’elle doit quitter brusquement alors qu’elle a à peine douze ans, après avoir subi les assauts inconvenants du patron. Elle est ensuite conduite à Lyon chez la soeur de sa mère où elle poursuit la broderie sur or et argent. Après trois années à Lyon, où son charme ne laisse pas indifférents les clients et les passants, elle revient à Paris. Sa rencontre, à seize ans, avec Brindeau, jeune comédien de vingt-deux ans, à la Grande-Chaumière ou à La Chartreuse, où l’on dansait sur le boulevard du Montparnasse, va décider de l’orientation de sa carrière. Celui-ci convainc celle qui est devenue sa maitresse de devenir comédienne, lui donne quelques cours et lui obtient des « utilités », voire de tout petits rôles. Au patronyme de sa mère, elle ajoute un prénom « qui sonne bien » et devient « Alice Ozy » et joue son premier vrai rôle, Marianne la cuisinière, le 14 novembre 1837 au théâtre du Palais-Royal dans Absent ou présent ou Ma maison du Pec, un vaudeville écrit par Mélesville et Varner à l’occasion de l’inauguration de la première ligne de chemin de fer au départ de Paris, reliant Paris-Saint-Lazare au Pecq, le 24 août 1837. Elle se révèle bonne comédienne et poursuit, lançant le mot avec assurance et sang-froid, chantant les couplets avec beaucoup d’humour. On l’applaudit et ses appointements furent aussitôt élevés à 2 000 francs. Parvenue à jouer sur le même théâtre que Brindeau, elle gagnait 1 200 francs par an. Elle enchaine ensuite créations et reprises. Le public et la critique lui font un bon accueil. Hippolyte de Villemessant rapporte que son extrême naïveté était proverbiale. Au début 1841, elle devient la maitresse du baron Bazancourt, mais elle a des soupirants au Café de Paris et de Tortoni. Au cours du début d’été 1847, Victor Hugo tente de la séduire, allant jusqu’à lui offrir de la faire entrer à La Comédie-Française pour jouer Maguelonne dans Le roi s'amuse, mais elle n’apprécie guère le quatrain que le poète lui adresse le 14 août 1847, terminé par « Madame, montrez moi Vénus entrant au lit ». À défaut du père, elle entretient une relation de trois mois avec son fils Charles. Sa carrière de comédienne et de séductrice se poursuit. Parmi ses nombreux amants, ont figuré le futur empereur Louis-Napoléon Bonaparte, Théodore Chassériau, Thomas Couture, Edmond About, ou encore Gustave Doré. Le 6 juillet 1855, le rideau tombe pour la dernière fois. le 20 juillet 1855, elle quitte la Comédie, renonçant au théâtre, au boulevard, pour redevenir Julie Pilloy et s’installer dans sa maison d’Enghien acquise à l’hiver précédent18. Julie Pilloy devient une femme d’affairesn. Disposant de liquidités et placements importants, sachant s’entourer de conseillers avisés, elle boursicote, entretient des relations privilégiées avec des banquiers, avec le duc de Morny. Julie Pilloy meurt en son domicile du 91 boulevard Haussmann, le 3 mars 1893, à l'âge de 73 ans.
Louis Loviot, l'auteur de cette biographie, est mort prématurément d'un cancer en 1918 à l'âge de 33 ans. Il était bibliothécaire de l'Arsenal et historien. C'était un bibliophile érudit et possédait une riche bibliothèque.
On trouve à la fin du volume un intéressant texte de 4 pages donnant les raisons d'être des Bibliophiles Fantaisistes.
Bel exemplaire broché du très rare tirage de tête sur Japon à 15 exemplaires seulement.
Prix : 400 euros