vendredi 20 décembre 2024

Octave Uzanne et Albert Robida | Contes pour les bibliophiles (1895). Un des 1.000 exemplaires sur papier vélin. Bel exemplaire resté broché avec la très belle couverture illustrée par George Auriol très bien conservée.



Octave UZANNE | Albert ROBIDA (auteur illustrateur) | George Auriol (illustrateur)

CONTES POUR LES BIBLIOPHILES par Octave Uzanne et A. Robida. Nombreuses illustrations dans le texte et hors texte.

Paris, Ancienne Maison Quantin, Librairies-Imprimeries réunies, May et Motteroz, 1895 [achevé d'imprimer sur les presses de l'ancienne maison Quantin à Paris le 27 novembre 1894].

1 volume grand in-8 (30 x 21 cm) broché de IV-230-(1) pages. Illustrations dans le texte en noir et hors-texte en noir et en couleurs. Très bon état. Les deux plats de la couverture illustrée dessinée par George Auriol sont en excellent état. Brochage solide, dos intact (non fendu).



Édition originale en librairie de ces contes pour les bibliophiles rédigés conjointement par Albert Robida et Octave Uzanne.

Un des 1 000 exemplaires sur papier vélin.

Le tirage de luxe est de 30 exemplaires seulement sur papier du Japon (tirage total à 1.030 ex. numérotés au composteur).



Exemplaire sans la planche libre Les Fricatrices (reproduction en héliogravure d'un tableau présumé de Fragonard représentant une scène saphique), tirée à 300 ex. seulement et vendue à part. On ne la trouve que très rarement pour ne pas dire jamais dans les exemplaires brochés.



Ce volume contient les contes suivants : Un Almanach des Muses de 1789 ; L’Héritage Sigismond, luttes homériques d’un vrai bibliofol ; Le Bibliothécaire Van Der Boëcken de Rotterdam ; Un Roman de Chevalerie franco-japonais ; Les Romantiques inconnus ; Le Carnet de Notes de Napoléon Ier ; La Fin des Livres ; Poudrière et Bibliothèque ; L’Enfer du Chevalier de Kerhany, étude d’éroto-bibliomanie ; Les Estrennes du Poète Scarron, et enfin, onzième et dernier conte, Histoire de Momies, récits authentiques.










Ces contes ont paru pour la première fois entre 1888 et 1889 dans la revue bibliographique d'Octave Uzanne intitulée Le Livre. La publication des premiers Contes pour les Bibliophiles débute dès 1888. A la page 257 du neuvième volume de la bibliographie rétrospective de la revue Le Livre (neuvième livraison du 10 septembre 1888 – n°105), on trouve un faux-titre intitulé « Contes pour les bibliophiles » suivi du conte intitulé « L’Héritage Sigismond – Luttes homériques d’un vrai bibliofol ». Il occupe les pages 259 à 274. Il est illustré de vignettes dans le texte seulement (il y a deux planches hors texte supplémentaires dans le tirage de 1894). La mise en page est sinon parfaitement identique (il y a un faux-titre indiquant le titre du conte dans le tirage de 1894). A noter pour l’anecdote que dans la revue Le Livre, ce conte est signé conjointement « Octave Uzanne, Adolphe (sic) Robida. » (il faut bien évidemment lire Albert et non Adolphe comme prénom pour l’artiste – cette erreur est reproduite également dans la table des contes qu’on trouve à la fin du volume). Le deuxième conte publié s’intitule Le Bibliothécaire Van Der Boëcken de Rotterdam (Histoire vraie). On le trouve placé en tête de la onzième livraison datée du 10 novembre 1888 (n°107). Il occupe les pages 321 à 335. Il est illustré de vignettes dans le texte uniquement (dans le tirage en volume de 1894 on trouve en plus une belle eau-forte originale de Robida intitulée « Le Bibliothécaire hypnotiseur ». Le troisième conte qui a paru dans la revue Le Livre s’intitule Un Almanach des Muses de 1789 (livraison de janvier 1889 – occupe les pages 1 à 15 – illustré de vignettes dans le texte mais également d’une eau-forte représentant une lectrice tirée en camaïeu de bleu – on retrouve cette même eau-forte dans le tirage de 1894). Le quatrième conte qui a paru dans la revue Le Livre s’intitule Un Roman de Chevalerie franco-japonais (livraison de juillet 1889 – occupe les pages 193 à 212 - illustré de vignettes dans le texte seulement – le tirage de 1894 comprend deux planches hors texte supplémentaires aquarellées à la poupée). Le cinquième et dernier conte qui a paru dans Le Livre s’intitule Les Romantiques inconnus (livraison de décembre 1889 – occupe les pages 357 à 375 - illustré de vignettes dans le texte mais également de deux planches hors texte tirées en noir – on retrouve ces deux mêmes planches hors texte dans le tirage de 1894 mais avec le fond des gravures colorié chacune d’une teinte différente, bleu ciel pour l’une et rose pour l’autre). Les Estrennes du Poète Scarron avait déjà paru dans les Caprices d’un Bibliophile sous le titre Les Galanteries du sieur Scarron (pp. 25 à 34). Ce conte avait donc été rédigé dès le 1er janvier 1878. L’Enfer du Chevalier de Kerhany, étude d’un éroto-bibliomanie, avait également déjà paru dans le même ouvrage, Les Caprices d’un Bibliophile, sous le titre Le Cabinet d’un Eroto-Bibliomane (pp. 127 à 146). Ce sont les deux seuls contes issus de ce livre de prime jeunesse d’Octave Uzanne (Les Caprices d’un Bibliophile ont été imprimés à Dole le 10 février 1878, Uzanne avait 27 ans). Le conte qui restera sans doute le plus marquant et le plus reconnu par la postérité est La Fin des Livres. Ce conte a été publié pour la première fois en anglais sous le titre traduit de The End of Books dans le Scribner’s Magazine du mois d’août 1894, soit seulement quelques mois avant la publication en France en volume des Contes (fin novembre 1894). Il reste donc Le Carnet de notes de Napoléon Ier et Poudrière et Bibliothèque pour lesquels nous n’avons pas trouvé trace d’une première publication.










La Fin des Livres sera réédité de nombreuses fois à la fin du XXe siècle. Ce texte est sans conteste le plus connu et le plus populaire d'Octave Uzanne aujourd'hui. Octave Uzanne y dépeint une société futuriste (XXe s.) dominée par le phonographe qui remplace désormais le livre papier. Les gens écoutent les livres et ne lisent plus comme auparavant. Cette nouvelle n'est aujourd'hui plus tout à fait de la fiction, c'est d'ailleurs sans doute pour cela qu'elle trouve un écho dans le monde entier auprès des lecteurs modernes.

Ce livre est aussi une grande réussite pour l'illustration aussi variée que riche par Albert Robida. La très belle couverture illustrée par George Auriol fait entrer ce volume parmi les beaux livres emblématiques décorés dans le style Art Nouveau.

Très bon exemplaire tel que paru.

Prix : 900 euros

jeudi 19 décembre 2024

La Femme et la Mode, Métamorphoses de la Parisienne de 1792 à 1892. Tableaux successifs de nos moeurs et usages depuis cent ans. Frontispice de Félicien Rops en 2 états. 1 des rares 25 ex. de tête sur Japon. Rare tirage de luxe relié à l'époque en demi-maroquin signé Franz.



Octave UZANNE | Félicien ROPS (illustrateur) | A. Lynch et E. Mas (illustrateurs)

LA FEMME ET LA MODE, MÉTAMORPHOSES DE LA PARISIENNE DE 1792 A 1892. Tableaux successifs de nos mœurs et usages depuis cent ans. Illustrations dans le texte de A. Lynch et E. Mas, frontispice en couleurs de Félicien Rops, couverture de Louis Morin.

Paris, Ancienne Maison Quantin, 1893

1 volume grand in-8 (28 x 18 cm) de VIII-246-(1) pages. Frontispice en 2 états (couleurs et noir).

Reliure strictement de l'époque demi-maroquin marron, dos à nerfs richement orné aux petits fers dorés, tête dorée, non rogné, couverture illustrée conservée en bon état (les deux plats et le dos). Reliure signée FRANZ. Quelques manques de papier sur les coupes et les coins, infime accroc à l'extrémité de la coiffe de tête, un coin renforcé, légères marques. Intérieur parfait.



ÉDITION EN PARTIE ORIGINALE.

TIRAGE A 1.000 EXEMPLAIRES.

CELUI-CI, UN DES 25 EXEMPLAIRES DE TÊTE SUR PAPIER JAPON.

Il a été tiré également 20 exemplaires sur papier de Chine.






Le mal qu'Octave Uzanne a toujours redouté tout en l'entretenant à grands renforts de luxe et de réclame, ce fut de ne pas être lu. Cela peut paraître étrange pour un homme de lettres réputé mais finalement assez compréhensible. Octave Uzanne a été reconnu en tant qu'éditeur de merveilleux ouvrages pour les riches bibliophiles et pour les bourgeoises en mal d'étrennes pimpantes et pleines de fanfreluches (selon les mots même d'Octave Uzanne). Si Octave Uzanne a contribué largement à cette réputation de faiseur de livres qu'on ne lit pas, il a très rapidement ressenti tout le mauvais que pouvait accompagner une telle situation. La préface placée en tête de ce volume La Française du Siècle, La Femme et la Mode, Métamorphoses de la Parisienne de 1792 à 1892, Tableaux successifs de nos mœurs et usages depuis cent ans, éclaire en grande partie ces préoccupations d'un auteur en mal de réputation intellectuelle. En un mot, le luxe de ses livres a occulté une grande partie de son œuvre imprimée.

"La Femme et la Mode, n'est-ce pas le meilleur titre, le plus suggestif, et le mieux congruent au sujet de ce livre qui, sous la rubrique la Française du Siècle, apparut, au début de 1886, dans sa première manière et édition ? C'était alors, on s'en souvient, un somptueux volume, adorné et enjolivé pour la joie d'une élite ; Gaujean y avait polychromo-gravé, dans le texte et hors texte, de délicieux tableaux et vignettes à l'aquarelle, qu'Albert Lynch, alors inconnu des amateurs et des artistes, venait de signer pour ses débuts dans l'illustration des livres. Le succès immédiat accueillit ce bel in-octavo, apprêté et pomponné avec une galanterie inusitée en librairie et qui s'offrait à un public spécial de bibliophiles et d'élégantes lectrices sous un costume chamarré d'or et de rubans de soie aux tons roses évanescents de la plus amoureuse allure. Ce livre paraissait à l'heure bénie des étrennes, à ce moment opportun des cadeaux du nouvel an, en cette période de fiévreuses recherches, où chacun s'ingénie à découvrir une offrande capable de faire tourner au madrigal une délicate attention. Aussi ce volume diapré, enluminé, fanfreluché, attira-t-il la considération des gentlemen assez judicieux pour préférer cette emplette à quelque fugitif et banal souvenir com- posé de fleurs et de confiseries. L'édition s'épuisa pour ces motifs extérieurs, sans qu'il en soit peut-être resté dans la mémoire des possesseurs d'autre écho que celui d'un aimable ouvrage, plaisant au regard, délicieux au toucher, mais surtout fait pour être manié avec ménagement, et inspecté avec ravissement, plutôt que véritablement lu pour son essence même, ainsi qu'un roman du jour ou une œuvre anecdotique et littéraire en édition d'un écu. En conséquence, nous pouvons assez logiquement imaginer que, bibelot d'art bon pour la vitrine ou hochet vaniteux du collectionneur, cette coquette publication décorative fut assez généralement reliée avec splendeur et ostentation, avant même d'être coupée, et que, depuis, en guise d'album ou de keepsake précieux, elle sert à l'ornement de certaines tables de salons mondains, à moins qu'elle ne soit enfouie dans la bibliothèque de quelques brillants amateurs dont la principale vertu est de ne pas dépuceler leurs livres, — quels qu'ils soient. Nous voulons bien admettre que certains bibliognostes sérieux aient poussé la sympathie pour nos écrits jusqu'à porter un téméraire couteau dans la pliure des feuilles de cette première édition si majestueuse en ses atours, mais ce sont là des « exceptionnels » qui ont inconsciemment commis un crime de lèse-bibliophilie, et il n'en demeure pas moins assuré dans notre pensée que les ouvrages très luxueusement imprimés, ornés et illustrés sont en quelque sorte comparables à ces grandes dames qui se gorgiasent dans le faste et le cérémonial du costume au point d'en imposer aux plus amoureux désirs, alors que quelque simple Gothon, par son négligé souple et accorte, mettra les galants en veine de chiffonner ses charmes et de pousser jusqu'au bout l'aventure. En réalité, la beauté d'une édition, la solidité du papier, l'éclat des gravures, la solennité du texte superbement typographié sont autant d'éléments contraires à l'invitation à la lecture. On regarde sans pénétrer, car la splendeur semble souvent l'ennemie de l'intimité. Les grands palais sont froids et n'offrent point le décor rêvé de l'amour ni du mystère, et les petits livres sont comme les petits logis, ceux qu'on se complaît à fréquenter pour la chaude sympathie qu'on y trouve dans la simplicité même du cadre qui les enveloppe." (extrait de la préface).













Bel exemplaire de ce rare tirage de luxe sur Japon.

Ouvrage recherché pour le frontispice de Félicien Rops, ici en deux état (L'amour dominant le monde).

Prix : 1.250 euros

mardi 17 décembre 2024

ARISTOPHANE | LASZLO BARTA (illustrteur et relieur) | Jacques KLEIN, éditeur (éditions de la Cigogne) | LYSISTRATA. Traduction nouvelle de C. Poyard. Quarante eaux-fortes de Barta. Aux éditions de la Cigogne, 1932. Tirage unique à 109 exemplaires seulement. Reliure peinte par l'artiste illustrateur-relieur. Bel exemplaire.


ARISTOPHANE | LASZLO BARTA (illustrteur et relieur) | Jacques KLEIN, éditeur (éditions de la Cigogne)

LYSISTRATA. Traduction nouvelle de C. Poyard. Quarante eaux-fortes de Barta.

Aux éditions de la Cigogne, 1932

1 volume in-folio (33,5 x 27 cm) de 102-(1) pages, avec 40 eaux-fortes de Barta hors-texte et dans le texte.

Reliure strictement contemporaine plein vélin peint, grande peinture avec deux personnages féminins nus sur le premier plat et deux visages de personnages masculins au centre du second plat, le tout orné et sur fond de damier peint, titre calligraphié en noir au dos sur fond de damier qui court sur les deux plats et le dos, doublures et gardes peintes à la main de motifs géométriques hellenisants, tête dorée, non rogné pour les autres tranches, couverture conservée (les deux plats et le dos). Avec son étui bordé de vélin. Reliure en excellent état accompagnée de son certificat d'origine écrit à l'encre bleue par Barta sur un feuillet volant et daté de Paris le 30 novembre 1932 (reliure peinte spécialement pour cet exemplaire n°93 et qui ne sera jamais refaite). Intérieur très frais (à noter quelques légères décharges sur quelques pages seulement). Exemplaire sans les rousseurs habituelles qu'on trouve souvent avec ce papier.


Tirage unique à 109 exemplaires.

Celui-ci, un des 59 exemplaires sur papier Montval et portant le n°93.

Les eaux-fortes de cet ouvrage ont été tirées par Edmond Rigal pressier en taille-douce et le texte par J. et J. Vaucher, imprimeurs à Paris (achevé d'imprimer le 15 mars 1932).

On joint le prospectus de cette édition (1 feuillet in-folio imprimé) qui donne le détail du tirage et le prix des exemplaires. Le prix des exemplaires sur Montval comem le nôtre était de 1250 francs (ce prix comprenant alors la taxe de luxe).








Dans Lysistrata, Aristophane imagine pour les femmes un mot d’ordre efficace : « Pour arrêter la guerre, refusez-vous à vos maris. » Alors qu’Athènes et Sparte sont en guerre, Lysistrata, une belle Athénienne, aussi rusée qu'audacieuse, convainc les femmes d'Athènes — Cléonice, Myrrhinè, Lampito — ainsi que celles de toutes les cités grecques, de déclencher et de poursuivre une grève du sexe, jusqu'à ce que les hommes reviennent à la raison et cessent le combat. La pièce a été créée en 411 av. J.-C. dans la cité d'Athènes, lors des Dionysies ou d'autres festivités moins importantes consacrées à Dionysos, les Lénéennes. Lysistrata a inspiré de nombreux artistes parmi les plus prestigieux. Citons l'interprétation donnée en 1934 par Pablo Picasso. Avant lui l'artiste décadent anglais Aubrey Beardsley en donne une puissance interprétation également (1896). On peut citer également les interprétations de ce texte classique de l'érotisme grec par Frantisek Kupka, Laszlo Barta, etc.

Laszlo Barta était peintre et mosaïste, et artisan relieur et décorateur de ses propres reliures. Il est né en 1902 à Nagykoros en Hongrie et s'est fixé en France en 1926. Naturalisé français, il est mort en 1961. Il a conçu des décors et illustré plusieurs livres (Carmen, Gargantua, Femmes de Verlaine, Villon, etc.) pour bibliophiles. Bénézit indique d'après le témoignage de la veuve de l'artiste : « vu les circonstances après 1932 [...], il [L. Barta] avait jugé prudent, avec l'accord de son éditeur et vu sa situation d'apatride : Hongrois et Israélite, de substituer à son vrai nom le pseudonyme de Brutus, dès lors qu'il s'agissait d'ouvrages un peu spéciaux - érotiques - ornés pour la plupart de gouaches originales. » Laszlo Barta s'est également essayé à l'eau-forte pour illustrer quelques ouvrages de bibliophilie tel que celui que nous présentons.

Montparnasse fut pour Barta le lieu de rencontre avec les peintres fauves comme Matisse et Dufy, dont il apprendra à maîtriser le placement des couleurs. Il se liera également d'amitié avec Gleizes, entre autres. Son parcours artistique évolue d'un style expressionniste inspiré du fauvisme, traverse le cubisme et aboutit, à la fin de sa vie, à l'abstraction. Il s'établit vers 1950 à Saint-Tropez et sa maison devient le lieu de rencontre des artistes. La galerie Julien Levy à New-York exposera en permanence ses oeuvres aux côtés de celles de Dufy, Braque et Picasso.






Jacques Klein a vu le jour le 16 juillet 1897 à Szamosujvar, une petite ville proche de Dej dans la Transylvanie de l'empire austro-hongrois (actuelle Hongrie). En tant que quatrième enfant d'une famille juive modeste, il apprend la gravure en autodidacte. En 1919, il décide de se joindre aux révolutionnaires dirigés par Bela Kun, suivant ainsi ses idéaux. Après l'échec et la répression de cette révolution, il est arrêté et doit s'exiler. En 1924, il choisit de s'installer en France, où il fréquente le milieu des réfugiés hongrois et fait la connaissance de divers artistes à Montmartre, notamment le peintre Lazlo Barta, qui illustrera par la suite plusieurs de ses livres. Il fait également la rencontre du graveur en taille douce Edmond Rigal, qui réside à Fontenay aux Roses, et y établit sa maison d'édition (19, rue Guérard), fondant les Editions de la Cigogne, "entreprise spécialisée dans la création et la vente de livres illustrés". En 1932, il publie son premier livre illustré, des poèmes de Villon avec des illustrations de Barta, suivi de plusieurs autres ouvrages, dont "Lysistrata" d'Aristophane, "Gargantua" de Rabelais en 1934, "le Cantique des cantiques" en 1936, puis "Inferno" de Dante en 1938, publié en italien pour garantir une fidélité totale au texte. La seconde guerre mondiale se profilant, l'horizon de l'Europe s'assombrit progressivement. Face à l'accélération des événements, Jacques Klein réussit à rejoindre la zone non occupée et à embarquer à Bayonne avec sa fiancée. Le couple débarque à Casablanca, au Maroc, le 6 juillet 1940, où Jacques Klein épouse Henriette Le Layec le 30 juillet. Les Editions de la Cigogne poursuivent leur activité au Maroc. La parution des nouveaux livres qui seront publiés au fil des années s'effectue grâce à des échanges réguliers avec Edmond Rigal et son fils Jacques, l'imprimeur Pierre Bricage, ainsi que les clients bibliophiles et d'autres artistes et illustrateurs que Jacques Klein a identifiés. Parmi eux se trouvent le peintre Albert Marquet, qu'il sollicite pour représenter les paysages et côtes algériennes dans "les Sites et Mirages" (texte de Henri Bosco), et Albert Gleizes, qu'il considère comme le mieux placé pour illustrer les "Pensées" de Pascal. Ce dernier ouvrage sera exposé et salué lors de la biennale de Venise en 1950. Dans chacune de ses initiatives, Jacques Klein s'efforce de maintenir une cohérence entre les textes et leurs illustrations. Encore en pleine activité, il décède le 1er janvier 1955, moins de deux ans après la mort d’Albert Gleizes. À son décès, Jacques Klein est reconnu par de nombreux journaux d'art de son temps comme un grand éditeur, un professionnel exigeant qui n'a jamais compromis sa vision élevée du livre d'art.

Très beau livre illustré imprimé à très petit nombre et habillé d'une très jolie reliure peinte et exécutée par l'artiste illustrateur.

Prix : 1 900 euros