AUGER, Abbé (Athanase)
Moyens d'assurer la Révolution, d'en tirer le plus grand parti pour le bonheur et la prospérité de la France ; avec une Adresse à l'Assemblée nationale, et des Réflexions sur le Pouvoir exécutif. Par M. l'Abbé Auger, de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Auteur du Projet d'Education pour tout le royaume, et d'un Catéchisme du Citoyen Français.
A Paris, chez Garnery, libraire, L'an Premier de la liberté (1789-1790) [De l'imprimerie de Laillet et Garnery, rue Serpente, n°17]
Brochure in-8 de (2)-58 pages. Cousu sur ficelle, tel que sorti de l'imprimerie, non rogné. Légères salissures et empoussiérage au titre sinon parfait exemplaire resté très frais.
Edition originale et unique édition.
"Ce n'est ni par inquiétude d'esprit, ni par désoeuvrement, mais uniquement par amour du bien public, que je me suis déjà permis et que je me permets encore de publier mes idées sur la grande révolution qui intéresse si vivement toute la France, et qui tient l'Europe entière attentive. Un zèle purement patriotique me presse d'exposer quelques principes d'administration générale, dans ce moment surtout où nos dignes représentants, les fondateurs de la liberté française, marchant à grands pas vers la fin de leurs travaux, doivent désirer qu'ils soient solidement affermis, et que la France en recueille tout le fruit qu'elle a dû s'en promettre. [...] Il n'appartient qu'au souverain de la nature de voir exécuter ses lois dès qu'il les a établies : lui seul, par des voies aussi douces que fortes, peut amener sur le champ tous les êtres, libres et non libres, doués et dépourvus de raison, à concourir aux fins qu'il se propose. [...] La révolution est faite, quoi qu'en disent ses ennemis secrets ou déclarés ; la consitution est achevée ou près de l'être ; il ne s'agit plus que de chercher les moyens d'en prolonger la durée, d'en tirer le plus grand parti pour le bonheur et la prospérité de la France. Je me propose de tracer un tableau rapide de ces moyens, et je supplie notre auguste Diète de recevoir mes réflexions avec le même esprit qui les a dictées. C'est un des fruits de la nouvelle administration, qu'il soit libre à tout citoyen de communiquer ses idées quand il les croit bonnes, et de donner des conseils à sa patrie, selon ses facultés que lui a départies la nature, ou selon les connaissances que lui ont fournies ses études. [...] Je déteste, de quelque parti qu'ils soient, comme les plus grands ennemis de la chose publique, ces esprits factieux et séditieux qui travaillent de toutes leurs forces et avec tous leurs talents à soulever le peuple. [...] (extrait)
Athanase Auger (1734-1782) est né à Paris en 1734. Il embrasse l'état ecclésiastique et devient professeur de rhétorique au collège de Rouen. Il devint grand vicaire de cette ville. Grand érudit, notamment de la langue et de la culture grecque. On trouvait d'ailleurs que ses traits ressemblaient à ceux de Socrate et il était plus philosophe grec que françaisa aux dires de ses contemporains. Etranger à toutes les tentations, ses seules occupations furent l'étude. "[...] Modeste, ingénu, bienveillant, il joignait à la simplicité d'un enfant, la candeur et l'innocence des mœurs patriarcales. Sans fiel, incapable de ressentiment, docile à la critique, souffrant la contradiction, il sut pourtant dire la vérité aux grands sans les plesser, et trouvait au besoin la chaleur et l'énergie nécessaires pour défendre ces anciens dont la lecture avait fait les délices et l'occupation de toute sa vie. Aussi eut-il le rare bonheur de ne connaître ni ennemis ni envieux. [...] Les commencements de la révolution avaient de quoi séduire une âme pure, noble et fière, et qui ne vit, dans les premiers accès de cette fièvre terrible, que le terme des abus et la naissance d'un meilleur ordre de choses; mais cette adhésion aux premiers principes ne put l'entraîner à aucun acte dont il eût à rougir. Cet écrivain estimable, qui cultiva les lettres sans les avilir, leur fut enlevé le 7 février 1792." (in Biographie Universelle de Michaud).
La collection de ses oeuvres occupe à elle 29 volumes dont 10 volumes uniquement pour les publications posthumes (publiés en 1794). Il est mort à l'âge de 58 ans et n'aura pas connu les dénouements extraordinaires de cette révolution désormais effective qu'il décrit si bien dans cette plaquette publiée en 1789-1790.
Partisan modéré de la Révolution et admirateur de Rousseau, l’abbé Auger est également l’auteur de réflexions sur les réformes politiques et pédagogiques qu’il souhaitait voir traduites dans les institutions, notamment dans le domaine de l’instruction civique et de l’éducation des femmes. À l’époque de la convocation des États généraux, il avait écrit un mémoire sur l’éducation intitulé : Projet d’éducation générale pour le royaume (Paris, Didot, 1789, in-8°, 64 p.)
En 1791 il publie une nouvelle brochure intitulée : Discours sur ce sujet : Combien il nous importe d'avoir la paix, quels sont les moyens de nous la procurer ? lu dans la Société des amis de la vérité, par Athanase Auger. Suivi de Quelques réflexions sur la nécessité d'obéir à la loi.
D'après nos recherches cette plaquette de circonstance, écrite avec érudition et sagesse, semble de la plus grande rareté. Nous n'en n'avons trouvé que très peu d'exemplaires dans le catalogue collectif des bibliothèques de France (Bibliothèque Municipale de Rouen, Strasbourg, Pau, Nantes et Bnf). Il ne nous semble pas par ailleurs qu'elle ait fait l'objet d'une quelconque étude universitaire approfondie.
Bon exemplaire tel que paru de cette rare brochure révolutionnaire.
Prix : 900 euros